Des mobilités résidentielles de début de carrière moins favorables aux femmes - article ; n°1 ; vol.415, pg 61-80
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Economie et statistique - Année 2008 - Volume 415 - Numéro 1 - Pages 61-80
Forty percent of the 742,000 young people who completed their initial education in 1998 moved to new localities and “employment areas” (zones d’emploi) in the fi rst seven years of their working careers. Thirteen percent relocated at least twice. In seven cases out of ten, the moves were to another département in approximately one in two instances, the moves were to another region. Fifteen percent of the persons in the group have returned to the region that they had left during their studies. Geographic attachment therefore seems weak among the younger cohorts. While a large majority of young people are potentially mobile, not all are so in reality. Several factors infl uence the decision to migrate. Some, often cited, are confi rmed here: age, educational attainment, previous mobility experience, and having children. Our study points to other factors as well, such as having parents born abroad, and employment status. By comparison with persons employed under unstable work contracts (fi xed-term contracts, temping, subsidized jobs), the unemployed are more mobile and workers on openended contracts are less so. Gender and marital status have a measurable impact as well. For instance, among couples, women’s educational attainment loses its signifi cant infl uence on the propensity to migrate, while men’s educational attainment remains infl uential. Residential and occupational mobility are often linked. Two-thirds of migrations between “employment areas” coincide with a job change. However, among migrants living as couples, the proportion of men changing jobs far exceeds that of women, and the gender gap widens over time. Women are more often involved in transitions between employment and non-employment. For instance, among persons living in partnerships who have migrated, three times as many women as men (13% versus 4%) have lost their jobs.
40 % der 742 000 Jugendlichen, die 1998 ihre Erstausbildung abschlossen, sind in den ersten sieben Jahren ihres Berufslebens in eine andere Beschäftigungszone gezogen. 13 % davon wechselten sogar mindestens zweimal den Ort. In sieben von zehn Fällen zogen die Jugendlichen in ein anderes Departement rund jeder zweite ging in eine andere Region. In 15 % der Fälle handelte es sich um eine Rückkehr in die Region, die sie wegen ihres Studiums verlassen hatten. Unter den jungen Generationen ist die territoriale Verankerung somit gering. Obgleich die Jugendlichen in ihrer großen Mehrheit potenziell mobil sind, trifft dies in der Praxis nicht zu. Mehrere Faktoren beeinfl ussen den Beschluss wegzuziehen. Manche dieser Faktoren, die oftmals angeführt werden, haben sich bestätigt: Alter, Ausbildungsniveau, vor der Mobilität gesammelte Erfahrungen und Vorhandensein von Kindern. Andere Faktoren werden aufgezeigt wie etwa die Tatsache, dass die Eltern im Ausland geboren wurden, und die Beschäftigungslage: Im Vergleich zu den Beschäftigten mit prekären Arbeitsverhältnissen (befristete Arbeitsverträge, Zeitarbeit, Arbeitsbeschaffungsmaßnahmen) sind die Arbeitslosen mobiler und die Beschäftigten mit einem unbefristeten Arbeitsvertrag weniger mobil. Auch Geschlecht und Familienstand spielen eine Rolle. Bei Ehepaaren hat so das Ausbildungsniveau der Frau keinen Einfl uss auf die Bereitschaft zur Mobilität, während es beim Mann weiterhin ausschlaggebend ist. Wohnsitzmobilität und berufl iche Mobilität hängen oftmals miteinander zusammen. Zwei Drittel der Umzüge in eine andere Beschäftigungszone gehen mit einem Berufswechsel einher. Bei den Migranten, die in Paaren leben, wechseln die Männer viel häufi ger den Beruf als die Frauen eine Diskrepanz, die im Laufe der Zeit zunehmen wird. Dagegen sind die Frauen in stärkerem Maße vom Übergang von der Beschäftigung zur Arbeitslosigkeit betroffen. Die Frauen von Paaren, die umziehen, verlieren dreimal so oft (13 %) ihre Arbeit als die Männer (4 %).
El 40 % de los 742.000 jóvenes que terminaron la formación inicial en 1998 se han trasladado y han cambiado de zona de empleo durante los primeros siete años de su vida activa. De estos al menos un 13 % también ha conocido por lo menos dos cambios. En siete de cada diez casos, estos cambios llevan a los jóvenes a cambiar de departamento y en torno a una de cada dos veces a instalarse en otra región. En el 15 % de los casos, se trata del regreso a la región que habían abandonado durante los estudios. El arraigamiento territorial resulta por tanto débil en el seno de las nuevas generaciones. Si los jóvenes son en su gran mayoría potencialmente móviles, no todos lo son en los hechos. Distintos factores infl uyen en la decisión de migración. Algunos de estos, citados a menudo, se confi rman: la edad, el nivel de titulación, las experiencias anteriores de movilidad y la presencia de niños. También se ponen de manifi esto otros factores, como el hecho de tener a padres nacidos en el extranjero, y la situación de empleo: en relación con las personas empleadas con contratos de trabajo inestables (contratos de duración determinada, interinidades, contratos subvencionados), los parados son más móviles y las personas que tienen un puesto de trabajo fi jo lo son menos. Por otra parte, también tienen sus efectos el género y la situación matrimonial. Así, en las parejas, el nivel de estudios de la mujer pierde su infl uencia signifi cativa en relación con la propensión a migrar mientras que el nivel de los hombres la conserva. A menudo las movilidades residenciales y profesionales están relacionadas. Los dos tercios de las migraciones de zona de empleo se acompañan de un cambio profesional. Pero, para los migrantes que viven en pareja, los cambios de empleo se refi eren mucho más a los más hombres que a las mujeres y la diferencia se incrementa con el paso del tiempo. Las mujeres se ven más afectadas por las transiciones entre el empleo y el no empleo. Las mujeres aparejadas que han migrado son proporcionalmente tres veces más numerosas (13 %) que los hombres (el 4 %) que han perdido su empleo.
40 % des 742 000 jeunes sortis de formation initiale en 1998 ont déménagé et changé de zone d’emploi au cours de leurs sept premières années de vie active. Ils sont même 13 % à avoir connu au moins deux changements. Dans sept cas sur dix, ces changements conduisent les jeunes à changer de département et environ une fois sur deux à s’installer dans une autre région. Dans 15 % des cas, il s’agit d’un retour vers la région qu’ils avaient quittée en cours d’études. L’ancrage territorial apparaît donc faible au sein des nouvelles générations. Si les jeunes sont dans leur grande majorité potentiellement mobiles, tous ne le sont pas dans les faits. Plusieurs facteurs infl uencent la décision de migration. Certains, souvent cités, sont confi rmés: l’âge, le niveau de diplôme, les expériences antérieures de mobilité et la présence d’enfants. D’autres sont mis en évidence, comme le fait d’avoir des parents nés à l’étranger, et la situation d’emploi: relativement aux individus employés avec des contrats de travail instables (CDD, intérim, contrats aidés), les chômeurs sont plus mobiles et les personnes qui ont un emploi à durée indéterminée le sont moins. Par ailleurs, le genre et la situation matrimoniale ne sont pas sans effet. Ainsi, dans les couples, le niveau de diplôme des femmes perd son infl uence signifi cative sur la propension à migrer quand celui des hommes la conserve. Les mobilités résidentielles et professionnelles sont souvent liées. Les deux tiers des migrations de zone d’emploi s’accompagnent d’un changement professionnel. Mais, pour les migrants vivant en couple, les changements d’emploi concernent beaucoup plus les hommes que les femmes et la différence s’accroît avec le temps. Les femmes sont, elles, davantage touchées par des transitions entre l’emploi et le non-emploi. Les femmes en couples ayant migré sont ainsi en proportion trois fois plus nombreuses (13 %) que les hommes (4 %) à avoir perdu leur emploi. Des mobilités résidentielles de début de carrière moins favorables aux femmes
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2008
Nombre de lectures 16
Langue Français

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TERRITOIRE
Des mobilités résidentielles de début de carrière moins favorables aux femmes Jean-Jacques Arrighi*, Céline Gasquet*, Valérie Roux**
40 % des 742 000 jeunes sortis de formation initiale en 1998 ont déménagé et changé de zone d’emploi au cours de leurs sept premières années de vie active. Ils sont même 13 % à avoir connu au moins deux changements. Dans sept cas sur dix, ces changements conduisent les jeunes à changer de département et environ une fois sur deux à s’instal-ler dans une autre région. Dans 15 % des cas, il s’agit d’un retour vers la région qu’ils avaient quittée en cours d’études. L’ancrage territorial apparaît donc faible au sein des nouvelles générations. Si les jeunes sont dans leur grande majorité potentiellement mobiles, tous ne le sont pas dans les faits. Plusieurs facteurs infl uencent la décision de migration. Certains, souvent cités, sont confirmés : l’âge, le niveau de diplôme, les expériences antérieures de mobi-lité et la présence d’enfants. D’autres sont mis en évidence, comme le fait d’avoir des parents nés à l’étranger, et la situation d’emploi : relativement aux individus employés avec des contrats de travail instables (CDD, intérim, contrats aidés), les chômeurs sont plus mobiles et les personnes qui ont un emploi à durée indéterminée le sont moins. Par ailleurs, le genre et la situation matrimoniale ne sont pas sans effet. Ainsi, dans les cou-ples, le niveau de diplôme des femmes perd son infl uence significative sur la propension à migrer quand celui des hommes la conserve. Les mobilités résidentielles et professionnelles sont souvent liées. Les deux tiers des migrations de zone d’emploi s’accompagnent d’un changement professionnel. Mais, pour les migrants vivant en couple, les changements d’emploi concernent beaucoup plus les hommes que les femmes et la différence s’accroît avec le temps. Les femmes sont, elles, davantage touchées par des transitions entre l’emploi et le non-emploi. Les fem-mes en couples ayant migré sont ainsi en proportion trois fois plus nombreuses (13 %) que les hommes (4 %) à avoir perdu leur emploi.
* Céreq ** Insee Direction Régionale PACA Les auteurs remercient les deux rapporteurs anonymes d’ Économie et Statistique pour leurs remarques sur les précé-dentes versions de cette étude.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 415-416, 2008
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L tersencthaiannegedmeanntnséeqsuidsanospèlreonctcudpeaptuiiosnudneel’espace sont d’une telle ampleur qu’ils relèvent plus de la mutation que de la simple évolution (Benoit, 1995). En vingt ans (1970-1992), le nombre de passagers du transport aérien inté-rieur a triplé, malgré le TGV et le doublement, en dix ans (1982-1992), du nombre de voyageurs/ km sur le réseau grandes lignes de la SNCF. Sur la même période, les trajets en transports col-lectifs urbains (Île-de-France et Province) ont progressé de 75 %, malgré la concurrence de l’automobile. Entre 1990 et 1999, une personne sur deux a déménagé, dont deux tiers ont changé de commune, un tiers de département et 20 % de région (Baccaïni, 2001). Elles ne se sont pas pour autant rapprochées de leur emploi. En effet, ceux qui quittent chaque jour leur com-mune pour aller travailler sont de plus en plus nombreux : en 1999, ils représentaient 64 % des salariés ; en 2004, la proportion approche trois salariés sur quatre (73 %) (Baccaïni et al. , 2007). Et ils vont de plus en plus loin : la dis-tance quotidienne moyenne parcourue atteint 26 kilomètres en 2004. Avec la spécialisation de l’espace, le rapport structurant de l’homme à son territoire se délite. Le village, la petite ville, le quartier sont de moins en moins vecteurs d’identité ou de soli-darités essentielles. Ils se dissolvent dans une succession vécue de périmètres fonctionnels : zone résidentielle, zone d’activité, zone de chalandise, espace de loisir, espace de transit. Une typologie (Pan Ké Shon, 2005) construite à partir d’une analyse lexicale des réponses à la question « Pouvez-vous dire, en quelques mots, ce que votre quartier représente pour vous ? » n’isole qu’une classe d’individus dont la relation au quartier est fusionnelle : « les enracinés ». Ils ne représentent que 12 % de la population. Pour les cinq autres familles identifi ées, le rapport au quartier de résidence est consumériste – satis-fait ou non – quand il n’est pas vécu comme substantiellement provisoire, ou qu’il ne témoi-gne d’un isolement social problématique. Le lien fusionnel rompu, la migration est vécue sans enjeu fort, elle survient au gré des oppor-tunités, des contraintes et des évènements de la vie. De nombreux travaux montrent l’émer-gence d’un modèle de cycle de vie dans la plupart des pays de l’OCDE. Une première migration survient durant les études – 80 % des étudiants poursuivent leurs études supérieures dans 30 des 354 aires urbaines de France métro-politaine – suivie d’une ou de plusieurs autres au cours des premières années d’activité. Les
naissances et la scolarité des enfants réduisent ensuite le taux de migration qui reste faible entre 35 et 50 ans et repart à la hausse à l’approche de la retraite. L’importance de ce modèle, au sein de la population scolarisée dans l’enseignement supérieur, est attestée par les observations empi-riques issues des recensements de population (Baccaïni, 2001). Pour autant, les jeunes sor-tis de l’enseignement secondaire, avec ou sans diplôme, n’ont pas des comportements très dif-férents (Debrand et Taffin, 2005). Seul change l’espace de mobilité : il se réduit et dépasse plus rarement les frontières régionales. L’observation d’une cohorte défi nie par l’évé-nement « être sorti de formation initiale » une année donnée, la « Génération 1998 » (cf. enca-dré 1), permet d’étudier les migrations à cette période charnière de l’entrée dans la vie adulte. L’identification des mobilités géographiques suppose au préalable de défi nir un espace géo-graphique de référence. Les études portant sur l’entrée dans la vie active des jeunes ont sou-vent centré leurs analyses sur l’échelon régional (Cuney et al. , 2003 ; Perret et Roux, 2004). Cet échelon s’avère très pertinent pour les diplômés de l’enseignement supérieur qui sont de fait fré-quemment amenés à « investir » dans des dépla-cements géographiques de longue distance afi n de saisir au mieux les opportunités d’emploi et/ou de salaires auxquels ils peuvent préten-dre. En revanche, pour les sortants de l’ensei-gnement secondaire, les frontières régionales semblent déjà très lointaines : la relation forma-tion/emploi se noue davantage à l’échelle de la ville et les jeunes qui changent de commune de résidence sont déjà des « migrants ». La réfé-rence territoriale utilisée ici est la zone d’em-ploi, zonage d’étude défini comme un espace géographique à l’intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent (1). Les zones d’emploi constituent une partition du territoire en 348 bassins censés être adaptés aux études locales sur l’emploi. Margirier (2004) a mon-tré que ce découpage permettait de « révéler la mobilité géographique des moins qualifiés ». 1 Tout au long de l’article, les différences de comportements migratoires entre hommes et femmes seront étudiées ainsi que leurs effets apparents sur les carrières respectives. En effet, si le niveau d’éducation des jeunes femmes est devenu plus élevé que celui des jeunes hommes, elles sont toujours confrontées à un moindre rendement de leur qualification sur le marché du 1. C’est moins vrai aujourd’hui. Déjà en 1999, 30 % des actifs résidaient hors de leur zone d’emploi (Insee).
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