Sur l essai des médicaments en France avant 1789 - article ; n°149 ; vol.44, pg 305-316
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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1956 - Volume 44 - Numéro 149 - Pages 305-316
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Maurice Bouvet
Sur l'essai des médicaments en France avant 1789
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 44e année, N. 149, 1956. pp. 305-316.
Citer ce document / Cite this document :
Bouvet Maurice. Sur l'essai des médicaments en France avant 1789. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 44e année, N. 149,
1956. pp. 305-316.
doi : 10.3406/pharm.1956.8455
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1956_num_44_149_8455D'HISTOIRE REVUE
DE LA PHARMACIE
Juin 1956
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des m:;oicam:;n LS
IM fliAMC'i AVANT 1739
médicaments puis, YEvolution Après aux avoir Journées dans 2, évoqué, je la voudrais de fabrication 1954, aux aujourd'hui Journées YHistorique des substances pharmaceutiques terminer de la médicamenteuses conservation cet examen de 1952, d'endes l,
semble en exposant brièvement les techniques employées pour le
contrôle des médicaments, remèdes secrets compris, des origines
à 1789.
Ce contrôle s'est exercé dès l'apparition des premiers médicaments.
Je citerai trois documents confirmant cette affirmation :
1) En Egypte, d'abord, dans une lettre envoyée par un certain Pay à
son fils Parahotep. Il lui demande de lui apporter, pour le traitement
d'une affection oculaire..., « un peu de miel, et en plus de la graisse..., et
de la mesdemet (galène ou sulfure de plomb) vraie » 8.
2) On relève, d'autre part, dans Pline, une technique intéressante d'essai
du vert de gris, avec emploi d'un papier à la noix de galle pour re
trouver la couperose employée comme adultérant en même temps que
la gomme, la pierre ponce ou la poudre de marbre.
Ce serait, d'après Kopp *, la plus ancienne mention de l'application
scientifique d'une réaction chimique. Voici d'ailleurs le texte de
Pline s ;
On reconnaît les autres falsifications au cri que rend sous la dent la substance
falsifiée. Celle dont la couperose est la base se reconnaît dès qu'on l'expose à
l'action du feu sur une pelle de fer. Pure, la substance garde sa couleur ; falsi-
8 i 2 France-Pharmacie, Revue Revue H.P., de technique n° 138, avril p. pharmaceutique, 112. 1953. octobre 1954.
« 4 Geschichte Trad. Ajasson der de Chemie, Grandsaigne, 1844, II, Paris, p. 51. 1833, t. XIX. revue d'histoire de la pharmacie 306
fiée, elle passe au rouge. On peut aussi reconnaître la fraude, à l'aide d'un papyr
us, préalablement macéré dans le suc de noix de galle ; le véritable verdet se
noircit aussitôt. La vue aussi indique si le verdet est vrai ou faux : la couleur
verte doit être franche.
3) Dioscoride, d'autre part, donne déjà de nombreux essais de
l'opium 6 :
Le bon opium est, dit-il, pesant, massif et amer au goust, et provoque à dor
mir en le fleurant. Il se résout aysément en eau estant lissé et blanc, et n'est ny
aspre, ny plein de grumes. En le coulant, il se tient comme cire, et ne se fond au
Soleil, et estant allumé, il ne jette point une flamme noire ; et estant esteint,
maintient toujours son odeur. L'opium se sofistique avec glaucium, gomme ou
jus de laitue sauvage. Mais on cognoist celuy qui est sofistique de glaucium, en
ce qu'il fait l'eau jaune, quand on le demesle. Et si la brouillerie est faite avec
jus de laitue sauvage, il est plus aspre et n'a qu'une odeur bien petite. Mais, s'il
y a de la gomme, il sera luysant, et imbecille en ses operations. Il y a eu des
gens hebetez, qui sofistiquoient l'opium avec graisse.
Il faudrait de longues recherche* et de nombreuses pages de texte
pour présenter un travail définitif sur l'essai des médicaments en France
avant 1789. Je n'ai d'autres prétentions que d'ébaucher ici le travail,
en rassemblant les documents récoltés au cours de plus de 35 ans de
recherches sur l'histoire de notre profession.
Je présenterai ces dans deux chapitres différents : A) Les
essais des drogues et des préparations officinales. B) Les essais des r
emèdes secrets.
A) Les essais des drogues et préparations officinales.
Je ferai d'abord remarquer qu'à cette époque les essais étaient modns
indispensables que de nos jours, mais aussi plus difficiles à réaliser.
Comme je l'ai montré en effet dans mon Histoire de la Pharmacie, les.
apothicaires préparaient eux-mêmes la plupart des préparations qu'ils
vendaient dans leur officine ; ils récoltaient souvent eux-mêmes aussi
les plantes indigènes et nous verrons plus loin qu'un contrôle officiel
était le plus souvent exercé par les maîtres et gardes, lors de la mise en
vente de plantes ou d'autres drogues importées.
Les médicaments de grande réputation, comme la thériaque, étaient
préparés par les apothicaires avec un luxe de précautions, un souci
de la perfection qui éliminaient toute possibilité de fraude ou d'erreur.
Les experts pouvaient d'ailleurs rencontrer dans leurs analyses
(surtout avant le xvir siècle), des difficultés presque insurmontables.
On sait d'abord que le guiproquo était permis, c'est-à-dire qu'il était
possible, en cas de pénurie, de remplacer certaines drogues par d'au
tres : la graisse de renard, par celle de belette ; l'alun par le sel
gemme ; le miel par le sucre ; l'absinthe par l'origan, etc.. Comment
dans ces conditions reconnaître, surtout avec les moyens primitifs
d'alors, les fraudes et les erreurs ?
Et puis les experts manquaient souvent d'éléments certains de compar
aison, de précisions sur les caractères des produits purs. C'est ainsi
que Lisset-Benancio, dans la Declaration des abuz et tromperies que
font les apothicaires 7, écrit au sujet de la gomme adragante :
« Les Commentaires de M. P. André Matthiolus... sur les six livres de Pedacius
Dioscoride, Lyon, 1627, Lib. IV, Chap, lx, p. 395.
1 Médecine anecdotique, 1906, p. 353. *
307 l'essai des médicaments
Il est aussi manifeste que la gomme tragacant duquel les apothicaires usent
n'est point le vray, car le vray se liquifie mis soulz la langue, ce qui ne se trouve
point en l'usual, lequel aucunement ne se liquifie, mais plus tost se dilate
comme une paste, lequel, tous fâchez, nous sommes contraincts de cracher.
Or, il y a là une erreur manifeste, comme l'avait déjà signalé Mat-
thiole, qui précisait que la vraie gomme adragante ne fond pas sous
la langue, mais s'y dilate comme une pâte 8.
Heureusement, peu à peu, l'ont montré M. Guitard et le profes
seur Gerber 10, les progrès de la botanique médicale ont permis aux
acheteurs et aux experts d'obtenir plus de précisions sur les propriétés
de drogues importées et je signalerai spécialement ici l'important traité
De Nicolas Monard : Histoire des simples médicamens apportés d'Amér
ique, desquels on se sert en la médecine, paru à Lyon en 1619, dans la
traduction d'Antoine Colin.
Le rôle de l'inspection.
Il me semble indispensable, avant de poursuivre ma route, de rap
peler, en quelques mots, le rôle de l'inspection dans le contrôle des mé
dicaments.
A Paris, en 132i2, la Faculté de Médecine, dans les Ordinationes, pré
cise dans quelles conditions doivent être préparés les médecines laxa
tives et les opiats.
Notre secrétaire général, M. Irissou, a rappelé que dès 1326, aussi,
les drogues arrivant à Montpellier étaient vérifiées par les « gardes des
marchandises et avoirs », pris parmi les poivriers-souverains et les épi
ciers-apothicaires ll.
D'après les statuts de Pamiers de 1404, le médecin de la ville doit
surveiller les drogues de l'apothicaire et, après l'inspection, faire un
rapport au prévôt ou à son lieutenant. Ceux de Toulouse (1471) pré*
voient que les mauvaises drogues seront jetées.
A Paris, en 14&4, les fraudeurs sont menacés de la justice du Ghâte-
let, et les drogues foraines doivent être visitées, avant la vente, par les
jurés de la corporation.
J'arrête ici ces citations, mais je tiens cependant à souligner :
1) qu'à Rouen 12, à la suite des exigences des statuts de 1508 (arti
cles 28 et 29), demandant un contrôle dans les 24 heures de toutes les
« espiceries et drogueries » déchargées au port, les apothicaires créent,
en 1549, un laboratoire d'analyses, sans doute dans les dépendances du
couvent des Carmes ;
2) que les inspections ne se passaient pas toujours calmement, témoin
la gravure présentée dan

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