Un exemple de la crise des campagnes françaises : le canton de La Trimouille (Vienne)  - article ; n°1 ; vol.37, pg 21-36
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Un exemple de la crise des campagnes françaises : le canton de La Trimouille (Vienne) - article ; n°1 ; vol.37, pg 21-36

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Description

Norois - Année 1963 - Volume 37 - Numéro 1 - Pages 21-36
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Pitié
Un exemple de la crise des campagnes françaises : le canton de
La Trimouille (Vienne)
In: Norois. N°37, 1963. pp. 21-36.
Citer ce document / Cite this document :
Pitié Jean. Un exemple de la crise des campagnes françaises : le canton de La Trimouille (Vienne) . In: Norois. N°37, 1963. pp.
21-36.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182X_1963_num_37_1_1412Un exemple de la crise
des campagnes françaises :
le canton de La Trimouille (Vienne)
par Jean PITIÉ
Le vide démographique français continue à se creuser dans les
zones rurales restées à l'écart du mouvement d'industrialisation et
d'urbanisation. Tel est le cas des cantons qui se trouvent à la limite
des départements de la Vienne et de la Haute-Vienne, sur les
confins du Poitou et du- Limousin. Le dépeuplement s'y accom
pagne de nombreuses transformations économiques et sociales,
qui nous ont paru justifier la présente étude, conduite dans le
canton qui s'est le plus fortement dépeuplé entre 1954 et 1962 (1).
I. - LE CADRE GÉOGRAPHIQUE
Les 316 km2 du canton (2) s'étendent au Sud-Est du départe
ment de la Vienne, en bordure de l'Indre et de la Haute-Vienne.
Vers le Sud apparaissent les terrains cristallins du Limousin, mas
qués plus au Nord par les secondaires. Mais les masses
calcaires et marneuses du Jurassique ne se voient que sur les flancs
des vallées. Leur sommet disparaît sous les formations tertiaires
qui occupent la plus grande partie de la surface. Comparables à
celles de la Brenne, ces formations donnent des « terres de brandes »
à peu près dépourvues d'éléments calcaires, d'une grande pauvreté,
qui furent pendant des siècles le domaine des landes d'ajoncs, de
bruyères et de graminées.
Les vallées fixent la plupart des habitations, alors que les pla
teaux restent souvent déserts.
(1) Entre 1954 et 1962, le dépeuplement du canton atteint 13,5 %, battant tous les
records pour la région Poitou-Charentes. On observe des dépeuplements du même ordre
dans les cantons voisins de 1' Isle- Jourdain (12,1 %), de Montmorillon (ville exclue),
etd'Availles-Limouzine(12,l %) (Bulletin Régional de l'I.N.S.E.E., 2° trimestre 1962).
Cette évolution a paru assez préoccupante aux pouvoirs publics pour justifier une
étude détaillée ; à la demande de la Préfecture de la Vienne, et pour le compte de l'Ins
titut d'Économie Régionale, nous avons effectué l'étude démographique des quatre
cantons. Nous publions ici les résultats qui se rapportent au canton de La Trimouille,
retenu comme caractéristique.
(2) Superficie totale : 315,73 km8 ; superficie ajustée : 321,71 km*. 22 JEAN PITIE
le canton Je
LA 7 7ï /MOUILLE
(hacfwrte* : /
de "Grandes ver% /S 70,
d'après de Lonouemarj
FlG. 1.
Le « ruralisme » est pratiquement absolu : il n'y a guère ici
d'autres activités que les activités agricoles, culture et élevage.
II. - ÉTUDE DU DÉPEUPLEMENT
A) La variation^des populations communales.
Brigueil-
le- Cou- Saint- La Tri- Années
Chantre longes Haims Journet Liglet Léomer Thollet mouille Total
1.284 1831.. 1.164 692 707 913 1.119 420 695 6.994
415 841 1.919 1856. 1.475 837 732 1.103 1.199 8.521
1861. 1.511 772 685 1.135 1.196 409 872 1. 943 8.523
1881. 1.598 825 689 1.204 1.209 530 867 1.910 8.832
1886. 1.586 833 719 1.228 1.244 511 884 1.810 8.815
1. 303 1891. 1.712 838 716 1.201 519 845 1.797 8.931
555 1901. 1.530 872 651 1.178 1.141 795 1.766 8.488
1954. 1.053 547 532 756 764 382 496 1.255 5.785 999- 472 470 579 587 274 409 1.209 4.999 1962. UN EXEMPLE DE LA CRISE DES CAMPAGNES FRANÇAISES 23
L'examen du tableau révèle des faits très généraux dans la
France rurale :
— le progrès de la population de toutes les communes entre
1831 et une date qui varie de 1856 (Haims) à 1901 (Coulonges et
Saint-Léo mer). Les faibles variations que l'on observe entre 1881
et 1891 correspondent à la période de peuplement maximum (3).
— un dépeuplement rapide caractérise la deuxième période, qui
va jusqu'à nos jours ; il ramène la population de 1962 à un niveau
très inférieur à celui du point de départ.
Il y a donc dépeuplement par rapport au maximum enregistré,
mais aussi par rapport à 1831.
Depuis 1891 le du canton dépasse 44 % ; calculé
sur le total de 1831 il dépasse encore 28 %. La densité kilométrique
passe de 22 (1831) à 28 (1891) et à 15 (1962). Aux mêmes dates, les
densités moyennes de la France sont : 61, 71, 85. Ainsi, le dépeu
plement relatif est plus fort que le dépeuplement absolu : le terri
toire de ce canton a toujours été sous-peuplé, mais jamais il ne le
fut autant que de nos jours.
Une densité aussi faible passait il y a peu encore pour caracté
ristique des régions françaises les plus pauvres et les plus désolées,
telles que certains secteurs des Grands Causses ou des Alpes du Sud.
II apparaît donc ici, dans ces plaines à l'aspect souvent aimable,
un vide démographique impressionnant.
B) Les formes communales du dépeuplement.
Le canton a perdu plus de 13 % de sa population, entre les deux
derniers recensements. Le dépeuplement s'est donc accéléré puisque
la seule perte comparable, celle de 950 personnes, subie entre 1911
et 1921, était proportionnellement moins importante. Ainsi, en
pleine période de paix et de prospérité économique générale, la
crise démographique dépasse celle qui fut provoquée par le cata
clysme de la Grande Guerre.
Cette crise aiguë frappe plus particulièrement certaines com
munes : en huit ans, Journet perd 23 personnes sur 100, ainsi que
Liglet, et Saint-Léomer en perd 28 ! (4)
Nous indiquons ci-dessous les pourcentages de dépeuplement,
calculés depuis le moment du maximum de population, et la dens
ité kilométrique en 1962 :
(3) Source des données chiffrées : I.N.S.E.E., D.R. de Poitiers : Population par com
mune de 1821 à 1954. Département de la Vienne ; et : Population du département de
la Vienne au recensement de 1962.
(4) Pour Journet et pour Saint-Léomer, la création d'un terrain de manœuvres amér
icain a provoqué des départs qui ont augmenté le pourcentage « naturel » de dépeu
plement. .
JEAN PITIÉ 24
% d. % d. % d.
Brigueil-le-
Chantre .... 42 18 Journet 57 9 Thollet 53 13
Coulonges.... 46 25 Liglet 52 11 La Trimouille. . 37 28
Haims 36 14 Saint-Léomer . 50 9
Des zones entières se rapprochent du désert.
Certains groupements se trouvent-ils plus frappés que d'autres ?
Est-ce sur les bourgs, sur les villages, sur les maisons dispersées,
que porte l'essentiel des départs ? Nous avons tenté de répondre
à cette question en relevant la liste des points d'habitat ainsi que
le total des habitants en chacun de ces points, à plusieurs moments :
celui de la population maximum d'une part, 1954 ou 1962 d'autre
part (selon l'état de la documentation).
Ce relevé nous a permis d'établir :
— qu'il n'y a pratiquement pas de disparition de points d'habit
at. Leur nombre est à peu près le même en 1962 qu'au siècle der
nier ; cette stabilité traduit le maintien des activités agricoles sur
tout le territoire ;
— qu'il se produit, au niveau des exploitations isolées surtout,
des variations qui paraissent en rapport avec celles des familles
d'exploitants. Le plus souvent, il y a diminution, mais on observe
aussi quelques augmentations ;
— que la perte porte essentiellement sur les agglomérations,
sans doute à cause du départ des personnes qui n'exerçaient pas
une activité agricole.
— qu'il n'y a pas d'urbanisation des communes par renforc
ement du bourg, le dépeuplement frappant les bourgs comme les
hameaux importants (5).
Ce dernier fait constitue un élément aggravant du diagnostic.
En effet, dans bien des communes rurales, le dépeuplement du
secteur proprement agricole, s'accompagne d'un certain progrès
du bourg, lié au développement de sa fonction « tertiaire », car les
paysans deviennent moins nombreux, mais ils consomment plus
de « services ». Ici, cette évolution n'existe pas, ce qui aggrave les
conditions de vie, parce que les indispensables « services » se trou
vent désormais à des distances considérables.
III. - L'EXODE RURAL

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