Bustan VI, une nécropole de l'âge du Bronze dans l'ancienne Bactriane (Ouzbékistan méridional) : témoignage des cultes du feu - article ; n°1 ; vol.50, pg 31-46

Nona Avanessova

Description

Arts asiatiques - Année 1995 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 31-46
A cemetary, Bustan VI, situated near the site of Dzharkutan in southern Uzbekistan, dating back to the last phases of the Sapalli Culture (Mollali and Bustan), has been excavated by the author during the last years. Several types of tombs and different rituals, apparently all taking place at the same time, have been noticed in the different areas of the cemetary. Both inhumations (sometimes secondary) and cremations were practised, and the author considers many of the observed rituals to be evidences of a cult of fire. In the central part of the cemetary, three special brick constructions are thought to have been used as crematorium. They are surrounded by three altars, one dedicated to libations, the second to ritual meals and the third to sacrifices (for animals and human beings), and by hearths. Tombs where cremation is attested are not very numerous and placed in a special area of the cemetary. In them and the other ones, many different symbols considered as elements of a fire cult have been found : charcoal, ashes, ochre, gypsum, and series of similar but not identical small objects made out of raw clay (miniature altars, vases, spoons, anthropomorphic figurines and conical tokens grouped by three). The author establishes links between these completely new rituals and symbolic items and the arrival of Indo-Aryan tribes which she connects mainly to the Andronovo Culture because of the presence of a few Andronovo sherds and metal objects, and similarities in the rituals.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sciences et techniques

Informations

• Publié par: Arts-asiatiques
• Publié le: 01 janvier 1995
• Nombre de lectures: 41
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Nona Avanessova
Bertille Lyonnet
Bustan VI, une nécropole de l'âge du Bronze dans l'ancienne
Bactriane (Ouzbékistan méridional) : témoignage des cultes du
feu
In: Arts asiatiques. Tome 50, 1995. pp. 31-46.
Abstract
A cemetary, Bustan VI, situated near the site of Dzharkutan in southern Uzbekistan, dating back to the last phases of the Sapalli
Culture (Mollali and Bustan), has been excavated by the author during the last years. Several types of tombs and different rituals,
apparently all taking place at the same time, have been noticed in the different areas of the cemetary. Both inhumations
(sometimes secondary) and cremations were practised, and the author considers many of the observed rituals to be evidences of
a cult of fire. In the central part of the cemetary, three special brick constructions are thought to have been used as crematorium.
They are surrounded by three altars, one dedicated to libations, the second to ritual meals and the third to sacrifices (for animals
and human beings), and by hearths. Tombs where cremation is attested are not very numerous and placed in a special area of
the cemetary. In them and the other ones, many different symbols considered as elements of a fire cult have been found :
charcoal, ashes, ochre, gypsum, and series of similar but not identical small objects made out of raw clay (miniature altars,
vases, spoons, anthropomorphic figurines and conical "tokens" grouped by three). The author establishes links between these
completely new rituals and symbolic items and the arrival of Indo-Aryan tribes which she connects mainly to the Andronovo
Culture because of the presence of a few Andronovo sherds and metal objects, and similarities in the rituals.
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Avanessova Nona, Lyonnet Bertille. Bustan VI, une nécropole de l'âge du Bronze dans l'ancienne Bactriane (Ouzbékistan
méridional) : témoignage des cultes du feu. In: Arts asiatiques. Tome 50, 1995. pp. 31-46.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1995_num_50_1_1368■
rôle primordial joué par la culture de Sapalli1 dans la Le
formation de la civilisation proto-urbaine de Bactriane,
en Asie centrale (fig. 1), est bien connu (Askarov 1973,
1977). Il y a maintenant plus de vingt ans que, dans le bassin
de l'Amu Darya, le site de Sapalli fut découvert. C'était alors le 212019101713161218It1415721689354 Gonur Togolok Shortughai Bishkent Oj Mohenjo-Daro Dakhana Yaz Mehrgarh Nausharo Altvn Bactres Mollah Sapalh Dzharkutan Namazaa Samarkand Dashly Kangurt Geoksvur Harappa Kur D D Ergi UakMi Tut D Bustan Bogas Tegu?ak
premier établissement daté de l'âge du Bronze dans cette
région et il était mis en relation avec une population de sédent
aires pratiquant l'agriculture. Depuis, un grand nombre de
vestiges de cette culture ont été fouillés: forteresse, temple
monumental, citadelle, construction de type palatial, habita
tions domestiques, quartiers artisanaux et nécropoles, et l'on
considère que les sites étaient placés le long de petits systèmes
d'irrigation propres à chaque oasis. Le matériel mis au jour —
qui témoigne d'un haut niveau de production (métallurgie,
céramique tournée, tissage, travail du bois et de l'os) — , ainsi
qu'une architecture sophistiquée ont permis de suivre l'évolu
tion de cette culture particulière et de la considérer comme de
type proto-urbain. Du point de vue chronologique, elle est
datée entre le xvne et le Xe siècle avant notre ère2; quatre
étapes culturelles s'y succèdent: Sapalli, Dzharkutan, Kuzali
et Molali3, établies en fonction des observations stratigra-
phiques tant des sites que des nécropoles, ainsi que des chan
gements technologiques et typologiques sur la céramique, ou Fig. 1. Principaux sites de l'Asie
encore des transformations dans les rites funéraires. centrale méridionale à l'Age du Bronze.
Nona Avanessova
Bustan VI, une nécropole de l'âge du Bronze
dans l'ancienne Bactriane
(Ouzbékistan méridional) : témoignages
de cultes du feu
Traduction du russe et adaptation par Bertille Lyonnet
La culture de Sapalli se caractérise globalement par une Caractéristiques des cimetières de la culture
architecture monumentale en briques crues, avec un système de Sapalli de fortification original et une division de l'habitat en « quar
tiers» en raison de l'existence de rues planifiées. Si, lors de Dans les cimetières, une unité culturelle certaine se manifl'étape la plus ancienne, l'habitat est concentré au cœur même este au cours des différentes étapes chronologiques, à la fois du site fortifié, en revanche, lors des étapes suivantes, on dans la poursuite du mode de construction des tombes (en observe un accroissement significatif des établissements où les forme de fosse simple ou de fosse à niche, voire catacombe) et quartiers sont disséminés, y compris en dehors des murs. Les dans la continuité d'un certain nombre de rites (comme la maisons sont érigées sur de hautes plate-formes de briques, et, position fléchie du squelette, placé sur le côté droit pour les dans chaque quartier, on trouve un centre de culte collectif hommes et gauche pour les femmes). Toutefois, certaines parcomprenant un autel du feu en forme de niche murale et un ticularités, comme l'évolution du type de matériel inclus dans foyer circulaire au centre de la pièce. les tombes, ou les transformations dans le rituel (apparition
d'inhumations fictives ou de cénotaphes4, de sacrifices d'an
imaux; changement dans l'orientation des morts), sont, elles,
significatives de différences chronologiques, ce que la position
31 stratigraphique des tombes permet de confirmer. Ainsi, lors de La nécropole de Bustan VI
l'étape la plus ancienne (Sapalli), les morts étaient enterrés
seulement au cœur même du site, sous le sol des maisons, tan Depuis plusieurs années, des fouilles financées par la
chaire d'archéologie de l'Université de Samarcande5 ont dis que dès l'étape suivante (Dzharkutan), le «quartier des
morts» était séparé de celui des vivants et situé sur une butte cours sur des cimetières datés de la dernière phase de la cul
naturelle de l'autre côté du Bustan, aujourd'hui asséché. ture de Sapalli. Les vestiges découverts, en particulier sur la
Outre ces distinctions chronologiques, d'autres, fondées sur la nécropole de Bustan VI, se différencient totalement de ce
que l'on connaissait à ce jour. Cette nécropole est située sur la variation quantitative et qualitative du matériel, permettent
d'observer une différenciation dans le statut social de la popul rive droite du Bustan Saj, sur une butte naturelle en forme
de fer à cheval d'une superficie d'environ 2 ha 50 et de 7 m ation.
Parmi les particularités rituelles observées pour chacune de haut dominant la première terrasse du cours d'eau. La
des phases, on retiendra les suivantes : couche archéologique varie de 0,40 à 2,07 m. Deux étapes
— phase Sapalli: inhumations doubles (hommes et femmes), successives, Molali et Bustan, y ont été décelées. A ce jour,
ainsi qu'utilisation de bois dans la construction des chambres 130 tombes, dans divers états de préservation, trois construct
funéraires (parois et couvercles en planches), mais prédomi ions de forme trapézoïdale et rectangulaire en maçonnerie de
nance d'inhumations dans des jarres de plus ou moins grandes briques à joints d'argile, trois autels de forme carrée et rec
dimensions; orientation des tombes strictement nord-sud, le tangulaire creusés en pleine terre et de nombreux foyers ou
bûchers ont été fouillés sur une surface de 1 200 m2 (fig. 2). mort ayant la tête au nord ;
— phase Dzharkutan: disparition des inhumations rituelles Les tombes consistent en des fosses, généralement à niche
latérale, mais l'on rencontre aussi des chambres de type cata- de moutons mais première apparition de tombes collectives de
chiens ; les inhumations en jarres ainsi que les cénotaphes sont combe ainsi que des fosses rectangulaires à angles fortement
rares; l'orientation principale est désormais vers le nord- arrondis, voire de forme ovale ou circulaire6. On observe parf
ois des traces de constructions en bois. Les dimensions des ouest;
— phase Kuzali : apparition d'inhumations symboliques (sta tombes varient de 1,60 à 2,10 m de long et de 1 à 1,80 m de
tuettes anthropomorphes), utilisation d'objets votifs conjointe large et leur profondeur se situe entre 0,80 et 1,80 m. Aucune
ment à celle d'objets d'usage quotidien ou de production art orientation rigoureuse des chambres funéraires n'est déce
lable (généralement plut