Vers une psychophysique de la forme, par E. Vurpillot - article ; n°1 ; vol.59, pg 117-142
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Description

L'année psychologique - Année 1959 - Volume 59 - Numéro 1 - Pages 117-142
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Eliane Vurpillot
Vers une psychophysique de la forme, par E. Vurpillot
In: L'année psychologique. 1959 vol. 59, n°1. pp. 117-142.
Citer ce document / Cite this document :
Vurpillot Eliane. Vers une psychophysique de la forme, par E. Vurpillot. In: L'année psychologique. 1959 vol. 59, n°1. pp. 117-
142.
doi : 10.3406/psy.1959.6602
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1959_num_59_1_6602REVUES CRITIQUES
VERS UNE PSYCHOPHYSIQUE DE LA FORME
par Éliane Vurpillot
Dans l'abondante littérature consacrée à la perception visuelle
depuis un demi-siècle, le terme de forme a longtemps servi à qualifier
un objet au même titre que sa taille, sa couleur ou sa brillance. En
sont témoins les innombrables études portant sur les préférences « cou
leur ou forme » et les épreuves de classification d'objets selon la forme,
la couleur ou le nombre.
Malgré son nom, la psychologie de la Forme n'a pas apporté de
précision sur la nature de la forme, considérée comme une dimension
définissable et mesurable de l'objet. Elle s'est présentée comme une
théorie applicable aux principales fonctions psychologiques, reposant
sur le primat de la forme, et dont le but essentiel était l'énoncé des lois
d'organisation de celle-ci. Dans le domaine perceptif, on peut condenser
la « psychologie de la forme » en deux phrases : « toute expérience a
une forme » — la forme est donc la donnée primaire en perception —
et « le tout est différent de la somme des parties ». Il faut tenir compte
du fait que la « Gestalt » est née en réaction contre l'associationnisme,
tout puissant à l'époque. Elle s'est appliquée à montrer qu'une forme
était autre chose qu'une addition d'éléments et qu'elle avait des pro
priétés dont ces derniers étaient dépourvus. Par là-même, elle s'inter
disait toute approche analytique et quantitative. Les définitions de la
« bonne forme », les lois d'organisation restèrent donc qualitatives et
descriptives.
Dans le contexte d'une évolution de la psychologie vers la quantif
ication, évolution qui est commune à toutes les sciences en développe
ment, deux faits concrets sont venus donner une impulsion nouvelle
et une orientation à l'étude des formes — et non plus de la forme :
les importants crédits, d'une part, dont disposent les laboratoires de
psychologie rattachés à l'armée américaine, et, d'autre part, l'utilisation
du radar. En effet, avec le radar se trouvait posé un problème pratique :
comment perçoit-on et reconnaît-on une forme qui apparaît sur l'écran,
avec toutes ses incidences : quelles sont les conditions optimales de
reconnaissance ? Quels sont les facteurs qui ont la plus grande influence ?
Lorsque les psychologues entreprirent des recherches précises et poussées
sur l'identification ou la discrimination de figures non significatives,
il leur apparut que la « forme » d'un objet n'était pas une variable qu'on
pouvait définir selon une dimension unique, comme l'intensité ou la REVUES CRITIQUES 118
couleur, mais qu'elle était pluridimensionnelle. Par ailleurs, ils ne di
sposaient d'aucune métrique de la forme. Il allait donc falloir créer de
toutes pièces une psychophysique de la forme.
La tâche revenait à constituer une sorte de catalogue de toutes les
dimensions possibles de la forme, puis à établir des corrélations entre
les variations physiques du stimulus dans une dimension, et les varia
tions du comportement du sujet dans différentes épreuves de reconnais
sance. Les épreuves existent depuis longtemps ; elles ont été mises au
point au cours de nombreuses expériences, qu'il s'agisse de l'identif
ication d'un objet (lui donner le nom qui a été appris antérieurement),
de la discrimination de figures plus ou moins ressemblantes, du seuil
d'intensité lumineuse, de durée d'apparition tachistoscopique, etc.
C'est du côté du stimulus qu'apparaissent les difficultés les plus
grandes. Quelles sont les dimensions les plus importantes : la surface,
le périmètre, le nombre d'angles ? Comment tenir compte du fait qu'au
cune ne varie vraiment indépendamment des autres ? Par ailleurs, s'il
est facile et sans ambiguïté de définir la surface ou le périmètre d'une
figure plane, il n'en est plus de même pour d'autres dimensions, comme
la « complexité ». Nous reviendrons plus loin sur cette question.
Le choix du matériel utilisé apparaît comme très important. Egon
Brunswik (12, 13) est peut-être le seul psychologue qui ait vraiment
donné la place qu'il mérite au problème du matériel expérimental
considéré comme échantillon de situations plus générales. Pour lui, des
résultats n'auront une « validité écologique », autrement dit ne seront
généralisables à d'autres situations et d'autres matériels, que si le
matériel expérimental utilisé est « représentatif » des situations réelles
auxquelles on désire rapporter les résultats. L'idéal, dans notre cas,
serait donc de partir des formes naturelles. Quelques tentatives ont
été faites en ce sens, elles restent encore sans grande portée psycholo
gique.
La plupart des psychologues préfèrent utiliser un matériel spécial
ement conçu en vue de l'expérience, ce qui permet d'en quantifier
exactement les dimensions. La nature même des populations de formes
ainsi créées est souvent déterminée par le cadre théorique dans lequel
se place l'auteur ; les gestaltistes gardent une préférence pour le matér
iel géométrique classique, alors que les adeptes de la théorie de l'info
rmation sont plus à l'aise parmi les configurations de points et les figures
issues de matrices.
Nous nous proposons de passer en revue les données de l'analyse des
formes naturelles, les modes de construction des principaux matériels
utilisés, l'application de la théorie de l'information à la perception et
à la reconnaissance des formes, les méthodes expérimentales utilisées
et les principaux problèmes affrontés : redondance, complexité, simili
tude. Nous serons obligé parfois, à propos d'une recherche, de nous
référer à son compte rendu bibliographique dans un article, car les
rapports des recherches de l'armée américaine sont souvent inaccessibles. VURPILLOT. VERS UNE PSYCHOPHYSIQUE DE LA FORME 119 É.
A) Étude des formes naturelles
Nous entendons par formes naturelles celles des différents êtres que
présente la nature : hommes, bêtes, pierres, etc., et des objets manufact
urés parmi lesquels nous vivons : autos, maisons, ponts, etc.
Attneave et Arnoult (8) consacrent à l'analyse des formes naturelles
une partie importante de leur excellente revue critique sur L'étude
quantitative de la perception des formes. A leur avis, l'estimation des
paramètres statistiques, importants du point de vue psychologique,
des formes naturelles doit permettre de construire un matériel expéri
mental qui posséderait les mêmes paramètres. C'est alors que les résul
tats expérimentaux seraient généralisables, non seulement à la populat
ion des formes dont l'échantillon expérimental a été extrait, mais à
l'ensemble des formes naturelles.
Le contour d'une figure semble être la région qui contienne le maxi
mum d'information ; c'est donc lui que plusieurs auteurs se sont ingéniés
à analyser. Lorsque nous regardons un objet tridimensionnel, nous
percevons, parmi ses contours possibles, celui qui correspond à la posi
tion actuelle de cet objet dans notre champ visuel. Pour pouvoir analyser
ce contour, il nous faut tout d'abord le transcrire sur un plan. Cette
sorte de matérialisation du contour a été tentée essentiellement par
deux méthodes : l'une photographique s'inspire du modèle neurologique
de Rashevsky (35), l'autre est de nature électronique.
La technique est la suivante (8). On superpose
exactement le négatif et le positif correspondant, transparents, d'un
objet, de telle façon que les blancs de l'un recouvrent exactement les
noirs de l'autre. Puis on tire une épreuve sur papier très contrasté en
envoy

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