Techniques de composition de l espace dans l Ippen hijiri-e [Rouleaux peints du moine Ippen] - article ; n°1 ; vol.56, pg 91-109
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Techniques de composition de l'espace dans l'Ippen hijiri-e [Rouleaux peints du moine Ippen] - article ; n°1 ; vol.56, pg 91-109

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Description

Arts asiatiques - Année 2001 - Volume 56 - Numéro 1 - Pages 91-109
Après une présentation générale de l'Ippen hijiri-e (rouleaux peints du moine Ippen), œuvre japonaise de la fin du XIIIe siècle, cet article expose les techniques de composition de l'espace choisies par les auteurs de l'Ippen hijiri-e. Ces techniques (construction frontale en raccourci vue de haut, hauteur de point de vue changeante, perspective inversée et à plusieurs points de vue, impression de relief par superpositions, coupure des images, disposition de la brume, différentes expressions de l'écoulement du temps) associent avec succès des procédés du yamato-e et de la peinture chinoise des Song du Sud et des Yuan, ainsi qu'une adaptation à l'ambiance de l'œuvre et à l'époque de Kamakura, qui privilégie le réalisme pictural. Ces techniques, leur adaptation, et l'atmosphère générale des illustrations qui en résulte, font penser que l'œuvre a été réalisée avec la participation active de courtisans, peintres professionnels ou amateurs.
After a general presentation of the Ippen hijiri-e scrolls (scrolls of the monk Ippen), a Japanese masterpiece achieved at the end of the 13th century, this article exposes the techniques of space composition adopted by the Ippen hijiri-e's painters. These techniques (foreshortened construction in the front with a high viewpoint, changing levels of viewpoint, inverse perspective with several viewpoints, reliefs expressed by superimpositions, off-centre subjects, the presence of fog, and different ways of expressing the passing time) successfully associate yamato-e's techniques, Chinese painting techniques and also an adaptation to the Kamakura period's realism and to the particular atmosphere of the work. From these technical adaptations and the general feeling produced, one can suppose that courtiers whether professional painters or amateurs, took an active part in the achievement of the scrolls.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 99
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Elsa Saint-Marc
Techniques de composition de l'espace dans l'Ippen hijiri-e
[Rouleaux peints du moine Ippen]
In: Arts asiatiques. Tome 56, 2001. pp. 91-109.
Résumé
Après une présentation générale de l'Ippen hijiri-e (rouleaux peints du moine Ippen), œuvre japonaise de la fin du XIIIe siècle, cet
article expose les techniques de composition de l'espace choisies par les auteurs de l'Ippen hijiri-e. Ces techniques (construction
frontale en raccourci vue de haut, hauteur de point de vue changeante, perspective inversée et à plusieurs points de vue,
impression de relief par superpositions, coupure des images, disposition de la brume, différentes expressions de l'écoulement du
temps) associent avec succès des procédés du yamato-e et de la peinture chinoise des Song du Sud et des Yuan, ainsi qu'une
adaptation à l'ambiance de l'œuvre et à l'époque de Kamakura, qui privilégie le réalisme pictural. Ces techniques, leur
adaptation, et l'atmosphère générale des illustrations qui en résulte, font penser que l'œuvre a été réalisée avec la participation
active de courtisans, peintres professionnels ou amateurs.
Abstract
After a general presentation of the Ippen hijiri-e scrolls (scrolls of the monk Ippen), a Japanese masterpiece achieved at the end
of the 13th century, this article exposes the techniques of space composition adopted by the Ippen hijiri-e's painters. These
techniques (foreshortened construction in the front with a high viewpoint, changing levels of viewpoint, inverse perspective with
several viewpoints, reliefs expressed by superimpositions, off-centre subjects, the presence of fog, and different ways of
expressing the passing time) successfully associate yamato-e's techniques, Chinese painting techniques and also an adaptation
to the Kamakura period's realism and to the particular atmosphere of the work. From these technical adaptations and the general
feeling produced, one can suppose that courtiers whether professional painters or amateurs, took an active part in the
achievement of the scrolls.
Citer ce document / Cite this document :
Saint-Marc Elsa. Techniques de composition de l'espace dans l'Ippen hijiri-e [Rouleaux peints du moine Ippen]. In: Arts
asiatiques. Tome 56, 2001. pp. 91-109.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_2001_num_56_1_1466ELSA SAINT-MARC
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Cet article se propose d'étudier les techniques de composit ne s'agit ici que des noms des responsables de la réalisation.
ion de l'espace choisies par les auteurs de YIppen hijiri-e [rou Les illustrations ont été exécutées à la cour impériale par cinq
leaux peints1 du moine Ippen]2, techniques inspirées pour une ateliers de peinture, formés de courtisans qui ont sans doute
travaillé selon leur disponibilité. Le style dans lequel on repart du yamato-e (peinture japonaise traditionnelle de cour)
dont les pratiques ont été adaptées à YIppen hijiri-e, et pour trouve des éléments du yamato-e traditionnel, par exemple les
une autre de la peinture chinoise des Song du Sud (1127-1279) conventions {hikime-kagihana, c'est-à-dire représentation des
visages par deux traits pour les yeux et un crochet pour le et des Yuan (1280-1368).
MIppen hijiri-e apporte sur la vie du moine Ippen (1239- nez), les techniques (en particulier la perspective inversée et à
1289) et de ses contemporains de tous rangs, des informations plusieurs points de vue), les sujets (scènes qui dérivent de la
précieuses pour la connaissance historique et religieuse, mais littérature et de la poésie), la présence de la tradition artis
cette œuvre reste marquante surtout par son style novateur: il tique du meisho-e (peintures de lieux célèbres), la suggestion
s'agit d'une réussite exceptionnelle à une époque où, à la maît préférée à la description directe, ou le contraste entre illustra
rise propre à l'évolution de l'art japonais s'ajoute, dans cette tions profanes et textes religieux qui fait penser aux sùtra
réalisation, l'harmonieuse assimilation des influences boud illustrés par les courtisans de l'époque de Heian, toutes ces
dhiques et de la technique chinoise du lavis suiboku-ga, qui
joue sur l'épaisseur variable du trait et la variation des
nuances de noirs. Si l'œuvre est sensible à l'influence de la
peinture au lavis des Song du Sud, elle participe néanmoins,
tout en reprenant les procédés du yamato-e, aux nouvelles
tendances réalistes de l'époque Kamakura (1185-1333) et
explore ainsi un nouvel espace pictural. Le caractère poétique
des illustrations et l'exceptionnelle importance de la présence
des paysages font de cet ensemble de 12 rouleaux une œuvre
unique parmi les biographies stéréotypées des grands moines
de la même époque.
Illustration non autorisée à la diffusion
Présentation de YIppen hijiri-e
UIppen hijiri-e, classé «Trésor national» (kokuhôY, est
constitué d'une série de douze rouleaux4 en soie dans lesquels
les textes calligraphiés (kotoba-gakï) et les illustrations alter
nent sur 48 sections (une section comprenant un texte et son
illustration). La date d'achèvement, mentionnée à la fin de
l'œuvre, se situe en l'an 1299, soit dix ans après la mort
Fig. 1 d'Ippen. D'après le colophon: «Le 23e jour du 8e mois de l'an 1
L'objet rouleau peint: exemple du fac similé d'un rouleau de l'ère Shôan (1299), ici s'achève le récit de Saihô gyônin Shô- du Murasaki Shikibu nikki emaki [Rouleaux peints du journal intime kai. Les illustrations (sont) de Hôgen En.i. Les titres extérieurs de Shikibu], xnr s.
(Musée national de Tôkjô). des rouleaux (sont du) pinceau de Sanbon Tsunetada-kyô». Il
\rts \si 91 - outre la mention des courtisans qui ont tracaractéristiques techniques, inventer une discipline à la fois littéraire et plas
vaillé à cette œuvre - attestent cette origine courtisane5. tique, un mode esthétique qui trouve ses conventions, et puisse
Ils ont été dirigés par des peintres professionnels, et peut- les préciser et les adapter, tour à tour inventées et modelées,
figées par l'usage puis remodelées, selon l'époque et le pasêtre par quelques artistes d'ateliers de peinture bouddhique.
En.i a probablement coordonné le travail des ateliers pour sage d'une esthétique à une autre. Les rouleaux peints révè
harmoniser l'œuvre. De même quatre courtisans doués ont lent donc des conventions liées à la représentation stylistique.
Les chercheurs japonais9 ont dégagé, dans la composition et le réalisé les calligraphies, dont l'ancien grand chancelier {kan-
paku), Kujô Tadanori, sous la direction de Tsunetadakyô6. On style du yamato-e, cinq grandes caractéristiques qui apparais
sait que Kujô Tadanori s'était converti à la doctrine d'Ippen sent avec plus ou moins de force selon les œuvres, et qui sont
grâce à Shôkai7, le rédacteur du texte de VIppen hijiri-e, égal souvent présentées comme des particularités japonaises (alors
ement membre de la famille d'Ippen et fondateur du monastère que ce n'est souvent pas le cas):
- la composition en diagonale plongeante et les perspectives à Kankikô-ji à Kyoto. Tadanori et Shôkai ont projeté la réalisa
tion et le don de cet ensemble de rouleaux8 au Kankikô-ji pour plusieurs points de vue et inversée,
- la transcription du temps selon le procédé dit de Viji-dôzu, commémorer le dixième anniversaire de la mort d'Ippen et le
- la présence des brumes dans les illustrations, remercier de ses enseignements, et évidemment pour convert
- la sensibilité aux couleurs, ir ou conforter dans leur croyance les visiteurs ou les moines
- la façon particulière de peindre des personnages au visage du monastère.
stéréotypé, ou au contraire caricaturé10 (nous ne nous penPour des raisons de conservation, onze des rouleaux sont,
de nos jours, gardés pour une part au Musée National de cherons pas dans cet article sur cette dernière caractéris
Kyoto, et pour une autre au Musée National de Nara. Le reste tique qui ne contribue pas à organiser la composition).
est dispersé dans des collections privées ou, pour quelques
sections du rouleau VII, au Musée National de Tôkyô. Mais, à Il nous semble intéressant d'étudier par quels moyens
l'origine, l'ensemble de l'œuvre était conservée au monastère YIppen hijiri-e a intégr

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