Éléments de l'Iran et du Proche-Orient anciens dans l'art scythe - article ; n°1 ; vol.38, pg 5-19

Elen E.Kuz'Mina

Description

Arts asiatiques - Année 1983 - Volume 38 - Numéro 1 - Pages 5-19
Animal-style art developed in the Eurasian steppelands between the VIth and IVth centuries B.C. It was characterised by the prevalence of zoomorphic images interpreted in a definite stylistic manner. Some of the iconographic traits and entire compositions were borrowed by the Scythians from the fine arts of the Ancient Orient. However, the perception of Near Eastern elements was conditioned by the Scythians' ideology. The animal style in art reflected their world-view and can be regarded as an individual sign system.
Among the method of analysing their semantics, the mythological one has been successfully employed by a number of Soviet researchers. Scythian mythology can be reconstructed on several levels : 1. Scythian proper, based on the use of data on the Scythian religion supplied by the Greek authors ; 2. Indo-Iranian, based on a system analysis of spiritual culture as part of the Indo-Iranian one (Scythian belonged to the Indo-Iranian family of peoples) ; 3. Indo-European, based on using data about Indo-European mythology (Scythians belonged to the Indo- European community) ; 4. Universal, based on using universal mythologemes and notions common to all of mankind at the mythological stage of thinking.
This method makes it possible to explain some of peculiar features of scythian art and discover the semantics of individual images and compositions. Representational units and invariant elements of Scythian art correspond to fixed formulas, clichés, epithets of mythological and folklore texts. The zoomorphic images stem from the zoomorphic symbolics of thinking common to the Indo-Iranians and the rest of the Indo-Europeans. The images of the horse, as solar symbol, reflect formulas linked to the god Mithra ; the pairs of opposing horses, images of twins linked with the cult of the world tree and mother goddess ; the image of a three-headed serpent, the combat of the forefather-hero against the serpent ; a combat between two horses, the cult of the water god Tishtriya ; the scene of tearing a hoofed animal by a beast of prey, a symbolic reflection of the rebirth of nature in springtime, the day of spring equinox, linked with the victory of the god substituted by the king at the coronation. Entire compositions reconstruct the universal image of the world : the Chertomlyk Vase and the pectoral from the Tolstaya Mogila, the head-dress of a Saka king from Issyk Barrow and those of Scythian queens symbolise a cosmogramme with the world tree in the centre attached to the Scythian social and cosmogonie system, and make it possible to draw important conclusions on the sacral roles of the king and the queen.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Sciences et techniques

Informations

• Publié par: Arts-asiatiques
• Publié le: 01 janvier 1983
• Nombre de lectures: 53
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Elen Efimovna Kuz'mina
Éléments de l'Iran et du Proche-Orient anciens dans l'art scythe
In: Arts asiatiques. Tome 38, 1983. pp. 5-19.
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Kuz'mina Elen Efimovna. Éléments de l'Iran et du Proche-Orient anciens dans l'art scythe. In: Arts asiatiques. Tome 38, 1983.
pp. 5-19.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1983_num_38_1_1162Abstract
Animal-style art developed in the Eurasian steppelands between the VIth and IVth centuries B.C. It was
characterised by the prevalence of zoomorphic images interpreted in a definite stylistic manner. Some
of the iconographic traits and entire compositions were borrowed by the Scythians from the fine arts of
the Ancient Orient. However, the perception of Near Eastern elements was conditioned by the
Scythians' ideology. The animal style in art reflected their world-view and can be regarded as an
individual sign system.
Among the method of analysing their semantics, the mythological one has been successfully employed
by a number of Soviet researchers. Scythian mythology can be reconstructed on several levels : 1.
Scythian proper, based on the use of data on the Scythian religion supplied by the Greek authors ; 2.
Indo-Iranian, based on a system analysis of spiritual culture as part of the Indo-Iranian one (Scythian
belonged to the Indo-Iranian family of peoples) ; 3. Indo-European, based on using data about Indo-
European mythology (Scythians belonged to the Indo- European community) ; 4. Universal, based on
using universal mythologemes and notions common to all of mankind at the mythological stage of
thinking.
This method makes it possible to explain some of peculiar features of scythian art and discover the
semantics of individual images and compositions. Representational units and invariant elements of
Scythian art correspond to fixed formulas, clichés, epithets of mythological and folklore texts. The
zoomorphic images stem from the zoomorphic symbolics of thinking common to the Indo-Iranians and
the rest of the Indo-Europeans. The images of the horse, as solar symbol, reflect formulas linked to the
god Mithra ; the pairs of opposing horses, images of twins linked with the cult of the world tree and
mother goddess ; the image of a three-headed serpent, the combat of the forefather-hero against the
serpent ; a combat between two horses, the cult of the water god Tishtriya ; the scene of tearing a
hoofed animal by a beast of prey, a symbolic reflection of the rebirth of nature in springtime, the day of
spring equinox, linked with the victory of the god substituted by the king at the coronation. Entire
compositions reconstruct the universal image of the world : the Chertomlyk Vase and the pectoral from
the Tolstaya Mogila, the head-dress of a Saka king from Issyk Barrow and those of Scythian queens
symbolise a cosmogramme with the world tree in the centre attached to the social and
cosmogonie system, and make it possible to draw important conclusions on the sacral roles of the king
and the queen.:
.
Elen E. Kuz'mina
Éléments de l'Iran et du Proche-Orient anciens
dans l'art scythe
Traduit du russe par Thérèse de Sonneville-David
société2 dans laquelle l'artiste vit et pour laquelle il travaille. Le A la mémoire de Roman Ghirshman
problème de la composition d'un style particulier peut être vu
sous trois aspects technique, stylistique et sémantique.
Un style artistique est un ensemble, invariable et répété, de I. Méthodes d'analyse
procédés (éléments) que l'on utilise pour interpréter une série
« Nous n'avons à étudier qu'une scène vide, comme si l'on nous bien définie de formes, sur un territoire précis, à une époque
demandait de reconstituer la pièce sans l'avoir vue, à partir de donnée. Un trait du style répandu dans les steppes eurasiatiques,
toiles peintes où l'on aurait représenté un palais, un lac et une au début de l'âge du Fer, est la prédominance des représentations
forêt au fond. » zoomorphes. D'où le nom de « style animalier ». Cependant, si
A. Leroi-Gourhan, nous pouvons en parler en tant que style particulier, ce n'est pas Les religions de la Préhistoire, parce que les figurations d'animaux y prévalent (le même fait est Paris, P.U.F., 1964, p. 149-150.
connu dans d'autres territoires et à d'autres époques)3 : nous ne
Au second quart du premier millénaire avant notre ère, les considérons pas la représentation comme objet, mais nous
peuples iranophones1 ont créé un style artistique original, le style envisageons la manière et les moyens artistiques mis en œuvre
animalier. Ils habitaient les vastes étendues des steppes eurasia- pour la créer.
tiques, depuis le Danube jusqu'aux régions situées au cœur de Un caractère propre au style animalier scythe est qu'il
l'Asie centrale. Les Grecs les connaissaient sous l'appellation transmet la notion, l'idée d'un type défini d'animal et non pas une
collective de Scythes et les Perses achéménides les dénommaient impression instantanée sur nos sens ni la perception d'un être
Sâkâ. concret. On communique cette notion en soulignant et en
Toute œuvre d'art plastique possède un côté esthétique, mais exagérant les parties les plus importantes d'une espèce donnée,
elle porte également une signification. La forme sert uniquement c'est-à-dire en réduisant le corps à ses éléments caractéristiques.
à exprimer un contenu qui révèle le monde tel que le conçoit la Chez l'aigle, ce sont l'œil aigu, le bec, les serres (fig. 1) ; chez la
Fig. 2. Applique en or (ornement de bouclier). Cerf. Kurgane de Kostromskaja stanica (Kuban' Fig. 1. Applique en bronze (ornement de bride). Tête de rapace. Kurgane
24 de Nymphée (Crimée, Russie méridionale) Ve siècle avant notre ère. Caucase septentrional). VF siècle avant notre ère. :
Le premier stade, représenté à Ziwiyé et à Kélermès (fig. 4),
montre que les éléments du Proche-Orient, une fois adaptés,
n'étaient pas encore pleinement réélaborés. V.G. Lukonin l'a fort
justement décrit comme un « style de citations », c'est-à-dire
d'emprunts directs à l'art mède aussi bien qu'à celui de l'Urartu et
de l'Asie Mineure. Plus tard, ces derniers furent transformés en
autant d'éléments fixes que les Scythes combinèrent selon un
nombre de lois invariables pour créer les représentations du style
animalier. Illustration non autorisée à la diffusion
Villes modernes
Villes antiques
' Kurganes
Carte A. Peuples scythes de Russie méridionale, Ukraine, Crimée et Caucase
septentrional. VIIe/VIe-IVe siècles avant notre ère. D. Grellier et Th. de S.-D.
Carte B. Peuples de l'Asie centrale et de la Sibérie. VIF -IVe siècles avant notre ère. Fig. 3. Ornement terminal en bronze (plaque). Figure
d'élan couché. Kurgane G de Zurovka stanica (Ukraine,
Russie méridionale). Fin VF -début Ve siècle avant notre
ère.
bête de proie, les mâchoires, les pattes aux griffes acérées et la
position d'attaque (fîg. 4) ; chez le cerf, les bois et l'attitude du
galop volant (fig 2), etc.
Les Scythes utilisaient toute une série de procédés pour
transmettre ces figurations zoomorphes. L'analyse stylistique a
montré que certains d'entre eux (le traitement de la hanche et de
l'omoplate, par exemple) étaient employés sans considération du
type de l'animal reproduit (fig. 3 et 13), ce qui apparaît tout à fait
caractéristique de l'art scythe.
Outre les traits communs à l'ensemble des représentations, il y
a également ceux qui le sont uniquement aux images de toutes les
bêtes de proie (le traitement des pattes et des mâchoires) ou de
tous les ongulés (l'attitude du galop volant, le traitement du poil et Fig. 4. Applique en or incrustée d'émail et d'ambre (ornement de bouclier). Panthère.
Kurgane 4 de Kélermès (Kuban', Caucase septentrional). VF siècle avant notre ère. des oreilles), en somme les caractères spécifiques de chaque
espèce.
Comment ce style s'est-il formé ? Les ancêtres des Scythes qui
habitaient les steppes eurasiatiques possédaient surtout un art Point n'est besoin de s'étendre en détail sur sa formation au
non figuratif (aniconique) où dominait un style géométrique. nord de la mer Noire {cf. carte A) elle a été étudiée dans les
C'est pourquoi l'art scythe, en majeure partie, s'est formé sur un travaux de B.B. Piotrovskij, de M