Venezuela : coexistence de l opulence et du dénuement. La difficile accumulation de l excédent pétrolier - article ; n°84 ; vol.21, pg 761-778
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Venezuela : coexistence de l'opulence et du dénuement. La difficile accumulation de l'excédent pétrolier - article ; n°84 ; vol.21, pg 761-778

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Description

Tiers-Monde - Année 1980 - Volume 21 - Numéro 84 - Pages 761-778
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

D. F. Maza Zavala
Venezuela : coexistence de l'opulence et du dénuement. La
difficile accumulation de l'excédent pétrolier
In: Tiers-Monde. 1980, tome 21 n°84. pp. 761-778.
Citer ce document / Cite this document :
Maza Zavala D. F. Venezuela : coexistence de l'opulence et du dénuement. La difficile accumulation de l'excédent pétrolier. In:
Tiers-Monde. 1980, tome 21 n°84. pp. 761-778.
doi : 10.3406/tiers.1980.3977
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1980_num_21_84_3977VENEZUELA : COEXISTENCE
DE L'OPULENCE ET DU DÉNUEMENT
La difficile accumulation de l'excédent pétrolier
par le Pr D. F. Maza Zavála*
Le Venezuela constitue un exemple vivant et actuel de coexistence entre
la richesse et la misère, la profusion et la pénurie. Ce n'est pas un cas
unique dans le monde contemporain, pas plus qu'une situation nouvelle
ou surprenante. D'une manière ou d'une autre, les pays du Tiers Monde
— dont le Venezuela fait partie — souffrent du paradoxe de cette coexis
tence d'extrêmes, et s'ils se distinguent par leur pauvreté au niveau
national — en tant que dénominateur commun — il existe généralement
à l'intérieur de chacun des minorités relativement riches, qui s'approprient
des parts élevées du revenu national, et des majorités plus ou moins
pauvres qui n'arrivent à survivre qu'avec peine.
L'impossibilité d'absorber fructueusement la totalité des surplus
fournis par le pétrole a conduit à la création d'un organisme financier
étatique, le Fonds des Investissements du Venezuela, qui canalise une
partie de l'excédent fiscal de telle manière qu'actuellement son actif
financier atteint la valeur de 32 000 millions de bolivars (à peu près
7 440 millions de us dollars). Le Fonds a placé une partie de ses ressources
à l'étranger et une autre partie dans le financement de projets intérieurs.
En six ans (1974-1979), le pétrole a rapporté, moyennant la hausse des
prix, 185 000 millions de bolivars supplémentaires (43 100 millions de
us dollars) à l'Etat vénézuélien. Cette énorme quantité d'argent n'a pas
apporté la croissance économique et le bien-être. Au contraire, l'impor
tation de biens, de services et de capital, rendue plus nécessaire, a fait
que l'économie est devenue plus vulnérable et dépendante, que
cette masse de moyens monétaires et financiers, loin de susciter un « bond
décisif», provoque des déséquilibres, des ruptures et des problèmes plus
importants que ceux qui existaient avant son afflux. De plus, ces ressources
extraordinaires sortent pour une grande part du pays, à travers les import
ations, les placements de fonds à l'extérieur qui ne seront probablement
* Faculdad de Economia, Universidad Central de Venezuela, Caracas.
Revue Tien Monde, t. XXI, n» 84, Octobre-Décembre 1980 762 D. F. MAZA ZAVÁLA
pas rapatriés et autres dépenses sans contrepartie réelle. L'excédent
pétrolier ne constitue pas en soi un capital, et le problème consiste just
ement à le convertir en cela, c'est-à-dire en un ensemble de moyens de
production dont l'incorporation à l'économie contribuerait à l'augment
ation de la productivité sous une forme organisée et soutenue.
Seulement une minorité de la population — pas plus de 20 % — jouit
à l'heure actuelle de revenus réels plus importants qu'il y a quatre ans,,
et 80 % des habitants ont vu leur situation financière s'aggraver et
souffrent de l'insuffisance et du mauvais fonctionnement des services
publics; on constate l'instabilité du logement, la dégradation du régime
alimentaire familial due à la hausse des prix, le manque trop fréquent
d'aliments de base, la difficulté de trouver une place dans les lycées, écoles
et université pour les enfants et les jeunes, l'effort accru requis pour
atteindre les niveaux moyens de satisfaction des besoins vitaux. L'inégal
ité socio-économique s'accroît — certains de ces pays ont un revenu par
habitant plus élevé que la moyenne mondiale, ce qui a pour effet dans le
meilleur des cas un allégement de la situation de la majorité défavorisée,
mais également une richesse absolue plus élevée de la minorité privilégiée.
L'originalité du cas vénézuélien réside dans l'explosion de ressources
considérables donnant accès à l'abondance et dans le changement des
paramètres qui ordinairement définissent l'économie : le revenu de l'Etat,
les recettes en devises, la liquidité monétaire, les ressources naturelles,
l'importation, l'investissement, la consommation. L'opulence s'est tra
duite sur le marché par une pénurie d'articles de consommation courante,
dont les prix, bien évidemment, se sont mis à augmenter considérable
ment. Les services publics ont été également déficitaires. La partie de la
population dont le revenu a peu augmenté proportionnellement à cette
hausse souffre d'une pénurie de biens et de services. Le pouvoir des
groupes économiques déjà implantés s'est accru, d'autres groupes part
iculièrement forts ont émergé à la faveur des affaires publiques.
Cette croissance fulgurante de l'économie vénézuélienne est due à la
hausse des prix du pétrole depuis 1974. Le prix moyen est passé de
4,45 us$ en 1973 à 14,35 en 1974, pour les effets de la participation fiscale
dans le revenu net pétrolier. En fait, le budget de l'Etat a été multiplié
par 3 jusqu'à atteindre l'équivalent de 10 000 millions de us dollars,
et les recettes du pétrole de 3 044 millions de us dollars en 1973 à
9 277 millions en 1974. Les dépenses publiques ont pu s'accroître dans
des proportions sans précédent, de même que les importations. Elles
ont augmenté en 1974 de 48 %, en 1975 de 41 %, en 1976 de 20 % et
de 12 % par an entre 1977 et 1979 ; la production intérieure brute de
5,5 % en 1974 (1973 5 %), de 5,9 % en 1975 et de 8,4 % en 1976. OPULENCE ET DÉNUEMENT 763
L'augmentation de la production pétrolière réelle, ayant diminué à la
suite d'un réajustement, ainsi que de la production agricole en 1976, s'est
élevée à nouveau, tandis que la construction et les services ont diminué,
en 1979.
De l'excédent fiscal au déficit
Les finances publiques vénézuéliennes s'appuient sur la recette
pétrolière qui représente en moyenne 70 % des recettes courantes du
gouvernement central. La recette fiscale pétrolière s'est élevée de
11 221 millions de bolivars en 1973 à 36 508 en 1974. Dans les années
postérieures, elle a diminué jusqu'à 33 322 millions en 1979. Les recettes
totales courantes du gouvernement central sont passées de 16 054 mil
lions de bolivars en 1973 à 42 558 en 1974, puis elles diminuèrent pour
se situer en 1977 à 38 776 millions, et remonter à 48 312 millions de boli
vars en 1979.
La dépense courante du gouvernement central — c'est-à-dire compte
non tenu du service de la dette publique — est passée de 14 598 millions
de bolivars à 39 517 entre 1973 et 1974. Au cours de cette dernière année,
un excédent fiscal de 3 041 millions de bolivars a été enregistré. En réalité
l'excédent fut supérieur, car il faut considérer l'apport du Fonds des
Investissements du Venezuela, qui ne constitua pas à proprement parler
une dépense, mais plutôt un excédent capitalisable de 1 3 000 millions de
bolivars. En 1975 un excédent a également été obtenu de 812
de bolivars, mais en 1976 un déficit de 801 millions est apparu.
En 1977 et 1978, la balance courante du Trésor a été déficitaire de
9 475 et 8 500 millions de bolivars, mais en 1979, pour la première
fois depuis 1975, elle a présenté un excédent de 3 116 millions de bolivars.
L'analyse des finances publiques sur plusieurs années met en évidence
une situation de déséquilibre structurel. Fondée sur l'extraction et la
commercialisation du pétrole, lequel est épuisable, la plus grande partie
des recettes ne provient pas de la poche du contribuable, mais d'un revenu
de capital via la liquidation du patrimoine national. Parce que les dépenses
publiques ont tendance à croître de telle sorte que les

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