Tragédie et réalité. Programmes iconographiques des sarcophages étrusques - article ; n°1 ; vol.172, pg 379-393
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Publications de l'École française de Rome - Année 1993 - Volume 172 - Numéro 1 - Pages 379-393
Les programmes iconographiques de sarcophages de halle étrusques témoignent d'une influence théâtrale. Le choix des scènes tragiques a été dicté par l'intérêt pour la fatalité, le rôle d'Apollon ou des oracles. Dans deux cas les gisants des couvercles portent les cothurnes. Une des tombes contenait des masques comiques et tragiques de terre cuite. Ces indications suggèrent qu'autour de 300 av. J.-C. le contenu des tragédies grecques étrusquisées influençait les sculpteurs des sarcophages. Un des sarcophages montre la combinaison de trois scènes tragiques avec la représentation d'un ensevelissement de couples vivants, un Gallus et une Galla, un Graecus et une Graeca. Ce fait peut indiquer que la mise en scène des tragédies avait lieu dans des situations de crise.
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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

L. Bouke van der Meer
Tragédie et réalité. Programmes iconographiques des
sarcophages étrusques
In: Spectacles sportifs et scéniques dans le monde étrusco-italique. Actes de la table ronde de Rome (3-4 mai
1991). Rome : École Française de Rome, 1993. pp. 379-393. (Publications de l'École française de Rome, 172)
Résumé
Les programmes iconographiques de sarcophages de halle étrusques témoignent d'une influence théâtrale. Le choix des scènes
tragiques a été dicté par l'intérêt pour la fatalité, le rôle d'Apollon ou des oracles. Dans deux cas les gisants des couvercles
portent les cothurnes. Une des tombes contenait des masques comiques et tragiques de terre cuite. Ces indications suggèrent
qu'autour de 300 av. J.-C. le contenu des tragédies grecques étrusquisées influençait les sculpteurs des sarcophages. Un des
sarcophages montre la combinaison de trois scènes tragiques avec la représentation d'un ensevelissement de couples vivants,
un Gallus et une Galla, un Graecus et une Graeca. Ce fait peut indiquer que la mise en scène des tragédies avait lieu dans des
situations de crise.
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Bouke van der Meer L. Tragédie et réalité. Programmes iconographiques des sarcophages étrusques. In: Spectacles sportifs et
scéniques dans le monde étrusco-italique. Actes de la table ronde de Rome (3-4 mai 1991). Rome : École Française de Rome,
1993. pp. 379-393. (Publications de l'École française de Rome, 172)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1993_act_172_1_3063L. BOUKE VAN DER MEER
TRAGÈDIE ET RÉALITÉ
PROGRAMMES ICONOGRAPHIQUES DES SARCOPHAGES ÉTRUSQUES
Dans la période cruciale autour de 300 av. J.-C, quand Rome
cherche à soumettre définitivement l'Étrurie méridionale, un nou
veau type de sarcophage apparaît dans les tombes à Tarquinia et
Tuscania, un type qui se caractérise par des piliers avec des chapi
teaux éoliens aux quatre coins, appelés par Herbig « Hallensarko-
phagus». Non seulement la forme mais aussi un des thèmes des
reliefs, l'Amazonomachie, montrent que des sarcophages de halle
grecs en ont été la source d'inspiration1.
Les sarcophages de halle étrusques ont sur un ou plusieurs
côtés des reliefs avec des représentations mythologiques qui peu
vent être associées avec des tragédies grecques. Ils forment, aussi
par leurs dimensions, un groupe homogène qui peut avoir été pro
duit par des sculpteurs d'un seul atelier2. La datation est fondée
sur l'emplacement des sarcophages dans les tombes, les contenus
des tombes et l'attitude et le style des gisants des couvercles3.
Quant à la chronologie, les sarcophages de halle suivent les
sarcophages de marbre grec, probablement parien, importés via
Carthage à Tarquinia dans la période d'environ 340 à 310 av. J.-C,
qui ont été peints sur quatre côtés par des artistes étrusques, par
exemple le fameux sarcophage des Amazones4. Ce sarcophage est
1 Herbig 1952, p. 103.
2 Colonna 1978, p. 113, n. 122.
3 Nous suivons la chronologie de Colonna 1978, p. 113. Les propositions de
K.-P. Goethert, Typologie und Chronologie der jüngeretruskischen Steinsarko
phage, Berlin, 1974, ne sont pas valables vu la chronologie des Tombes de Curu-
nas à Tuscania (Moretti-Sgubbini 1983).
4 Herbig 1952, n°27; P. Bocci, // sarcofago tarquiniese delle Amazzoni al
Museo Archeologico di Firenze, dans SE, 29, 1960, p. 109-120; M. Martelli, Un
aspetto del commercio di manufatti artistici nel IV secolo a.C. : i sarcofagi in mar
mo, dans Prospettiva, 3, 1975, p. 9-17. L. BOUKE VAN DER MEER 380
caractérisé par une forte symétrie : d'une part la victoire des hom
mes grecs sur un côté long et un petit côté, et d'autre part la victoi
re des Amazones sur les autres côtés, tout cela dans un encadre
ment architectural. Une pareille symétrie est visible aussi sur le
sarcophage des Amazones contemporain de Vulci et le sarcophage
de Torre San Severo avec quatre représentations épiques, c'est-à-
dire deux scènes troyennes et deux scènes odysséennes 5.
L'apparition des sarcophages de halle soulève la question de la
signification et de la fonction des tragiques, spécia
lement des programmes iconographiques des sarcophages et de la
relation avec le théâtre grec ou peut-être avec le théâtre étrusque :
les scènes sont-elles seulement des copies de modèles visuels, ou
bien une indication directe ou indirecte des tragédies étrusques
d'origine grecque mises en scène, ou seulement un indice de la
connaissance et de l'intérêt pour les tragédies?
Du point de vue méthodologigue, les sarcophages étrusques
posent les mêmes questions que les vases funéraires italiotes avec
scènes dramatiques du IVe siècle. Le choix des peintures mytholo
giques fut-il déterminé seulement par la symbolique funéraire, sou
vent sotérique, ou aussi par la mise en scène des tragédies?6 Cette
dernière hypothèse est très probable et, dans le cas des scènes
phlyaques, elle est évidente en raison de la présence de tréteaux et
de l'utilisation de costumes comiques. Cela peut cependant diffic
ilement être prouvé dans le cas des représentations tragiques. Ces
dernières montrent souvent des compilations ou des synthèses des
dramatis personae et des scènes empruntées aux tragédies d'Eschyl
e, Sophocle, Euripide ou à des poètes contemporains avec une
grande insistance sur l'action la plus dramatique - un événement
qui, normalement, n'était pas mis en scène mais était raconté par
un messager. Bien que dans ces compilations la plupart des per
sonnages soient souvent nus ou presque nus, quelques éléments
indiquent l'influence de la représentation théâtrale : le vêtement
théâtral des personnages principaux, la présence d'un paidagogos,
des édifices théâtraux ou des trépieds qui témoignent du triomphe
d'un poète ou d'un succès théâtral.
Cette petite digression était nécessaire, d'une part parce que
quelques schémas des scènes tragiques sur les sarcophages de hal
le ont été empruntés au répertoire iconographique italiote, et d'au
tre part parce que les scènes sur les mon-
5 Voir van der Meer, BABesch, 60, 1985, p. 72-94.
6 Sur la question voir aussi Moret 1975, p. 260-272, qui ne croit pas à l'i
nfluence de mises en scène de tragédies mais tient seulement compte des tradi
tions iconographiques. PROGRAMMES ICONOGRAPHIQUES DES SARCOPHAGES ÉTRUSQUES 381
trent souvent le récit d'un messager. L'usage des modèles de sché
mas italiotes n'exclut donc pas que les artistes aient été eux aussi
influencés par des représentations théâtrales, bien que les sources
littéraires ne disent rien sur cela autour de 300 av. J.-C. Remar
quons dans ce contexte que Tite Live mentionne l'éducation des
pueri romani dans les litterae etruscae pour l'an 310 av. J.-C.7 Sur le
caractère de cette littérature rien n'est connu, mais il n'est pas
impossible qu'il s'agît de traductions étrusques de littérature grec
que, si l'on pense que les poètes tragiques de l'Italie méridionale
n'arrivèrent à Rome que bien plus tard.
Il vaut la peine de rechercher comment les scènes tragiques
pour les sarcophages ont été sélectionnées. Selon R. Herbig la rai
son du choix des scènes était seulement le meurtre, le sacrifice
humain, la menace de mort, ou leur côté sanguinaire8. Une analyse
plus profonde montrera que des facteurs accessoires ont joué un
rôle.
Les deux sarcophages de halle les plus anciens ont été trouvés
à Tarquinia. Le fameux Sarcophage du Poète (dit aussi Sarcophage
d'Euripide) montre au centre d'un côté long, Clytemnestre gisant
morte sur un autel et, à gauche et à droite, Oreste et Pylade chas
sés par les Furies, à l'arrière des épisodes thébains, la monomachie
d'Étéocle et Polynice et l'arrivée d'Œdipe avec un assistant; sur le
côté gauche Télèphe agenouillé sur un autel menaçant Oreste, et
sur le côté droit le Sacrifice d'Iphigénie ou de Polyxène9. Il est
clair que le meurtre domine les côtés longs et la menace de mort
les petits côtés. Il est évident aussi que tous les c

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