Art rupestre du bassin de Minusinsk : nouvelles recherches franco-russes - article ; n°1 ; vol.48, pg 5-52

Dominique Sacchi, Henri-Paul Francfort, Jakov Jakova.Sher, Pierre Vidal, François Soleilhavoup

Description

Arts asiatiques - Année 1993 - Volume 48 - Numéro 1 - Pages 5-52
The article is an account of a Franco-Russian field work performed in the summer of 1992 in Southwestern Siberia, in the Minusinsk basin (Khakassia). Prof. Ja. A. Sher gives an historical account of the researches in rock art in this area, from the 17th century to present days. F. Soleilhavoup, geomicrobiologist, demonstrates that the patina and calcification on the rocks surfaces, before and after the creation of the petroglyphs, are of biological origin (bacterias, etc.). He describes in detail the methods used to evidence this old microbiological activity and to reactivate the organisms in vitro. These methods have a great potential for datation and restauration of stone moments. P. Vidal describes the way the photography records are used (notably stereomacrophotography), as well as a method of watching the evolution of rock surfaces. H.-P. Francfort and D. Sacchi give a full archaeological account of some surfaces, from fresh drawings. It appears that seasonality is a central concept in this naturalist art. It is argued that the traditional concept of a Neolithic art of elk hunters and a Chalcolitic- Bronze Age art of pastoralists (engraving images of bovids) is not enough founded. More reflexion and new interpretations are hoped, based on the elaboration of an extensive corpus of Central Asian rock art.
48 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Sciences et techniques

Informations

• Publié par: Arts-asiatiques
• Publié le: 01 janvier 1993
• Nombre de lectures: 60
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• Poids de l'ouvrage: 11 Mo

Extrait

Henri-Paul Francfort
Dominique Sacchi
Jakov A. Sher
François Soleilhavoup
Pierre Vidal
Art rupestre du bassin de Minusinsk : nouvelles recherches
franco-russes
In: Arts asiatiques. Tome 48, 1993. pp. 5-52.
Abstract
The article is an account of a Franco-Russian field work performed in the summer of 1992 in Southwestern Siberia, in the
Minusinsk basin (Khakassia). Prof. Ja. A. Sher gives an historical account of the researches in rock art in this area, from the 17th
century to present days. F. Soleilhavoup, geomicrobiologist, demonstrates that the patina and calcification on the rocks surfaces,
before and after the creation of the petroglyphs, are of biological origin (bacterias, etc.). He describes in detail the methods used
to evidence this old microbiological activity and to reactivate the organisms in vitro. These methods have a great potential for
datation and restauration of stone moments. P. Vidal describes the way the photography records are used (notably
stereomacrophotography), as well as a method of watching the evolution of rock surfaces. H.-P. Francfort and D. Sacchi give a
full archaeological account of some surfaces, from fresh drawings. It appears that seasonality is a central concept in this
naturalist art. It is argued that the traditional concept of a Neolithic art of elk hunters and a Chalcolitic- Bronze Age art of
pastoralists (engraving images of bovids) is not enough founded. More reflexion and new interpretations are hoped, based on the
elaboration of an extensive corpus of Central Asian rock art.
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Francfort Henri-Paul, Sacchi Dominique, Sher Jakov A., Soleilhavoup François, Vidal Pierre. Art rupestre du bassin de
Minusinsk : nouvelles recherches franco-russes. In: Arts asiatiques. Tome 48, 1993. pp. 5-52.
doi : 10.3406/arasi.1993.1334
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1993_num_48_1_1334H.-P. Francfort Art rupestre D. Sacchi
Ja. A. Sher
F. Soleilhavoup du bassin de Minusinsk
P. Vidal
nouvelles recherches
franco-russes
Les auteurs présentent ici les résulats préliminaires d'une mis Nous tenons à exprimer notre reconnaissance au Fonds
sion de terrain franco-russe qui a été organisée du 15 juin au Culturel de la République de Khakassie (I. K. Kidiekova) et au
14 juillet 1992 par Ja. A. Sher (Département d'Archéologie de Musée Martianov Minusinsk (directeur V. A. Kovalev; secré
l'Université de Kémérovo) et H.-P. Francfort (Mission Archéo taire L. N. Ermolaeva; archéologue N. V. Leont'ev) ainsi qu'à
logique Française en Asie Centrale et UPR 315 du CNRS) (fig. 1). l'Université de Kémérovo (recteur Ju. Zakharov; professeur
La présente étude ne porte que sur les gravures rupestres du A. Marty no v) et au Musée-réserve de Tomskaja Pisanica
bassin de Minusinsk qui ont été étudiées par l'équipe et ont fait (G. Martynova). En France, nos remerciements vont aux per
l'objet de nouveaux relevés et de mesures, à l'exclusion d'un sonnes et institutions qui ont rendu possible ce programme et
site étudié sur la Tom', en Tuva et de stèles des musées d'Aba- cette mission et les travaux qui ont suivi : DGRCST du Minist
kan et de Minusinsk. A savoir : Oglakhty IV, Tepsej I et II, ère des Affaires Étrangères (Y. Saint Geours); CNRS (Mission
Ust'-Tuba II, Sukhanikha. des Relations Internationales et Département SHS) ; EHESS.
Fig. 1. Situation générale des régions parcourues par la Mission C.N.R.S. /Université de Kémérovo,
du 15 juin au 14 juillet 1992. République de Khakassie (Abakan-Minusmsk),
région de Kuzbas (Kémérovo), de Tuva (Kyzyl-Mazhalik) et région de Novosibirsk (Russie).
Abakan est située à 3500 km de Moscou. 90"
Les sites considérés ici sont une partie de ceux qui sont
restés émergés après la mise en eau, en 1969, du barrage de
Krasnojarsk sur l'Iénisséi, qui a développé un lac de retenue de
400 km de longueur, entre 54° et 56° de latitude nord (fig. 2).
se" Avant l'ennoiement de 104 surfaces ornées, une vaste opération
de relevés de sauvetage avait été conduite par l'équipe du
Pr. Sher (voir Sher, 1980) et notre équipe a pu bénéficier des
connaissances engrangées à l'époque, en plus de la présence
efficace d'un important groupe de chercheurs de Kémérovo
(N. S. Blednova, A. N. Gerasimov, A. I. Gordon, L. N. Ermo-
lenko, V. A. Novozhenov, A. P. Senchilov, D. Smirnov,
E. V. Shevgenina), auquel s'était joint pour un temps le Dr.
Z. Samashev, responsable de l'étude des pétroglyphes au
Kazakhstan. Au cours de la mission, F. Soleilhavoup (Groupe
d'Études et de Recherche sur les Milieux Extrêmes) était chargé
55<, de la partie géologique et géomicrobiologique, P. Vidal (Laborat
oire de Recherche des Monuments Historiques) des relevés
thermographiques et de la documentation photographique,
D. Sacchi (Unité X0013 du CNRS) et H.-P. Francfort (UPR 315
du CNRS) des relevés et des observatoins archéologiques.
Les résultats livrés ici sont préliminaires dans la mesure où
l'exploitation de l'ensemble de la documentation n'est pas te
rminée, tant du côté russe que du côté français et aussi bien en
ce qui concerne le travail sur les données brutes recueillies que
pour les comparaisons. Les subdivisions du texte qui suit
reflètent l'avancement des travaux dans les secteurs de
recherche des participants : les archives et la constitution d'un
54° fonds extensif (Ja. Sher), les analyses géo et biologiques
(F. Soleilhavoup), les conditions de conservation (P. Vidal) et
l'étude archéologique (D. Sacchi, H.-P. Francfort). Le choix des
résultats présentés par chaque participant est le reflet fidèle des
différentes optiques d'une approche pluridisciplinaire; ainsi,
certains panneaux apparaissent plusieurs fois, traités d'une
manière différente selon le regard porté et l'angle de recherche
(Ust'-Tuba II) tandis que d'autres ne figurent que dans une
seule contribution, car ils illustrent mieux que tout autre tel ou
tel point de l'approche. 90° 92° Ces premiers résultats apportent déjà beaucoup. L'étude
géomicrobiologique et de conservation ouvre des perspectives Fig. 2. L'immense retenue du barrage de Krasnoyarsk a provoqué
l'immersion, depuis 1969, d'un grand nombre de sites et de stations sur des méthodes nouvelles de datation de l'art rupestre et sur rupestres. Plusieurs milliers d'oeuvres rupestres (gravures et peintures) la conservation et la restauration de la pierre à l'aide de microont ainsi disparu dans la vallée du fleuve Ienisseï
et à la confluence des fleuves Abakan et Tuva. bes calcifiants; de telles applications seraient même envisa
Les cotes d'altitudes sont en mètres. geables dans le domaine de la conservation de l'architecture
monumentale, en Asie comme en Europe. L'étude proprement
archéologique est le début d'un ensemble d'analyses fines des
représentations qui, à côté des études stylistiques et iconogra
phiques, fait une place importante à l'éthologie des espèces ani
males et aux techniques d'exécution des pétroglyphes. La
constitution d'un répertoire informatisé des pétroglyphes
d'Asie centrale, actuellement en cours par la même équipe
franco-russe, permettra de travailler à une échelle plus grande.
Henri-Paul Francfort ments d'archéologie et, entre autres, les «pierres écrites», Jakov A. Sher
occupent toujours une place importante. Le livre de l'historien
Miller constitue un témoignage éloquent de l'intérêt général
I. Historique des recherches pour l'archéologie en Sibérie. Les premières éditions russes de
cet ouvrage voient le jour en 1750 et 1787, tandis que les deux
tomes de sa version allemande sont respectivement publiés en
1761 et 1763.
Dans ce livre, Miller considère en particulier, comme erro
Les premiers renseignements écrits concernant les pétroglyphes nées les suppositions selon lesquelles les anciens dessins
de Sibérie datent de plus de trois siècles. Aujourd'hui, on ne rupestres de Sibérie pouvaient être pris pour une forme parti
peut considérer ces publications comme étant scientifiques. culière d'écriture (Miller, 1750, p. 526). Dans ce même ouvrage
Cependant, elles témoignent du grand intérêt général et histo sont publiés des croquis : pisanica de Tomsk et une des berges
rique porté aux anciennes «pierres écrites» («pissanye de l'I&#