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01 janvier 1965
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Jean Boisselier
Précisions sur quelques images khmères d'Avalokiteśvara. Les
bas-reliefs de Bantãy Čhmàr.
In: Arts asiatiques. Tome 11 fascicule 1, 1965. pp. 73-89.
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Boisselier Jean. Précisions sur quelques images khmères d'Avalokiteśvara. Les bas-reliefs de Bantãy Čhmàr. In: Arts
asiatiques. Tome 11 fascicule 1, 1965. pp. 73-89.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1965_num_11_1_916SIR QUELQUES IMAGES KHMÈRES D'AVALOKITESVARA PRÉCISIONS
LES BAS-RELIEFS DE BANTÂY CHMÀR. (1)
par J. BOISSELIER
La place éminente occupée par Avalokitesvara dans le panthéon mahâyânique
de l'ancien Cambodge est trop connue pour qu'il soit besoin d'y insister. Son impor
tance est autant soulignée par la fréquence des allusions épigraphiques que par le
nombre des pièces archéologiques recensées. Les images khmères d'Avalokitesvara
n'ont pourtant été étudiées, brièvement, que par L. Finot dans le bel article, Lokesvara
en Indochine, paru dans le premier volume des Études Asiatiques publiées en 1925 pour
le 25e anniversaire de l'École Française d'Extrême-Orient (pp. 227-256). Indépendam
ment de quelques recherches qui concernent les seules images préangkoriennes (2),
aucun travail récent n'a été consacré aux Avalokitesvara khmers dont l'iconographie
paraît, dans la période angkorienne, assez déroutante et pour lesquels l'épigraphie
ne mentionne nul texte de référence.
L'étude de L. Finot, fort méritoire pour la date à laquelle elle a paru, présente
le défaut de traiter du problème d'Avalokitesvara dans un cadre assez artificiel, mais
qui n'est autre que celui où s'exerçaient les activités de l'École Française d'Extrême-
Orient, à la fois trop vaste, puisque s'y trouvent arbitrairement associés Cambodge
et Champa (3), et trop étroit, le reste de la Péninsule indochinoise, Siam et
surtout Péninsule Malaise dont le sol a livré des images d'un haut intérêt inconogra-
(1) Cette étude a fait l'objet d'une communication à la Société Asiatique le 12 janvier 1962.
(2) Les AvalokitesVara préangkoriens ont été décrits, pour la plupart, par P. Dupont, La slaluuire pré-
angkorienne, Artibus Asias, suppl. XV, Ascona, 1955. Des études particulières ont été consacrées, plus récemment,
à l'AvalokitesVara de Rach-gia : L. Malleret, La statue de Lokeêvara de la collection Didelot, Arts asiatiques, t. I,
4 (1954), pp. 219-262 ; J. Boisselier, A propos d'un bronze cham inédit d'Avalokiiesvara, Arts t. IV,
4 (1957) : Quelques images préangkoriennes, V Avalokileèvara de Râch-gja, pp. 268-272. Citons, pour la période
angkorienne, une étude de V. Goloubew: Le cheval Balâha, DEFEO, XXVII, pp. 224-237, où les hypothèses
concernant le relief de l'extrémité nord de la Terrasse royale d'Ankor Thom et les divinités à tête de cheval
paraissent peu fondées.
(3) L'iconographie d'AvalokitesVara suit des traditions différentes au Cambodge et au Champa. De plus,
au moment où L. Finot publiait son étude, on ne possédait encore, pour le Champa, que quelques textes mais
aucune image. Les seules que nous connaissions aujourd'hui sont, à l'exclusion d'une tête trouvée à Trà-kiêu,
antérieures à 920 A. D. Aucun parallèle ne saurait donc être établi avec les images angkoriennes dont les plus
anciennes ne remontent qu'à la seconde moitié du xe s. '
74 J. BOISSELIER
phique et plastique (l), s'en trouve exclu. Un autre défaut de l'étude, dont ne saurait
aucunement être tenu pour responsable son auteur, est que l'analyse des pièces khmères
y demeure tributaire de la chronologie alors admise qui plaçait, en bloc, tous les monu
ments du règne de Jayavarman VII (1181-ca. 1218 A. D.) aux environs de 900 de
notre ère. Bantày Chmàr, dont nous nous proposons d'étudier quelques images, se
trouvait ainsi attribué au règne de Yasovarman I, le fondateur de la première Arikor,
et devenait l'un de « ses » Saugatâsrama... M. G. Coedès nous a montré depuis que
Bantày Chmàr devait être inscrit à l'inventaire monumental de Jayavarman VII et
que Yasovarman I n'avait fondé qu'un seul Saugatâsrama, lequel devait être situé
aux environs immédiats du Bàrày oriental d'Ankor (2).
Quoi qu'il en soit, c'est à L. Finot que revient le mérite d'avoir attiré l'attention
sur la série iconographique de la partie sud de la galerie ouest de Bantày Chmar et
d'avoir considérablement amélioré la première description qu'en avait donnée, en
1910, H. Parmentier dans le Bull, de l'École Française d Exlrême-Ovienl (X, p. 216 sqq.).
Il s'agit de huit grandes figures d'Avalokitesvara, hautes d'environ deux mètres (3),
toutes sous des aspects extra-humains, avec de une à, peut-être, seize têtes et de quatre
à trente-deux bras.
Le choix du nombre des images, huit, avait intrigué L. Finot et l'avait conduit
à songer aux « huit périls » tout en reconnaissant que, sauf dans deux cas, les bas-
reliefs « ne contiennent aucune scène comportant une telle signification». Encore
que la limitation de la série à huit figures demeure une énigme, nous ne pensons pas
qu'elle doive, nécessairement, être rapprochée des « huit miracles » popularisés par
l'iconographie indienne. Les « huit périls » ou les « huit » bien connus dans
l'art du Màharàstra sont généralement groupés autour d'une unique image du
Bodhisattva et non répartis, comme à Bantày Chmàr, autour de figures distinctes.
Ces « huit miracles » semblent d'ailleurs ne constituer qu'un choix parmi les douze
énumérés dans le Saddharmapundarïka sûlra ou les onze du Lokesvara salakam.
Enfin, l'identification proposée pour les scènes de Bantày Chmàr numérotées 3 et 7
par L. Finot, « la maladie » et « l'inondation », ne semble pouvoir être retenue. Ainsi
qu'il ressort de l'étude que nous présentons plus bas, il s'agirait vraisemblablement,
scène 3, d'une « résurrection » des morts sauvés par Avalokitesvara et prêts à être
transportés dans l'Univers Sukhâvatï (Terre d'Amitâbha) et, scène 7, de l'entrée
d'Avalokitesvara dans l'enfer Avïci.
Les impossibilités auxquelles se sont jusqu'à présent heurtées toutes les tentatives
d'interprétation des bas-reliefs de Bantày Chmàr paraissent avoir une double cause.
(1) Spécialement les AvalokitesVara provenant de la région de C'aiya, cf. G. Cœdès, Les collections archéo
logiques du Musée de Bangkok, Ars Asiaiica, XII, Paris — Bruxelles, 1928.
(2) G. Cœdès, Éludes cambodgiennes : XIX, La date du Bàyon, BEFEO XXVIII, p. 81 sqq. ; XXX, A la
recherche du Y a sod hard s rama, BEFEO XXXII, p. 84 sqq.
(3) Nous disposons de la série de photographies prise par le Général de Beylié, format 13/18, la plus
ancienne et la meilleure, d'une série de VEFEO, 18/24, généralement moins nette, et d'une série 6/6 prise en 1951
au cours de notre mission. LES BAS-RELIEFS DE BANTAY CHMAR 75
On a, d'une part, tout naturellement, pensé identifier les Avalokitesvara en utilisant
les données des Sâdhana (réalisations), « recueils de conjuration magique » (A. Foucher),
« exposés précis des caractéristiques iconographiques, des attributs, des syllabes
représentatives des Buddha et divinités et des formules qui leur correspondent »
(J. Filliozat). Or, si un certain nombre de Sâdhana étudiés par A. Foucher,
B. Bhattacharya, M. Th. de Mallmann, donne bien des descriptions détaillées d'images
du Bodhisattva, force est de reconnaître qu'aucune de celles-ci ne correspond à notre
série. On a, d'autre part, davantage tenté d'expliquer les scènes par l'analyse des
figurations d 'Avalokitesvara que par l'analyse des scènes elles-mêmes. Il faut reconnaît
re qu'au temps où L. Finot rédigeait son étude, rares étaient les textes accessibles.
Les possibilités se sont accrues dans d'assez notables proportions, grâce surtout à la
parution