A propos d une statuette de bodhisattva en méditation, conservée au Musée Guimet - article ; n°1 ; vol.32, pg 139-172
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A propos d'une statuette de bodhisattva en méditation, conservée au Musée Guimet - article ; n°1 ; vol.32, pg 139-172

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Description

Arts asiatiques - Année 1976 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 139-172
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

François Berthier
A propos d'une statuette de bodhisattva en méditation,
conservée au Musée Guimet
In: Arts asiatiques. Tome 32, 1976. pp. 139-172.
Citer ce document / Cite this document :
Berthier François. A propos d'une statuette de bodhisattva en méditation, conservée au Musée Guimet. In: Arts asiatiques.
Tome 32, 1976. pp. 139-172.
doi : 10.3406/arasi.1976.1099
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1976_num_32_1_1099A PROPOS
D'UNE STATUETTE DE BODHISATTVA
EN MÉDITATION
CONSERVÉE AU MUSÉE GUIMET
par François BERTHIER
Le Musée Guimet abrite une statuette en bronze doré (pi. 1, 2, 5-a, 6-a) qui se
range dans le type iconographique appelé en chinois banjia siwei xiang, en coréen
panga sayu sang et en japonais hanka shiyui zô -— terme qui désigne la position du
méditant, assis à l'occidentale, une jambe haut pliée et reposant sur l'autre, la tête
prenant légèrement appui sur l'une des mains. Longtemps laissée à demi dissimulée
au fond d'une vitrine sombre, cette statuette est aujourd'hui correctement exposée
dans la salle d'art coréen du musée.
A ma connaissance, la plus ancienne mention relative à cette œuvre figure dans
le catalogue de la Vente Hayashi « Objets d'art — 2e partie », publié à Paris en 1903.
A la page 200 de cet ouvrage, au chapitre intitulé « Bronzes japonais », ce bodhisattva
méditant, qui porte le numéro 1040, est ainsi décrit : « Statuette en bronze doré,
représentant le Bodhisatwa (sic) Mirokou assis dans une pose de méditation, la main
droite appuyée au menton. Pièce de même style que les célèbres petits bronzes dorés
du Musée impérial (1). Haut. : 0,16. viie-vme siècle. » Ainsi cette œuvre fut-elle d'abord
considérée comme japonaise.
C'est en cette même année 1903 que la statuette fut acquise par le Musée du
Louvre. Dans l'inventaire du musée, elle est ainsi enregistrée, sous le numéro EO. 601 :
« Statuette du bodhisattva Maitrcya. Ht. : 16 cm environ (2). Wei du Nord ? »
Voici donc notre œuvre transférée en Chine et reportée au vie siècle.
(1) 11 s'agit du groupe statuaire dit «les 48 Buddha », qui est conservé au Musée national de Tôkyô.
(2) La hauteur exacte est de 15,5 cm. FRANÇOIS BERTH 1ER 140
Par la suite, Jean Buhot inséra dans «Arts de la Chine » (1) une photographie
de la statuette, l'accompagnant de la légende suivante : « Le Bodhisattva compat
issant. Bronze doré. Vers 600. » Mais il ajoute dans la liste des illustrations que cette
œuvre pourrait être coréenne. Toutefois, dans les quelques lignes qu'il lui consacre
dans « Chinese Buddhist Bronzes » (2), Hugo Munsterbcrg ne met point en doute
l'origine chinoise de la statuette, qu'il date de la seconde moitié du vie siècle, sous-
entendant l'époque Q\ du Nord ou Sui.
Japonaise, chinoise ou coréenne, les trois provenances ont donc été proposées,
mais, en dernière analyse, c'est la troisième possibilité qui a été retenue, au terme
d'une enquête menée par Mlle Madeleine Paul-David. Ce choix est sans conteste
le bon, car nous verrons qu'en plus de l'étroite parenté qui unit cette œuvre à certaines
pièces coréennes, la statuette du Musée Guimet possède des caractéristiques propres
aux panga sayu sang de la péninsule. Cependant, il reste à préciser deux points
importants : dans lequel des trois royaumes coréens cette œuvre fut-elle faite, et
vers quelle date ? Une étude du style et de la technique de la statuette, ainsi qu'une
comparaison avec les œuvres coréennes, devrait permettre d'apporter réponse à ces
deux questions.
Le style.
Les proportions d'ensemble sont assez justes, quoique la tête apparaisse un peu
grosse par rapport au corps frêle, presque enfantin. Malgré leur minceur, les bras
sont d'une longueur correcte, les coudes se situant au niveau de la taille. Le buste
nu est plutôt étroit, mais les épaules, qui offrent un bel arrondi, sont relativement
développées. Les jambes, dont la masse se dessine nettement sous la jupe, sont un peu
courtes par rapport au tronc ; peut-être leur accourcissement est-il destiné à éviter
que le genou droit ne saille trop fortement, ce qui aurait pour effet de troubler le
calme des lignes définissant, de face, le contour droit de la statuette.
La jonction du cou avec les épaules s'opère avec une douceur qui se poursuit
dans l'attache des bras au torse. La poitrine est légèrement indiquée et le buste tend
à s'épaissir dans la région ventrale, mais le dos n'est pas modelé. Les bras, dont la
finesse accentue la longueur, présentent un pliement anguleux : à gauche, le coude est
pointu ; à droite, il repose sur une petite saillie qui se forme sur le genou. Les mains
sont traitées de façon schématique, tout en étant bien dessinées. A droite comme à
gauche, les cinq doigts sont étendus. En un geste délicat, la dextre semble effleurer
le menton et se recourbe en arrière. La jambe droite s'élève en oblique ; le genou est
haut et massif, offrant au coude une base solide, mais il ne déborde pas la ligne
contournant à droite la statuette. Rabattu de façon peu naturelle, le pied droit se
(1) Éditions du Chêne, Paris, 1951, p. 77, pi. 57.
(2) Charles E. Tuttle Company, Rutland, Vermont et Tokyo, 1967, p. 73. À PUOI'OS D'UNE STATUETTE DE B0DU1SATTVA EN MEDITATION 141
garde lui aussi de former une aspérité trop forte. La plante est plate, les orteils sont
alignés en dégradé avec un certain réalisme. Très court, le pied gauche prend appui
sur un petit support qui repose à son tour sur un socle à deux degrés. Observons
au passage que l'ensemble du « repose-pied » ne comporte aucun décor. L'épaule
droite est légèrement plus basse que la gauche, esquissant un mouvement dicté par
l'attitude de méditation et entraînant imperceptiblement le buste du côté droit.
Ici encore, une touche de naturel affleure.
De face, la statuette est enveloppée de lignes paisibles, mais cette paix est
quelque peu rompue par les mouvements aigus du plissé, dont un pan court en
diagonale du genou gauche vers la partie opposée du socle qu'il zèbre de zigzags.
Ces dents de scie se tempèrent toutefois de rondeur. Au milieu du socle, la jupe
porte un motif en « entrée de serrure ». Contrastant avec ces dessins élaborés, deux
sillons incisés strient la jambe gauche, deux traits modelés en relief s'étagent sur la
droite. Sur le côté droit de la jupe (pi. 1-b), une bande passée dans la ceinture décrit
une courbe très détendue et s'enrichit, à hauteur du coussin, d'un élément cordiforme
d'où rayonne une gerbe de plis courts. A gauche (pi. 1-c), s'échappe de la ceinture un
grand pan appuyé par deux courbes concentriques, tandis que pend un double cordon
terminé par un gland qui se rebrousse vers l'arrière. La ceinture est faite de deux
moulures qui se résorbent dans la partie antérieure de la jupe, se fondant avec le
giron uni. Délinéé de face par des arêtes, le socle semble quadrangulaire, mais sa
partie postérieure est arrondie. D'autre part, il est à remarquer, visible de trois
quarts à gauche, la saillie puissante et acérée qui fait écho au mouvement vigoureux
du genou droit (pi. 5-a).
Répondant à la courbe que, de profil, dessine le dos arqué, la tête est assez
inclinée vers l'avant. Le visage plutôt arrondi offre une expression de douceur due
en partie à sa facture émoussée. Mais les sourcils sont nets, qui tracent d'amples arcs
sur le front partiellement caché par la couronne. Leurs deux lignes se conjuguent
pour dessiner la fine arête nasale. Petit, peu proéminent, le nez se situe dans le même
plan que le front et s'achève par un angle obtus. La double saillie des lèvres est
faible elle aussi. Le menton est en retrait, mais la pointe en est bien indiquée. Ce
profil présente des contours paisibles. Les yeux se réduisent à de longues fentes
étroites, presque horizontales. La bouche est mince et légèrement relevée aux commiss
ures, esquissant un sourire. Bref, le traitement du visage est simple, mais suffit à
créer une expression de douceur, de calme et de candeur.
A l'apparence usée des traits du v

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