Colonisation, peuplement et plantation de cacao dans le sud de l état de Bahiа - article ; n°261 ; vol.46, pg 278-299
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Colonisation, peuplement et plantation de cacao dans le sud de l'état de Bahiа - article ; n°261 ; vol.46, pg 278-299

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Description

Annales de Géographie - Année 1937 - Volume 46 - Numéro 261 - Pages 278-299
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Monbeig
Colonisation, peuplement et plantation de cacao dans le sud de
l'état de Bahiа
In: Annales de Géographie. 1937, t. 46, n°261. pp. 278-299.
Citer ce document / Cite this document :
Monbeig Pierre. Colonisation, peuplement et plantation de cacao dans le sud de l'état de Bahiа. In: Annales de Géographie.
1937, t. 46, n°261. pp. 278-299.
doi : 10.3406/geo.1937.12129
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1937_num_46_261_12129278
COLONISATION,
PEUPLEMENT ET PLANTATION DE CACAO
DANS LE SUD DE L'ÉTAT DE ВАША1
Dans le Nord-Est du Brésil, au Nord de Bahia, une carte des préci
pitations atmosphériques pourrait être facilement utilisée pour dél
imiter les régions agricoles : depuis le Rio Grande do Norte jusqu'à la
latitude de Rio environ se dessine une série de bandes grossièrement
parallèles au littoral, chacune correspondant à une production agri
cole déterminée, la monoculture étant la règle. Cette succession de
zones agricoles en relation avec la diminution des précipitations depuis
le littoral vers l'intérieur est particulièrement frappante dans l'avan
cée du continent brésilien vers l'Est, entre le 5e et le 14e degré de
lat. S environ. C'est le Brésil semi-aride, si l'on excepte une étroite
frange côtière, qui se prolonge au Sud de l'embouchure du rio Sâo
Francisco, jusqu'aux environs immédiats du Reconcavo. Là se suc
cèdent une très étroite bande côtière plantée de cocotiers et habitée
par une population de pêcheurs, la région de la canne à sucre, enfin
la zone du coton qui prend une importance économique de plus en
plus grande. Au delà s'étend le sertâo, le domaine de l'élevage.
Au Sud de Bahia, les faits et les aspects sont bien différents : la
Serra do Маг est trop proche du rivage pour que la transition vers
l'aridité puisse se réaliser aussi harmonieusement qu'à la latitude de
Recife. Lorsqu'on survole la côte brésilienne de Rio à Bahia, puis
jusqu'à Recife, le contraste est très net : pendant la première partie
du trajet, la montagne apparaît toute proche, sans qu'il y ait place
pour une plaine côtière étendue, si ce n'est aux débouchés des fleuves
descendus des plateaux du Minas ; au delà de Bahia, on découvre
au contraire un plateau continu, sur lequel se détachent parfois
quelques dômes plus élevés, mais assez loin sur l'horizon. Aux diff
érences de relief s'ajoutent les différences dans la couverture végétale :
au Nord de Bahia, la forêt est inexistante ; tout est capoeira, végéta-
1. Au cours du mois de décembre 1935 j'ai pu visiter la région des plantations de
cacao grâce à l'extrême obligeance de la Direction de Г Institute do Cacao da Bahia. La
plus grande partie de ma documentation est redevable à Mr Gregorio Bondar, Direc
teur de la Fazenda expérimentale de l'Institut à Agua Prêta ; je ne saurais trop le remer
cier d'avoir bien voulu me faire profiter de sa parfaite connaissance de la région. Cette
documentation in loco a été complétée par la lecture du travail de Mr Bondar, publié à
Bahia en i 929 (2e éd., 131 p.), О Cacao. Voir aussi, du même auteur : The cacao industry
of Bahia (publication de la Companhia Energica Electrica da Bahia) ; — Belatorio e
Ànnuario de 1932. Institute do Cacao da Bahia, Bahia, 1933, 209 p. Outre les rapports
financiers, ce beau volume contient des études botaniques et économiques. Voir aussi
l'annuaire de 1933. Il ne m'a malheureusement pas été possible de relire l'article de
Mr Auguste Chevalier, Le cacao, sa production et sa consommation dans le monde (An
nales de Géographie, XV, 1906, p. 289-298). Voir aussi : Id., Le cacaoyer dans l'ouest
africain, Paris, 1908 (pour Sào Thomé surtout) LE CACAO DANS LE SUD DE L'ÉTAT DE BAHIA 279
tion plus basse que la véritable forêt. Vers le Sud, en même temps
que le ruban des cocotiers sur les plages est de plus en plus frag
menté, le manteau forestier apparaît ininterrompu ou presque, en
tout cas plus dense et plus élevé. Les contrastes d'habitat achèvent
de différencier les paysages de part et d'autre de Bahia : au Nord,
sur les plages, s'allongent des villages aux maisons de palmes, et,
vers l'intérieur, les moulins à canne, les engenhos, établis sur les rios
les moins importants, ont assuré le peuplement déjà ancien ; la par
tie Sud de l'État de Bahia n'offre plus que de petites bourgades de
fondation relativement récente, souvent malsaines parce que situées
aux débouchés des fleuves dont le cours inférieur, très lent, se ramifie
en lagunes ; dans l'intérieur, sur les contreforts de la Serra do Mar, les
centres de peuplement sont encore plus rares, établis dans les clai
rières du malto ; c'est à peine s'ils sont visibles, tant est épais le
manteau de végétation avec lequel se confond la culture essentielle de
la région : le cacao. Rien dans l'ensemble du paysage forestier ne
décèle sa présence ; tout se passe comme si la mise en valeur du pays
n'entraînait aucune transformation du décor de la forêt. Pourtant
se développe sur une longueur de plus de 500 km. une région agricole
jeune encore, dont les limites correspondent plus à des contours géo
logiques qu'à des frontières climatiques, et dont l'extension serait
plus grande sans les difficultés de communication.
Les limites de la zone du cacao. — En dépit de l'accroissement
récent des plantations, le croquis donné par Mr Pierre Denis dans la
Géographie Universelle reste encore utilisable dans son ensemble1. Il a
surtout le gros avantage de montrer les bornes de l'aire susceptible
d'être utilisée pour les plantations dans la région centrale, celle d'Il-
héos, et plus précisément ses limites occidentales : l'élévation rapide
de la serra est un obstacle à la pénétration du cacao vers l'intérieur,
les plantations ne semblant pas donner des résultats appréciables
au-dessus de 200 m., au plus 250. Vers le Sud comme vers le Nord la
culture du cacao n'est pas arrêtée par les conditions climatiques. A
Bahia même comme dans l'État d'Espirito Santo, le régime des
températures et des précipitations ne diffère guère de celui d'Ilhéos :
moyenne annuelle de 23°, 4; total des précipitations supérieur à 2 m.,
sans saison sèche nettement marquée, mais avec deux maxima, l'un
de mai à juillet avec des pluies longues et régulières, l'autre plus faible,
de novembre à février, correspondant surtout à des orages d'été2.
Du reste, sur les rives du Rio Doce, on constate depuis quelques
1. Pierre Denis, Amérique du Sud, t. XV de la Géographie Universelle, première par
tie, p. 167.
2. Henrique Morize, Contribuiçâo ao esludo do Clima do Brasil, Rio, 1 922. Il n'est pas
impossible que les précipitations s'abaissent à moins de 2 m. dès que l'on s'éloigne de
la côte : en 1935, on a enregistré à Agua Prêta 1850 mm. 4. 280 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
années l'apparition de plantations de cacao qui semblent prospérer.
Vers Bahia, la présence de vieilles cultures, comme le tabac et le sucre,
a entravé le développement du cacao. La limitation vers le littoral
atlantique est plus nette (fig. 1) : elle est étroitement liée à la répar
tition des terrains cristallins. La frontière de la zone cultivable corre
spond à celle des sols de décomposition des roches anciennes et des
terrains sédimentaires, parfois crétacés, presque toujours tertiaires,
qui constituent le littoral. Agassiz avait parfaitement noté cette
disposition des terrains, et un croquis illustre clairement son texte :
il montre l'opposition entre, d'une part, les formes du terrain arrondies
à la façon classique des mornes de Victoria, Rio ou Santos, et, d'autre
part, les aspects tabulaires des sables et grès tertiaires1. Dans ceux-ci,
le cacao trouve un sol trop sec et trop perméable, auquel il préfère
les sols riches en potasse provenant de la décomposition, locale ou
non, des roches feldspathiques. Les indigènes connaissent bien cette
relation, et la présence dans la forêt des blocs de granite ou, mieux
encore, de gneiss, souvent sculptés en lapiez, toujours recouverts

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