Sur quelques épithètes d Apollon et d Artémis - article ; n°1 ; vol.7, pg 107-125
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Sur quelques épithètes d'Apollon et d'Artémis - article ; n°1 ; vol.7, pg 107-125

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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1981 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 107-125
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. Miroux
Sur quelques épithètes d'Apollon et d'Artémis
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 7, 1981. pp. 107-125.
Citer ce document / Cite this document :
Miroux G. Sur quelques épithètes d'Apollon et d'Artémis. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 7, 1981. pp. 107-125.
doi : 10.3406/dha.1981.1425
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1981_num_7_1_14257 1981 107 - 125 DHA
SUR QUELQUES ÉPITHETES D'APOLLON ET D'ARTÉMIS *
II existe parmi les nombreuses épithètes qualifiant Apollon et sa soeur
Artémis, une famille de termes particulièrement riche qui connote pour les
Anciens la pratique du «lancer» et qui exprime l'une des aptitudes majeures
de ces divinités porteuses d'arcs et de flèches : frapper à distance leurs adver
saires ou leurs victimes. Il s'agit de la série : èxnPoÀos , ехлЗе Аетле ,
èxaepYos/-n, ёхатос/-п, екатл(ЗоЛос, еиатпЗе^етле ,
à laquelle se rattachent quelques formations dérivées et de nombreux anthro-
ponymes. Nous présenterons les éléments qui la composent du double point
de vue de l'usage et de l'étymologie, mais cette brève étude lexicale ne vise
qu'à préciser quelques aspects de la nature et de l'histoire d'Apollon et
ď Artémis 0).
*ЕилЗоАое est employé tantôt comme épithète d'Apollon (2), tantôt
absolument pour désigner sans équivoque ce même dieu 0), chez les poètes
et les mythographes, et cela dès Homère. Sophocle (4) qualifie une fois
Artémis de енп&оАос Эеа . Le mot apparaît également à Paros et à Naxos,
dans deux dédicaces à Apollon CO. Solidement attesté dès les débuts de la
littérature grecque et d'un usage à la fois commun et fréquent, il semble très
tôt attaché à la désignation d'une des qualités essentielles des enfants de Léto.
* ExnPoÀos , qui est issu vraisemblablement d'une forme *exa-3óA.oe
par allongement métriquement nécessaire du premier terme du composé ("),
est formé de deux éléments : èxa- , à l'étymologie discutée, rapproché soit
de ëxcxç^loin, à l'écart», soit de èxcôv , «qui agit de son plein gré» et3óAos
«jet», lui-même dérivé de (3áA.Aío , «lancer, jeter». De là les deux sens possi
bles du terme : ou bien «qui tire de loin» ou «au loin», ou bien «qui tire à
son gré, qui atteint son but».
Il y a quelques années encore, Chantraine, tout en admettant que «le
rapprochement avec ёхад par etymologie populaire (était) probable», pen
chait vers la seconde etymologie. Voyant mal comment ëxa-, thème secon
daire tiré de ёхад , pouvait fournir un premier terme à *èxa-(3oA.o£/èxr|-
3oÀoG,il préférait faire de èxct- , une forme adverbiale, en -et dérivée de
èxcov, sur le modèle аасра =* clairement, dérivé de acuprie = clair v).
C'était aussi la solution retenue avant lui par Frisk 00, à la suite de
Solmsen (9), Bečhtel 0°), Sittig 01), Wackernagel 02) et Pokorný (13).
Ces conclusions ont été cependant remises en question, au profit de l'étymo- Georges MIROUX 108
logie par ëxcxq , grâce à l'interprétation que donne De Simone (14) de
l'inscription figurant sur un cratère corinthien d'Etrurie méridionale, daté des
années 600-575 (15). Si l'on admet en effet, comme le font Sittig, (16),
Frisk ОТ) et ChantraineOS) que l'anthroponyme 'ЕхаЗл n'est pas sans
rapport avec еклЗоЛое (<* èxa-3oA.os) et pourrait même en être le
diminutif (19)s le fragment de Tarquinia (?) est un document intéressant à
verser au dossier étymologique de l'un et l'autre terme. En effet le nom de
l'épouse de Priam y figure dans la graphie /ЛехаЗ [à] , inexplicable si l'on
retient l'étymologie par èxcov (<*čexcóv <*£еха) car la forme attendue
serait alors уГехаЗа . En revanche il n'y a pas d'obstacle à maintenir l'ét
ymologie par ёжхс (<*/h£uaç<*fheyia.) qui donne normalement /hena-
3[čx] . Dans cette perspective, ce qui vaut pour 'ЕиаЗл valant pour
енлЗоА.о£, èxn3oA.o£ serait à comprendre comme dérivant de */h exa-
|3óA.o£ et signifierait bien étymologiquement «qui tire de loin» ou «au
loin». La démonstration de De Simone, appuyée sur l'étude du traitement du
groupe *sw-initial (20), qui s'est ici régulièrement développé en fh- , paraît
convaincante. De plus l'étymologie par ёхас , est conforme à la seule ety
mologie retenue par les Anciens et confirme le sensusuel du termeèxn3oA.os.
Enfin elle expliquerait assez bien que ce terme ait été si tôt et si nettement
associé à la pratique du «lancer», dont l'originalité, par rapport aux autres
pratiques offensives, consiste justement dans le fait d'atteindre le but visé «de
loin» .
Cette évidence du rapport entre ехлЗоАое et le «lancer de loin»,
nous paraît bien illustré par deux faits de langue que l'on ne rencontre jamais
dans les exemples dont nous disposons pour les autres mots de la série que
nous étudions : l'utilisation de cette épithète divine comme adjectif extrême
ment banal pour désigner tout ce qui lance ou est lancé au loin ; la formation
à partir de ехл&ОАос de dérivés nominaux, verbaux ou adverbiaux ayant
le même sens.
Employé une fois chez Euripide pour désigner le bras de Zeus (et non
Zeus lui-même) capable de jeter au loin la foudre (21), le terme qualifie sim
plement, partout ailleurs chez les tragiques, des armes telles que l'arc ou la
fronde (22). LeS historiens faisant état de combats à distance, particulièr
ement avec les peuples barbares, en usent dans ce sens, sans aucune connotat
* Ехл $à\oç. ion religieuse, et cela jusque dans les textes les plus tardifs (23).
devient, à la fin de sa carrière, un mot usuel du vocabulaire de la guerre et
se trouve, à ce titre, communément employé par les écrivains militaires(24).
Dès le Ve siècle, le terme nous paraît suffisamment entré dans le voca
bulaire usuel, pour n'être plus qu'un simple adjectif qui fonctionne de façon
parfaitement autonome par rapport à l'épithète divine dont il est issu et qui,
elle, subsiste dans son acception traditionnelle. Le vieux mot еилеоАос, épi
thète de divinités archères attestée dès Homère, est à ce point immédiatement DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 109
saisi comme signifiant «qui lance de loin ou au loin» qu'il qualifie désormais
tout ce qui sert à lancer des projectiles ou tout ce qui est lancé comme project
ile.
La formation de dérivés variés à partir de екл&бЛое nous semble
également propre à corroborer la thèse d'une très ancienne banalisation du
terme, conséquence elle-même de sa transparence sémantique.
Le substantif екпЗоЛСа apparaît au pluriel dans Ylliade (25), évoquant
«l'art du lancer» que possède, ou plutôt possédait, Scamandrios, «vaillant
chasseur, qu'Artémis elle-même a instruit à frapper les multiples gibiers que
la forêt nourrit sur les montagnes» (26). Le mot n'est pas dégagé du contexte
religieux dans lequel évolue à ses débuts ехлЗоА.ое . Mais la création, sans
difficulté apparente, d'un substantif à partir de l'épithète, prouve, à tout le
moins, que le sens et sans doute l'origine du terme sont parfaitement compris.
'ЕнлЗоЛСа réapparaî t au singulier chez Callimaque (27) pour qualifier
la science d'Apollon dans la pratique du tir à l'arc. Dans Strabon (2°), comme
dans Y Anthologie palatine (29), le mot désigne simplement le «lancer au loin»
ou «de loin» de la flèche et du javelot. *ЕнлЗоА.са est alors, tout comme
еилЗ^Аое , totalement détaché de ses origines mythologiques et fait partie
du vocabulaire courant de la chasse et de la guerre.
Le verbe ехлЗоАе tv se rencontre tardivement chez Maxime de Tyr
, où il signifie «lancer des traits» par opposition à ànXixeueiv, «servir
dans les hoplites», «combattre comme hoplite», c'est-à-dire «au corps à
corps» .
Quant à l'adverbe енлЗоАсос , nous le trouvons chez Athén

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