A propos de transferts de formes communs au Camp? et au Panpan (péninsule Malaise) au IXe siècle - article ; n°1 ; vol.56, pg 45-60
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A propos de transferts de formes communs au Camp? et au Panpan (péninsule Malaise) au IXe siècle - article ; n°1 ; vol.56, pg 45-60

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Description

Arts asiatiques - Année 2001 - Volume 56 - Numéro 1 - Pages 45-60
Le Campa et une cité-État de la péninsule Malaise, le Panpan, ont partagé, au moins au IXe siècle, un certain nombre de formes artistiques qui apparaissent dans le décor de certains temples mais aussi dans certaines images. L'époque - ce IXe siècle - n'est pas anodine et les explique. C'est au cours de ce siècle, en effet, que les échanges internationaux s'intensifièrent de manière spectaculaire en Asie. Ce que l'on appelle parfois la Route maritime de la Soie prend alors le pas sur sa contrepartie terrestre, et les contacts interculturels qui s'ensuivent entre les différents mondes de l'Asie vont être à l'origine de très nombreux transferts de formes, car il s'agit bien de cela et non pas de relations artistiques à proprement parler. Des manières de faire, de concevoir, furent transmises d'un point à un autre de l'Asie, parfois adoptées telles quelles mais très souvent modifiées, transformées, adaptées, assimilées jusqu'à donner naissance, dans le meilleur des cas, à des styles originaux dont la filiation peut être très difficile à déterminer. Ces styles existent au Campa, qui assimila une grande part des influences artistiques qu'il reçut pour les faire siennes ; il n'en est pas de même au Panpan, qui les accueillit avec autant de ferveur, mais sans rien assimiler, parce que les conditions politiques d'une cité-Etat, même prospère, ne s'y prêtaient sans doute pas, et aussi parce que sa situation géographique en péninsule Malaise la mettait au cœur d'un réseau de transfert de formes trop complexe pour qu'aucune d'entre elles puisse être solidement intégrée à un vocabulaire stylistique original que la région ne posséda de fait jamais.
During the ninth century Champa and a city-state of the Malay Peninsula, Panpan, shared a certain number of artistic forms which appear in the decor of some temples, but also in certain images. The fact that this occurred during the ninth century is not mere chance, for it is during this period that international exchanges intensified in truly spectacular manner in Asia. What is sometimes called the Maritime Silk Road came to surpass in importance the land route, and the intercultural contacts which resulted between the different Asian worlds led to the transfer of numerous forms, although not to artistic relations as such. Ways of doing and conceiving were transmitted from one point in Asia to another. Sometimes they were adopted without change, but often they were modified, transformed, adapted and assimilated; in the best instances, they even gave birth to original styles whose filiation may be difficult to trace. These styles may be found in Champa, which assimilated a good share of the various artistic influences. The same is not true of Panpan, which welcomed them just as enthusiastically but did not assimilate them, no doubt because the political conditions of a city-state, even a prosperous one, did not facilitate such assimilation, but also because its geographic situation on the Malay Peninsula placed it at the heart of a network of the transfer of forms too complex for any one of them to be thoroughly integrated into an original stylistic vocabulary that the region in fact never possessed.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Michel Jacq-Hergoualc'h
A propos de transferts de formes communs au Campā et au
Panpan (péninsule Malaise) au IXe siècle
In: Arts asiatiques. Tome 56, 2001. pp. 45-60.
Citer ce document / Cite this document :
Jacq-Hergoualc'h Michel. A propos de transferts de formes communs au Campā et au Panpan (péninsule Malaise) au IXe
siècle. In: Arts asiatiques. Tome 56, 2001. pp. 45-60.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_2001_num_56_1_1463Résumé
Le Campa et une cité-État de la péninsule Malaise, le Panpan, ont partagé, au moins au IXe siècle, un
certain nombre de formes artistiques qui apparaissent dans le décor de certains temples mais aussi
dans certaines images. L'époque - ce IXe siècle - n'est pas anodine et les explique. C'est au cours de
ce siècle, en effet, que les échanges internationaux s'intensifièrent de manière spectaculaire en Asie.
Ce que l'on appelle parfois la Route maritime de la Soie prend alors le pas sur sa contrepartie terrestre,
et les contacts interculturels qui s'ensuivent entre les différents mondes de l'Asie vont être à l'origine de
très nombreux transferts de formes, car il s'agit bien de cela et non pas de relations artistiques à
proprement parler. Des manières de faire, de concevoir, furent transmises d'un point à un autre de
l'Asie, parfois adoptées telles quelles mais très souvent modifiées, transformées, adaptées, assimilées
jusqu'à donner naissance, dans le meilleur des cas, à des styles originaux dont la filiation peut être très
difficile à déterminer. Ces styles existent au Campa, qui assimila une grande part des influences
artistiques qu'il reçut pour les faire siennes ; il n'en est pas de même au Panpan, qui les accueillit avec
autant de ferveur, mais sans rien assimiler, parce que les conditions politiques d'une cité-Etat, même
prospère, ne s'y prêtaient sans doute pas, et aussi parce que sa situation géographique en péninsule
Malaise la mettait au cœur d'un réseau de transfert de formes trop complexe pour qu'aucune d'entre
elles puisse être solidement intégrée à un vocabulaire stylistique original que la région ne posséda de
fait jamais.
Abstract
During the ninth century Champa and a city-state of the Malay Peninsula, Panpan, shared a certain
number of artistic forms which appear in the decor of some temples, but also in certain images. The fact
that this occurred during the ninth century is not mere chance, for it is during this period that
international exchanges intensified in truly spectacular manner in Asia. What is sometimes called the
Maritime Silk Road came to surpass in importance the land route, and the intercultural contacts which
resulted between the different Asian worlds led to the transfer of numerous forms, although not to
artistic relations as such. Ways of doing and conceiving were transmitted from one point in Asia to
another. Sometimes they were adopted without change, but often they were modified, transformed,
adapted and assimilated; in the best instances, they even gave birth to original styles whose filiation
may be difficult to trace. These styles may be found in Champa, which assimilated a good share of the
various artistic influences. The same is not true of Panpan, which welcomed them just as
enthusiastically but did not assimilate them, no doubt because the political conditions of a city-state,
even a prosperous one, did not facilitate such assimilation, but also because its geographic situation on
the Malay Peninsula placed it at the heart of a network of the transfer of forms too complex for any one
of them to be thoroughly integrated into an original stylistic vocabulary that the region in fact never
possessed.MICHEL JACQ-HERGOUALC'H
CNRS
Pourquoi le IXe siècle? Parce que c'est au cours de ce siècle Le contexte politique de l'Asie au IXe siècle
que les échanges internationaux s'intensifient de manière (fig. i) spectaculaire en Asie grâce à l'essor du commerce maritime1.
Ce que l'on appelle parfois la Route maritime de la Soie prend
alors le pas sur sa contrepartie terrestre à travers l'Asie cen 1. Le Moyen-Orient
trale, et les contacts interculturels qui vont accompagner ces
échanges commerciaux entre les différents mondes de l'Asie - Au Moyen-Orient, la conquête arabe avait favorisé plus
le monde chinois, le monde indien, le monde moyen-oriental et qu'elle n'avait compromis le bon déroulement du commerce
bien sûr les mondes sud-est asiatiques - vont être à l'origine de avec la Chine par les voies terrestres traditionnelles de l'Asie
très nombreux transferts de formes, car il s'agit bien de cela et centrale. Ces contacts avec l'empire du Milieu étaient d'autant
non pas de relations artistiques à proprement parler, cette plus naturels pour les représentants de la première dynastie
expression étant à nos yeux exagérée pour évoquer ce qui se califienne de l'Islam que son point d'ancrage, la Syrie, avec
passa probablement dans le sillage des marchands: dans des Damas, constituait l'aboutissement naturel de ces voies au
conditions pratiques qui demeureront à jamais obscures - Proche-Orient. Mais, en 750, les Umayyades sont renversés
venues d'artistes regroupés ou non en ateliers, diffusion de par les Abbassides dont les terres de prédilection, pour des
traités ou de maquettes... - des manières de faire, de conce raisons politiques, devinrent beaucoup plus orientales puisque
voir furent transmises d'un point à un autre de l'Asie, parfois centrées sur la Mésopotamie.
adoptées telles quelles mais très souvent modifiées, transfor Bagdad y fut fondée comme une ville royale où vivaient le
mées, adaptées, assimilées jusqu'à donner naissance, dans le calife et les membres de sa famille, et vit affluer rapidement
meilleur des cas, à un style original dont la filiation peut être une population de plus en plus importante, qui devait en faire
très difficile à déterminer. Qu'on se souvienne des efforts vains un centre économique et intellectuel de premier plan. Ce dé
des premiers historiens de l'art du Cambodge pour tenter de placement du centre de gravité de l'empire musulman, sans
cerner ce qu'avaient pu être les modèles indiens des grands remettre en question l'intérêt des routes du commerce par
temples khmers. l'Asie centrale, traditionnellement prépondérantes, profita
Les transferts de formes qui nous intéressent aujourd'hui néanmoins aux voies maritimes qui aboutissaient dans les
concernent deux régions du domaine des mers du Sud, le ports du golfe Persique, au fond duquel se jetaient le Tigre et
Campa et le Panpan, cité-État de la côte orientale de la pénin l'Euphrate, voies de communications aisées avec la capitale.
sule Malaise au niveau de l'isthme de Kra, qui, en dehors de ce Le déplacement temporaire de celle-ci à Samarra de 836 à
contexte d'échanges, n'auraient probablement jamais partagé 883, à quelque 100 km vers le nord, au bord du Tigre, ne chan
quelques éléments de divers vocabulaires stylistiques dans gea pas les données socio-économiques locales.
leur manière de concevoir un temple ou une statue. Parmi les nouveaux ports qui connurent alors un essor
Nous voudrions donc, avant de décrire ces formes com considérable il en est un, Siraf, d'où émanent de nombreux
munes aux deux régions, évoquer rapidement les raisons qui témoignages de cette activité marchande, parmi lesquels le
furent à l'origine de cet essor du commerce maritime au plus ancien témoignage littéraire musulman sur les circons
IXe siècle sans lequel les contacts eussent été moindres; elles tances du commerce maritime international avec l'Extrême-
sont, pour l'essentiel, politiques. Orient, daté précisément de 851, Akhbâr al-Sïn wa'l-Hind
[Relation de la Chine et de l'Inde], auquel un marchand, égale
ment de Siraf, Abu Zayd, donna une suite2. Le site de Siraf a
été visité et fouillé de nombreuses fois et ses tessons de céra-
45 JAVA
Fig. 1
Routes de commerce en Asie au ixe siècle
(dessin M. Jacq-Hergoualc'h).
mique chinoise, principalement du ixe siècle, examinés et 2. L'Asie centrale
répertoriés3. La fortune de ses commerçants y fut indéniable,
reposant donc essentiellement sur les bénéfices de ce com A cette époque, la Chine fut très affaiblie de l'intérieur par
merce avec l'Extrême-Orient. Elle fut tout particulièrement la révolte du général An Lushan qui débuta en décembre 755
notoire au ixe siècle. et se poursuivit jusqu'en 763. Chang'an, la capital

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