Tarente et les Messapiens.  - article ; n°1 ; vol.95, pg 523-533
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1983 - Volume 95 - Numéro 1 - Pages 523-533
Jean-Luc Lamboley, ~~Tarente et les Messapiens. À propos de Strabon VI, 3, 4 (C 281)~~, p. 523-533. Reprise de la notice de Strabon VI, 3, 4 : en situant l'épisode en 334-333 au moment où Alexandre le Molosse appelé par Tarente reprend Héraclée à la coallition lucano-messapienne, on peut conserver le texte de Strabon sans le corriger, et rendre compte de l'alliance daunio-peucète, sinon comme le fait de Tarente, du moins comme celui d'Alexandre. Ainsi cette notice s'intègre parfaitement au ~~topos~~ de l'auteur relatif à la décadence tarentine : il s'agit d'un ultime exemple où la nécessité d'une aide, non seulement étrangère, mais aussi «barbare» pour lutter contre d'autres barbares, illustre tout particulièrement cette déchéance.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 27
Langue Français

Extrait

Jean-Luc Lamboley
Tarente et les Messapiens.
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 95, N°1. 1983. pp. 523-533.
Résumé
Jean-Luc Lamboley, Tarente et les Messapiens. À propos de Strabon VI, 3, 4 (C 281), p. 523-533.
Reprise de la notice de Strabon VI, 3, 4 : en situant l'épisode en 334-333 au moment où Alexandre le Molosse appelé par
Tarente reprend Héraclée à la coallition lucano-messapienne, on peut conserver le texte de Strabon sans le corriger, et rendre
compte de l'alliance daunio-peucète, sinon comme le fait de Tarente, du moins comme celui d'Alexandre. Ainsi cette notice
s'intègre parfaitement au topos de l'auteur relatif à la décadence tarentine : il s'agit d'un ultime exemple où la nécessité d'une
aide, non seulement étrangère, mais aussi «barbare» pour lutter contre d'autres barbares, illustre tout particulièrement cette
déchéance.
Citer ce document / Cite this document :
Lamboley Jean-Luc. Tarente et les Messapiens. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 95, N°1. 1983. pp.
523-533.
doi : 10.3406/mefr.1983.1372
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1983_num_95_1_1372JEAN-LUC LAMBOLEY
TARENTE ET LES MESSAPIENS
À PROPOS DE STRABON VI, 3, 4 (C 281)
«... Προς δε Μεσσαπίους έπολέμησαν περί 'Ηράκλειας έχοντες συνερ
γούς τόν τε των Δαυνίων και των Πευκετίων βασιλέα. » Ils (les Tarentins)
firent la guerre contre les Messapiens pour Héraclée, avec le concours du
roi des Dauniens et de celui des Peucètes.
Ce passage de Strabon (VI, 3, 4), si anodin puisse-t-il paraître, a fait
l'objet d'une littérature abondante dont on trouvera ci-dessous la liste1.
Le problème de fond qui se pose à propos de cette notice de Strabon,
est de savoir à quelle date il convient de situer l'épisode dont il est quest
ion. En effet, si on suppose une cohérence et une continuité chronologi
que dans le récit, on est dans la période de décadence tarentine, après la
mort d'Archytas, lorsque les Tarentins doivent faire appel à des généraux
étrangers pour se défendre contre les indigènes voisins, puis contre les
1 Bibliographie sur le sujet : E. Ciaceri, Storia della Magna Grecia, III, Milan,
1932, p. 16 note 1. B. D'Agostino, // mondo periferico della Magna Grecia, dans
Popoli e civiltà dell'Italia antica, 2, Rome, 1974, p. 233, G. DeSanctis, Storia dei
Romani, II, Turin, 1907, p. 295. G. Giannelli, La Magna Grecia da Pitagora a Piro, I,
Milan, 1928, p. 37 note 2. F. Lenormant, La Grande Grèce, I, Paris, 1881, p. 32.
E. Magaldi, Lucania romana, I, Rome, 1948, p. 99. P. Meloni, La contesa fra Taran-
to e Turi, RAL, série 8, V, 11-12, 1950, p. 591-593. E. Meyer, Geschichte des Alter-
thumg, IV, Stuttgard-Berlin, 1901, § 400, p. 27-28. G. Nenci, // problema storico di
Cavallino, dans Cavallino 1, Galatina, 1979, p. 32-33. E. Pais1, Storia della Sicilia e
della Magna Grecia, I, Turin, 1894, p. 397. E. Pais2, La spedizione di Alessandro il
Molosse in Italia, dans Ricerche storiche e geografiche sull'Italia antica, Turin, 1908,
p. 135-148. A. PiGANiOL, La conquête romaine, Paris, 1927, p. 80. P. Wuilleumier,
Tarente des origines à la Paris, 1939, p. 60-61.
Au cours de la discussion, on citera seulement les auteurs sans redonner les
références, ce qui permettra d'alléger les notes en bas de page. Je remercie chaleu
reusement C. Pagliara, professeur à l'Université de Lecce, pour les remarques judi
cieuses qu'il a bien voulu me faire lors de la rédaction de l'article.
MEFRA - 95 - 1983 - 1, p. 523-533. JEAN-LUC LAMBOLEY 524
Romains. Or, on sait qu'Alexandre le Molosse reprend Héraclée aux Luca-
niens vers 334-333 2. Mais le texte parle de Messapiens et non pas de
niens, et, de fait, on comprend mal ce que les viennent faire à
Héraclée située loin de leur territoire, d'autant qu'aucune source n'atteste
chez eux une volonté d'expansionisme, mais seulement une résistance à la
pénétration tarentine dans le Salente C'est pourquoi, certains commentat
eurs ou historiens ont été amenés à chercher une autre date qui puisse
maintenir ensemble une lutte tarentine contre les Messapiens à propos
d'Héraclée et avec l'aide d'autres peuples apuliens. C'est ainsi que trois
solutions se font concurrence :
1 - Guerre de Tarente contre Thurioi pour la possession de la Siri-
tide. Les hostilités commencent vers 444-443 et se terminent à l'avantage
des Tarentins qui fondent Siris en 433-432, puis tout de suite après et un
peu plus à l'intérieur des terres, Héraclée (hypothèse de Pais, Giannelli,
Wuilleumier, Nenci).
2 - Après la mort d'Alexandre le Molosse, lorsque les Lucaniens
reprennent leurs attaques contre les cités grecques de la côte ionienne
après 330 (hypothèse de Lenormant, De Sanctis, Magaldi, D'Agostino, Mel
oni).
3 - Enfin A. Piganiol situe l'épisode en 425, sept ans environ après
la fondation d'Héraclée. C'est aussi vers cette solution que s'achemine
F. Lasserre dans son édition de Strabon, situant l'événement entre 432 et
la fin du Ve siècle3. Il faut noter aussi que P. Meloni, tout en préférant la
solution précédente, n'exclut pas celle-ci.
Or, il s'avère que chacune de ces hypothèses pose à son tour de nou
veaux problèmes et nécessite parfois une correction du texte. Il ne s'agit
pas ici de reprendre ni de justifier l'argumentation des différents auteurs,
mais d'examiner leurs implications et les difficultés qu'elles soulèvent.
Si on place l'épisode pendant la guerre de Siritide, il faut forcer le
texte deux fois. D'abord en comprenant la mention d'Héraclée comme
une anticipation historique, ensuite en considérant la notice de Strabon
comme une sorte de post-scriptum hors contexte chronologique. Dans
cette perspective, certains éditeurs n'hésitent pas à replacer le passage
2 Tite-Live VIII, 24, 4 : «... cum Heracleam Tarentinorum coloniam ex Luca-
nis . . . cepisset. . . » Alors qu'il (Alexandre) avait repris aux Lucaniens Héraclée,
colonie tarentine.
3 F. Lasserre, Paris, Les Belles Lettres, 1967, tome 3, p. 236 note 3. TARENTE ET LES MESSAPIENS 525
plus haut dans le texte de Strabon4. En effet les événements mentionnés
par Strabon juste avant la notice se situent, pour les plus anciens, en 209
av. J.-C. (prise et sac de Tarente par Q. Fabius Maximus).
Qui plus est, d'autres difficultés surgissent. Il faut expliquer com
ment, au Ve siècle, les Tarentins peuvent être alliés des Dauniens et des
Peucètes, alors que Pausanias signale que le deuxième ex-voto des Tarent
ins à Delphes commémore leur victoire sur les Peucètes auxquels s'était
allié Opis, roi des Iapyges; or cette œuvre est d'Onatas d'Égine et la date
retenue pour son exécution est 465 5. Il faut encore expliquer ce que vien
nent faire les Messapiens dans la guerre qui oppose Tarente et Thurioi.
Enfin on peut s'étonner que Strabon nomme les Messapiens, mais passe
sous silence le principal protagoniste Thurioi, alors que sa source directe,
Antiochos de Syracuse, est contemporain de ces événements.
Qu'Héraclée soit une anticipation et que περί 'Ηράκλειας soit synony
me de περί Σιριτίδος n'est pas un obstacle majeur; en effet on sait que
Siris eut, comme telle, une vie éphémère et fut presque aussitôt déplacée
et rebaptisée6. Or Strabon le savait aussi parfaitement, l'ayant appris
chez Antiochos7. Quant au post-scriptum, il n'est pas rare ni impossible
chez Strabon, et certains spécialistes l'admettent volontiers pour le cas
qui nous occupe8; de fait, il est clair que même en situant l'épisode après
330, la notice ne respecte pas le déroulement chronologique du texte pré
cédent qui se termine par la défaite tarentine de la deuxième guerre puni
que et la déduction de la colonie romaine. On peut également admettre Strabon ne nomme pas Thurioi parce qu'il s'intéresse seulement au
problème des relations de Tarente avec les populations indigènes voisines
dont il parle ensuite. Quant à la présence de Messapiens dans le conflit de
la Siritide, elle peut trouver une explication dans la politique athénienne
cherchant à soulever contre Tarente les indigènes de la péninsule, et dans
4 G. Kramer, Berlin 1844, tome I. A. Meineke, Leipzig, 1877, tome 1. F. Sbordo-
ne, Rome, 1970. Par contre ce n'est pas le cas de l'édition de H.-L. Jones, Londres,
1954, c

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