Les images de ?iva dans l Inde du Sud. - article ; n°1 ; vol.32, pg 99-138
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Description

Arts asiatiques - Année 1976 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 99-138
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Extrait

Marguerite E. Adiceam
Les images de Śiva dans l'Inde du Sud.
In: Arts asiatiques. Tome 32, 1976. pp. 99-138.
Citer ce document / Cite this document :
Adiceam Marguerite E. Les images de Śiva dans l'Inde du Sud. In: Arts asiatiques. Tome 32, 1976. pp. 99-138.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1976_num_32_1_1098LES IMAGES DE SIVA DANS L'INDE DU SUD
par M.-E. ÀDICEÀM
XV. - GANGÀDHARAMÙRTI(1>
Avec la forme de Siva « Porteur de la Ganga », nous retrouvons une murti à
riche substrat mythologique : elle illustre un des hauts faits du dieu où il apparaît
comme le seul et indispensable médiateur entre le ciel et la terre. Dans la série des
légendes concernant la Gangâ, son origine (2) et ses multiples aventures que narrent
épopées et maints Purâna (3), sa «venue » sur terre provoquée par Bhagïratha n'est
possible que par l'entremise de Siva. On sait en effet que les eaux de la Gangâ pouvant
seules purifier les cendres des soixante mille fils de son ancêtre Sagara et donc les
libérer du Pâtâla où elles se trouvent, Bhagïratha se livra à de longues et terribles
(1) La documentation a été réunie par le groupe de travail de l'Institut Français d'Indologic et de l'École
Française d'Extrême-Orient à Pondichéry, formé de MM. N. H. Bhatt, R. Dessigane, F. L'Hernault, Nilakanta
Sarma, P. Z. Pattabiramin et V. M. Subramanya Ayyar.
(2) Selon que les textes légendaires sont d'inspiration vishnouite ou sivaïte, l'origine et les vicissitudes
de la Gangâ diffèrent, non sans que souvent cependant les légendes ne se combinent et ne se mêlent. Il ne nous
est pas utile ici d'entrer dans ce dédale.
(3) Épopées: Mahâbhârata, Vanaparvan, adh. 108 et 109; Râmâyana, Bâlakânda sarga 42 et 43.
— Purâna: Mârkandeya, adh. 56, si. 1. 11 ; Visnu0, arasa II, adh. 8, él. 110-118 et IV, 4, 35 ; Visnudhar-
motlara, khanda I, adh. 19 ; Bhâgavata", IX, adh. 9, si. 1. 10 ; Brahmânda0, anusaiigapâda, adh. 18, si. 23-41 ;
Padma", Uttarakhanda, adh. 22, si. 10-16; Nârada», Purvakhanda, adh. 16, si. 101-107; SkandamaM0 ,
Venkatesvara Press, V, 2 (version du Nord), Avantikâkhanda, adh. 42, si. 10-12; Skandamahâ0 (version du
Sud), Daksakânda, adh. 24, et Kandapurânam (tamoul), VI, 13, 364-377 (cf. Légende de Skanda, IFI Pondichéry,
1967, pp. 199-200). Simple rappel de l'histoire dans : Kùrma", Pûrvârdha, adh. 21, si. 710 ; Brahma0, adh. 78 ;
Brahmavaivarta0 , Prakrtikhanda, adh. 7, si. 5 et 6.
— Upapurâna, d'après R. C. Hazra, Studies in the Upapurânas, Calcutta 1958 et 1963 : Bfhannâradîya0,
vol. I, pp. 316-17 ; Mahâbhâgavata0, ch. 66.71, vol. II, pp. 274 sq. ; Brhaddharma0 , Madhyakhanda, p. 412,
vol. II, pp. 420 sq., ch. 18-21.
Outre les textes légendaires où l'histoire est racontée plus ou moins longuement, cf. les résumés qu'en font,
G. N. Rao, Elements of Hindu Iconography, Vol. 2, Pt. I, pp. 313-15, G. Sivaramamurti, Some Aspects of Indian
Culture, New Delhi, 1969, pp. 20 sq., et « The story of the Gangâ and Amrta at Pattadakal » in Oriental Art,
1957, p. 21. ■
100 M.-E. AD I CE AM
austérités pour obtenir cette faveur de la Rivière Céleste. Celle-ci se laisse convaincre
mais la terre ne résisterait pas à la violence de sa chute si Siva n'acceptait d'en recevoir
le flot sur la tête avant de la laisser couler vers les mondes inférieurs.
Le schéma le plus simple de cet événement nous est donné dans le Mahâbhârala
(III, adh. 109) où nous voyons successivement la Gangâ descendre en tourbillons « avec
tous ses poissons » — dieux, sages, Vidyâdhara et Gandharva se précipitant pour la
voir au passage — , s'arrêter sur le front de Siva où elle ressemble à une « guirlande
de perles », puis couler de là vers la terre d'où elle suit Bhagïratha au Pâtâla. Siva
y est pur intermédiaire dont l'impassible et bienfaisante toute-puissance ressort
de la simplicité même du récit. Le Rdmâyana, lui, présente l'épisode comme une
sorte d'épreuve de force entre la Gangâ et Siva. Celle-là, furieuse de ce que Siva,
en acceptant sur les instances de Bhagïratha de la recevoir sur sa tête, a disposé
d'elle sans son consentement, forme l'arrogant dessein d'entraîner le dieu lui-même
dans l'impétuosité de sa chute. Pour châtier son outrecuidance, Siva n'a qu'à déployer
quelques tresses de son chignon : Gangâ s'y engouffre, et y perd son chemin ... 11
faut alors une autre pénitence de Bhagïratha pour que Siva délivre la rivière assagie,
voire conquise. C'est cette version que suivent un certain nombre de Purâna, qui
ne sont pas parmi les plus anciens (Brâhmânda0, Padma0 et Skandamahâ0 — version
du Sud — ). Le Visnudharmottara, ancien, et le Skandamahâpurâna (version du Nord),
tardif, conbinent eux, chacun à sa manière, les deux versions, mais dans l'un comme
dans l'autre, Gangâ se perd dans la chevelure de Siva, qui doit l'en libérer (1). Par
ailleurs dans trois des plus anciens Purâna (Mârkandeya0, Visnu° et Bhâgavata0) (2),
c'est dès le séjour des dieux que Siva porte la rivière sur sa tête et de là la laisse
couler pour complaire aux vœux de Bhagïratha.
Mais dans tous les cas c'est par le fait qu'il « porte la Gangâ » que Siva atteste
sa puissance et qu'il est, de l'aveu des dieux et de la Gangâ eux-mêmes, le seul à
pouvoir exaucer la requête de Bhagïratha : ce faisant — et c'est là l'essentiel — il
met à la disposition non seulement de ce dernier au profit de ses ancêtres, mais désor
mais de tous les vivants et de tous les morts, le moyen par excellence de purification
et de salut que sont les eaux de la Rivière sacrée. Trois vers d'un poème tamoul du
Sangam (3) rapproche avec une densité poétique remarquable ce double point de vue
des textes légendaires : Siva y est dit « Calatâri » (skr. Jaladhârin) : « Celui dont la
nature est de porter de l'eau » (épithète ordinairement attribuée dans la littérature
sanskrite aux nuages et aux montagnes, mais non point à Siva), et qui, en tant que
tel semble-t-il, « a ralenti et porté les grandes eaux déversées » par Brahmâ (4).
(1) Même disparition de Ganga dans la chevelure de Siva dans les Mahabhâgavata0 et Brhaddharmapurâna
— cf. note précédente — , Upapurâna assez tardifs : cf. R. C. Hazra, SU, II, pp. 273 sq. et 420 sq.
(2) Cf. aussi le Brahmâpurâna, adh. 73, si. 58.69 et adh. 78, si. 55-78.
(3) Pâripâlal, IX, 4-6. Cf. la traduction de F. Gros avec introduction et notes, IFI Pondichéry, 1968,
pp. 54 et 227.
(4) Selon la tradition la plus courante, la Gangâ n'est autre, à l'origine, que l'eau lustrale contenue dans
le kamandalu de Brahmâ. LES IMAGES DE SIVA DANS L'INDE DU SUD 101
On ne saurait s'étonner que cet épisode légendaire, si riche en valeur pittoresque
et symbolique, ait inspiré les poètes, Kâlidâsa tout le premier, mais aussi bien les
poètes tamouls du Tëvâram (fin vne-fm vine s.), qu'ils évoquent « la splendeur reten
tissante » (1) de la Rivière tombant sur la tête de Siva, sa disparition dans les tresses
du dieu (2), ou au contraire sa présence dans sa chevelure, telle une goutte de rosée (3),
une liane (4), ou une fleur (5) ; ou encore « Bhagïratha traînant le Gange tombé des
nattes de Hara » (6). Il est plus surprenant d'y voir apparaître un thème que ni les
épopées ni les Parana (7) ne suggèrent ici, celui de la jalousie de Pârvatï à la vue de
la Gangà dans la chevelure de son Seigneur.
C'est là, semble-t-il, un thème purement poétique qu'on trouve peut-être pour
la première fois chez Kâlidâsa : « Elle (Gangâ) avait fait se froncer les sourcils de
Gaurï car son écume était un sourire moqueur et ses vagues accrochées au croissant
de lune, les mains dont elle avait saisi la chevelure de Çambhu » (8). Si les poètes
tamouls du Tëvâram ne l'ont pas ignoré, ils ne l'ont cependant qu'exceptionnellement
évoqué : deux allusions seulement (9) parmi la dizaine de références explicites à la
légende de la descente sur terre de la Gangâ, alors que sont innombrables (10) les
évocations de Siva ave

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