Les images de ?iva dans l Inde du Sud. III et IV. - article ; n°1 ; vol.12, pg 83-112
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Description

Arts asiatiques - Année 1965 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 83-112
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Marguerite E. Adiceam
Les images de Śiva dans l'Inde du Sud. III et IV.
In: Arts asiatiques. Tome 12, 1965. pp. 83-112.
Citer ce document / Cite this document :
Adiceam Marguerite E. Les images de Śiva dans l'Inde du Sud. III et IV. In: Arts asiatiques. Tome 12, 1965. pp. 83-112.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1965_num_12_1_938IES IMAGES DE SIVA DANS L'INDE Dl] Sl)D
III et IV. - BHIKSATANAMOtTI et KAMÂLAMÎJRTI1'
par Marguerite E. ADICEAM
Contrairement à ce que nous avons vu pour Bhairava (M. E. Adiceam, Les images
de Siva dans l'Inde du Sud. II Bhairava, Arts As. XI, 2, p. 23-44), une « littérature »
abondante, tant légendaire que technique, a trait aux formes de Siva-ascète-mendiant
(bhiksâfana) et porteur-de-squelette (kankâla).
Diverses sont les sources légendaires. Un premier groupe de textes (2), dont le
KCirmapurâna est le plus explicite, établit une liaison étroite d'une part entre Bhairava
et ces deux miirli, d'autre part entre les deux mûrti elles-mêmes, qui apparaissent bien
plutôt comme deux aspects d'une même forme que comme deux formes différentes.
Elles ne sont en effet que la transformation assumée par Bhairava pour expier le crime
dont il s'est rendu coupable en coupant la cinquième tête de Brahman : condamné à
mendier dans le crâne (kapâla) de sa victime (3), Bhairava prend la forme d'un jeune
et bel ascète qui, au cours de sa tournée d'aumône (bhiksâlana), affole les femmes par
un charme irrésistible. Arrivé au séjour de Visnu, ce même jeune et séduisant kapâlin
tue le gardien, Visvaksena, qui lui en défend l'entrée, se charge de son cadavre (kan
kâla) et après avoir demandé à Visnu l'aumône du sang, continue son pèlerinage
expiatoire à Vârânasï où il se libère du kapâla et du kankâla, symboles de son double
crime, et disparaît, affirmant ainsi, aux yeux du monde et pour le salut de celui-ci,
son indiscutable transcendance (4).
(1) La documentation a été recueillie par le groupe de travail de l'Institut Français d'Indologie à Pondi-
chéry, formé de MM. N. R. Bhatt, R. Dessigane, Nilakantha Sarma et P. Z. Pattabiramin.
(2) Kûrmapurâna. Uttarakhanda 31 ; Skandapurâna (Avantikhanda 2 et 3), Padmapurâna (Srstikânda
14) ; Malsijapurâna (182, 83-100). Les trois derniers textes, beaucoup plus succincts, montrent seulement
£iva mendiant auprès de Vi^nu.
(3) Selon les Dharmaeastra, comme le fait remarquer G. N. Rao, Elements of Hindu Iconography, Madras,
1916. Vol. II Part I, p. 297 et suiv.
(4) Kûrmapurâna, Uttarakhanda 31, 72-108. 84 M. E. AD ICE AM
Dans un autre groupe de textes (1), Siva-jeune-ascète-mendiant n'est plus en
relation avec Bhairava meurtrier de Brahman ni ne se rend coupable du meurtre de
Visvaksena. Il s'agit là d'un autre épisode dans lequel nous voyons Siva apparaître
sous cette forme, nu et d'une étrange beauté, dans la « forêt des Dâru » où les Muni en
compagnie de leurs femmes se livrent à la plus dure ascèse : irrésistiblement séduites,
les femmes perdent toute retenue et les Muni, au comble de la colère, maudissent le
fauteur de tout ce trouble. La preuve est faite que leur ascèse est vaine, qui ne se
fondait en sa transcendante unicité, et Siva, après avoir, diversement selon les textes,
manifesté sa toute-puissance, n'a plus qu'à retourner au Kailâsa, rire avec Pârvatï.
Les textes techniques de leur côté (Âgama et êilpaéâslra) proposent parfois,
avant ou après la description des mûrti, des explications légendaires, le plus souvent
assez brèves et lâches, qui ont pour but d'en dégager, ou d'en rappeler, à la fois l'or
igine et la signification. C'est ainsi que dans VAmsumalkâsyapa (patala 77. 11-17),
Isvara (Siva) rapporte à Kâsyapa qu'après la victoire des Asura sur les Deva grâce à
l'aide de Brahman, ceux-ci implorèrent son propre secours et qu'alors, pour la victoire
des Deva, la destruction des Asura et l'avantage du monde, il tua Brahman. Mais le
crâne de celui-ci plongea le monde dans la terreur et pour l'en délivrer, Siva entreprit
une tournée d'aumône en vue de se libérer du kapâla. C'est encore, selon le môme texte
(pat. 75. 24-27a), pour affranchir le monde de la peur — et singulièrement de la peur
de la mort — que Siva porte le kankâla (sans que soit précisé quel il est), dont il sera
libéré à la fin de sa tournée d'aumône (bhiksânte). Tandis que V Ultarakâranâgama,
sans plus de précision, fait de la Kankâlamûrti une forme revêtue par Mahesa (Siva)
pour abattre l'orgueil de Brahman (pat. 78.1), le Dlptâgama, lui, après avoir distingué
(pat. 47.2) deux sortes de Bhiksâtana, la porteuse-de-crâne — kdpâla — d'une part
et la porteuse-de-squelette — kankâla — d'autre part, reflétant en cela le récit du
Kûrmapurâna, propose ensuite, pour la Kankâlamûrti, une légende inattendue
(pat. 47. 5-9) : le Rsi Nârada étant un jour tombé dans le Gange céleste, fut entraîné
par l'impétuosité du courant et précipité sur la tête de Siva. Y rebondissant alors, il
vient s'empaler sur le trident du dieu et meurt aussitôt !... C'est en expiation de ce
crime involontaire que, pour le maintien du monde, fut effectué le bhiksâtana.
Pour les sources tamoules (2), la forme de Bhiksâtana est en relation avec l'épisode
du Dârukavana, forme assumée par Siva pour éprouver les Muni selon le Tiruvilaiyâ-
laRpurânam (ch. 32-1) et le Kâricipurânam (ch. 40.5), ou, selon le Civaparâkkiramam
(1) Lingapurâna I, 28, 26-33 ; Vâmanapurâna, Ch. 43 — et 6 — ; Skandapurâna (Avantikhanda, Revâ-
khanda, adh. 38), Brahmândapurâna, I, 2-27, 1-129. Cf. Artibus Asiae, Vol. XXIV, 1961, p. 283-291 : Les images
d'un jeu de éiva à Khajuraho par Jean Filliozat, où nous avons la traduction du passage du Lingapurâna et le
résumé des autres textes cités dans cette note et la note 2.
(2) Cf. le T iruvilaiijâlaRpurânam d'après Les légendes des jeux de êiva à Madurai par R. Dessigane,
P. Z. Pattabiramin et J. Filliozat, IFI, Pondichéry, 1960, Ch. 32, 1-3 ; le Kâricipurânam d'après Les légendes
Civaïtes de Kâncipurum par les mêmes auteurs, IFI, Pondichéry, 1964, Ch.34, p. 13; le Civaparâkkiramam,
éditions de M. Viravêrpijiai, Madras, 1941 et de IrattiNavêlu Mutaliyâr, Madras, 1898. LES IMAGES DE SIVA DANS L'INDE DU SUD 83
(ch. 29 ou 31), pour les châtier, avec l'aide de Visnu transformé en Mohinï, d'oublier
son culte dans l'orgueil de leurs performances rituelles. C'est par contre à l'épisode de
Bhairava coupant la cinquième tête de Brahman qu'est rattachée la Kaiikâlamûrti
dans le Kâncipurânam (1) (ch. 34) : après avoir coupé la cinquième tête de Brahman,
Bhairava reçoit l'ordre, pour abaisser l'arrogance de Visnu, d'aller lui demander
l'aumône du sang. Il exécute cet ordre, sans qu'il soit signalé qu'il prenne une forme
d'ascète mendiant, et, arrêté à la porte de Visnu par Visvaksena, il l'enfile au bout de
sa pique (ch. 34, 26-29). Le Civaparâkkiramam de son côté (ch. 27) rattache cette
forme à l'épisode de Vâmana-Trivikrama : après avoir en deux pas dépossédé l'asura
Mahâbali des mondes terrestre et céleste, et dans un troisième l'avoir enfoncé dans les
abîmes, Vâmana (Visnu) dans son orgueil, voulut détruire les autres mondes, au grand
effroi des dieux qui implorèrent une fois de plus le secours de Siva. Celui-ci terrassa
alors Vâmana d'un coup de sa massue et, s'étant vêtu de sa peau, se fit une arme de
sa colonne vertébrale. Et le texte de spécifier : « l'aspect de Siva portant à la main
l'épine dorsale de Vâmana prit le nom de Kankâlamûrti. »
Ainsi les textes envisagés n'établissent pas tous un lien entre Bhairava et nos
deux mûrti non plus qu'entre ces dernières, certaines mêmes ignorent celle du kankâla.
D'autre part les circonstances légendaires diffèrent, parfois beaucoup, suivant les textes
et surtout pour celle du kankâla. Mais, quoi qu'il en soit de ces divergences, l'esprit qui
anime ces textes est le même : il s&#

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