Recherches sur le premier art khmer. - article ; n°1 ; vol.33, pg 25-56
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Description

Arts asiatiques - Année 1977 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 25-56
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mireille Bénisti
Recherches sur le premier art khmer.
In: Arts asiatiques. Tome 33, 1977. pp. 25-56.
Citer ce document / Cite this document :
Bénisti Mireille. Recherches sur le premier art khmer. In: Arts asiatiques. Tome 33, 1977. pp. 25-56.
doi : 10.3406/arasi.1977.1110
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1977_num_33_1_1110■
RECHERCHES
SUR LE PREMIER ART KHMER
par Mireille BÉNISTI
VIL - LE PROBLÈME DE SAMBOR S. 1
Le monument central du Groupe Sud de Sambor Prei Kuk, répertorié S. 1,
appelle une considération particulière. La motivent déjà la grandeur de ce sanctuaire-
tour (fig. 1 et 2), l'importance de son ornementation, sa situation au centre d'un
enclos ceint de murs à gopura doublés d'une enceinte extérieure, le fait qu'il est
précédé d'un édifice à mandapa (S. 2) et qu'il est flanqué d'édifices octogonaux
symétriquement disposés (S. 7, S. 8, S. 9, S. 10, S. 11) (1). Il suscite, en outre, un
problème qu'il convient d'étudier. Certains, en effet, le considèrent comme un témoin
de l'art d'Isânavarman Ier, fondateur en ce lieu, dans le premier tiers du vne siècle
de notre ère, d'Isânapura, capitale du royaume khmer. Mais cette estimation est
encadrée de deux autres, fortement divergentes : l'une recule cette ancienneté
jusqu'aux premiers temps de l'art d'ïsânavarman, l'autre la met en doute et se réfère
à l'art de la fin du vme siècle.
Voyons brièvement quelles furent les opinions qui se succédèrent sur ce sujet.
En 1927 H. Parmentier écrivait : « Le groupe Sud, à la réserve peut-être de la
tour centrale S. 1 et du sanctuaire S. 9, paraît avoir été exécuté d'un seul jet. Il est
marqué du règne d'ïsânavarman I, dont on connaît deux dates : 616, 626 » (2). Plus
tard (3), il observa à propos d'un linteau de S. 1 que celui-ci « paraît dériver d'assez
loin » du linteau à makara. En somme, cet auteur a estimé que le groupe Sud de
1 Plan du site de Sambor Prei Kuk dans H. Parmenlier, L'art khmer primitif (abrégé en AKP), 2 tomes,
1927, ou dans M. Bénisti, Rapports entre le premier art khmer et l'art indien, 2 tomes, 1970 voir II, fig. 4'. A
noter : S. 9 n'a pas de symétrique.
2' H. Parmentier, AKP, I, p. 52.
,3. H. Complément à l'AKP, BEFEO, XXXV, fabc. 1, 1936, p. 76. ■
1
26 MIREILLE BÉNISTI
Sambor ressortit à l'art d'ïsânavarman mais qu'il ne semble pas homogène et que
S. 1 pourrait être, vu ses linteaux, postérieur à d'autres monuments de cet art.
Ph. Stern, et à sa suite G. de Coral Rémusat, — auxquels nous devons l'établi
ssement de la séquence des styles khmers — , rangèrent globalement le Groupe Sud
de Sambor Prei Kuk dans le «style de Sambor», en y comprenant donc S. 1, bien
qu'ils y reconnussent des singularités stylistiques (1).
En 1944, R. Dalet estima, d'après ses propres observations, que « Sambor S. 1
doit être sérieusement rajeuni et passer après le style de Kompon Prah » (2).
Publiant en 1952 les inscriptions de Sambor Prei Kuk, G. Cœdès fit observer,
à propos du Groupe Sud, que « l'épigraphie tend à le dater tout entier du règne
d'Içânavarman Ier» (3).
Enfin, P. Dupont, étudiant les linteaux khmers du vne siècle, jugea que ceux
de S. 1 sont à placer « dans les débuts du style de Sambor » (4).
Nous verrons, au fur et à mesure que se poursuivra notre propre examen, les
considérations stylistiques sur lesquelles nos prédécesseurs se sont fondés, et nous
en discuterons en détail. Mais il convient de faire, sans attendre, une remarque
préliminaire sur la position de G. Cœdès et sur la double épigraphe qu'il a publiée.
Cet auteur écrit : « En se basant strictement sur les données épigraphiques et
en faisant abstraction de toute considération archéologique ou stylistique, on peut
attribuer au règne d'Içânavarman Ier l'enceinte extérieure et les portes de S., (...) le
mandapa de S. 2 et, par voie de conséquence, la tour S. 2 elle-même avec S. 1 dont
elle est une dépendance. Le groupe S. ne comportant aucune inscription postérieure
au vne siècle, l'épigraphie tend à le dater tout entier du règne d'Içânavarman Ier. »
Et « Pour des raisons purement stylistiques », H. Parmentier (Art khmer primitif,
I, p. 52) écrit que « le groupe S. paraît avoir été exécuté d'un seul jet » (5). Rappelons
que la grande inscription du Groupe Sud, qui mentionne le roi Isânavarman, est
gravée, avec variation dans la disposition des stances, tant sur la porte orientale
de l'enceinte extérieure (K. 440) que sur la dalle du mandapa de S. 2 (K. 442) (6).
Ce n'est alors, comme G. Cœdès le dit lui-même, que « par voie de conséquence »
qu'on a supposé du même niveau chronologique que le mandapa : d'abord la tour S. 2
qui l'abritait (et qui est très ruinée), ensuite le sanctuaire S. 1 dont la tour S. 2 « est
une dépendance ». Nous estimons qu'il sied de bien prendre conscience de ces inferences
successives. Le sanctuaire S. 1 n'est pas le support de l'inscription et il n'y a donc
pas lien direct entre les deux. G. Cœdès l'a si bien senti qu'il présente son hypothèse
(1' Ph. Stern, Hariharàlaya el Indrapura, IlEFEO, XXXVIII, fasc. 1, 1939, p. 176-177. G. do Coral
Rémusat, L'art Khmer. Les grandes étapes de son éiolution, 1940, p. 46-47, p. 56.
(2' R. Dalet, Mote sur les styles de Sambor Prei Kuk, de Prei Kmen, de Kompon Prah et du Kulen,
Bulletin de la Société des Études Indochinoises, XIX, 2, 1944, p. 22.
31 G. Cœdcs, Inscriptions du Cambodge, 8 tomes, 1937-1966, IV, p. 4.
41 P. Dupont, Les linteaux khmers du vne siècle, Artibus Asiae, XV, 1/2, 1952, p. 42.
i5i G. C.crdès, Inscriptions..., IV, p. 4, lignes 18 à 23 et note 5.
^ 6 G. Cœdès. IV, p. 5 sq. et p. 11 sq. SUR LE PREMIER ART KM Eli 27 RECHERCHES
« en se basant strictement sur les données épigraphiques » et qu'il la complète par
une référence à H. Parmentier, lequel s'est appuyé sur « des raisons purement stylis
tiques ». Mais sa référence est incomplète, ce qui en fausse l'interprétation. Selon lui,
en effet, « Parmentier écrit que le groupe S. paraît avoir été exécuté d'un seul jet ».
Or, en réalité, cet auteur a écrit : « Le groupe S., à la réserve peut-être de la tour
centrale S. 1 et du sanctuaire S. 9, paraît avoir été exécuté d'un seul jet ». La différence
est importante — et elle porte notamment sur S. 1...
Dans le problème soulevé au sujet de Sambor S. 1 nous allons alors, et une fois
de plus, demander au décor architectural qui, lui, fait partie intégrante du monument,
de nous apporter, grâce au jeu des comparaisons, les informations qui pourraient
permettre sa solution. Nous allons examiner, le plus à fond qu'il nous sera possible,
les linteaux et les colonnettes — qui ont déjà fait l'objet de certaines remarques de
la part de nos devanciers — et aussi la décoration des pilastres, de la base et du
soubassement, enfin les représentations d'édifice.
Linteaux
La tour-sanctuaire Sambor S. 1, construite en briques, fut dotée de quatre
linteaux décoratifs en grès. Trois sont encore en place, au-dessus de l'entrée orientale
et des fausses-portes Nord et Sud ; le quatrième, qui surmontait la fausse-porte Ouest,
est actuellement conservé au Musée de Phnom Penh (1).
Dans le linteau oriental (fig. 3) l'arc est plat, à quatre courbures faiblement
marquées et dessinant une ondulation ; il est chargé, aux trois points d'inflexion,
de figurines en haut relief. Immédiatement au-dessous de l'arc ondule également le
corps d'un nâga dont la tête multiple, en chaperon, se redresse en couvrant l'extrémité
de l'arc (à dextre ; l'autre côté est ruiné). Le champ subjacent est occupé par une scène
à personnages s'enlevant en haut-relief : au centre, on voit Indra tenant le vajra
et ayant à sa droite des hommes dont l'un est auréolé d'un chaperon de nâga, à sa
gauche des femmes aux formes plantureuses dont l'une porte un coffret (2). Sur le
côté non érodé du linteau, un tailloir de c

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