Un siècle du commerce des épices à Lyon, fin XVe-fin XVIe siècle - article ; n°4 ; vol.15, pg 638-666
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1960 - Volume 15 - Numéro 4 - Pages 638-666
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 170
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Richard Gascon
Un siècle du commerce des épices à Lyon, fin XVe-fin XVIe
siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 15e année, N. 4, 1960. pp. 638-666.
Citer ce document / Cite this document :
Gascon Richard. Un siècle du commerce des épices à Lyon, fin XVe-fin XVIe siècle. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 15e année, N. 4, 1960. pp. 638-666.
doi : 10.3406/ahess.1960.421641
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1960_num_15_4_421641siècle du commerce des épices Un
à Lyon
FIN XV*-FIN XVIe SIÈCLES
Problèmes et Sources
Des plus lointains fondouks du Levant, fréquentés par les marchands
génois et vénitiens, jusqu'à la boutique de l'apothicaire, ou du petit
épicier à la modeste clientèle locale ou régionale, le commerce des épices
est une longue chaîne. Lyon, grâce à ses foires, en est devenu, dès le
dernier quart du xve siècle, un maillon important. Non pas qu'elle pût
rivaliser avec les grands ports d'entrée que furent Venise, Gênes ou
Anvers : ville intérieure, elle était appelée à une autre fonction : celle de
centre principal de distribution dans le royaume de France.
Pourtant ce ne furent pas les épices qui donnèrent l'impulsion déci
sive aux foires. Ce rôle fut joué par les tissus de luxe des cités manufac-
tières italiennes ; soieries et draps de laine de grand prix * grâce à
leurs moyens de paiement et de crédit, à leur attraction sur un marché
étendu au-delà des limites du royaume jusqu'à l'Allemagne et aux Flandres,
les foires répondaient aux besoins du commerce de ces étoffes coûteuses.
Par surcroît elles s'ajustèrent admirablement aux exigences du trafic
des épices. Dans le sillage des « draps de soie » les épices progressèrent. Les
pulsations de leur commerce furent au rythme du mouvement général
des affaires ; leur fortune fut celle des foires comme leur déclin annonça
la chute commerciale de la ville. Certes, il y eut des discordances — le
boom de la Guerre de Chypre, dans la seconde moitié du siècle, en est
1. D'après nos calculs la part des soieries et draps de luxe dans les importations
aux foires de Lyon ne s'est pas abaissée au-dessous de 20 % en 1522-1523 et elle s'est
élevée jusqu'à 70 % en 1569. Aux mêmes dates, le pourcentage des épices, en valeur
selon la taxe, fut, respectivement, de 10 et de 12 (Registres du droit d'entrée de deux
deniers par livre, 1522-1523 : Archives commerciales de Lyon, CC. 3723-25, 8736, 3787,
3739, 3740, 3742, 3743 et 3746 : en 1569, CC. 169, Contrôle du subside de six denier*
par livre mis sur les marchandises).
638 LES ÉPICES A LYON
un exemple — mais, celles-ci furent toujours brèves et, dans l'ensemble,
rarement courbe particulière suivit une courbe générale avec une fidélité
comparable.
Ce siècle du commerce lyonnais des épices offre un autre intérêt.
Lyon est devenu un carrefour où se répercutent événements et conjonct
ures, brefs épisodes aussi bien que durables changements, avec une intens
ité inégale, parfois vive et parfois atténuée, mais toujours nettement
exprimée. En ce lieu de contact du grand commerce d'importation et du
commerce de redistribution dans le royaume, les traits de structure
prennent aussi leur relief : écrasante prédominance des Italiens, collabo
rations ou concurrences des marchands lyonnais ou français, tentative
d'installation des marchands allemands. Ici, quelques grands problèmes se
décèlent : rivalités des routes d'accès des épices méditerranéennes — terre
ou mer ; offensive des épices atlantiques venues d'Anvers ou des ports
atlantiques du royaume ; tentatives de rupture du quasi-monopole
italien.
Carrefour-Observatoire de choix. Non, certes, que tous les problèmes
posés s'y éclairent d'une lumière totale. Par son extension et sa nature le
commerce des épices ne peut révéler le jeu de ses mécanismes et de son
évolution générale en un seul de ses centres soumis nécessairement aux
limites de ses conditions particulières, au poids de ses propres contin
gences. Du moins, par la richesse de ses archives, Lyon apporte ou suggère
maintes réponses aux problèmes de cette histoire. Outre les documents
concernant l'ensemble du commerce — registres de la douane du deux
deniers par livre, puis du six deniers par livre ; obligations, attestations
et lettres de voiture, la ville possède deux catégories de sources propres
aux épices. En premier lieu, les carnets du contrôle des épices qui donnent,
foire après foire, la liste des importateurs et, pour chacun d'eux, la nature
et les quantités importées. Dès la fin du xve siècle ces carnets nous ont
été conservés en série continue jusqu'à la fin du xvie siècle presque sans
lacunes x. Ces « carnets du garbeau » sont les seuls documents qui per
mettent de restituer la courbe séculaire d'une activité commerciale. En
second Heu, les « carnets des Cinq Espèces ». Ils constituent une série plus
courte, de 1523 à 1535 ; mais ils apportent des précisions uniques. En effet,
les épices y sont enregistrées à chaque porte de la ville ou sur les ports de
1. Ce contrôle s'appelle grabelage et la taxe garbeau. L'institution du garbeau est
ancienne. En 1465, Louis XI accordait aux conseillers le droit d'élire deux grabeleurs :
CC. 4.289, Lettres patentes du 10 déc. Mais, en 1462, il était question du de
l'épicerie : BB. 9, délib. du 20 avril, f° 72 v°. Ce contrôle fut réorganisé en 1519 : CC.
4293. Ordonnance du garbeau, 3 avril. La taxe variait selon la valeur des épices; elle
fut toujours très faible, car le but était de contrôler la qualité non d'imposer la mar
chandise. A partir du 1519 les carnets, un par foire, furent soigneusement tenus. Le
plus ancien carnet est celui de 1500-1501. L'absence de carnets plus anciens s'explique
par le fait que la ville avant cette date avait affermé le garbeau : BB. 12, délib. du
7 juin 1474, f° 81 v°. Deux marchandises ne figurent pas sur les carnets : les safrans
et les sucres. Le riz, par contre y est inscrit.
639 ANNALES
la Saône et du Rhône ce qui permet souvent d'en déceler la provenance.
De plus, toutes les épices entrées dans le royaume par un port maritime et,
par là, exemptes du droit d'entrée à Lyon, y furent pourtant inscrites,
précédées, en marge, de la mention du port où elles avaient acquitté
« le droit du roi » : Marseille, Aiguës-Mortes, Bayonne, Nantes ou Rouen *.
Lyon, carrefour des épices : Confluences et concurrences
Lyon et ses foires furent essentiellement le grand relais du commerce
des Italiens en France. La prédominance des épices du Levant découla
de ce caractère. Dès la fin du xve siècle l'essor des foires avait donné au
marché lyonnais des épices une force d'attraction capable de capter les
courants les plus divers. Ces confluences furent, le plus souvent, complé
mentaires. Il arriva, pourtant, qu'elles s'opposèrent. Concurrences qui
témoignent de la vitalité des foires. Elles jalonnent et éclairent quelques-
unes des rivalités qui constituent l'un des chapitres de l'histoire générale
du commerce des épices en Occident : lutte des épices méditerranéennes
et des épices atlantiques ; rivalité de la route maritime des ports du Bas-
Languedoc et des routes alpines ; rivalité de la route massai iote et des
routes alpines.
Route de terre ou route de mer ?
Le conflit de Lyon et des ports du Bas -Languedoc (fin du XVe-
début du XVIe).
Délaissant de plus en plus Aiguës-Mortes et Montpellier, les épices
arrivaient à Lyon par les convois muletiers chargés des marchandises
d'Italie. Ce détournement au profit des routes alpines et de Lyon parut
intolérable aux marchands languedociens. Il aggravait leurs craintes et
décevait leurs espérances. En effet, dans les dernières années du règne
de Charles VII et au début du règne de Louis XI, les essais de commerce
en droiture avec le Levant au bénéfice des marchands du royaume avaient
semblé promettre aux ports du Bas-Languedoc une chance de résurrec
tion. Mais, le réalisme de Louis XI avait ses contradictions : dans le même
1. Le dro

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