Statues et ex-voto du Stibadeion dionysiaque de Délos - article ; n°1 ; vol.68, pg 240-270
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1944 - Volume 68 - Numéro 1 - Pages 240-270
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1944
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Charles Picard
Statues et ex-voto du Stibadeion dionysiaque de Délos
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 68-69, 1944. pp. 240-270.
Citer ce document / Cite this document :
Picard Charles. Statues et ex-voto du Stibadeion dionysiaque de Délos. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 68-
69, 1944. pp. 240-270.
doi : 10.3406/bch.1944.2624
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1944_num_68_1_2624STATUES ET EX-VOTO
DU "STIBADEION" DIONYSIAQUE DE DÉLOS
Dans une communication faite le 17 février 1944 à l'Académie des
Inscriptions et Belles Lettres (1), je crois avoir établi que la forme archi
tecturale des Stibadeia dionysiaques, dans le monde méditerranéen antique,
était attestée sur le terrain, çà et là, par des édifices dont la destination
avait été méconnue. L'un des documents de mon enquête était la prétendue
« Niche » de Délos (2), découverte en 1907, à l'Est et en bordure du
péribole d'Apollon (fig. 1,2). J'ai montré qu'il s'agissait d'un petit temple,
de plan barlong, ouvert à l'Ouest. J'ai donné les éléments d'une reprise
possible de l'étude architecturale.
Sans revenir sur ce travail, je voudrais ici, d'autre part, compléter ou
corriger l'exégèse des sculptures qui composaient l'ornementation plastique
de l'édifice étudié. Leur interprétation risque d'avoir souffert de l'incer
titude où l'on était tenu, depuis 1907, sur le caractère sacré de la construc
tion dont elles faisaient partie intégrante. J'appliquerai ici, une fois encore,
un principe général, que j 'ai posé de longue date, et employé successivement
pour plusieurs exégèses. M. R. Dussaud en a récemment relevé l'intérêt (3).
A travers le monde antique, les monuments grecs et leur décor ont servi
généralement à l'affirmation d'une foi ; dans les constructions sacrées
a dominé le souci concerté, volontaire, de tout agencer pour l'édification
religieuse des fidèles. Cette règle me paraît devoir guider essentiellement
les études sur l'histoire de la sculpture hellénique ; elle aidera au renou-
(1) CEAI, 1944, p. 127-157.
(2) La désignation «niche G» vient du plan levé lors des fouilles : BCH, 31, 1907, pi. 14
(cf. ici, fig. 1 : partie gauche), et du rapport alors publié : BCH, ibid., p. 471 sqq. (L. Bizard) ;
cf. pour les sculptures de l'édifice, L. Bizard et G. Leroux, p. 503-525.
(3) Syria, 1942-1943, p. 38. < ο
Hieron. d'A/ioU.
Fig. 1. — -Le Stibadeion délien = « niche G », et ses entours.
Fig. 2. — Le Slibadeion délien : les restes architecturaux, vus de l'Ouest. CH. PICARD 242
vellement de nos connaissances, chaque fois du moins que nous bénéficierons
de l'avantage de pouvoir reconstituer un lieu-saint antique avec son amé
nagement d'autrefois.
Or, c'est cette bonne fortune qu'offrait le Sîibadeion délien, entendu
tout autrement qu'une simple loggia décorative isolément ouverte sur
une rue de l'île.
Trois statues ont été retrouvées à Délos dans la prétendue « niche G ».
Les auteurs de la première publication n'ont pas méconnu le rapport
qu'elles pouvaient avoir eu entre elles. Mais ils restaient enclins à les consi
dérer un peu trop comme des pièces de musée, faute de pouvoir préciser
leur sens et leur action sacrée, cohérente.
Une excellente description matérielle avait été donnée, par exemple,
BCH, 31, 1907, p. 511-517, grâce à L. Bizard et G. Leroux, du Dionysos
nu, assis, haut de 0 m. 715, dont la statue en marbre de Paros a été
retrouvée près de l'ex-voto chorégique de Garystios.Si l'œuvre, qui n'est
pas sans mérite, a passé presque inaperçue d,es historiens de l'art, cela
tient sans doute à ce que les éditeurs n'avaient pas été assez en mesure,
du moins, de la restituer, et surtout de faire comprendre son rôle religieux
(fig. 3 et 4).
J'ai expliqué ailleurs que le Sîibadeion délien retrouvé en 1907 était,
à sa date, la principale construction conservée d'un péribole dionysiaque,
dans une zone de culte affectée au dieu sans doute depuis l'époque
archaïque ; cette zone voisinait, non au hasard, avec celle du Téménos
de Létô ; voire avec l'Artémision, quoique de moins près. Ces rapports
de groupes, à travers le monde divin, n'ont rien qui surprenne, ni à Délos,
ni ailleurs. A Délos même, ils ont été maintes fois attestés, et ils répondaient
à des conditions religieuses connues (1).
Le Sîibadeion dionysiaque, mesurant à l'extérieur 7 m. 50x3 m. 20,
n'échappe pas à la règle de la modicité de surface, normale pour cette
sorte d'édifices, qu'on pourrait comparer à des chapelles-« reposoirs ».
L'ouverture était à l'Ouest : on y accède par deux emmarchements seule
ment. Les côtés Nord, Est et Sud furent fermés de murs pleins, avec un
retour vers l'Ouest, resserrant l'accès. Toutes les parois murales étaient
stuquées, intérieurement et extérieurement. On verra que des ex-voto
(1) CRAI, 1944, p. 139, n. 2. LE « STIBADEION » DIONYSIAQUE DE DÉLOS 243
s'y accrochaient. Au dehors, de petits monuments, aux angles Nord-
Ouest et Sud-Ouest, accostant la paroi d'entrée, complétaient l'ambiance
dionysiaque. Celui qui a été retrouvé au Sud et rétabli in\situ, l'ex-voto
de Carystios, fils d'As-
bélos, est significatif ;
il rappelle les jeux du
théâtre. Il avait été dédié,
comme on sait, vers 300
avant notre ère, à l'o
ccasion d'une chorégie
victorieuse : décoré sur
trois côtés de reliefs di
onysiaques (1), il support
ait un énorme phallos
votif.
Bien qu'il n'ait pas
été fait effort, en 1907,
pour déterminer le pl
acement des statues de
l'intérieur, il n'y a guère
de doute sur ce qu'on
eût pu restituer dès
alors. Une large ban
quette de fond garnis
sait certainement l'édi
fice, avec ou sans retours
latéraux. Le Dionysos
assis que nous ont rendu
les fouilles y prenait
place au centre. On peut
comparer, mutatis mut
andis, l'arrangement du Fig1. 3. — Dionysos assis,
figure centrale du Stibadeion délien. Stibadeion thasien, dont
je me suis aussi occupé
dans ma communication du 17 février 1944, voulant montrer qu'il ne
s'agissait pas là d'un édifice purement chorégique, ainsi qu'on avait cru
(1) Cf. ci-après, ad flnem. 244 CH. PICARD
d'abord (1). A Thasos, sur une base en hémicycle {sigma lunaire), le
Dionysos central était dressé debout, selon l'axe, véritable effigie cultuelle
entourée des personnifications de son thiase. Le dieu présidait une sorte
de « cénacle » païen ; l'entourage, littéraire à sa gauche, était, semble-t-il,
démonique à sa droite, s'il est vrai qu'un Pan de taille réduite équilibrait
de ce côté, en quelque sorte, le petit Nyctérinos placé à l'opposite. A
Délos, sous une forme beaucoup plus réduite, et avec une assistance bien
moins riche, nous retrouvons le même dispositif de principe : sur un
socle, cette fois linéaire, deux Papposilènes, conservés, encadraient aussi
leur dieu (2), qui, cette fois, était assis parmi eux, évidemment comme au
théâtre (3).
L. Bizard et G. Leroux avaient écrit un peu imprudemment en 1907
à propos du Dionysos : « Dans la grande sculpture, les figures de cette
sorte sont rares, et il n'est point de dieu qui rappelle, même de loin, notre
statue. Le dieu est assis, parfois sur un rocher, parfois sur une panthère,
jamais sur un trône » (4). C'était trop oublier une série de représentations
sur lesquelles je reviendrai, et par exemple, le Dionysos assis, drapé,
du monument dit de Thrasyllos et Thrasyclès à Athènes, dont j'ai montré
récemment, à l'Académie des Inscriptions (5), qu'il faisait aussi, à l'origine,
partie intégrante du décor d'un véritable Stibadewn, avant qu'il eût été
malencontreusement transporté — pendant l'époque r

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