Le caractère régressif des taxes indirectes : les enseignements d un modèle de microsimulation - article ; n°1 ; vol.413, pg 21-46
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Economie et statistique - Année 2008 - Volume 413 - Numéro 1 - Pages 21-46
La fiscalité indirecte française regroupe à la fois des taxes sur la valeur (TVA, taxe sur les conventions d’assurance, etc.) et, pour certains biens (alcools, tabacs, produits pétroliers, etc.), des droits portant sur les quantités consommées (ou droits d’accises) qui s’ajoutent à la TVA. Taxes et droits d’accises peuvent se ramener pour tous les biens à un taux unique implicite
sur la valeur. La fiscalité indirecte pèse davantage sur les ménages modestes: ces ménages consacrent en effet une part beaucoup plus grande de leur budget aux biens soumis aux accises que les ménages aisés. Le premier décile acquitte ainsi 4,3 % de son revenu en ces taxes, le dernier décile simplement 1,3 %. La mesure de l’impact d’une réforme (prenant la forme d’une modification des taux ou des accises au moyen de leurs taux implicites) suppose de pouvoir disposer d’une modélisation des comportements des consommateurs vis-à-vis des produits soumis à ce type d’impôt. Pour cela, on estime pour ces biens des élasticités-prix et des élasticités-revenu ensuite intégrées à un modèle de micro-simulation. Ces élasticités dérivent de fonctions de demandes dont l’estimation utilise des indices de prix dits «personnalisés» qui tirent parti pour chaque grand poste des différences de structure de consommation entre les différents ménages, ceci afin de disposer d’une variabilité dans les indices de prix. Ce modèle permet de mesurer l’impact de deux mesures: la première espace les taux de TVA, la seconde augmente les accises en diminuant le taux de TVA, les deux réformes étant conçues à solde budgétaire constant. Chacune opère un transfert de charge fiscale d’ampleur limitée, favorable aux revenus modestes dans le cas de la première et à leur détriment pour la seconde. La relative similarité des profils de consommation moyenne par déciles de revenu et la forte hétérogénéité des profils de consommation au sein de chaque décile atténuent en effet l’impact de ces réformes en matière de redistribution. Le caractère régressif des taxes indirectes: les enseignements d’un modèle de microsimulation
Die indirekten Steuern in Frankreich umfassen Wertsteuern (MwSt, Steuern auf Versicherungsverträge usw.), Steuern auf bestimmte Erzeugnisse (Alkohol, Tabak, Erdölprodukte usw.) sowie Steuern auf verbrauchte Mengen (Verbrauchsteuern), die zur MwSt hinzukommen. Abgaben und Verbrauchsteuern können für alle Güter zu einem einheitlichen impliziten Satz auf den Wert erhoben werden. Die indirekten Steuern belasten die Haushalte mit geringem Einkommen stärker; denn diese geben einen viel größeren Teil ihres Budgets für verbrauchsteuerpflichtige Güter aus als wohlhabende Haushalte. Die Haushalte des ersten Dezils bringen somit 4,3 % ihres Eikommens für Steuern und diejenigen des letzten Dezils lediglich 1,3 % auf. Um die Auswirkungen einer Reform (d. h. einer Änderung der MwSt-oder Verbrauchsteuersätze mittels ihrer impliziten Sätze) messen zu können, bedarf es einer Modellierung der Verhaltensweisen der Verbraucher gegenüber solchen steuerpflichtigen Produkten. Zu diesem Zweck werden für diese Erzeugnisse Preis-und Einkommenselastizitäten geschätzt, die danach in ein Mikrosimulationsmodell einfließen. Diese Elastizitäten leiten sich von Nachfragefunktionen ab, bei deren Schätzung so genannte •personalisierte“ Preisindizes verwendet werden, die für jeden großen Posten die Konsumstrukturunterschiede zwischen den verschiedenen Haushalten berücksichtigen, um über eine Variabilität bei den Preisindizes zu verfügen. Mit diesem Modell lassen sich die Auswirkungen zweier Maßnahmen messen: bei der ersten werden die MwSt-Sätze gestaffelt und bei der zweiten die Verbrauchsteuern durch Senkung des MwSt-Satzes erhöht, wobei beide Reformen bei unverändertem Haushaltssaldo durchgeführt werden. Bei jeder Reform erfolgt eine begrenzte Übertragung der Steuerlast, die im Falle der ersten Reform den Haushalten mit niedrigem Einkommen zugute kommt und bei der zweiten sie belastet. Die relative Ähnlichkeit der Profile des durchschnittlichen Konsums pro Einkommensdezil und die starke Heterogenität der Konsumprofile innerhalb eines jeden Dezils schwächen die Auswirkungen dieser Reformen im Hinblick auf die Umverteilung ab. Regression der indirekten Steuern: Ergebnisse eines Mikrosimulationsmodells
La fiscalidad indirecta francesa reúne a la vez tributos sobre el valor (IVA, tasa de los convenios de seguros sociales, etc.) y, para algunos bienes (alcoholes, tabaco, productos petroleros, etc.), derechos sobre las cantidades consumidas (o derechos especiales) que se añaden al IVA. Tributos e impuestos especiales pueden reducirse para todos los bienes a una tasa única
implícita sobre el valor. La fiscalidad indirecta pesa más sobre los hogares modestos: en efecto, estos hogares dedican un parte mucho más importante de su presupuesto a los bienes sometidos a los especiales que los hogares acomodados. El primer decil paga así 4,3 % de su ingreso en estas tasas, el último decil sólo 1,3 %. La medida del impacto de una reforma (en forma de modificación de las tasas o los impuestos especiales mediante sus tasas implícitas) supone poder disponer de un modelo de los comportamientos de los consumidores respecto a los productos sometidos a este tipo de tasa. Para esto, se estiman las elasticidades-precio y elasticidades-ingreso de estos bienes, integradas a continuación en un modelo de microsimulación. Éstas derivan de funciones de demandas cuya estimación utiliza los índices de precios denominados •personalizados” que sacan provecho para cada gran puesto de las diferencias estructurales de consumo entre los diferentes hogares, y ello para disponer de una variabilidad en los índices de precio. Este modelo permite medir el impacto de dos medidas: el primero espacia la tasa de IVA, el segundo aumenta los impuestos especiales disminuyendo la tasa de IVA, ambas reformas concebidas para saldo presupuestario constante. Cada uno opera un transferencia de carga fiscal de amplitud limitada, favorables a los ingresos modestos en el caso de la primera y a su detrimento en el segundo. La relativa similitud de los perfiles de consumo promedio por deciles de ingreso y la gran heterogeneidad de los perfiles de consumo en el interior de cada decil atenúan, en efecto, el impacto de estas reformas en términos de redistribución. El carácter regresivo de los tributos indirectos: enseñanzas de un modelo de microsimulación
French indirect taxation includes taxes on value (VAT, tax on insurance agreements, etc.) and, for some goods (alcohol, tobacco, petroleum products, etc.), duties on quantities consumed (or excise duties) which are added to VAT. For all goods, taxes and excise duties can represent a single implicit tax on value. Indirect taxation is a disproportionate burden on lower-income households, which spend a much higher proportion of their budgets on goods which are subject to excise duties than more affluent households. The first income decile spends 4.3% of its income on these taxes; the last decile just 1.3%. The measure of the impact of a reform (in the form of a change in rates or in excise duties by means of their implicit levels) assumes that we can model consumer responses to products which are subject to this type of taxation. To this end, for these products we estimate price-flexibilities and income-flexibilities which are then integrated into a micro-simulation model. These flexibilities are derived from supply functions estimated using •personalised” price indexes which in each major area of spending make use of differences in consumption patterns between different households. This aims to build variability into the price indexes. This model allows us to measure the impact of two measures, the first of which spaces out the VAT rates, while the second increases excise duties and reduces the rate of VAT (both reforms were drawn up using constant budget balances). Each gives rise to a tax burden transfer of limited extent, which favours low-earners in the first instance and disadvantages them in the second. The relative similarity of the average consumption profiles by income decile and the wide variation between consumer profiles within each decile lessen the impact of these reforms on redistribution. The Regressive Nature of Indirect Taxes: Lessons from a Micro-Simulation Model
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2008
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Langue Français

Extrait

L caractèr régrssif ds taxs indircts : ls nsignmnts d’un mdèl d micrsimulatin Niclas Ruiz* t Alain Tranny**
FISCALITÉ
La fiscalité indirecte française regroupe à la fois des taxes sur la valeur (TVA, taxe sur les conventions d’assurance, etc.) et, pour certains biens (alcools, tabacs, produits pétro-liers, etc.), des droits portant sur les quantités consommées (ou droits d’accises) qui s’ajoutent à la TVA. Taxes et droits d’accises peuvent se ramener pour tous les biens à un taux uniqueimplicitesur la valeur. La fiscalité indirecte pèse davantage sur les ménages modestes : ces ménages consacrent en effet une part beaucoup plus grande de leur bud-get aux biens soumis aux accises que les ménages aisés. Le premier décile acquitte ainsi 4,3 % de son revenu en ces taxes, le dernier décile simplement 1,3 %. La mesure de l’impact d’une réforme (prenant la forme d’une modification des taux ou des accises au moyen de leurs taux implicites) suppose de pouvoir disposer d’une modé-lisation des comportements des consommateurs vis-à-vis des produits soumis à ce type d’impôt. Pour cela, on estime pour ces biens des élasticités-prix et des élasticités-revenu ensuite intégrées à un modèle de micro-simulation. Ces élasticités dérivent de fonctions de demandes dont l’estimation utilise des indices de prix dits « personnalisés » qui tirent parti pour chaque grand poste des différences de structure de consommation entre les différents ménages, ceci afin de disposer d’une variabilité dans les indices de prix. Ce modèle permet de mesurer l’impact de deux mesures : la première espace les taux de TVA, la seconde augmente les accises en diminuant le taux de TVA, les deux réformes étant conçues à solde budgétaire constant. Chacune opère un transfert de charge fiscale d’ampleur limitée, favorable aux revenus modestes dans le cas de la première et à leur détriment pour la seconde. La relative similarité des profils de consommation moyenne par déciles de revenu et la forte hétérogénéité des profils de consommation au sein de chaque décile atténuent en effet l’impact de ces réformes en matière de redistribution.
* Idep, Vieille Charité, 2 rue de la Charité, 13002, Marseille. Courriel : nicolas.ruiz.eco@gmail.com  EHESS, Greqam-Idep, Vieille Charité, 2 rue de la Charité, 13002, Marseille. Courriel : alain.trannoy@eco.u-cergy.fr ** Cette étude prend son origine dans un travail mené au sein du Thema en collaboration avec Nathalie Picard pour une commande de l’Assemblée Nationale. Elle a connu de nouveaux développements lors du passage de Nicolas Ruiz à la DGTPE. Nous remercions Gérard Forgeot, Fabrice Pesin, Sébastien Raspiller, les participants au séminaire Fourgeaud ainsi que deux rapporteurs de la revue pour leurs commentaires qui ont permis d’améliorer ce travail.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 413, 2008
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L, r vene utune telt isounr  almap ecso ntsaoxmemsa21 e% 5,ganéd se dle messpdiibon la TVA acquittée par les ménages pesant à elle seule 74,4 milliards d’euros en 2001. La France se distingue d’ailleurs en la matière des autres pays européens par un poids relativement plus important de recettes fiscales provenant d’im-pôts indirects. Hormis leur importance budgé-taire, ceux-ci constituent également à la fois un outil redistributif, comme en témoigne l’insti-tution de taux réduits de TVA sur les produits de première nécessité, et un moyen d’incitation ou de correction d’un certain nombre d’effets externes environnementaux comme l’illustre la récente instauration d’un bonus-malus à l’acqui-sition de véhicules neufs selon leur degré d’émis-sion de CO2. Un certain nombre de réformes fiscales effectuées ces dix dernières années ont concerné les impôts indirects, comme la hausse de deux points de la TVA en 1995 partiellement compensée par une baisse d’un point en 2000 et l’application d’un taux réduit de TVA sur les travaux de rénovation des logements à partir de l’année 1999. La baisse éventuelle de la TVA dans la restauration et l’instauration d’une taxe sur les émissions de carbone ou d’une taxe éco-logique sous la forme d’une modulation des taux de TVA restent à l’ordre du jour. Le mécanisme de la TVA dite « sociale » c’est-à-dire le finan-cement de la protection sociale au moyen d’une augmentation de TVA a suscité une controverse sans que l’idée en ait été définitivement écar -tée. Enfin, la proposition d’une baisse du taux de la TVA sur le gasoil a été mise à l’étude par la commission européenne sous l’impulsion du gouvernement français. La décision de l’Alle-magne d’augmenter de trois points le taux de TVA au début de 2007 ne peut être passée sous silence, et ses répercussions sur les prix et la consommation sont examinées avec beaucoup d’intérêt. Pour pouvoir statuer sur toutes ces mesures en pleine connaissance de cause, il faut être capa-ble d’en évaluerex anteles conséquences redis-tributives et budgétaires. Chacune de ces réfor -mes est susceptible de bénéficier à certaines catégories de personnes ou de ménages, alors que d’autres seront des perdants nets. Ces effets ne seront pas les mêmes selon qu’on suppose que les agents modifient ou non leur compor -tement à la suite du changement du taux de la contribution indirecte. L’impact de tels chan-gements dépend ainsi des hypothèses sur les réactions de comportement. Face à une hausse de prix engendrée par une hausse de taxe, les ménages seront enclins à réduire leur consom-mation. Cet effet doit être pris en compte, non
seulement pour cerner au plus près les effets de redistribution, mais également pour pouvoir calibrer les paramètres de la réforme surtout si elle est pensée à moyens budgétaires constants. La difficulté d’équilibrer budgétairement le système de bonus-malus institué sur l’achat de voitures neuves selon la quantité d’émissions de CO2 démontre amplement la nécessité de disposer d’une modélisation des réactions de comportement. Pour calibrer au mieux une réforme de l’impo-sition indirecte, il apparaît donc nécessaire de disposer d’un modèle qui simule ses effets sur chaque type d’agent de l’économie. Le prin-cipe de la microsimulation consiste à revenir à l’unité élémentaire qui effectue des choix de comportement (il s’agit ici du ménage, mais dans un autre contexte ce peut être l’entreprise). La conception d’un modèle de microsimulation des taxes indirectes requiert trois éléments non exclusifs. D’abord, il faut disposer d’une base de données microéconomique contenant l’en-semble des caractéristiques sociodémographi-ques et économiques d’un échantillon représen-tatif de la population. Il faut ensuite procéder à une modélisation du système fiscal au plus proche des textes législatifs et réglementaires compte tenu des contraintes imposées par les données. Cette modélisation est initialisée pour les valeurs des paramètres fiscaux en vigueur à la période d’observation. Il faut enfin construire un modèle microéconométrique du comporte-ment des agents lorsqu’on désire que ce modèle de microsimulation incorpore des réactions comportementales. La microsimulation peut en effet être effectuée selon deux hypothèses. La première hypothèse ditesimulation comptable considère qu’une variation de prix des biens de consommation à la suite d’une modification des paramètres fiscaux n’affecte pas les choix de consommation des ménages. La deuxième hypothèse, plus conforme à la réalité mais plus ambitieuse, modélise les modifications des choix de consommation consécutifs à ces chan-gements de prix (simulation du comportement ou«comportementale»).1 Le développement récent de la microsimula-tion comme outil d’aide à la décision écono-mique (1) publique n’avait pas encore donné lieu à une application aux impôts indirects. Le modèle de microsimulation comportemental dont la construction est détaillée dans cet article 1. Pour une présentation générale des modèles de microsimu-lation utilisés dans les administrations publiques, se reporter au numéro spécial 160-161 de la revueÉconomie et Prévision.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 413, 2008
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