Usages de la sociologie dans les organismes de coopération et du développement - article ; n°90 ; vol.23, pg 423-443
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Description

Tiers-Monde - Année 1982 - Volume 23 - Numéro 90 - Pages 423-443
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Guichaoua
Jean Majeres
Usages de la sociologie dans les organismes de coopération et
du développement
In: Tiers-Monde. 1982, tome 23 n°90. pp. 423-443.
Citer ce document / Cite this document :
Guichaoua André, Majeres Jean. Usages de la sociologie dans les organismes de coopération et du développement. In: Tiers-
Monde. 1982, tome 23 n°90. pp. 423-443.
doi : 10.3406/tiers.1982.4131
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1982_num_23_90_4131USAGES DE LA SOCIOLOGIE
DANS LES ORGANISMES DE LA COOPÉRATION
ET DU DÉVELOPPEMENT
par André Guichaoua* et Jean Majeres*
Cet article n'a pas pour ambition de proposer une étude théorique
sur le statut ou sur les courants et tendances de la sociologie du « déve
loppement » dans les organismes spécialisés. Il s'agit plus simplement
d'une réflexion de caractère assez général sur les institutions et les
personnels qui, dans le secteur du développement, « couvrent » le marché
des prestations diverses et des publications qui se définissent comme
sociologiques1. Pratiquement, nous essaierons d'aborder divers aspects
des évolutions qui caractérisent le fonctionnement de ce marché, les
déterminations objectives qui pèsent sur les personnels et les contraintes
théoriques qui définissent le cadre et les limites du champ scientifique
ouvert à la pratique sociologique : terrains d'investigations proposés
— ou au contraire « protégés », voire interdits — , outillages conceptuel
et méthodologique mis en œuvre, etc.
Autrement dit, nous voudrions, pour autant que cela soit possible
dans un domaine aussi peu « transparent », porter sur les pratiques de la
« profession » une interrogation similaire à celle que les habituels « termes
de référence » proposés aux experts dans leurs contrats leur fixent pour
des terrains étrangers. Seul moyen d'établir, même lorsqu'il s'avère
techniquement très difficile de mettre sur pied un véritable dispositif
d'enquête, une distance minimale avec des expériences et des argument
ations trop fréquemment relatées ou formulées au travers d'un discours
mystifié.
* Sociologue.
i. En fait, la plupart des références utilisées dans cet article renvoient à l'expérience
française et aux zones géographiques marquées par cette tradition. Le champ anglo-saxon
présente des approches et des modes d'intervention très différents. Toutefois, et particulièr
ement dans le domaine que nous étudions, les spécificités nationales sont en grande partie
« digérées » ou surdéterminées dans des confrontations et des enjeux plus vastes.
Revue Tiers Monde, t. XXIII, n° 90, Avril-Juin 1982 A. GUICHAOUA ET JEAN MAJERES 424
Une telle approche apparaîtra très vraisemblablement aux « profes
sionnels » comme une tentative d'exhiber des principes explicatifs là où,
selon le discours commun, il n'y en aurait guère du moins à ce niveau
très « sociologique ». En effet, la relative autonomie et la « personnalité »
des différentes institutions, la multiplicité des activités, les particularités
des terrains, toutes ces raisons rendent particulièrement complexe la
saisie d'un milieu fort hétérogène et, de ce fait, perçu en grande partie
comme indéterminé. De plus, la difficulté ne tient pas uniquement aux
lieux et personnels étudiés, elle est redoublée par le flou qui environne
une « discipline » aussi peu définie sur le plan théorique (par ses pratiques
ou par les objets qu'elle manipule) et institutionnel (les titres et les
fonctions des agents concernés) que la « sociologie du développement ».
On constatera par ailleurs (cf. infra, 3.3) que ce qui est habituellement
désigné sous ce terme générique ne représente paradoxalement que la
partie la plus limitée, voire la plus superficielle, des usages de la sociologie
dans les organismes de développement.
1. Le contexte professionnel
De prime abord, les sociologues du « développement », experts,
consultants et intervenants divers dans les programmes et projets de déve
loppement, apparaissent comme membres du vaste corps multidisci-
plinaire des spécialistes du développement et, à travers eux, la sociologie
se voit sollicitée pour ses méthodes d'investigation et son mode d'anal
yse2.
Différents types d'institutions se répartissent approximativement la
« couverture » de ce secteur mais cette division institutionnelle ne permet
guère de rendre compte avec précision de la mobilité réelle des personnels
concernés et des domaines d'intervention spécifiques. On trouve tout
d'abord l'ensemble extrêmement divers des organismes de coopération
technique internationaux et nationaux, publics et privés (exécutants des
« programmes » ou des « projets »), y compris les agences de financement
et banques dites de développement, qui, sous des formes multiples,
pratiquent ou sollicitent des interventions de type sociologique. Pêle-
mêle, on peut citer, parmi les principaux utilisateurs : les Nations Unies et
leurs organismes spécialisés (bit, fao, oms, Unesco, fida, fnuap,
2. On se reportera, à titre d'exemple, aux différents types de mission que la Banque
mondiale peut offrir aux sociologues et qu'elle définit dans Terms of Reference for Consultant
Sociologist, in Human Factors in Project Work, Washington, World Bank Staff Working
Paper No. 397, June 1980, pp. 40-62. ORGANISMES DE LA COOPÉRATION ET DU DEVELOPPEMENT 425
ONUDi)3, la Banque mondiale (bird, aid, etc.), la cee (fed) et, à l'échelon
national, les ministères spécialisés et leurs agences de développement
dont la fonction principale est d'avancer ou de centraliser la majeure partie
des fonds mis à la disposition de la coopération et de l'aide. On peut
identifier ensuite, plus ou moins indépendant des premiers, le vaste
réseau des bureaux d'études et ong (sedes, bdpa, cinam, iram, aidr,
cimade, ccfd, etc., pour nous limiter aux structures francophones).
A un autre niveau, il nous faut aussi mentionner les activités des uni
versités et instituts spécialisés qui disposent de leurs propres circuits
de coopération (ou dont les personnels s'intègrent dans les filières offi
cielles ou privées existantes) et dont les missions dépassent bien entendu,
dans le domaine de l'enseignement et de la recherche, le seul cadre de la
sociologie du « développement », ainsi que celles des organismes spécial
isés de recherche parmi lesquels, pour nous en tenir à l'exemple français,
le CNRS et I'orstom regroupent l'essentiel des activités et des personnels.
Pour l'ensemble de ce secteur, et toutes les données chiffrées que
l'on pourrait proposer le confirmeraient, on peut dire que la place réser
vée à ces personnels et, en particulier, l'évolution régressive des effectifs
justifient le pessimisme qui alimente les analyses habituelles sur les
débouchés professionnels, les budgets-recherche et les carrières des
spécialistes divers de la discipline. Cette situation minoritaire, voire de
plus en plus marginale, est très vivement ressentie par la « profession »
qui voit ses positions battues en brèche et d'autant plus menacées qu'elles
n'ont jamais été très fortes comparées à la plupart des autres disciplines
des sciences humaines et sociales si ce n'est dans les institutions spécial
isées et encore relativement protégées comme l'Université ou les centres
étatiques de recherche4.
Parmi les explications les plus couramment avancées de la part des
personnels et responsables de ces organismes, deux d'entre elles semblent
revenir le plus souvent et recueillir un large assentiment, même si les
3. Cf. en annexe la liste des sigles utilisés.
4. En règle générale, les fonctions et tâches confiées aux sociologues, le niveau de leurs
interlocuteurs officiels ou techniques ne favorisent pas les contacts ou l'accès aux pôles str
atégiques de décision sur les plans financiers, administratifs ou politiques. Hormis les raisons
institutionnelles (« les sciences sociales n'ont pas de débouché institutionnel reconnu au
niveau des organes de gouvernement — à la différence des sciences économiques auxquelles
correspondent des

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