Textes à histoires : Virgile et Stace - article ; n°2 ; vol.106, pg 1137-1149
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1994 - Volume 106 - Numéro 2 - Pages 1137-1149
Gauthier Liberman, Textes à histoires : Virgile et Stace, p. 1137-1149. Dans un premier volet, on prend, comme exemple typique des problèmes relatifs aux plus anciens stades de la transmission du texte des classiques latins et même de celui de Virgile, les avatars de la forme de l'oro-nyme Athos dans certains passages bien spécifiques de Virgile et Valérius Flaccus. Dans un second volet, on tente de reconstituer l'histoire de sept vers présents dans un témoin médiéval de la Thébaïde de Stace (4.716-722). Cette reconstitution nous fait assister au travail marginal (au sens propre et au sens figuré) qui fait que dans un témoin autrement sans intérêt refait surface un passage partiellement ou totalement perdu dans les autres témoins, même ceux qui sont plus anciens et plus autorisés. On se demande aussi si six de ces vers ne sont pas authentiques.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

Gauthier Liberman
Textes à histoires : Virgile et Stace
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 106, N°2. 1994. pp. 1137-1149.
Résumé
Gauthier Liberman, Textes à histoires : Virgile et Stace, p. 1137-1149.
Dans un premier volet, on prend, comme exemple typique des problèmes relatifs aux plus anciens stades de la transmission du
texte des classiques latins et même de celui de Virgile, les avatars de la forme de l'oronyme Athos dans certains passages bien
spécifiques de Virgile et Valérius Flaccus. Dans un second volet, on tente de reconstituer l'histoire de sept vers présents dans un
témoin médiéval de la Thébaïde de Stace (4.716-722). Cette reconstitution nous fait assister au travail marginal (au sens propre
et au sens figuré) qui fait que dans un témoin autrement sans intérêt refait surface un passage partiellement ou totalement perdu
dans les autres témoins, même ceux qui sont plus anciens et plus autorisés. On se demande aussi si six de ces vers ne sont pas
authentiques.
Citer ce document / Cite this document :
Liberman Gauthier. Textes à histoires : Virgile et Stace. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 106, N°2. 1994.
pp. 1137-1149.
doi : 10.3406/mefr.1994.1873
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1994_num_106_2_1873GAUTHIER LIBERMAN
TEXTES À HISTOIRES : VIRGILE ET STACE
Le texte de Virgile vu du Mont Athos
L'exception fait partie du destin de Virgile et concerne aussi bien
son talent poétique que la fortune de ses œuvres. Il n'est pas jusqu'à la
transmission de son texte qui n'ait revêtu un caractère exceptionnel1 :
l'Enéide inachevée sauvée de la destruction à laquelle son auteur la
vouait, son texte laissé par Virgile dans un état nécessairement mal
connu et fixé une première fois en vue de sa diffusion selon des
méthodes difficiles à éclaircir, la circulation continue de l'ensemble des
œuvres indéfiniment commentées et glosées, puis nouvelle fixation du
texte dans le cadre des grandes recensions d'auteurs classiques de la fin
de l'antiquité2. En face de la légitime inquiétude de maint latiniste sur la
fidélité de la transmission du texte, la canonisation progressive de
celui-ci qui devient intangible.
Voulant présenter aux membres d'un séminaire de latin organisé par
un groupe d'élèves de l'École normale supérieure les conditions de la trans
mission du texte des classiques latins et du plus grand d'entre eux en parti
culier, et redoutant de les présenter sous un jour trop général, je choisis de
suivre l'histoire du texte de Virgile et de Valerius Flaccus à partir du mont
Athos ou, pour mieux dire, des avatars de ce mot3.
Dans les Thalysies de Théocrite, Lycidas4 évoque le moment où
Tityre chantera la nature pleurant Daphnis «alors que lui fondait comme
neige fond au pied du haut Hémus, de l'Athos, du Rhodope, ou du Cau
case aux confins de la terre»; en grec : ή "Αθω ή Τοδόπαν ή Καύκασον
1 Éléments bibliographiques dans Aufstieg und Niedergang der römischen Welt,
II.31.1, p. 84-86. Lire P. Hofrnan Peerlkamp, édition de l'Enéide, I, Leyde, 1843,
p. 1-6.
2 Voir le travail très original de D. E. Martin, Studies in the editing of Latin clas
sical authors in the late Roman Empire, diss. Cincinnati, 1975.
3 Voir pour Virgile, G. Puccioni, Varianti del testo virgiliano, dans Μαία, 6, 1953,
p. 154-161.
4 Théocrite, 7.72 ss.
MEFRA - 106 - 1994 - 2, p. 1137-1149. 74 GAUTHIER LIBERMAN 1138
έσχατόωντα (ν. 77). Virgile, dont on sait les liens étroits que son inspira
tion a entretenus avec Théocrite dans les Bucoliques, a imité ce vers dans
les Géorgiques au cours de la description d'une tempête d'automne :
Jupiter foudroyant abat flagranti/ 'aut Athon aut Rhodopen aut alta
Ceraunia telo (1.332). Valerius Flaccus met en scène Salmonéus imitant
Jupiter dans un passage (Argonautiques , 1.662 ss.) où il imite lui-même
Virgile - on ne manquera pas de remarquer l'amusante analogie - :
comme Jupiter foudroie l'Athos et le Rhodope, ainsi Salmonéus fait de
l'Elide; en latin : aut Athon aut Rhodopen, maestae nemora ardua Pisae
(v. 664)5.
L'imitation est hors de doute et prend une forme ludique; Virgile a
repris Théocrite et Valerius a repris Virgile. Le poète flavien n'imite Théoc
rite que par transitivité et c'est le contexte même du vers de Virgile que
Valerius reprend.
Les manuscrits de Virgile sont unanimes à présenter Athon ; parmi eux
se trouvent deux témoins qui remontent à la fin de l'Antiquité6. Même una
nimité dans la tradition manuscrite du texte de Valerius Flaccus. Il est
cependant difficile de croire que Virgile et Valerius ont écrit Athon. En
latin7 le mot peut conserver sa déclinaison grecque au nominatif (Athös =
"Αθωσ)8, à l'accusatif (Athon = "Αθων, Athö = "Αθω), ou s'adapter et prendre
couleur latine (Atho, Athonis; utilisé comme anthroponyme il peut devenir
Athus, i)9. Lire Athon chez Virgile et Valerius suppose - je reviendrai là-
dessus - que Virgile ait fait passer "Αθωσ dans la classe latine des noms en
-us, i puis qu'il ait hellénisé le mot ainsi obtenu en l'affublant de la dés
inence grecque correspondante du type λόγοσ.
5 V.Fl., 1.664, correspond à Virg., Géorg., 1.332 : ce clin d'œil numérique ne doit
pas échapper. Il permet de penser qu'il n'y a pas de lacune dans Valerius, 1.1-664.
Remarquer que l'imitation porte sur le premier hémistiche; le second est variable et,
chez Valerius, n'est pas sur le même plan grammatical que le premier.
6 Le Laurentianus XXXIX I (= M) date du Ve siècle; le Vaticanus Latinus 3867
(= R, le «Romanus» de Virgile) est du Ve ou du VIe siècle.
7 Je renvoie à l'article du Thesaurus linguae Latinae, II, 1037, 79 ss.
8 La forme Athôn au nominatif, reconstruite par Servius (cf. infra) à partir de
l'équivalence Athona=Apollona, est incorrecte. Le Thesaurus, he. cit. , 80, impute à
tort à Priscien II, 255, 9 Keil, les mots pro 'Athon ' et en fait curieusement une attesta
tion de cette forme. Pour Athös suivi d'un mot à initiale vocalique, ajouter au TLL
Anth. Lot. 239.5 Riese=232.5 S. Bailey.
9 A. Aemilius Athus (CIL VI 6910, Ier siècle ap. J.-C, exemple unique d'après
Solin, Die griechischen Personennamen in Rom, I, p. 631). Le datif et l'ablatif Atho
semblent se rapporter au nom. Athös; il n'y a dans ces conditions pas d'autre
exemple de la forme Athus, i. :
TEXTES À HISTOIRES VIRGILE ET STACE 1139
Servius10 à Enéide, 12.701, quantus Athôs (Athon est donné par Ber-
nensis 165 et 255 + 239, deux manuscrits du IXe siècle, ainsi que par le
lemme de Servius) aut quantus Eryx aut ipse coruscis, explique : «Athön
est la vraie leçon, car si on lit Athos, le vers n'est plus bon. Or l'accusatif
de ce mot montre qu'on dit Athon au nominatif : on a en effet à
hune Athona, comme Apollon Apollona; quant au fait qu'Hérodote dise Athon et hune Apollo, cela tient à la déclinaison attique»11. Le même
Servius commente12 le premier hémistiche de Georg., 1.332; son lemme
porte aut Athon aut Rhodopen et au cours de l'explication on lit Athon
autem mons est Graeciae, Rhodope mons Thraciae. Que Servius ne consi
dère pas l'hypothèse qu'Athos puisse constituer un mot iambique et non
pyrrhique invite à penser qu'il pouvait lire Athön dans le vers des Géor-
giques. Il considère comme évidente la prosodie Athos et n'a aucune note
sur Y Athön des Géorgiques, qu'il devait envisager comme allant de soi, que
son attitude reposât sur une doctrine grammaticale antérieure ou sur la
seule confiance dans le texte qu'il avait sous les yeux, si ce dernier portait
bien Athon. Priscien13 se fait l'écho de semblable doctrine grammaticale
lorsqu'il explique, après avoir cité un fragment du De Republica de
Cicéron où Athos apparaît à côté d'Athonem : sed hoc [le mot Athos] in
'us' correptam dehinc Attice prolatum est, quomodo Άνδρόγεοσ pro
Άνδρόγεωσ.
L'exemple d'Androgeos est le bienvenu : il permet de comprendre com
ment les grammairiens ont procédé. Chez Virgile Androgeos peut suivre au
génitif la déclinaison -us, i14 : comme on le voit chez Priscien, les grammair
iens en ont induit15 la latinisation des anthroponymes grecs concernés
dans le type dominus, puis leur hellénisation dans le type λόγοσ16. Les
grammairiens ont transformé une simple h&#

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