Les propos sur la peinture de Shi Tao - Traduction et commentaire - article ; n°1 ; vol.14, pg 79-150
73 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les propos sur la peinture de Shi Tao - Traduction et commentaire - article ; n°1 ; vol.14, pg 79-150

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
73 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Arts asiatiques - Année 1966 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 79-150
72 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

Pierre Ryckmans
Les propos sur la peinture de Shi Tao - Traduction et
commentaire
In: Arts asiatiques. Tome 14, 1966. pp. 79-150.
Citer ce document / Cite this document :
Ryckmans Pierre. Les propos sur la peinture de Shi Tao - Traduction et commentaire. In: Arts asiatiques. Tome 14, 1966. pp.
79-150.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1966_num_14_1_959PROPOS SUR LA PEINTURE DE SHI TAO LES
TRADUCTION ET COMMENTAIRE
par P. RYCKMANS
Le traité de Shi Tao (1) occupe une place privilégiée dans l'ensemble des théories
chinoises de la peinture : il se situe tout à la fois au terme et au sommet d'une longue
tradition dont il rassemble les richesses essentielles ; puisant de manière syncrétique
aux diverses sources de la pensée classique, il donne à la théorie picturale la forme
d'une synthèse philosophique originale qui, de l'aveu général des critiques chinois et
occidentaux, constitue une des expressions les plus hautes et les plus complètes de
l'esthétique chinoise.
La difficulté de ce texte court et dense — dont je propose ici la première traduction
française — est à la mesure de son importance ; mais dans le cadre restreint d'un ar
ticle, il m'est évidemment impossible d'aborder toutes les questions soulevées par cet
ouvrage ; provisoirement, je me suis donc contenté de limiter ici mon commentaire
aux seuls problèmes philosophiques et esthétiques ; pour ce qui est des autres questions
(variantes textuelles, terminologie, biographie de Shi Tao), je me permets de renvoyer
le lecteur à une monographie que je ferai paraître ultérieurement.
Pour la transcription phonétique des noms chinois, je me suis conformé au sys
tème chinois, tel qu'il a été ratifié le 11 février 1958 par l'Assemblée Nationale à
Pékin.
(1) Shi Tao fé^ né en 1641 (?) mort après 1717 ; son nom véritable était Zhu Ruoji $$.%)&. ; souvent
désigné sous son nom monastique de Dao Ji jj|/,^. Les « Propos sur la Peinture » ^"lil^, rédigés h une
date inconnue, suivis d'une post-face de Zhang Yuan ^tk\7li datée de 1728, apparaissent pour la première fois
dans l'anthologie ty9~%-%?)!&%.% (1776), et sont repris ensuite, avec quelques variantes — peu nombreuses —
dans une vingtaine d'anthologies différentes. En 1961, on a découvert en Chine la version xylographique d'un
manuscrit de Shi Tao, intitulé « Manuel de Peinture » i &$ (édition fac-similé, Shanghai 1962) et portant la date
de 1710 ; le texte dans l'ensemble se présente comme une version abrégée et édulcorée des « Propos » ; s'agit-il
d'un premier état de la pensée de Shi Tao, dont les « Propos » représenteraient ensuite le développement et
l'approfondissement suprêmes, ou au contraire, d'un remaniement ultérieur des « Propos », — l'âge et la
notoriété ayant pu inciter Shi Tao à adopter un tour plus facile et abordable ? La question est actuellement
débattue ; personnellement je crois à l'ultériorité des « Propos » (je m'en expliquerai dans ma monographie)
— qui, dans cette hypothèse, devraient donc être considérés comme postérieurs à 1710. 80 PIERRE RYCKMANS
Pour quelques ouvrages plus fréquemment cités dans mon commentaire, je me
sers de diverses abréviations dont voici le tableau :
Congkan : Yu Anlan « Hualun Congkan » -f $ ;|j8 : ii&%4*[ (2 vol., 1937 ; rééd.
Pékin, 1960 ; également Taipei, 1962 — dans cette dernière édition le titre
a été transformé en tytfjh^i&ftijgéjjlo, et le nom de l'auteur a été omis.)
Leibian : Yu Jianhua « Zhongguo Hualun Leibian » ^[jfrl^- '■ ^JD^"^^^ (2 vol.,
Pékin, 1957.)
Lidai : Zhang Yanyuan « Lidai Ming Hua Ji » ^^i^, : ^H^^l"!^ (Je me réfère à
l'édition établie par Qin Zhongwen é^ityJL et Huang Miaozi ^^^, Pékin,
1963.)
Meishu : Deng Shi et Huang Binhong : « Meishu Congshu » %^, -^^tX- : ^%{1k^
(40 vol., Shanghai, 1928 ; rééd. Taipei, 1963.)
Yu : Yu Jianhua : «Shi Tao Hua Yulu » fâM% '• %%%M$& (pékin, 1959 ; rééd. 1932.)
Zhu : Zhu Jihai « Shi Tao Hua Pu » ^çjjp'fô '• y&:j$t^e$ (édition fac-similé du manuscrit
gravé de Shi Tao, suivie d'un commentaire de Zhu Jihai ; Shanghai, 1962.) PROPOS SUR LA PEINTURE DE SHI TAO 81 LES
Chapitre Premier
L'UNIQUE TRAIT DE PINCEAU
Dans la plus haute Antiquité (1), il n'y avait pas de règles ; la Suprême Simplic
ité (2) ne s'était pas encore divisée.
Dès que la Suprême Simplicité se divise, la règle s'établit (3).
Sur quoi se fonde la règle ? La règle se fonde sur l'Unique Trait de Pinceau (4).
L'Unique Trait de Pinceau est l'origine de toutes choses, la racine de tous les
phénomènes ; sa fonction est manifeste pour l'esprit, et cachée en l'homme, mais le
vulgaire l'ignore.
C'est par soi-même que l'on doit établir la règle de l'Unique Trait de Pinceau.
Le fondement de la règle de l'Unique Trait de Pinceau réside dans l'absence de
règles qui engendre la Règle ; et la Règle ainsi obtenue embrasse la multiplicité des
règles (5).
La peinture émane de l'intellect (6) : qu'il s'agisse de la beauté des monts, lleuves,
personnages et choses, ou qu'il s'agisse de l'essence et du caractère des oiseaux, des
bêtes, des herbes et des arbres, ou qu'il s'agisse des mesures et proportions des viviers,
des pavillons, des édifices et des esplanades, on n'en pourra pénétrer les raisons ni
épuiser les aspects variés, si en fin de compte on ne possède cette mesure immense de
l'Unique Trait de Pinceau (7).
Si loin que vous alliez, si haut que vous montiez, il vous faut commencer par un
simple pas (8). Aussi, l'Unique Trait de Pinceau embrasse-t-il tout, jusqu'au lointain
le plus inaccessible et sur dix mille millions de coups de pinceau, il n'en est pas un
dont le commencement et l'achèvement ne résident finalement dans cet Unique
Trait de Pinceau (9) dont le contrôle n'appartient qu'à l'homme.
Par le moyen de l'Unique Trait de Pinceau, l'homme peut restituer en miniature
une entité plus grande sans rien en perdre ; du moment que l'esprit s'en forme d'abord
une vision claire, le pinceau ira jusqu'à la racine des choses (10).
Si l'on ne peint d'un poignet libre (11), des fautes de peinture s'ensuivront ; et
ces fautes à leur tour feront perdre au poignet son aisance inspirée. Les virages du
pinceau doivent être enlevés d'un mouvement, et l'onctuosité doit naître des mouve
ments circulaires, tout en ménageant une marge pour l'espace. Les finales du pinceau
doivent être tranchées, et les attaques incisives. Il faut être également habile aux
formes circulaires ou angulaires, droites et courbes, ascendantes et descendantes ;
le pinceau va à gauche, à droite, en relief, en creux, brusque et résolu, il s'interrompt
abruptement, il s'allonge en oblique, tantôt comme l'eau, il dévale vers les profondeurs, 82 PIERRE RYCKMANS
tantôt il jaillit en hauteur comme la flamme, et tout cela avec naturel et sans forcer
le moins du monde (12).
Que l'esprit soit présent partout, et la règle informera tout ; que la raison pénètre
partout, et les aspects les plus variés pourront être exprimés. S'abandonnant au gré
de la main, d'un geste, on saisira l'apparence formelle aussi bien que l'élan intérieur
des monts et des fleuves, des personnages et des objets inanimés, des oiseaux et des
bêtes, des herbes et des arbres, des viviers et des pavillons, des bâtiments et des espla
nades, on les peindra d'après nature ou l'on en sondera la signification, on en exprimera
le caractère ou l'on en reproduira l'atmosphère, on les révélera dans leur totalité ou on
les suggérera elliptiquement (13).
Quand bien même l'homme n'en saisirait pas l'accomplissement, pareille peinture
répondra aux exigences de l'esprit.
Car la Suprême Simplicité s'est dissociée, aussi la Règle de l'Unique Trait de
Pinceau s'est établie. Cette Règle de l'Unique Trait de Pinceau une fois établie»
l'infinité des créatures s'est manifestée. C'est pourquoi il a été dit : « Ma voie est
celle de l'Unité qui embrasse l'Unive

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents