Transmettre la terre. Les inflexions d une problématique de la différence - article ; n°1 ; vol.110, pg 117-153
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1998 - Volume 110 - Numéro 1 - Pages 117-153
Bernard Derouet et Joseph Goy, Transmettre la terre. Les inflexions d'une problématique de la différence, p. 117-153. Les recherches françaises des vingt dernières années sur la transmission du patrimoine sont placées sous le signe d'un renouvellement des problématiques : à la question des différences de pratiques dans l'espace -d'ailleurs reformulée de manière plus complexe et nuancée - s'ajoute de plus en plus une interrogation sur les mutations des systèmes familiaux, et sur les contextes à l'intérieur desquels ils s'insèrent. Ce renouvellement s'opère à partir d'un certain nombre de perspectives comme la redécouverte des pratiques de succession masculine, l'opposition entre héritage et succession, le rôle de l'indivision, le rapport entre les pratiques d'alliance et celles de transmission, la question du «rapport à la terre» et du mode de détention des droits fonciers, le rapport entre le droit et les pratiques (v. au verso) sociales. À l'écart d'une conception institutionnelle des systèmes familiaux aussi bien que d'une vision atomisée des stratégies individuelles, une approche nouvelle, soucieuse d'apprécier les multiples niveaux de la différence, met au premier plan la notion de «solutions alternatives».
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Bernard Derouet
Joseph Goy
Transmettre la terre. Les inflexions d'une problématique de la
différence
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 110, N°1. 1998. pp. 117-153.
Résumé
Bernard Derouet et Joseph Goy, Transmettre la terre. Les inflexions d'une problématique de la différence, p. 117-153.
Les recherches françaises des vingt dernières années sur la transmission du patrimoine sont placées sous le signe d'un
renouvellement des problématiques : à la question des différences de pratiques dans l'espace -d'ailleurs reformulée de manière
plus complexe et nuancée - s'ajoute de plus en plus une interrogation sur les mutations des systèmes familiaux, et sur les
contextes à l'intérieur desquels ils s'insèrent. Ce renouvellement s'opère à partir d'un certain nombre de perspectives comme la
redécouverte des pratiques de succession masculine, l'opposition entre héritage et succession, le rôle de l'indivision, le rapport
entre les pratiques d'alliance et celles de transmission, la question du «rapport à la terre» et du mode de détention des droits
fonciers, le rapport entre le droit et les pratiques sociales. À l'écart d'une conception institutionnelle des systèmes familiaux aussi
bien que d'une vision atomisée des stratégies individuelles, une approche nouvelle, soucieuse d'apprécier les multiples niveaux
de la différence, met au premier plan la notion de «solutions alternatives».
Citer ce document / Cite this document :
Derouet Bernard, Goy Joseph. Transmettre la terre. Les inflexions d'une problématique de la différence. In: Mélanges de l'Ecole
française de Rome. Italie et Méditerranée T. 110, N°1. 1998. pp. 117-153.
doi : 10.3406/mefr.1998.4542
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1998_num_110_1_4542BERNARD DEROUET ET JOSEPH GOY
TRANSMETTRE LA TERRE
LES INFLEXIONS D'UNE PROBLÉMATIQUE DE LA DIFFÉRENCE
Les dynamiques de la transmission des biens et des statuts, et de la
«reproduction sociale» de la famille, suscitent de plus en plus d'intérêt par
mi les historiens français depuis quelques années, en particulier pour la pé
riode allant de la fin du Moyen Âge à nos jours1.
À vrai dire il y a plusieurs manières d'aborder l'histoire de la famille.
L'une d'elles consiste à s'interroger sur la forme de ce qu'on appelle le mé
nage ou le «groupe domestique», pour faire ressortir la variété possible de
cette cellule sociale envisagée du point de vue de sa dimension et de sa
composition (étude des structures familiales). Cette approche a dominé
dans plusieurs pays européens depuis une vingtaine d'années, dans la fou
lée des travaux de Peter Laslett et du Groupe de Cambridge. En France
aussi cette voie a été empruntée par une partie des historiens. Mais
d'autres ont plus volontiers mis l'accent sur le problème de la «reproduct
ion familiale», des pratiques successorales et de la transmission du patri
moine.
C'est sur la spécificité de cette démarche que l'on voudrait réfléchir,
pour en situer l'origine et les raisons, en étudier les développements récents
et les perspectives à court ou moyen terme, en s'interrogeant aussi bien sur
les points forts que sur les faiblesses qui ont pu résulter de cette particularit
é. En fait, il ne sera pas question de présenter ici un bilan exhaustif — en
core moins un palmarès — de tous les travaux récents sur l'histoire de la r
eproduction familiale en France, mais d'essayer de mieux percevoir l'esprit
et les transformations d'une démarche : on verra ainsi comment les «pro
grès» éventuels d'un domaine de recherches ne consistent pas seulement
dans l'accumulation de connaissances supplémentaires qui s'ajoutent les
unes aux autres, mais peuvent résulter aussi, sur quinze ou vingt ans, des
1 Ces questions ont été débattues notamment dans le cadre du séminaire de Jo
seph Goy à l'École des hautes études en sciences sociales, et à l'occasion de re
cherches collectives et de colloques franco-québécois.
MEFRIM - 110 - 1998 - 1, p. 117-153. 118 BERNARD DEROUET ET JOSEPH GOY
déplacements successifs ou progressifs d'une interrogation, de la façon de
poser les problèmes, bref, des renouvellements d'une approche.
Les points de départ de nouvelles interrogations
L'intérêt pour les pratiques d'héritage et la transmission est naturell
ement fort ancien. Mais on peut situer dans le début de la décennie 1970 l'
origine d'un regain de curiosité pour ce problème chez les historiens fran
çais. Il a tenu pour une part aux relations assez étroites qu'entretenaient
dans ce domaine historiens et anthropologues du monde rural; le chemine
ment parfois parallèle et parfois conjoint de ces deux disciplines dans des
enquêtes en commun a contribué à concentrer l'intérêt sur la parenté et les
différentes manières dont elle peut être organisée, vécue et représentée,
fût-ce à travers le prisme particulier de la transmission du patrimoine.
Mais surtout, le moment privilégié de cette redécouverte fut la rencontre
avec l'histoire du droit et avec l'œuvre de Jean Yver, qui a joué un rôle maj
eur comme déclencheur de la réflexion sur ces problèmes. UEssai de géo
graphie coutumière - publié en 1966 mais qui attendit quelques années
pour rencontrer un large écho hors de la sphère des spécialistes du droit2 -
reprenait la carte des coutumes rédigées en France aux XVe et XVIe siècles
hors de la zone dite «de droit écrit»; mais il en proposait surtout un r
egroupement en quelques grandes catégories d'esprit différent, à partir
d'une série de critères comme l'obligation de réaliser un traitement égal
entre les héritiers, la compatibilité entre le fait de recevoir un don et celui
de venir au partage de l'héritage lors du décès des parents, le préciput et
l'exclusion des enfants dotés.
S'il est important de rappeler cette genèse, c'est parce qu'elle n'est pas
indifférente aux développements ultérieurs de la problématique et aux
voies de recherche qui ont été privilégiées. Cette double influence a fait que
dès le départ l'attention fut moins portée sur les types de morphologie du
groupe domestique que sur le problème de la reproduction familiale. Le
privilège donné à cette perspective part de l'idée qu'il est indispensable de
distinguer les modalités de la transmission et les formes de l'organisation
domestique : même si les unes ne sont pas sans relation avec les autres - à
cause de l'importance de la notion de «résidence» dans la logique de cer
taines pratiques d'héritage -, ce sont deux phénomènes qui ne se super
posent pas nécessairement, et on ne peut pas en rendre compte toujours à
l'intérieur d'une seule et même interprétation.
2 Grâce à É. Le Roy Ladurie (1972). TRANSMETTRE LA TERRE 119
Par ailleurs, le rôle joué par la réflexion sur les coutumes dans le r
enouvellement de l'intérêt pour la transmission rend compte de ce que ce
type de recherche, depuis le départ, n'a cessé de s'accompagner d'une inter
rogation sur le droit, et en particulier de mettre au premier plan la question
du rapport entre normes et pratiques (sans d'ailleurs éviter toujours toute
ambiguïté norme juridique et norme sociale, danger qui était lui-
même impliqué par la polysémie du mot «coutumes»).
Mais surtout, cette genèse permet de rendre compte du fait que la for
mulation principale des problèmes qui se posaient a pris la tournure d'une
interrogation sur la diversité, sur la différence. Dans un premier temps
cette diversité fut en fait envisagée avant tout comme diversité inter-régio-
nale, dans l'espace, soit à l'échelle française soit à l'échelle européenne.
Cette diversité, il fallait en repérer toutes les modalités possibles, les situer
géographiquement, et se donner les moyens éventuels de l'interpréter.
Pratiques successorales, famille, parenté
Le critère essentiel retenu pour classer les pratiques de transmission fut
l'égalité ou l'inégalité dans l

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