Visages du judaïsme : de la barbe en monde juif et de l élaboration de ses significations - article ; n°5 ; vol.49, pg 1065-1090
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Visages du judaïsme : de la barbe en monde juif et de l'élaboration de ses significations - article ; n°5 ; vol.49, pg 1065-1090

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Annales. Histoire, Sciences Sociales - Année 1994 - Volume 49 - Numéro 5 - Pages 1065-1090
The Changing Face of Judaism : On the Jewish Beard and the Construction of its Meanings.
The present paper explores the range of meanings associated with the Jewish beard in Europe, the Mediterranean countries, and the Middle East between the ninth and eighteenth centuries and the processes through which those meanings were constructed. Although classical Jewish law prohibited shaving with razor it did not require that the Jew wears his beard conspicuously long or untrimmed. Where Jews cultivated such an appearance such as in the Maghreb and the Muslim or Byzantine East it was due no less to the cultural values of the surrounding environment in which the beard functioned as badge of masculine honor than to the demands of Jewish tradition. In those same areas the kabbalists were able to endow the beard with an additional dimension of mystical meaning regarding it as symbol of divine splendor which was not to be tampered with in any way. Not surprisingly where the beard was most venerated it was also most subject to violent attack or punitive removal. In medieval Christian Europe by contrast most Jews opted not to grow their beards in pronounced manner. This did not prevent Christians from making use of the beard as symbol of the Jew and his otherness. Jews and Christians travelling to the East or the Holy Land would sometimes grow their beards there but remove them upon returning to Europe apparently so as not to be perceived as an alien Other. The meanings of the Jewish beard were never determined by the Jews alone nor by the cultures in which they lived but through dynamic interactions on both the social and discursive levels.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 75
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Elliott Horowitz
Isabelle Rozenbaumas
Visages du judaïsme : de la barbe en monde juif et de
l'élaboration de ses significations
In: Annales. Histoire, Sciences Sociales. 49e année, N. 5, 1994. pp. 1065-1090.
Abstract
The Changing Face of Judaism : On the Jewish Beard and the Construction of its Meanings.
The present paper explores the range of meanings associated with the Jewish beard in Europe, the Mediterranean countries, and
the Middle East between the ninth and eighteenth centuries and the processes through which those meanings were constructed.
Although classical Jewish law prohibited shaving with razor it did not require that the Jew wears his beard conspicuously long or
untrimmed. Where Jews cultivated such an appearance such as in the Maghreb and the Muslim or Byzantine East it was due no
less to the cultural values of the surrounding environment in which the beard functioned as badge of masculine honor than to the
demands of Jewish tradition. In those same areas the kabbalists were able to endow the beard with an additional dimension of
mystical meaning regarding it as symbol of divine splendor which was not to be tampered with in any way. Not surprisingly where
the beard was most venerated it was also most subject to violent attack or punitive removal. In medieval Christian Europe by
contrast most Jews opted not to grow their beards in pronounced manner. This did not prevent Christians from making use of the
beard as symbol of the Jew and his otherness. Jews and Christians travelling to the East or the Holy Land would sometimes grow
their beards there but remove them upon returning to Europe apparently so as not to be perceived as an alien Other. The
meanings of the Jewish beard were never determined by the Jews alone nor by the cultures in which they lived but through
dynamic interactions on both the social and discursive levels.
Citer ce document / Cite this document :
Horowitz Elliott, Rozenbaumas Isabelle. Visages du judaïsme : de la barbe en monde juif et de l'élaboration de ses
significations. In: Annales. Histoire, Sciences Sociales. 49e année, N. 5, 1994. pp. 1065-1090.
doi : 10.3406/ahess.1994.279312
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1994_num_49_5_279312VISAGES DU JUDAISME
De la barbe en monde juif et de élaborat on
de ses significations
Elliott HOROWITZ
Au cours de été 1925 Schmuel Yosef Agnon écrivain hébreu originaire
de Galicie et futur lauréat du prix Nobel de littérature âgé alors de trente-
sept ans revenait progressivement au mode de vie traditionnel dans lequel il
avait été élevé crivant de Jérusalem sa femme demeurée provisoirement
en Allemagne il lui fit part un incident survenu la veille et qui avait par
conséquent conservé toute sa fraîcheur dans sa mémoire
Tard dans la matinée hier alors que je travaillais on frappa ma porte
ouvris irrité car je aime pas être dérangé pendant mes heures de travail
Un juif oriental yehoudi sefaradi une cinquantaine années se présenta
moi et me demanda une bénédiction Je crus il collectait de argent et
sortis quelques pièces ... mais il ne voulut sous aucun prétexte les accepter
Il me demandait de le bénir Monsieur lui dis-je vous devez faire erreur
sans doute ignorez-vous qui vous vous adressez Il me répondit il
savait pertinemment que étais monsieur Agnon et il ... était malade et
me demandait une bénédiction Voyez-vous lui demandai-je que je ne
porte pas de barbe Mais il répétait inflexible quand même Je pris
donc ma armulke la posai sur ma tête et entrepris de le
Il convient de noter que Agnon accueillant son visiteur tête et visage
nus ne mentionne que la seconde des deux particularités comme susceptible
de le disqualifier du privilège accorder une bénédiction Ce passage
montre il est vrai que le narrateur est même de couvrir convenablement
sa tête plus promptement que son visage cela met cependant accent sur un
acte empathie intéressant de la part de auteur Bien que la barbe et le
couvre-chef aient tous deux été en ce temps per us comme des marques de
AGNON Esterlein Yekirati Jérusalem-Tel-Aviv 1983 104
1065
Annales HSS septembre-octobre 1994 no pp 1065-1090 RECIPROQUES REGARDS
piété parmi les hommes de Jérusalem pareillement enracinés dans la tradi
tion kabbalistique et moins explicitement mais non moins fermement dans
la tradition de civilité levantine Agnon semble-t-il ressenti la première
comme un symbole plus puissant aux yeux un juif oriental une cinquan
taine années que la seconde
Dans la préface sa Pognologie ou Histoire philosophique de la Barbe
1786) Dulaure certainement influencé par Essai sur les urs de
Voltaire paru trente ans auparavant observait occasion de sa discussion
sur la méthode il intéressait davantage la vie privée un héros au
récit de ses actions remarquables histoire de la barbe quant elle est de
nature lier aires privée et publique de sorte que la signification de son port
pour celui qui arbore soit inséparable voire tout fait confondue avec
sa signification pour celui qui la per oit Ne se limitant ni aux apparences ni
aux représentations cette histoire englobe ainsi que le souligne
Dulaure de nombreux événements qui ils revêtent rarement une impor
tance intrinsèque actes de violence encontre de la barbe ou la décision
surprenante prise par un pape de laisser pousser la sienne sont riches en
signification dans le contexte défini par Stephen Greenblatt Les actes
sociaux sont ... toujours inscrits dans un système de significations
publiques Pour les contemporains qui avaient part ces systèmes de
significations le sens de ces actions était pratiquement évident dans la plu
part des cas mais ce est le plus souvent au prix un effort et une
ingéniosité considérables que historien moderne parvient les recons
truire il parvient il se fraie une voie privilégiée aux dimensions de
expérience et aux niveaux du discours qui servent fa onner les univers
mentaux parfois déroutants des sociétés du passé comme ont démontré ces
dernières années les historiens de la culture les plus imaginatifs
Les sociétés du passé que nous allons explorer ici appartiennent essen
tiellement au monde juif européen et méditerranéen et se situent entre le
Moyen Age et le début des Temps modernes bien que en matière de barbe
comme dans la plupart des autres domaines) ces sociétés juives ne peuvent
pas plus se concevoir hors de leurs cultures environnantes que on peut distin
guer les contextes privé et public en ce qui la concerne Ceci paraissait déjà
aller de soi un contemporain de Dulaure Samuel Romanelli juif ita
lien de Mantoue qui passa quelques années en Afrique du Nord la fin du
xvine siècle Dans le riche compte rendu ethnographique il donna de ces
années et qui fut publié pour la première fois en 1792 Romanelli notait
Les Arabes ne se saisiraient jamais de la barbe de un entre eux lors une
querelle car ils la tiennent pour sacrée et ils prêtent serment par elle Ainsi
en est-il également pour les juifs Les juifs pieux ne la toucheraient même pas
de peur un seul cheveu en tombe au sol et souille la vénérable barbe
GREENBLATT Renaissance Self-Fashioning from More to Shakespeare Chicago 1980
ROMANELLI Masa Arav dans SHIRMANN éd. Shmuel Romanelli Ketavim Niv-
harim Jérusalem 1968 52 =Travail in an Arab Land trad. introduction et notes par
Stillman et Stillman Alabama 1989 50 propos de la barbe voir aussi les observa
tions de ROMANELLI ibid. pp 67 89 Voir aussi SLOUSCH Le Maroc au xvn siècle
Mémoires un contemporain Revue du Monde musulman 1908 pp 452-466 643-664
1066 DE LA BARBE EN MONDE JUIF HOROWITZ
II était donc évident pour Romanelli que juifs et musulmans dans le
Maghreb partageaient non seulement la mode de la barbe longue et flot
tante mais lui attribuaient en outre une signification ordre cultuel émi
nemment similaire et ceci plus encore dans des situations de violence
potentielle ou réelle Nous ne traitons pas ici un simple épisode situé
aube des temps modernes ni des juifs et des musulmans en particulier
mais une des structures profondes de la culture masculine sur les pour
tours de la Méditerranée et au Moyen-Orient durant une longue période
de temps
Six siècles environ avant Romanelli historien latin Guillaume de Tyr
observait Les Orientaux tant Grecs que des autres nations entre
tiennent leur barbe avec le plus grand soin et il se trouve par pur hasard
un de leurs cheveux en soit arraché ils le considèrent comme le plus
haut degré de injure et de ignominie Guillaume faisait cette remarque
propos du roi Baudouin II dont la barbe bien que clairsemée atteignait
la poitrine et qui quelques années avant son accession au tr

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