La contribution de l informatisation à la croissance française : une mesure à partir des données d entreprises - article ; n°1 ; vol.339, pg 93-115
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Economie et statistique - Année 2000 - Volume 339 - Numéro 1 - Pages 93-115
Les modèles classiques de décomposition de la croissance permettent d’estimer deux types de contribution: d’une part, l’effet de la diffusion de l’informatique stricto sensu
sur la croissance, par accumulation de capital informatique dans tous les secteurs de l’économie; d’autre part, la contribution à la croissance des gains de productivité réalisés dans les secteurs producteurs des nouvelles technologies. À l’instar des études américaines sur la comptabilité de la croissance, on évalue l’importance de ces deux types de contribution en France au cours des 15 dernières années. Alors que d’autres études font appel aux données de la comptabilité nationale, l’originalité de cette étude est d’utiliser des données individuelles d’entreprises agrégées par secteurs d’activité. Ces données d’origine fiscale présentent l’avantage de fournir une mesure du stock de capital informatique au sein de chaque entreprise grâce au poste comptable des immobilisations en matériel de bureau, mobilier et informatique.
Les effets de diffusion de l’informatique sont importants, de l’ordre de 0,3 point pour une croissance de 2,6 % par an en moyenne sur la période 1987-1998. Ils sont concentrés dans un petit nombre de secteurs fortement équipés en matériels informatiques. L’effet des gains de productivité dans les secteurs producteurs des nouvelles technologies contribue également de façon significative à la croissance puisque il est évalué à 0,4 point sur la même période. Au total, la contribution du processus d’informatisation en France représente, selon ces estimations, 0,7 point de croissance annuelle sur la période 1987-1998.
Par ailleurs, la diffusion de l’informatique et les gains de productivité dans les secteurs producteurs de nouvelles technologies ont aussi sensiblement limité la hausse des prix de la valeur ajoutée, de 0,3 point et 0,4 point respectivement pour une croissance de 1,4 % par an en moyenne sur la période 1987-1998.
Los efectos de la difusión de las tecnologías de la información y de la comunicación (TIC) en la economía francesa pueden analizarse con los datos anuales de la contabilidad nacional. Siguiendo las hipótesis usuales de la contabilidad del crecimiento, se realizan unas evaluaciones de esta contribución para tres categorías de productos que incorporan esas nuevas tecnologías: los materiales informáticos, los software y los materiales de comunicación. El llamado método de los precios hedónicos” ha sido adoptado para llevar a cabo el reparto volumen/precio de las series de inversiones en valor de los materiales informáticos y de parte de los sofware. Estas evaluaciones se enfocan según diversas variantes de sensibilidad y se comparan también con las que se registran para los materiales de transporte y otros equipamientos, así como para los gastos de Investigación y Desarrollo. También se confrontan aquí con unas evaluaciones similares llevadas a cabo recientemente por Estados Unidos y otros países industrializados.
La tasa de inversión en TIC con relación al PIB ha duplicado en unos 20 años y representa ahora un 20 % de la totalidad de las inversiones en equipamientos (160 mil millones de francos en 1999). El método hedó- nico aplicado a los materiales informáticos pone de manifiesto una división de sus precios por cuatro cada dos años. De hecho, la evolución en volumen de las inversiones en materiales informáticos, y de forma más general en TIC, ha sido mucho más rápida que la de otros equipamientos. Al fin y al cabo, la contribución al crecimiento de las TIC habría sido del 0,20 % al año en un promedio entre 1969 y 1999 para el conjunto de la economía, y habría aumentado más aún en el periodo reciente (un 0,27 % en el periodo 1995-1999), rebasando en este periodo la contribución al crecimiento de los otros equipamientos. La contribución de las TIC alcanzaría incluso un 0,50 % al año en un promedio en el sector de servicios, el cual contabiliza dos tercios de las inversiones en TIC.
Aun tomando en cuenta la incertidumbre de las evaluaciones y de los problemas de comparabilidad, la difusión de los TIC sería menor en Francia que en Estados Unidos y su contribución al crecimiento menos fuerte. La diferencia entre ambos países incluso habría aumentado en el periodo reciente, pues el aumento, importante a pesar de todo, de la contribución en Francia ha sido inferior al que se ha registrado en Estados Unidos.
Classic growth breakdown models estimate two types of contribution: a) the effect of the spread of information technology, stricto sensu, on growth via the accumulation of IT capital in all sectors of the economy, and b) the contribution to growth of productivity gains in the sectors producing new technologies. Following in the footsteps of American studies on growth accounting, we evaluate the importance of these two types of contribution in France over the last 15 years. Whereas other studies use national accounts data, our study is original in that it uses individual business data aggregated by activity sectors. These tax-derived data have the advantage of measuring the stock of IT capital in each firm using the accounts item for fixed assets in office equipment, movables and IT.
The effects of the spread of IT are considerable at approximately 0.3 points for average growth of 2.6% per year over the 1987-1998 period. These effects are concentrated in a small number of highly computerised sectors. The estimated 0.4-point effect of productivity gains in the sectors producing new technologies over this period also contributes significantly to growth. All in all, these estimates suggest that the computerisation process in France contributed 0.7 points to annual growth over the 1987-1998 period.
The spread of IT and productivity gains in the sectors producing new technologies have also substantially limited the rise in value-added prices by 0.3 points and 0.4 points respectively for growth of 1.4% per year on average over the 1987-1998 period.
Mit den klassischen Modellen der Wachstumszerlegung lassen sich zwei verschiedene Beiträge schätzen: einerseits die Auswirkungen der EDV-Verbreitung stricto sensu auf das Wachstum durch die Anhäufung von EDVAnlagevermögen in sämtlichen Wirtschaftszweigen; und andererseits der Beitrag der Produktivitätsgewinne zum Wachstum, die in den Produktionssektoren der neuen Technologien erzielt werden. In Anlehnung an die amerikanischen Studien über die buchhaltungsmäßige Erfassung des Wachstums werden in diesem Artikel die Bedeutung dieser beiden Beiträge in Frankreich in den letzten fünfzehn Jahren bewertet. Während andere Studien die Daten der Volkswirtschaftlichen Gesamtrechnung heranziehen, basiert die Originalität dieser Untersuchung auf der Verwendung individueller Daten aggregierter Unternehmen der einzelnen Wirtschaftszweige. Diese Steuerdaten haben den Vorteil, dass sie mit Hilfe des Rechnungspostens Abschreibungen von Bürogeräten, -möbeln und EDV-Ausstattung eine Messung des EDV-Kapitalstocks in den einzelnen Unternehmen ermöglichen. Die Verbreitung der EDV hat erhebliche Auswirkungen: bei einem Wachstum von im Schnitt jährlich 2,6% entfallen im Zeitraum 1987-1998 hierauf 0,3 Prozentpunkte. Sie konzentrieren sich auf eine kleine Anzahl von Wirtschaftszweigen, die über eine umfassende EDVAusrüstung verfügen. Auch die Produktivitätsgewinne in den Sektoren, die die neuen Technologien produzieren, tragen wesentlich zum Wachstum bei, da sie im gleichen Zeitraum mit 0,4 Prozentpunkten zu Buche schlagen. Den Schätzungen zufolge trägt die Informatisierung in Frankreich im Zeitraum 1987-1998 mit insgesamt 0,7 Prozentpunkten zum jährlichen Wachstum bei.
Die Verbreitung der EDV und die Produktivitätsgewinne in den Sektoren, die neue Technologien produzieren, haben auch den Preisanstieg des Mehrwerts erheblich begrenzt, und zwar jeweils um 0,3 Prozentpunkte und 0,4 Prozentpunkte bei einem durchschnittlichen jährlichen Wachstum von 1,4% im Zeitraum 1987-1998.
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2000
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Langue Français

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n° 339-340 - Informatisation 07/05/2001 11:00 Page 93
SYNTHÈSES
La contribution de l’informatisation
à la croissance française : une mesure
à partir des données d’entreprises
Bruno Crépon et Thomas Heckel*
Les modèles classiques de décomposition de la croissance permettent d’estimer deux
types de contribution : d’une part, l’effet de la diffusion de l’informatique stricto sensu
sur la croissance, par accumulation de capital informatique dans tous les secteurs
de l’économie ; d’autre part, la contribution à la croissance des gains de productivité
réalisés dans les secteurs producteurs des nouvelles technologies. À l’instar des études
américaines sur la comptabilité de la croissance, on évalue l’importance de ces deux
types de contribution en France au cours des 15 dernières années. Alors que d’autres
études font appel aux données de la comptabilité nationale, l’originalité de cette étude
est d’utiliser des données individuelles d’entreprises agrégées par secteurs d’activité.
Ces données d’origine fiscale présentent l’avantage de fournir une mesure du stock de
capital informatique au sein de chaque entreprise grâce au poste comptable des immo-
bilisations en matériel de bureau, mobilier et informatique.
Les effets de diffusion de l’informatique sont importants, de l’ordre de 0,3 point pour
une croissance de 2,6 % par an en moyenne sur la période 1987-1998. Ils sont concentrés
dans un petit nombre de secteurs fortement équipés en matériels informatiques. L’effet
des gains de productivité dans les secteurs producteurs des nouvelles technologies
contribue également de façon significative à la croissance puisque il est évalué à
0,4 point sur la même période. Au total, la contribution du processus d’informatisation
en France représente, selon ces estimations, 0,7 point de croissance annuelle sur la
période 1987-1998.
Par ailleurs, la diffusion de l’informatique et les gains de productivité dans les secteurs
producteurs de nouvelles technologies ont aussi sensiblement limité la hausse des prix
de la valeur ajoutée, de 0,3 point et 0,4 point respectivement pour une croissance de
1,4 % par an en moyenne sur la période 1987-1998.
* Bruno Crépon et Thomas Heckel appartiennent à la division Marchés et stratégies d’entreprise du département des Études éco-
nomiques d’ensemble de l’Insee.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
93ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 339-340, 2000 - 9/10n° 339-340 - Informatisation 07/05/2001 11:00 Page 94
n a longtemps pensé que les investisse- classique, dite « primale » explique le taux deOments informatiques des entreprises, croissance de la valeur ajoutée en fonction
pourtant massifs, n’avaient pas conduit aux de la croissance des différents facteurs de
gains de productivité qu’on pouvait en production. La seconde, moins utilisée, dite
attendre. La croissance particulièrement forte « duale » explique le taux de croissance des
que les États-Unis ont connue au cours de la prix de la valeur ajoutée par la hausse des
seconde moitié des années 90 a ranimé le coûts de chacun des facteurs de production
débat sur ce paradoxe de la productivité attri- (cf. encadré 1).
bué à Solow. Le taux de croissance de la pro-
ductivité du travail est en effet passé de 1,5 % L’intérêt des approches primale (par facteur
à 2,5 % de la période 1991-1995 à la période de production) et duale (par prix des facteurs
1996-1999 dans les secteurs marchands non agri- de production) est qu’elles ne nécessitent pas
coles. De nombreux économistes ont cherché à d’hypothèse particulière concernant la techno-
expliquer le rebond du taux de croissance de la logie de production. En revanche, elles reposent
productivité du travail observé depuis 1995 par très fortement sur des hypothèses de concur-
l’informatisation et, plus généralement, par rence sur les marchés des biens et des facteurs,
l’utilisation des nouvelles technologies de l’in- ainsi que sur l’hypothèse de rendements
formation et de la communication (NTIC). d’échelle constants (1). L’approche primale est
Selon les estimations les plus récentes (Oliner néanmoins très largement suivie en pratique.
et Sichel, 2000), près de la moitié de cette La comptabilité de la croissance est un exercice
hausse de la productivité du travail pourrait régulièrement effectué pour les facteurs de
être attribuée à l’utilisation des nouvelles production standards (voir en particulier
technologies. Accardo, Bouscharain et Jlassi (1999) pour
une approche très complète dans le cas de la
France). C’est cette approche qui a été suivieUne question importante est de savoir si la
dans toutes les études ayant cherché à mesu-contribution de l’informatisation à la croissance
rer la contribution de l’informatisation à la provient de la diffusion des ordinateurs dans
croissance (voir Oliner et Sichel (2000) etl’économie ou au contraire trouve seulement
Jorgenson et Stiroh (2000) pour les États-son origine dans le dynamisme des secteurs
Unis ; voir Heckel (2000) (2) et Mairesse,produisant les nouvelles technologies. Ainsi,
Cette et Kocoglu (2000b) pour la France). Encontrairement à Oliner et Sichel, Gordon (2000)
revanche, il n’existe pas d’étude à notresoutient que l’accélération des gains de produc-
connaissance ayant cherché à déterminer tivité observée au niveau agrégé est localisée
l’impact de l’évolution du prix du matérieldans les secteurs producteurs des NTIC et
informatique sur l’évolution des prix, tant enrésulte des progrès techniques importants
France qu’aux États-Unis.réalisés dans le domaine des nouvelles techno-
logies. Dans les autres secteurs, simples utili-
sateurs des nouvelles technologies, le rythme
de croissance de la productivité du travail Une mesure de l’informatisation :
n’aurait pas augmenté structurellement du fait le stock d’équipement informatique
d’une utilisation plus intensive des ordinateurs.
Pour déterminer la place tenue par l’informa-
Dans le cas de la France, la problématique est tisation dans l’économie, il est essentiel de
bien sûr largement différente. Il n’a en effet pouvoir mesurer le stock d’équipement infor-
pas été observé de cycle de croissance impor- matique. On ne dispose en France que de peu
tant et durable au cours des années 90, pas d’informations sur ce sujet. Les travaux de
plus que d’augmentation du rythme des gains
de productivité du travail. On cherche donc
1. De nombreux travaux ont mis en évidence la fragilité dessimplement à mesurer la place de l’infor-
mesures de la productivité globale des facteurs (PGF) à ces
matique dans le système productif français
hypothèses (Hall, 1988 ; Roeger, 1995 ; Klette et Griliches,
et la contribution qu’elle apporte à la crois- 1996 ; Crépon, Desplatz et Mairesse, 1999).
2. Cette étude prolonge en fait celle de Heckel (2000) danssance, en s’intéressant également au poids des
laquelle on estime la contribution du capital informatique à dif-
secteurs qui produisent les NTIC et à leurs férents niveaux d’agrégation. Plusieurs différences notables
existent avec celle-ci. Tout d’abord, les prix de la nouvelle baseperformances.
de l’Insee, la base 95, ont pu être utilisés. Le facteur travail a, par
ailleurs, été introduit, ce qui nous a permis de calculer le taux de
croissance de la PGF. Nous avons également effectué la décom-Deux types de décomposition permettent
position duale, c’est-à-dire de l’évolution des prix. Enfin, la
d’analyser la croissance de la valeur ajoutée et comptabilité de la croissance a été effectuée en distinguant
les secteurs producteurs des NTIC des autres secteurs.la croissance des prix. La première, la plus
94 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 339-340, 2000 - 9/10
n° 339-340 - Informatisation 07/05/2001 11:00 Page 95
Encadré 1
LE CADRE THÉORIQUE DE LA COMPTABILITÉ DE LA CROISSANCE
La croissance d’une économie, d’un secteur ou d’une entreprise peut être décomposée à partir de la croissance
des différents facteurs entrant dans la production. Le formalisme correspondant à cette décomposition a été
proposé par Solow (1957) et a été notamment utilisé dans le cas de la France par Carré, Dubois et Malinvaud
(1972). De même, l’évolution des prix peut être approchée à partir de l’évolution du prix des différents facteurs de
production. On se place dans le cadre habituel des études consacrées à la compta

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