La représentation des habitants de leur quartier : entre bien-être et repli - article ; n°1 ; vol.386, pg 3-35

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Economie et statistique - Année 2005 - Volume 386 - Numéro 1 - Pages 3-35
Cómo perciben los habitantes su propio barrio: entre bienestar y aislamiento
A partir de unas respuestas a la pregunta «¿ Puede decir en pocos palabras lo que representa su barrio para usted?», este artículo trata de caracterizar los modos de residir de la población. Se destacan unos seis tipos de habitantes. Los «favorecidos» interesados en las ofertas de actividades de ocio del centro de la ciudad son unos activos acomodados que viven en unos barrios ricos; los «arraigados» de sociabilidad desarrollada tienen una relación fusional con su lugar de vida sin que intervengan realmente en su opinión las características del barrio; los habitantes «globalmente satisfechos» mayoritarios, de tipicidad menor; los «aislados», que tienen unas relaciones interpersonales problemáticas, que se quejan del aislamiento relacional y espacial y de la falta de actividades; los «destacados» que manifi estan su falta de apego al propio barrio, su vida limitada al espacio de la vivienda, o que viven fuera de su barrio. Y fi nalmente, los «inseguros» que están confrontados a las molestias y a la inseguridad y que viven en unas viviendas baratas de los barrios obreros y pobres urbanos. El tipo de vivienda, las amenidades, las cualidades del entorno de la casa y los problemas considerados como
preocupantes en el barrio no tienen una correlación sistemática con estos seis tipos diferentes de residentes ya que coexisten varias vivencias y lógicas individuales diversas. Además, con unas mismas características locales y socioprofesionales, las opiniones de los residentes difi eren según otras dimensiones que no todas se interpretan en términos de jerarquía social, o de manera no tan clara. Con todo, los habitantes más humildes, con todas las desventajas debidas a su estatuto socioprofesional, son los que cumulan las desventajas de su implantación residencial.
Die Einstellung der Einwohner zu ihrem Stadtviertel: zwischen Wohlergehen und Abkapselung
Anhand von Antworten auf die Frage Können Sie mit einigen Worten sagen, was Ihr Stadtviertel Ihnen bedeutet?“ versucht dieser Artikel, die Lebensweisen der Bevölkerung zu beschreiben. Sechs Kategorien von Einwohnern lassen sich ausmachen. Die Bevorteilten“ im Hinblick auf das Freizeitangebot in den Stadtzentren sind Erwerbstätige, die in wohlhabenden Stadtvierteln wohnen. Die Eingesessenen“ mit ausgeprägter Soziabilität unterhalten enge Beziehungen zu ihrem Wohnort, ohne dass die Merkmale ihres Stadtviertels bei ihrem Urteil wirklich ausschlaggebend sind. Die insgesamt zufriedenen“ Einwohner, die die Mehrheit bilden und weniger typische Züge aufweisen. Die Zurückgezogenen“, die problematische zwischenmenschliche Beziehungen unterhalten, klagen über die menschliche und räumliche Isolierung wie auch über mangelnde Aktivitäten. Die Teilnahmslosen“, die ihre mangelnde Verbundenheit mit dem Stadtviertel, ihre Zurückgezogenheit in ihrer Wohnung zum Ausdruck bringen oder deren Leben sich außerhalb ihres Stadtviertels abspielt. Und schließlich die Verunsicherten“, die mit Belästigungen und Unsicherheit konfrontiert sind und in erster Linie in den Sozialwohnungen der armen Arbeiterviertel in den Städten wohnen. Die Art der Wohnung, die Annehmlichkeiten und die Ausstattung, die Qualität der Umgebung des Gebäudes und die im Stadtviertel als Besorgnis erregend geltenden Probleme fi nden in diesen sechs Kategorien von Einwohnern keine systematische Entsprechung, da verschiedene persönliche Erlebnisse und Logiken koexistieren. Bei Zugrundelegung bestimmter lokaler und sozioprofessioneller Merkmale unterscheiden sich zudem die Bewertungen der Einwohner entsprechend weiterer Dimensionen, die sich nicht alle im Hinblick auf die soziale Hierarchie interpretieren lassen oder die weniger eindeutig sind. Dennoch sind es die in den bescheidensten Verhältnissen lebenden Einwohner, die aufgrund der Benachteiligungen durch ihren sozioprofessionellen Status die Nachteile ihres Wohnortes kumulieren.
How residents see their neighbourhoods: between well off and cut off
This paper sets out to defi ne how the population lives based on answers to the question, What, briefly, does your neighbourhood represent for you?” Six types of residents are found. The well-off” are concerned with the leisure activities available in town centres. These are privileged workers living in affl uent neighbourhoods. The locals” are highly sociable and have a very close relationship with where they live without the neighbourhood’s characteristics really entering into their judgement. The inhabitants who say that they are satisfi ed in general” are in the majority and are not as easy to typify. The cut-off” have problems with interpersonal contact and complain of relational and spatial isolation and a lack of activity. The indifferent” express a lack of attachment to the neighbourhood, stay at home most of the time or live outside the neighbourhood. Lastly, the insecure” complain about noise and feeling unsafe, and live mainly in low rental public housing in poor, urban working-class neighbourhoods. The type of dwelling, amenities and facilities, the building’s surrounding qualities and the problems said to be worrying in the neighbourhood show no systematic correlation with these six different types of residents since a wide range of individual experiences and logics coexist. Moreover, for given local and socio-economic characteristics, the residents’ assessments differ in other aspects that cannot all, or at least not as clearly, be interpreted in terms of social hierarchy. Nevertheless, it is defi nitely the lowest-income inhabitants who accumulate socioprofessional disadvantages with residential disadvantages.
La représentation des habitants de leur quartier: entre bien-être et repli
À partir de réponses à la question «Pouvez-vous dire, en quelques mots, ce que votre quartier représente pour vous?», cet article s’emploie à caractériser les modes d’habiter de la population. Six types d’habitants ressortent. Les «avantagés» portés sur les offres d’activité de loisirs procurés par les centres-villes, sont des actifs favorisés logeant dans des quartiers aisés; les «enracinés» à la sociabilité développée mènent une relation fusionnelle avec leur lieu de vie sans que les caractéristiques du quartier n’interviennent réellement dans leur jugement; les habitants «globalement satisfaits» majoritaires, moins typés; les «repliés», entretenant des rapports interpersonnels problématiques, se plaignent de l’isolement aussi bien relationnel que spatial et du manque d’activité; les «non-investis» qui expriment leur manque d’attachement au quartier, leur retrait sur leur logement ou qui vivent en dehors de leur quartier. Pour fi nir, des «insécures» qui sont confrontés aux nuisances et à l’insécurité, logeant d’abord dans l’habitat social des quartiers ouvriers et pauvres urbains. Le type d’habitat, les aménités et l’équipement, les qualités de l’environnement de l’immeuble et les problèmes déclarés préoccupants dans le quartier n’ont pas de corrélation systématique avec ces six différents types de résidants car divers vécus et logiques individuels coexistent. De plus, à caractéristiques locales et socioprofessionnelles données, les appréciations des résidants se distinguent selon d’autres dimensions qui ne s’interprètent pas toutes en termes de hiérarchie sociale, ou alors moins clairement. Néanmoins ce sont bien les habitants les plus modestes qui, avec les désavantages liés à leur statut socioprofessionnel, cumulent les désavantages de leur implantation résidentielle.
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.
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Publié le

01 janvier 2005

Nombre de lectures

41

Langue

Français

CONDITION DE VIE - SOCIÉTÉ
La représentation des habitants de leur quartier : entre bien-être et repli Jean-Louis Pan Ké Shon*
À partir de réponses à la question « Pouvez-vous dire, en quelques mots, ce que votre quartier représente pour vous ? », cet article s’emploie à caractériser les modes d’habiter de la population. Six types d’habitants ressortent. Les « avantagés » portés sur les offres d’activité de loisirs procurés par les centres-villes, sont des actifs favorisés logeant dans des quartiers aisés ; les « enracinés » à la sociabilité développée mènent une relation fusionnelle avec leur lieu de vie sans que les caractéristiques du quartier n’interviennent réellement dans leur jugement ; les habitants « globalement satisfaits » majoritaires, moins typés ; les « repliés », entretenant des rapports interpersonnels problématiques, se plaignent de l’isolement aussi bien relationnel que spatial et du manque d’activité ; les « non-investis » qui expriment leur manque d’attachement au quartier, leur retrait sur leur logement ou qui vivent en dehors de leur quartier. Pour fi nir, des « insécures » qui sont confrontés aux nuisances et à l’insécurité, logeant d’abord dans l’habitat social des quartiers ouvriers et pauvres urbains. Le type d’habitat, les aménités et l’équipement, les qualités de l’environnement de l’im-meuble et les problèmes déclaréspréoccupantsdans le quartier n’ont pas de corrélation systématique avec ces six différents types de résidants car divers vécus et logiques indi-viduels coexistent. De plus, à caractéristiques locales et socioprofessionnelles données, les appréciations des résidants se distinguent selon d’autres dimensions qui ne s’inter-prètent pas toutes en termes de hiérarchie sociale, ou alors moins clairement. Néanmoins ce sont bien les habitants les plus modestes qui, avec les désavantages liés à leur statut socioprofessionnel, cumulent les désavantages de leur implantation résiden-tielle.
* Jean-Louis Pan Ké Shon appartient à l’Ined (Institut national des études démographiques), unité de recherche « Mobilités, territoires, habitat et sociabilité ». L’auteur remercie tout particulièrement Nicole Tabard pour son aide décisive sans laquelle ce travail n’aurait pu être réa-lisé et Laurence Rioux pour ses remarques pertinentes et son appui répété ainsi que Barbara Allen, Laurent Gobillon et les rapporteurs anonymes pour leur lecture attentive et leurs suggestions constructives. Tous ont contribué à l’amélio-ration d’une version préliminaire de ce texte. Ils ne sont pas redevables des erreurs éventuelles qui pourraient subsister. Les noms et dates ente parenthèses renvoient à la bibliographie en fi n d’article.
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La vie de quartier fait partie d’une quotidien-neté évidente qui rend diffi ciles les opi-nions nuancées des habitants sur leur quartier. En réponse à une question fermée (1), les neuf dixièmes plébiscitent leur quartier et le trouvent en première analyse agréable à vivre (cf. enca-dré 1). Cette proximité de tous les jours favorise les réponses à l’aspect monolithique surtout si le jugement est trop cadré par le libellé de la question. Au final, nous peinons à connaître ce que les habitants pensent de leur quartier (2) et l’impact des inégalités sociales individuelles sur leur perception de celui-ci. Ainsi, les inégalités de conditions de résidence se reflètent dans cet espace social marqué par des signes objectifs de hiérarchisation : prix de l’immobilier, concentration de logements typés (HLM, aisés, cités, pavillons), plus ou moins grand accès aux services et aux commer-ces locaux, jouissance potentielle d’aménités, exposition aux nuisances, à l’insécurité et par des disparités de mixité sociale. Même si notre société est spatialement hiérar-chisée, il est faux de penser que chaque classe sociale occupe un espace spécifi que et homo-gène. La localisation des catégories sociales repose plus sur le mode du continuum qu’en sous-ensembles opposés, malgré des situations tranchées aux extrêmes (Préteceille, 2003a, 2003b ; Maurin, 2004). Préteceille précise que même dans les espaces les plus polarisés d’Île-de-France, les catégories de cadres comme celles d’ouvriers sont sur-représentées mais minoritaires et donc mélangées aux autres classes sociales. Dès lors, les vécus au sein d’un même quartier semblent moins se diffé-rencier sur les clivages traditionnels de classes sociales que sur les types socio-économiques de quartiers (3), bien qu’eux-mêmes détermi-nés par leur composition sociale. Pour autant, partager un même quartier n’abolit pas les inégalités des diverses catégories sociales qui l’occupent. Il est alors possible que les cadres comme les employés et les ouvriers, bien que partageant le même espace, en retirent une inégale satisfaction. C’est donc en terme de statut social résidentiel (statut couplant le type socio-économique du quartier et la situation socioprofessionnelle), qu’il est souhaitable de réfléchir et d’évaluer les inégalités de percep-tion des conditions de résidence. Au-delà de ce premier constat en terme de hié-rarchie sociale, les individus ne sont pas tous sensibles aux mêmes attraits de leur lieu d’ha-bitation : loisirs, animation, équipements de
proximité, tranquillité, sécurité, chaleur rela-tionnelle, etc. ne sont pas mis en avant par tous identiquement ; par exemple, les jeunes sont plutôt à la recherche d’animation, de lieux de confrontation et les personnes âgées de tran-quillité et de verdure. Ces préférences font que les habitants ont des attentes différenciées de leur lieu d’habitation et que leur bien-être est conditionné par la capacité à apparier leur habi-tat effectif et leurs désirs. De façon symétrique, des inconvénients s’imposent aux habitants les moins aptes socialement à réaliser cet apparie-ment. Difficulté d’accessibilité, manque d’ani-mation, nuisances et insécurité forment alors leur ressenti, lui-même dépendant de la sensibi-lité individuelle aux désagréments. L’étude se consacre à l’analyse des réponses à une question ouverte : «Pouvez-vous dire, en quelques mots, ce que votre quartier représente pour vous ? »(cf. encadré 2). Les opinions émi-ses ne sont alors pas induites par un protocole d’interrogation trop directif qui entraînerait des réponses limitées et préétablies. Pour autant, les réponses exprimées n’échappent pas entiè-rement à toute influence et particulièrement au poids des valeurs intégrées par tous. Ainsi par exemple, la fréquence du terme « tranquillité » indique non seulement la quiétude de l’habitat ressentie personnellement mais aussi l’expres-sion inconsciente d’une valeur socialement par-tagée, positive donc enviable.(1)(2) (3) Les ressorts de l’appréciation du quartier Le contentement déclaré par les habitants est de nature hétérogène. Il est lié aux aménités du quartier : bois, parc, aménagements et offre de loisirs. Ce contentement dépend aussi de l’em-1. Cette question figurait dans le volet variable de l’enquête per-manente conditions de vie Vie de quartier, 2001. Le libellé de la question de l’enquête était le suivant : Les affi rmations suivan-tes s’appliquent-elles à votre quartier : 1) Le quartier est loin de tout ? 2) Le quartier est agréable à vivre ? 3) Le quartier est sûr ou plutôt sûr ? 2. La notion de quartier semble évidente pour l’ensemble des interrogés habitant un espace urbain hormis pour de rares interviewés (ils seraient 93 % d’après une étude qualitative de Authier (2002) portant sur des quartiers traditionnels de centre-ville). Même ainsi, les contours du quartier diffèrent selon les personnes, a fortiori pour les quartiers ne possédant aucune dénomination : contours étroits lorsqu’il s’agit de services ou d’équipements fréquents (boulangerie, épicerie) et élargis inconsciemment pour des ressources plus rares (équipements sportifs ou socioculturels). Dans ce contexte, les réponses aux questions sur le quartier ont les signifi cations subjectives que lui attribue l’enquêté. 3. Les cadres ou les ouvriers résidant en quartier aisé ou en quartier pauvre ne sont pas les mêmes. Le différentiel de revenus par unité de consommation des cadres ou des ouvriers logeant en quartier pauvre par rapport aux revenus des mêmes catégo-ries en quartier aisé est de 30 % et 29 % à partir des données de l’enquêteVie de quartier.
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placement avantageux, de l’équipement et des L’appréciation du quartier peut aussi découler services nombreux : proche des lieux de travail, d’une aisance matérielle qui favoriserait un état vivant, avec toutes commodités, etc.. Enfi n, il d’esprit propice à l’environnement dans lequel est corrélé avec la proximité du réseau relation- la personne est plongée. De façon parallèle, les nel des habitants. Mais sont-ce les seules rai- attentes sont probablement différenciées selon la sons possibles ? Autrement dit, les mécanismes position occupée dans le cycle de vie. Par exem-à l’œuvre dans l’appréciation du quartier décou- ple, être en couple avec enfant centre l’attention lent-ils de ses qualités intrinsèques, des inéga- sur les avantages locaux facilitant la vie familiale lités sociales ou sont-ils redevables d’autres par rapport à une personne vivant seule plus tour-facteurs ? née vers l’extérieur. Les personnes séparées avec
Encadré 1
L’ENQUÊTE «VIE DE QUARTIER» L’enquête a été effectuée dans le cadre du dispositif l’Emploi et de la solidarité, le Plan Urbain Construction d’Enquêtes Permanentes sur les Conditions de Vie desArchitecture (PUCA) du ministère de l’Équipement, ménages(EPCV l’Institut des Hautes Études en Sécurité Intérieure) de l’Insee. Six grands thèmes princi-paux étaient abordés : les nuisances et la sécurité, les (Ihesi) du ministère de l’Intérieur et l’Union nationale services et leurs usages, la qualité de l’habitat et de des HLM (UNHLM). l’environnement, l’activité, la participation électorale et enfin la sociabilité. La collecte s’est déroulée d’avril à juin 2001 auprès de 12 000 personnes représentatives de la population L’enquête a été menée par l’Insee en partenariat avec métropolitaine en bénéfi ciant d’une sur-représentation la Délégation interministérielle à la ville (DIV), l’Ob- des habitants des quartiers modestes et des quartiers servatoire de la pauvreté et de l’exclusion sociale, la aisés afin de renforcer les effectifs pour consolider les Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), la résultats des études. La collecte a porté uniquement Direction de l’animation et de la recherche en écono- sur les personnes vivant dans leur logement. Les per-mie et statistique (Dares) et la Direction de la recherche sonnes résidant en institution n’ont donc pas été inter-et de l’évaluation statistique (Drees) du ministère de rogées, ni les personnes sans domicile.
Encadré 2 REMARQUES MÉTHODOLOGIQUES SUR LES QUESTIONS OUVERTES La fin de l’enquête se terminait par la question n’a pas constitué une interrogation personnelle jus-« votrePouvez-vous dire, en quelques mots, ce queque-là. quartier représente pour vous ?». Cette question est dite ouverte car les enquêtés ne sont pas guidés dans Les questions ouvertes ne sont pas exemptes de tou-leurs réponses et s’expriment librement, par opposi- tes critiques, notamment lorsqu’il est fait appel à la tion aux questions, dites fermées, où les personnes mémoire. Elles favoriseraient aussi l’expression des interrogées doivent effectuer un choix parmi plusieurs personnes détenant un capital culturel plus important. réponses pré-construites. Or, à partir de nos données, il est perceptible que l’ex-pression n’est pas uniquement favorisée par le capital Si les réponses à cette question ouverte se montrent culturel mais aussi par l’intensité de la situation vécue cohérentes avec celles des autres questions conte- par les individus, qui les pousse à l’expression. nues dans l’enquête, classiquement les niveaux se révèlent très différents (Lebart et Salem 1994). Ainsi, L’adoption d’un libellé volontairement neutre conforte près de 90 % déclarent leur quartier agréable à une le dispositif dans le souci de préserver les réponses de première question fermée et 18 % leur quartier pas sûr toute influence. Cependant, la position de la question à une deuxième contre 62 % pour les types aux items en début ou en fin de questionnaire infl ue également positifs et 4 % pour le type Insécurité-nuisances. sur les résultats. Dans le premier cas, les réponses ne sont pas influencées par les thèmes abordés au cours Ces questions ne mesurent pas les mêmes phéno- de l’interrogation, en contrepartie l’effet de mémoire mènes. La particularité des questions ouvertes est est plus fort car il faut alors mobiliser ses souvenirs et de faire ressortir, volontairement ou non, l’ensemble ses capacités de synthèse, qualités soupçonnées être des préoccupations principales des interviewés au inégalement distribuées socialement (Auriat, 1996). moment de l’interrogation sans guider, ou de façon Dans le deuxième cas, la question ouverte intervient à limitée la réponse, contrairement aux réponses fer- la fin du questionnaire, l’ensemble des sujets de l’en-mées limitées à un nombre réduit d’items contraignant quête ont été abordés mais les derniers sujets traités les interviewés à situer leur réponse au plus proche risquent d’acquérir un poids relatif plus important. des choix proposés et à s’interroger sur un sujet qui Cette seconde option a été retenue pour l’enquête.
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