Note sur un plateau de laque attribué à l époque Yuan - article ; n°1 ; vol.15, pg 51-64
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Description

Arts asiatiques - Année 1967 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 51-64
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michèle Pirazzoli-t'Serstevens
Note sur un plateau de laque attribué à l'époque Yuan
In: Arts asiatiques. Tome 15, 1967. pp. 51-64.
Citer ce document / Cite this document :
Pirazzoli-t'Serstevens Michèle. Note sur un plateau de laque attribué à l'époque Yuan. In: Arts asiatiques. Tome 15, 1967. pp.
51-64.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1967_num_15_1_967NOTE SUR UN PLATEAU DE LAQUE
ATTRIBUÉ A L'ÉPOQUE YUAN
par M. PIRAZZOLI-T'SERSTEVENS
Le musée Guimet vient d'enrichir sa collection de laques chinois par l'acquisition
d'un plateau sculpté, vraisemblablement du xive siècle (1).
Ce plateau en laque noir-brunâtre est de forme ronde, au bord découpé en huit
accolades. Le pied, également en huit accolades, est surélevé de 6 mm. Le dessus de la
pièce est décoré de deux phénix volant au milieu de pivoines et de feuillage, sculptés en
laque noir sur un fond de laque rouge. Le plumage des oiseaux, les pétales et pistils des
fleurs, les nervures des feuilles sont rendus par un jeu très varié de fines gravures.
L'épaisseur du décor sculpté, d'environ 2 mm., est constituée par de minces couches
de laque superposées, au-dessus de la base de laque rouge qui recouvre l'âme en bois.
Le revers du plateau est orné, sur chaque section en accolade, d'un motif de
volutes dont le dessin est souligné par une ligne rouge affleurant par endroits à la
surface. Cette ligne est donnée par une couche intercalaire de laque rouge placée à peu
près au milieu des couches successives de laque noir.
La surface de la base est striée de longues craquelures parallèles. Au centre de la
base, une marque a été gravée en caractères « zhuan » : -j^_ ïp- JM- |f] « Tai-ping
xing-guo », nom d'ère qui correspond au début du règne de l'empereur Tai-zong des
Song (976-983). Cette marque semble avoir été ajoutée à une date postérieure.
Ce plateau, outre son immense valeur documentaire, est dans un état de préser
vation parfait qui met bien en valeur la beauté du dessin, l'extrême équilibre de la
composition et le chatoiement de la matière accentué par un modelé particulièrement
souple et gras (PI. I, II, III).
La technique est celle des laques « ti-xi » ^ij 7h (« guri » en japonais), terme
qui s'applique à un groupe de laques sculptés dont les couches alternées de couleur
différente sont utilisées pour former un motif décoratif. Le dessin est généralement
composé de volutes ou de spirales (ici le décor du revers), mais le terme chinois de
ti-xi peut être également employé pour désigner des laques noirs sculptés (avers du
plateau), par opposition à l'appellation « ti-hong » ^'J ^i. réservée aux laques
(1) MA 2860, D. 26, 5 cm. 52 M. PWAZZOLI-rSERSTEVENS
rouges sculptés. Le nombre de couches peut être important, cinq ou six de chaque
couleur, noir et rouge, ou plus. Dans les cas extrêmes, il peut n'y avoir qu'une couche
rouge entre deux couches noires.
La technique des laques sculptés est peut-être apparue en Chine dès l'époque
des Cinq Dynasties (907-959) ou même dès la fin des Tang. Des fouilles récentes ont
mis au jour dans une tombe de la province du Sichuan, datée de 912 (1), un plat laqué
sur une âme d'argent et de plomb. Le laque était posé sur la partie externe du plat,
c'est-à-dire sur la face en plomb de l'Ame ; ce laque, très abîmé, semble avoir été
rouge et sculpté. La face interne du plat n'était pas laquée, mais recouverte d'un
mince feuille d'or dont les motifs ajourés de deux phénix volant au milieu de rinceaux
se détachaient sur le fond d'argent. De plus, dans un texte chinois du ixe siècle, le
terme de xi-pi ffî; j^ est utilisé pour décrire un type de laque composé de couches
de différentes couleurs qui, une fois sculptées, formaient des motifs décoratifs. C'est
exactement la technique des laques sculptés et des laques marbrés. Or des pièces
d'armures décorées de dessins taillés dans les couches de laque qui recouvraient une
âme de cuir, ont été retrouvées par Sir Aurel Stein à Fort-Miran au Turkestan oriental,
et sont datées du vme ou ixe siècles (British Museum).
Aucun laque sculpté datant des Song (960-1279) n'est parvenu jusqu'à nous,
mais le terme de « guri » apparaît dans des catalogues japonais du xive siècle, dans
celui de la collection de l'Enkakuji de Kamakura, par exemple, daté de 1363
( ^lx $ f& JÙ 3*1!) § ^^ Futsu nichi-an ko mokuroku). Il semble, d'après ce catalogue,
qu'il y ait eu des pièces sculptées à cette époque au Japon, vraisemblablement import
ées de Chine.
Plusieurs laques sculptés sont actuellement attribués à l'époque Yuan (1280-
1367) ; on peut les diviser en trois groupes. Le groupe A comprend des laques noirs
entièrement sculptés de spirales sur une Ame de bois, ainsi une grande boîte à encens
reproduite dans Sekkai Bijutsu Zenshû vol. 16, PI. 89 (Tokyo, Kadokawa 1965)
(PI. IV), et une boîte ronde (D. 14,5 cm., H. 6,5 cm.) qui appartient au musée du
Anhui, en Chine (2). Le décor, sur le couvercle et autour de la base, est composé de
trois groupes de larges volutes en laque noir avec trois couches de laque rouge
alïleurant en lignes fines. L'épaisseur de la sculpture, très grasse, atteint 1 cm. par
endroits. Sur la base, près du bord, sont gravés trois caractères ^-^ JJH i^
(Zhang Cheng zao) « fait par Zhang Cheng ». On sait que Zhang Cheng et Yang Mao
étaient deux laqueurs célèbres de l'époque Yuan, connus surtout, d'après les textes,
pour leurs pièces rouges sculptées. Aucun objet portant leur signature n'a encore été
trouvé au cours de fouilles ; par contre, leur nom apparaît gravé sur des laques
postérieurs ; leur signature ne pourra donc être une preuve d'authenticité tant que
manqueront des pièces datées de façon sûre et marquées de leur nom.
(1) Cf. rapport sur la tombe de Wang Jian, Wen Wu, 1961, n° 11, pp. 46-17, fig. 3.
(2) Cf. Wen-wu can-kao zi-liao, 1957, n° 7, p. 32. SUR UN PLATEAU DE LAQUE ATTRIBUÉ A VÉPOQUE YUAN 53 NOTE
Ces deux boîtes en ti-xi se distinguent des pièces Ming à volutes par l'espacement
des motifs laissant jouer le fond, la liberté, la rondeur et une certaine irrégularité
d'épaisseur du décor. Elles se rapprochent des argenteries Song et particulièrement
d'une bouteille en argent découverte dans une tombe à Deyang au Sichuan (1). Cette
bouteille munie d'un couvercle (H. totale 21 cm.) est décorée de spirales symétriques
en registres successifs, travaillées au repoussé (PI. V). La même technique apparaît
sur une petite boîte ronde en argent ornée de volutes provenant d'une tombe des Song
du Sud à Hangzhou (2).
Le second groupe (B) est illustré par deux pièces en laque rouge sculpté. L'une,
conservée au Shôjuraigô-ji (Shiga) est un plateau orné de trois iris et de grandes
feuilles, selon une composition très large qui occupe toute la surface de l'objet, mais
très aérée aussi, mettant en valeur la sculpture qui se dégage sur le vide du fond
(PI. VI). Le rendu réaliste des plantes est très proche de celui du plateau de Guimet.
Les mômes caractéristiques se retrouvent sur un plat en laque rouge dont la base
est en laque noir, rapporté de Nankin au Musée du Palais impérial de Pékin en 1956 (3)
(PI. VII). Le plat, de forme identique au précédent, est décoré d'un camélia entouré
de feuilles et de trois boutons. Le style de gravure des pétales et nervures est le même
sur les deux pièces de cette catégorie. Le bord externe du plat est orné de volutes
(PI. VIII) tout à fait semblables à celles du plateau acquis par le musée Guimet.
Enfin la catégorie C introduit au milieu des fleurs et des feuilles deux oiseaux
volant. Quatre pièces sont représentatives, parmi lesquelles le plateau qui fait l'objet
de cette note. La première est conservée au Kôrin-in de Kyoto (PI. IX). Il s'agit d'un
plateau rond décoré en laque rouge sculpté de camélias et de deux faisans volant au
milieu des feuillages. Le second exemple est un plat rond sculpté en laque noir de deux
p

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