Technologies nouvelles, qualifications et éducation : l intérêt d une approche culturelle et sociétale - article ; n°1 ; vol.2, pg 147-159
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Description

Histoire, économie et société - Année 1983 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 147-159
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alain d'Iribarne
Technologies nouvelles, qualifications et éducation : l'intérêt
d'une approche culturelle et sociétale
In: Histoire, économie et société. 1983, 2e année, n°1. pp. 147-159.
Citer ce document / Cite this document :
d'Iribarne Alain. Technologies nouvelles, qualifications et éducation : l'intérêt d'une approche culturelle et sociétale. In: Histoire,
économie et société. 1983, 2e année, n°1. pp. 147-159.
doi : 10.3406/hes.1983.1321
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1983_num_2_1_1321TECHNOLOGIES NOUVELLES,
QUALIFICATIONS ET EDUCATION
L'INTERET D'UNE APPROCHE CULTURELLE
ET SOCIETALE *
par Alain d'IRIBARNE
Les technologies nouvelles, leurs conséquences sur l'emploi, le contenu du travail, les
besoins en formation, constituent une préoccupation importante des différents acteurs
sociaux, du moins si l'on en juge par l'importance de la place qui est accordée à ces su
jets aussi bien dans les médias de toutes natures, que dans les rapports plus ou moins
officiels et les colloques scientifiques. Cette place que l'on retrouve dans tous les pays
industriels prend des connotations d'autant plus interrogatives et inquiètes que la crainte
du chômage parait plus forte. Elle s'inscrit dans un contexte de crise ;de mutations éco
nomiques et sociales qui seront profondes et durables ; de concurrence économique
accrue entre les pays et les firmes dont l'enjeu est, pour les premiers, le niveau de vie et
de l'emploi, et pour les secondes, leur propre survie.
Ainsi le chercheur est sollicité pour dire l'avenir, indiquer ce qu'il faut faire, puisque
par définition son rôle est de savoir. Or ses réponses sont pour le moins floues, contradict
oires, voire en forme d'interrogations renvoyées aux acteurs sur eux-mêmes, leur nature
et leur rôle. L'explication à une telle situation peut être recherchée dans au moins deux
directions : la première est qu'un certain nombre d'outils théoriques dont disposaient
les chercheurs pour décrire et expliquer la période de croissance passée, ses ressorts et
sa dynamique, se révèlent inopérants dans la situation nouvelle ; la seconde est qu'on
admet de plus en plus que le futur se construit par le jeu des acteurs et que toutes ten
tatives de prévision de ces futurs reposent de façon plus ou moins explicite sur des hy
pothèses de comportement et d'interaction. Dès lors, apparaissent de façon fondament
ale, les questions de constitution de structures par le jeu des acteurs dans l'histoire et
de leur pérennisation par rapport à des tendances d'évolution passées, ou au contraire
de leur propre rupture et recomposition dans des règles du jeu renouvelées. Dans une
telle perspective, le caractère fortement aléatoire de la prévision devient éclatant, sans
que pour autant le chercheur soit condamné à être muet face aux interrogations de ses
partenaires. Il peut leur apporter des éléments de réflexion extrêmement utiles pour leur
action en détruisant en particulier de fausses évidences par les changements de perspec-
* Ce texte diffère sensiblement de la communication orale faite au séminaire ; il s'inscrit cepen
dant dans la même perspective. Cette situation résulte du temps qui s'est écoulé entre le moment de
la communication et celui de sa rédaction. Le lecteur intéressé pourra en particulier se reporter à :
A. d'Iribarne, «Le passage de la formation de base à la vie active dans le cadre des nouvelles technolog
ies : la nécessité d'une éducation professionnelle», Communication à la conférence européenne sur la
maîtrise sociale des nouvelles technologies, Berlin, 24, 25, 26 nov. 1982, Lest, Aix-en-Provence, juil.
1982, ronéoté, 38 p. 148 - Alain d'IRIBARNE
tives qu'il est capable d'opérer. C'est dans cet esprit qu'il peut changer des contraintes
en variables d'action et des zones de plasticité escomptées, en noyau dur.
Il en va ainsi pour la qualification avec ses différentes dimensions (sa production, sa
valorisation et sa rémunération) dès lors qu'on l'aborde dans une perspective dynamique.
Les réflexions à son sujet conduisent à s'intéresser nécessairement aux technologies,
leur genèse, leurs conditions de développement et de mise en œuvre ; à la constitution
de la force de travail avec ses origines sociales, scolaires et ses enjeux professionnels ; à
l'organisation du dans les entreprises avec ses modèles de référence, les problèmes
qu'elle tente de résoudre et ceux qu'elle engendre ; aux relations professionnelles avec
leurs différents niveaux de lutte et de négociation ; aux collectifs de travail enfin formes de solidarité, d'identité de coopération et de compétition, comme lieu de
co-production de la qualification et de valorisation.
Sachant que l'ensemble fonctionne sous des contraintes de valorisation des investi
ssements, et donc de capacité de compétitivité pour les entreprises, l'objectif qu'on s'est
fixé ici est de montrer à travers de brefs développements : qu'une contribution des nouv
elles technologies à la sortie de crise sans coûts sociaux trop élevés passe par une maît
rise sociale de ces dernières par les individus tant comme citoyens que comme product
eurs professionnalisés ; que cette maîtrise sociale passe par une appropriation culturelle
de ces technologies par tous et plus particulièrement par les personnels d'exécution (1),
que dans une telle perspective les aspects culturels sous différentes formes deviennent
un élément essentiel des enjeux ; et que abordées sous cet angle apparaissent plus clair
ement les faiblesses de la France.
Un des intérêts de cet état de fait, qui n'est pas des moindres pour l'économiste
d'entreprise, est qu'il voit se déplacer ou simplement s'élargir son champ d'investigation
pour tenter de répondre aux questions qui lui sont traditionnellement posées, l'obligeant,
peut-être encore plus qu'avant, à faire des incursions hors de sa discipline classique que
ce soit vers la technologie, la sociologie, l'ethno-sociologie ou l'histoire. C'est la raison
pour laquelle, bien qu'esssentiellement préoccupé de l'avenir, il m'a semblé possible
d'intervenir dans un séminaire à dominante historique.
I. NOUVELLES TECHNOLOGIES, QUALIFICATIONS ET CULTURE : DES OUTILS D'ANALYSE
L'approche des rapports entre les nouvelles technologies et les qualifications, de par
la nature des liens qui les unissent, implique la construction de cadres d'analyse comp
lexes et encore mal maîtrisés. En prenant un certain recul la construction de ce cadre
renvoie à des analyses culturelles et sociétales qui intéressent tant la formation que la
production et leur articulation l'une sur l'autre. Des distinctions doivent pouvoir être
faites entre plusieurs aspects de la culture et entre différents niveaux d'analyse, de l'i
ndividuel au collectif plus ou moins généralisé.
1. Une telle question est très bien évoquée par J. Boissonnat, Y. Lichtenbergeret, P. Ronsanvallon
dans leur «entretien», Revue Intervention, nO 1, nov.-déc. 1982, pp. 10 à 24. TECHNOLOGIES NOUVELLES, QUALIFICATIONS ET ÉDUCATION 1 49
1. Une culture technologique professionnalisêe, base indispensable d'une véritable qual
ification professionnelle
Les sociétés dans lesquelles nous vivons ont été qualifiées de techniciennes en ce
sens que l'objet technique y a «imposé» sa présence partout. La maîtrise sociale de cet
objet technique est une nécessité pour tous que ce soit comme concepteur, comme pro
ducteur ou comme consommateur. Or, qui dit maîtrise d'une technique, implique une
capacité à appréhender sa nature, son fonctionnement et ses fonctions ; à réfléchir sur
sa signification, les portées de son usage et de son développement ; à transférer ses appli
cations à d'autres domaines ; à être capable d'en effectuer une analyse critique, à l'amél
iorer ou à la refuser en connaissance de cause. La culture technique est donc un moyen
de dominer socialement la technologie (2). Une telle domination implique un savoir
pratique et théorique. Elle demande donc de dépasser la théorie, elle demande une capac
ité à synthétiser une pratique à partir de connaissances théoriques. Loin de constituer
une infra-cu

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