Un nouveau papyrus musical d Euripide (présentation provisoire) - article ; n°2 ; vol.117, pg 292-302
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1973 - Volume 117 - Numéro 2 - Pages 292-302
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Denise Jourdan-
Hemmerdinger
Un nouveau papyrus musical d'Euripide (présentation
provisoire)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 117e année, N. 2, 1973. pp. 292-
302.
Citer ce document / Cite this document :
Jourdan-Hemmerdinger Denise. Un nouveau papyrus musical d'Euripide (présentation provisoire). In: Comptes-rendus des
séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 117e année, N. 2, 1973. pp. 292-302.
doi : 10.3406/crai.1973.12889
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1973_num_117_2_12889COMPTES RENDUS DE L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS 292
COMMUNICATION
un nouveau papyrus musical d'euripide
(présentation provisoire:),
PAR Mme JOURDAN-HEMMERDINGER
En décembre dernier, le Centre national de la Recherche scienti
fique m'a envoyée en mission en Hollande pour terminer le catalogue
des manuscrits d'Horace, Lucain, Stace et Virgile contenant des
notations musicales médiévales. Je prépare ce catalogue sous la
direction de Solange Corbin. Comme, au cours de mes recherches
personnelles dans le domaine grec, j'ai découvert une autre notation
musicale antique — qui n'est pas la notation alphabétique que
l'on connaît — j'ai demandé à consulter également des papyrus
grecs.
Or, l'Université de Leyde possède depuis juin 1971 un payrus
musical : j'ai eu la joie de l'identifier avec les vers 784-792 de Y I phi-
génie à Aulis d'Euripide.
Ce fragment très mutilé mesure 6 cm de hauteur sur 7,5 de largeur.
C'est le reste d'un volumen de provenance inconnue. La paléogra
phie permet de l'attribuer au me siècle av. J.-C. L'écriture en est
proche de celle d'un autre papyrus d'Euripide — celui-là sans nota
tion musicale — écrit entre 260 et 239 av. J.-C. Ce dernier, qui
présente quelques vers de YHippolyte1, est conservé au British
Muséum, sous le n° Inv. 2652 B.
Le papyrus de Leyde présente les débris de 16 lignes, texte et
musique, dont 8 seulement sont restituables. Dans ma transcription
les lignes impaires sont réservées au texte ; les lignes paires à la
musique. Grâce au fragment de marge qui subsiste à gauche, on
peut restituer la disposition des lignes 9, 11 et 13. La ligne 9 avait
46 lettres, la ligne 11 en avait 62, la ligne 13 en avait 49. Ce ne sont
pas là les kola beaucoup plus courts des manuscrits byzantins d'Eur
ipide. Ce n'est pas non plus la disposition de la prose. Ce sont
des systèmes, c'est-à-dire « des vers longs, composés d'un nombre
indéterminé de membres », pour reprendre la définition de Louis
Havet2.
La disposition du Papyrus de Leyde confirme la théorie de
Boeckh qui, en 1811, écrit dans son De Metris Pindari : dividere
1. R. A. Pack, Greek and Roman Literary Texts from Greco-Roman Egypt", Ann
Arbor, 1965, n° 397 ; H. J. M. Milne, Catalogue of the Literary Papyn in the British
Muséum, Londres, 1927, n° 73.
2. L. Havet, Cours élémentaire de métrique grecque et latine", Paris, 1935, p. 83. UN NOUVEAU PAPYRUS MUSICAL D'EURIPIDE 293
vocabulum inter duos versus non licet1 et dispose en deux systèmes
glyconiques 7 vers de Y Ion d'Euripide (vers 184-190)2. En revanche,
elle donne tort à Wilamowitz qui, dans sa transcription du papyrus
des Perses de Timothée, pour ne citer qu'un exemple, a coupé en
deux le mot ôpviÔcov, le partageant entre les vers 149 et 150, alors
que dans le papyrus ce mot se trouve même au milieu d'une
ligne3.
La théorie de Boeckh est confirmée également par les autres
papyrus musicaux, puisque ces derniers sont disposés en systèmes.
Seul le papyrus de YOreste d'Euripide4 fait exception : il est disposé
en kola. Sa date, vers 200 av. J.-C, le situe pendant la période
d'activité d'Aristophane de Byzance, entre 230 et 1805. Denys
d'Halicarnasse (De compositione verborum, ch. 22 et 26) suggère que
la disposition en kola remonte à Aristophane de Byzance. Mais cette
pratique lui est antérieure : on la trouve déjà dans deux autres
papyrus d'Euripide, les Papyrus Hibeh 24 et 256 qui se situent
entre 280 et 240 av. J.-C.
Le papyrus de Leyde est très mutilé. Néanmoins, les lignes 9, 11,
13 et 15 sont suffisamment conservées pour que l'on puisse lire avec
certitude les vers 784-792.
Ligne 9. Un espace en blanc sépare les deux syllabes de MHTE.
Ce blanc s'explique par le fait que nous avons là une partition ; on
trouve de semblables espacements, et plus développés, dans le
Papyrus de Berlin n° 68707 ; dans le Papyrus Rainer de YOreste
d'Euripide et dans le Papyrus de Michigan Inv. 26598. MHTE EMOI,
bien que très eftacé est restituable à cause des traces d'encre signi
ficatives qui subsistent. MHTE EMOISI est presque sûr.
Ligne 15 : il y avait probablement T A A S, pour des raisons
musicales, puisqu'il subsiste au-dessus de cet espacement le reste
de 4 signes musicaux. Notre restitution s'appuie sur plusieurs
exemples présentés par d'autres témoins : dans le papyrus d'Oreste,
ligne 6, on lit : Q Q S9. Dans les deux hymnes delphiques, on ne
1. A. Boeckh, Pindari opéra..., Lipsiae, 1811-1821, t. 2, p. 313.
2. Id., ibid., pp. 198-199, n. 9.
3. U. von Wilamowitz-Mollendorff, Timotheos, Die Perier aus einem Papyrus von
Abusir in Auftrage der deutschen Onentgeselhchaft herausgegeben, Leipzig, 1903. Voir
aussi M. Norsa, La scntlura letterana greca dal secolo IV A.C. all'VIII D.C., Florence,
1931, p. 5 et Tav. 1 a ; Pack2, 1537.
4. Pack8, 411.
5. J. Ingoin, Histoire du texte de Pindare, Pans, C. Khncksieck, 1952, p. 35 ; 45 sq.
6. B. P. Grenfell and A. S. Hunt, The Hibeh Papyri, Part I, London, 1908, p. 108-114;
Pack2, 400 et 378.
7. Pack2, 2439.
8. O. M. Pearl and R. P. Winnington-Ingram, A Michigan Papyrus with Musical
Notation, dans Journal of Egyphan Archaeology, 51 (1965), p. 179-195.
9. Fac-similé apud K. G. Turner, Greek Manuscnpts of the Ancient World, Oxford,
At the Clarendon Press, 1971, n° 35. 1 I
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Papyrus de Leyde, Inv. 510. (Photographie agrandie.) COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 296
compte pas moins de 18 cas de redoublements vocaliques dans le
premier hymne, et de 15 dans le second1. Par exemple, le
premier, ligne 5, on lit : T A A S À E
et ligne 6:AEEA<DI2IIN
Cette pratique de multiplier une même voyelle est attestée chez
Aristophane (Grenouilles, 1314) où Eschyle dit :
et et et et et et
et plus loin, en 1348, Euripide dit : ei et si Xtcrooucra2.
TAS TAS est un dorisme avec assortiment modal en hyper-
dorien dans le Papyrus de Leyde. Cette harmonie entre le mode
musical et le dialecte était-elle automatique ?
La coupure syllabique de IIATPIAS en IÏAT PIAE s'explique
phonétiquement et musicalement. A propos de la séparation des
syllabes, Maurice Grammont écrit : « ... les quantités des versifica
teurs sont souvent traditionnelles ou artificielles. Ainsi Homère
compte la première syllabe longue dans... patrôs... et il est hors de
doute que ce compte repose sur une prononciation : ... patjrôs... les
poètes ont néanmoins continué à compter la première syllabe
comme longue, bien qu'en réalité elle fût brève dans la prononciat
ion courante. C'est donc alors chez eux une quantité traditionnelle.
En attique, à l'époque classique, on prononçait sûrement pa-trôs,
hû-bris, et la première syllabe des mots de ce type (occlusive +
liquide) est comptée brève couramment dans les vers attiques ;
mais on l'y rencontre fréquemment aussi comptée comme longue ;
c'est alors une imitation de la versification épique... »3.
TAS TAS IIATPIAS est attesté ailleurs chez Sophocle, Anti-
gone, 806 ; chez Euripide, Médée, 651, Troyennes, 857, Hélène, 522,
Ion, 483.
Ligne 9 : MHTE EMOI MHTE EMOISI et ligne 13, TAAE ES-,
là où il y a normalement une élision, le papyrus fait apparemment
un hiatus ; il marque la place des deux brèves en écrivant deux fois
l'epsilon (E E). La seconde fois, il y a même la trace d'un second
signe musical, 1 tau anestrammenon, c'est-à-dire renversé.
Dans ces deux cas, la répétition a dû entraîner le temps marqué
sur la seconde brève. En fait, nous pensons que ce phénomène
relève, non de la phonétique syntactique, comme les élisions et les
hiatus, mais des nécessités musicales, comme pour T A A C.
1. Th. Reinach apud M. G. Collin, Fouilles de Delphes

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