Statuette en bronze d'Osiris provenant de Tronoën (Finistère) - article ; n°1 ; vol.76, pg 263-273

Louis Richard

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Annales de Bretagne - Année 1969 - Volume 76 - Numéro 1 - Pages 263-273
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• Publié le: 01 janvier 1969
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Louis Richard
Statuette en bronze d'Osiris provenant de Tronoën (Finistère)
In: Annales de Bretagne. Tome 76, numéro 1, 1969. pp. 263-273.
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Richard Louis. Statuette en bronze d'Osiris provenant de Tronoën (Finistère). In: Annales de Bretagne. Tome 76, numéro 1,
1969. pp. 263-273.
doi : 10.3406/abpo.1969.2517
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1969_num_76_1_2517RICHARD LOUIS
Statuette en bronze d'Osiris
Provenant de Tronoën (Finistère)
(FINISTERE SUD
Au cours de recherches effectuées au Musée des Antiquit
és Nationales, au château de Saint-Germain-en-Laye (1),
j'avais eu l'occasion de noter, d'après l'Inventaire manusc
rit du Musée, l'existence d'une statuette en bronze d'Osiris
qu'une mention marginale du registre attribuait à l'oppidum
de Tronoën (Finistère). Avant même d'essayer de retrouver
la figurine, qui était conservée dans les réserves du Musée,
je communiquais cette indication à Monsieur le Professeur
J. Leclant (2) qui voulut bien me faire savoir que ce fironze
était inconnu et que toute information nouvelle le concer
nant serait la bienvenue. Ainsi encouragé, j'entrepris, lors
d'un nouveau séjour au Musée, de rechercher cette statuette
dont l'intérêt semblait considérable, ne fût-ce que pour
l'histoire religieuse de FArmorique gallo-romaine. Ce pré
cieux document archéologique, demeuré inédit, mérite d'être
(1) II m'aurait été impossible de travailler au château de Saint-
Germain-en-Laye sans le bienveillant appui qu'ont bien voulu m'ac
corder M. H. Delporte, Conservateur, et Mlle C. Metzger, Assistante
au Musée, que j'ai plaisir à remercier ; je n'oublie pas non plus
leurs collaborateurs qui m'ont accompagné dans les réserves et à
qui je dois d'avoir pu retrouver cette jolie statuette d'Osiris. Ma
dette de reconnaissance est particulièrement grande envers M. H. Del
porte qui a consenti à faire exécuter les photographies de la figu
rine. — Dans les pages qui suivent, les abréviations suivantes seront
employées : AB : Annales de Bretagne ; BMSECDN : Bull, et Mém.
de la Société d'Emulation des Côtes-du-Nord ; BSAF : Bull, de la
Société Archéologique du Finistère ; RA : Revue Archéologique.
(2) Monsieur le Professeur J. Leclant, qui prépare un ouvrage très
attendu sur les cultes égyptiens en Gaule romaine, a bien voulu
s'intéresser à ma quête des Aegyptiaca d'Armorique. Qu'il trouve ici
l'expression de ma gratitude pour les renseignements et conseils qu'il
n'a cessé de m'accorder. 2(34 STATUETTE EN BRONZE D'OSIIUS
publié car il appartient à une série qui, jusqu'à plus ample
informé, n'est pratiquement pas représentée en Bretagne (3).
*
* *
La Collection Paul du Chatellier, entrée au Musée des
Antiquités Nationales en 1924, rassemble une quantité im
pressionnante de pièces se rapportant essentiellement aux
F/y. ï. — Osiris de Tronoën
(3) On ne voit guère à signaler, en effet, que le petit Osiris en
bronze de Saint-Brieuc, publié par Aveneau dc la Grancièiu:, Bull,
de la Société Polymathique du Morbihan, 1901, procès-verbaux, p. 10,
et Mémoires, p. 118-119, pi. I, fig. 5 ; cf. ma note dans BMSECDX,
XCVII, 1969, p. 82-84. Cet Osiris, que l'on pouvait croire disparu, se EN BKONZE d'OSIRIS 265 STATUETTE
époques préhistoriques (4). Mais P. du Chatellier avait aussi
recueilli au cours de ses fouilles, ou s'était procuré par
achat, grande abondance d'objets datant de la période
gallo-romaine. Le nombre des salles d'exposition étant
actuellement limité au château de Saint-Germain-en-Laye,
c'est dans les réserves qu'il fallut chercher la statuette de
Tronoën dont seul était connu le numéro d'inventaire :
75837.
Ainsi que le montrent les photographies (fig. 1), il
s'agit de la partie .supérieure d'un Osiris en bronze, brisé à
hauteur des hanches. Le sommet de la tiare et des deux
plumes d'autruche a été cassé ; comme on le voit par l'ex
amen du cliché du profil, le côté gauche de la figurine a par
ticulièrement souffert : la coiffure e(st crevée, le bras gau
che et une partie de la cage thoracique ont été enfoncés. La
moitié inférieure du dos porte les traces de multiples coups.
Il semble évident que l'on s'est acharné à mutiler ce bronze
et cette constatation n'est pas sans intérêt, comme je le
montrerai plus loin (5).
La hauteur du fragment conservé est de 0,087 m (6). ;
mais, compte tenu de l'importance relative des parties dis
parues, il est possible de calculer approximativement les
dimensions premières. En comparant cet exemplaire
trouve au Musée des Antiquités Nationales où il porte le n° 77539 A ;
mais il est conservé dans les réserves où je n'ai pas encore pu le
retrouver. D'autre part, il n'est pas exclu qu'un troisième Osiris ait
fait partie des collections de P. du Chatellier : il faudrait savoir, en
effet, ce qu'était cette statuette « égyptienne, en bronze », provenant
du Mont-Frugy, en Quimper, et signalée par l'abbé A. Millon : « Le
château de Kernuz. Son histoire. Ses collections ■», dans Associdtion
Bretonne, 46e Congrès tenu à Concarneau, 3e série, t. XXIV, 1905
[1906], p. 7-41 ; cf. p. 28.
(4) Cf. X. : « La Collection Paul du Chatellier », RA, 1924, II,
p. 339 ; Fr. Henry : « La Collection P. du au Musée de
Saint-Germain », RA, 1930, II, p. 140-142 (cet article concerne prin
cipalement les objets d'âge préhistorique et la céramique).
(5) Cf. infra, p. 272 et n. 27-29.
(6) Hauteur de la figure, de la pointe du menton au sommet de la
tiare : 0,042 m ; longueur de la barbe : 0,012 m ; largeur de la sta
tuette à hauteur des épaules (mesure effectuée sur la partie posté
rieure) : 0,035 m. Des trois photographies reproduites ci-contre, seule
celle qui représente la face postérieure est, à peu de chose près, à
l'échelle 1/1 ; les deux autres clichés donnent du dieu une image
un peu plus grande que nature. STATUETTE EN BRONZE D'OSIRIS •266
gradé à d'autres statuettes d'Osiris, intactes (7), on peut
supposer, en effet, qu'à l'origine la figurine mesurait environ
0,140 à 0,150 m (8). L'objet est en bronze coulé, creux ; la
coiffure et la tête du personnage renferment une masse de
de plomb qui semble remplir assez exactement la cavité, car
elle ne bouge pas et paraît bien adhérer au bronze. En
revanche le tronc du corps contient actuellement un mor
ceau de plomb bien trop étroit pour la largeur de la cage
thoracique et de l'abdomen ; il s'agit visiblement de l'extré
mité inférieure du remplissage de plomb, se terminant par
une fiche en fer couverte d'aspérités dues à la rouille et
légèrement infléchie (9). La patine, brune, saine, n'a null
ement souffert de la corrosion et donne au bronze un très bel
aspect.
Le dieu est représenté dans l'attitude et le costume tradi
tionnels. Debout, dans une posture hiératique, Osiris est
vêtu d'une tunique collante qui devait descendre jusqu'aux
pieds, maillot funéraire enveloppant la momie (10). Les
épaules sont carrées ; les avant-bras, repliés sur la poitrine,
se croisent à hauteur des poignets qui ne sont guère visi
bles. La main droite, informe, tient le sceptre (héka) dont
le crochet, à hauteur de l'épaule gauche, est tourné vers la
figure du personnage ; la main complètement indis
tincte, saisit le fouet à cordes (nékhakha) dont les lanières
(7) Cf. G. Roeder, Aegyptische Bronzefirjuren, Tafelband, Staatliche
Museen zu Berlin, Mitteilungen aus der Aegyptischen Sammlung,
Band VI, 1956, Taf. 22-28 et 76-78. Je tiens à remercier Mons
ieur le Professeur P. Pédech par l'entremise de qui j'ai réussi à
consulter cet ouvrage auquel, dans ma résidence, je ne pouvais avoir
accès.
(8) On peut restituer environ un demi-centimètre pour le sommet
de la coiffure, et quatre à cinq centimètres pour la partie inférieure
du corps.
(9) La largeur du remplissage de plomb à son extrémité inférieure,
0,011 m, permet de se faire une idée des dimensions que pouvait
atteindre la parti