Sépultures ecclésiastiques et sénatoriales dans la vallée du Rhône (400-600) - article ; n°31 ; vol.15, pg 13-27
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Sépultures ecclésiastiques et sénatoriales dans la vallée du Rhône (400-600) - article ; n°31 ; vol.15, pg 13-27

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Description

Médiévales - Année 1996 - Volume 15 - Numéro 31 - Pages 13-27
Cet article veut éclairer les conditions de l'inhumation des élites chrétiennes dans le bassin du Rhône aux Ve-VIe siècles. Sont mises à contri bution les sources épigraphiques, juridiques, narratives, iconographiques et archéologiques. Il ressort de leur analyse qu'en dépit de la christianisation, de sa possible influence sur la liturgie des funérailles et de la pratique de l'inhumation auprès des corps saints ou dans les églises, les coutumes funéraires des élites chrétiennes n'ont guère changé dans la Gaule du Sud-Est entre le IVe et le vr siècle : même faste, même tendance à l'ostentation, même souci de la perpétuation du nom et du souvenir du défunt, même pratique de la sépulture luxueusement habillée et accompagnée d'offrandes.
Ecclesiastical and Senatorial Burials in the Rhône Valley (400-600) - This paper proposes to throw light on the conditions of inhumation observed by the Christian nobility in the Rhône basin in the fifth and sixth centuries. Contributing sources include epigraphic, juridical, narrative, iconographie, and archaeological documents. Their analysis shows that despite Christianization and its possible influence on funerary liturgy, and the practice of entombment near saintly bodies or within churches, the funerary customs of the Christian nobility had barely changed in Southeast Gaul between the fourth and the sixth centuries : the same feasts, the same tendencies to ostentation, the same concern for the perpetuation of the name and the memory of the deceased, the same practice of the sumptuous adornment of graves accompanied by offerings.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 78
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Prof. Ian Wood
Sépultures ecclésiastiques et sénatoriales dans la vallée du
Rhône (400-600)
In: Médiévales, N°31, 1996. pp. 13-27.
Résumé
Cet article veut éclairer les conditions de l'inhumation des élites chrétiennes dans le bassin du Rhône aux Ve-VIe siècles. Sont
mises à contri bution les sources épigraphiques, juridiques, narratives, iconographiques et archéologiques. Il ressort de leur
analyse qu'en dépit de la christianisation, de sa possible influence sur la liturgie des funérailles et de la pratique de l'inhumation
auprès des corps saints ou dans les églises, les coutumes funéraires des élites chrétiennes n'ont guère changé dans la Gaule du
Sud-Est entre le IVe et le vr siècle : même faste, même tendance à l'ostentation, même souci de la perpétuation du nom et du
souvenir du défunt, même pratique de la sépulture luxueusement habillée et accompagnée d'offrandes.
Abstract
Ecclesiastical and Senatorial Burials in the Rhône Valley (400-600) - This paper proposes to throw light on the conditions of
inhumation observed by the Christian nobility in the Rhône basin in the fifth and sixth centuries. Contributing sources include
epigraphic, juridical, narrative, iconographie, and archaeological documents. Their analysis shows that despite Christianization
and its possible influence on funerary liturgy, and the practice of entombment near saintly bodies or within churches, the funerary
customs of the Christian nobility had barely changed in Southeast Gaul between the fourth and the sixth centuries : the same
feasts, the same tendencies to ostentation, the same concern for the perpetuation of the name and the memory of the deceased,
the same practice of the sumptuous adornment of graves accompanied by offerings.
Citer ce document / Cite this document :
Wood Ian. Sépultures ecclésiastiques et sénatoriales dans la vallée du Rhône (400-600). In: Médiévales, N°31, 1996. pp. 13-
27.
doi : 10.3406/medi.1996.1364
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1996_num_15_31_1364Médiévales 31, automne 1996, pp. 13-27
Ian WOOD
SÉPULTURES ECCLÉSIASTIQUES ET SÉNATORIALES
DANS LA VALLÉE DU RHÔNE (400-600)
Apollinaris, grand-père de Sidoine Apollinaire, fut enterré sur le bord
de la route qui menait de Lyon à Clermont. La famille laissa la tombe se
délabrer à un point tel que des fossoyeurs commencèrent un jour à la défonc
er. Sidoine intervint à temps, faisant fouetter les responsables, et, de façon
plus constructive, entreprenant d'écrire une épitaphe pour son grand-père1.
D'une manière plus dramatique, Ennode, Provençal de naissance même s'il
devint par la suite évêque de Pavie, se hâta d'écrire une épitaphe pour sa
parente Cynégia lorsque son fantôme lui eut apparu2. Bien que ces deux
anecdotes laissent entendre que les familles n'étaient pas toujours enclines
à commander des épitaphes pour leurs parents décédés, c'étaient les proches
qui commandaient les épitaphes, ou alors les nouveaux évêques et abbés
pour leurs prédécesseurs sur les sièges épiscopaux ou abbatiaux : de fait, les
épitaphes d' évêques constituent une source substantielle de l'histoire de
l'Église des ve-vie siècles3. Je voudrais dans cet article considérer brièvement
les épitaphes et les sarcophages des milieux ecclésiastiques et sénatoriaux,
essentiellement mais pas exclusivement dans la vallée du Rhône aux ve-vie
siècles ; puis poser la question de savoir ce qui était placé à côté du corps
- si du moins c'était le cas - dans les tombes des élites laïques et ecclé
siastiques, en recourant notamment à un rapport de fouilles méconnu qui
fut publié à Genève en 18934 ; enfin, tirer quelques conclusions générales
sur le caractère de l'inhumation des élites chrétiennes dans la Gaule du sud
et du centre à l'époque post-romaine. S'il peut paraître fallacieux d'étudier
conjointement les échelons supérieurs de l'Église et de l'aristocratie sénat
oriale, les correspondances de Sidoine Apollinaire, d'Avitus de Vienne, de
Ruricius de Limoges et d' Ennode de Pavie suffisent à montrer à quel point
les deux groupes se confondaient à la fin du ve et au début du vr siècle,
confusion que le témoignage des inscriptions murales et funéraires semble
1. Sidoine Apollinaire, Ep. III 12, A. Loyen éd., Paris, 1960-1970. Sur Sidoine et son grand-
père voir, plus récemment, J. Harries, Sidonius Apollinaris and the Fall of Rome, Oxford, 1994,
p. 26-29.
2. Ennode, CCCLXI et CCCLXII, F. Vogel éd., MGH, Auctores Antiquissimi, t. VII, Berlin,
1885.
3. Voir M. Heinzelmann, Bischofsherrschaft in Gallien, Munich, 1976.
4. L'importance de ce texte a été relevée par C. Bonnet, Les premiers édifices chrétiens de la
Madeleine à Genève, Genève, 1977, p. 106. 14 I. WOOD
devoir confirmer5. En outre les écrits de Grégoire de Tours et de Venance
Fortunat montrent à quel point les élites séculières et ecclésiastiques ont
continué de former un groupe homogène jusqu'à la fin du VIe siècle.
Sarcophages et épitaphes
Les sarcophages de Gaule ont été attentivement étudiés depuis des
années6. Beaucoup sont dépourvus de décor et ne nous renseignent guère
sur les individus qui y ont été inhumés. D'autres sont joliment décorés et
portent éventuellement des inscriptions : dans ce cas ils constituent sans le
moindre doute des sépultures appartenant au monde des élites7. Dans quel
ques cimetières, comme dans celui - exceptionnel - de Civaux en Poitou,
des sarcophages relativement simples pouvaient reposer sur plusieurs
niveaux de profondeur. Il pouvait même se faire qu'un sarcophage abon
damment décoré fût enterré8. Mais dans la plupart des cas, il est probable
que les sarcophages de haut statut social étaient faits pour être vus. Grégoire
de Tours visitait délibérément les cimetières urbains et les grandes basiliques
des saints pour regarder les tombes. Il pouvait identifier la pierre de Paros
dans laquelle les plus beaux sarcophages étaient taillés et il était capable
d'interpréter, au moins en partie, leur iconographie et leurs inscriptions.
Dans la crypte de saint Helius de Lyon, il admira la tombe du saint . Dans
l'église de Saint- Vénérandus de Clermont, il fut frappé par une tombe en
marbre de Paros qu'il identifia comme chrétienne du fait des scènes de
miracles du Christ et des apôtres qui y avaient été sculptées l0 ; dans celle
de Saint-Cassius de la même cité, il nota une tombe fabriquée dans la même
pierre". Il releva aussi que le sarcophage de saint Lusor de Déols était en
marbre de Paros et joliment sculpté12. A Dijon, il vit dans la tombe du
sénateur Hélarius, en marbre de Paros sculpté, une indication, « suivant les
critères de ce monde », du statut social du saint13. Bien que les sarcophages
en question aient disparu, il est aisé de comparer les commentaires de Gré
goire avec les exemples qui sont parvenus jusqu'à nous.
Les occupants de nombre de sarcophages ont pu être identifiés grâce
aux inscriptions gravées sur leur couvercle ou sur leurs flancs. Parfois les peuvent désigner les seconds occupants des tombes14. Quand
5. Sur l'identité entre aristocratie ecclésiastique et aristocratie séculière dans la Gaule du v*
siècle, voir E. James, « The historical and archaeological context of the south-west Gallic sarcophagi »,
Antiquité Tardive, 1, 1993, p. 26. Voir plus généralement R. Mathisen, Ecclesiastical Factionalism
and Religious Controversy in fifth-century Gaul, Washington D.C., 1989.
6. Voir, tout récemment, Antiquité Tardive, 1, 1993 : Les sarcophages d'Aquitaine.
7. N. Duval, « La notion de sarcophage et son rôle dans l'Antiquité tardive », Antiquité Tar
dive, 1, 1993, p. 34 ; J.-P. Caillet, « Les sarcophages chrétiens en Provence (nr-v siècle) », Ibid.,
p. 127.
8. J.-P. Caillet, « Les sarcophages chrétiens en Provence », loc. cit., p. 130.
9. Grégoire de Tours, Liber in Gloria Confessorum, 61, B. Krusch éd., MGH, Scriptores
Rerum Merovingicarum, 1. 1 (2), Hanovre, 1885.
10. Ibid., 34.
11. Grégoire de Tours, Decent Libri Historiarum, IV, 12. B. Krusch et W. Levison éd.,
MG

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