Travail et politique à Paris pendant la Révolution : l exemple des Ateliers Municipaux. - article ; n°1 ; vol.263, pg 35-49
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Annales historiques de la Révolution française - Année 1986 - Volume 263 - Numéro 1 - Pages 35-49
Our purpose here is to show, on the basis of an example of work conflict in Paris during the Révolution, the effects the Revolution has had on the working world as well as its reception by the female working population.
Our first step is to study primarily the struggle within the municipal spinster's workshop, particularly in the year II. Then we will point out how this struggle inscribes itself in a political framework : by its chronology, by its modality (petitions to the Convention, appeals to the « sociétés populaires »), by the political language it expresses itself with, as these women workers think themselves as « citoyennes » rather than a productive forces. These women workers were not political militants but they did not separate the will to create a more just society founded on the rights of the people from their working conditions.
Dominique GODINEAU.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dominique Godineau
Travail et politique à Paris pendant la Révolution : l'exemple des
Ateliers Municipaux.
In: Annales historiques de la Révolution française. N°263, 1986. pp. 35-49.
Abstract
Our purpose here is to show, on the basis of an example of work conflict in Paris during the Révolution, the effects the Revolution
has had on the working world as well as its reception by the female working population.
Our first step is to study primarily the struggle within the municipal spinster's workshop, particularly in the year II. Then we will
point out how this struggle inscribes itself in a political framework : by its chronology, by its modality (petitions to the Convention,
appeals to the « sociétés populaires »), by the political language it expresses itself with, as these women workers think
themselves as « citoyennes » rather than a productive forces. These women workers were not political militants but they did not
separate the will to create a more just society founded on the rights of the people from their working conditions.
Dominique GODINEAU.
Citer ce document / Cite this document :
Godineau Dominique. Travail et politique à Paris pendant la Révolution : l'exemple des Ateliers Municipaux. In: Annales
historiques de la Révolution française. N°263, 1986. pp. 35-49.
doi : 10.3406/ahrf.1986.1149
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1986_num_263_1_1149TRAVAIL ET POLITIQUE A PARIS
PENDANT LA RÉVOLUTION :
L'EXEMPLE DES ATELIERS MUNICIPAUX
On souhaite ici, à partir d'un exemple de conflit de travail
pendant la Révolution à Paris, aborder les questions que posent les
rapports entre le travail et la politique, montrer les effets qu'a pu
avoir la dans le monde du travail, ainsi que sa réception
par une population féminine ouvrière (1), donc doublement peu
connue. Autrement dit, pour reprendre les termes de la
problématique développée par H. Burstin (2), on se propose
d'étudier comment les grands enjeux de la Révolution croisent le
quotidien, en l'occurence dans le travail.
L'exemple qui sera développé dans un premier temps concerne
les ateliers de filature municipaux, établis à Paris en mai 1790 par la
Constituante pour donner du travail principalement aux femmes
indigentes. Sous l'Ancien Régime, un Bureau de filature des pauvres,
créé en 1779, fournissait du chanvre à filer aux indigentes par
l'intermédiaire des paroisses. Les ateliers de filature municipaux, du
moins à leur création, se situent dans cette lignée : le Magasin général
des Établissements de filature occupe même les locaux de l'ancien
Bureau de filature des pauvres.
En plus de ce Magasin, les Établissements comprenaient deux
manufactures situées dans deux quartiers parisiens où étaient
domiciliées les f ileuses, et surtout les ouvrières en gaze touchées par
la crise. Au sud de Paris, rue Saint- Jacques section de Chalier
(Thermes, Beaurepaire), près du faubourg Saint-Marcel, la
manufacture des Jacobins, qui devait son nom à l'ancien couvent
(1) Si, en général, le mot ouvrier me semble devoir être employé, en ce qui
concerne l'époque révolutionnaire, avec beaucoup de précautions, car il n'est pas
dépourvu d'ambiguïté, je pense pouvoir l'utiliser ici, même sans guillemets, tout en
sachant bien qu'il ne s'agit pas pour autant du prolétariat au sens moderne.
(2) Voir sa contribution dans ce même numéro. 36 DOMINIQUE GODINEAU
dans lequel elle était installée, prit celui de filature du Midi en l'an
II. La seconde manufacture, située dans les faubourgs du nord,
section de Bondy puis du Nord, fut d'abord désignée sous le nom de
filature des Récollets, puis de filature du Nord. Jusqu'au
Gouvernement révolutionnaire, la Municipalité de Paris se chargeait
de leur administration. A partir du 14 frimaire an II, la même
commission municipale continua son administration, mais elle
dépendait du département. Après le 9 thermidor, les ateliers
passèrent sous le contrôle de Commissions nationales, la
Commission d'Agriculture et des Arts d'abord, puis celle des Secours
publics.
Les deux filatures furent très rapidement surchargées. Dans celle
des Jacobins, la plus importante, on comptait six ateliers de femmes
réunissant de deux à trois cents personnes chacun. Les Récollets,
moins importants, ne comptaient « que » trois ateliers de cent à cent-
cinquante personnes chacun. Chaque filature comprenait de plus un
atelier de très jeunes garçons — fils des ouvrières — et fournissaient
du chanvre, du coton ou du lin à des qui travaillaient à
domicile.
Les salaires étaient très faibles. Les administrateurs ne cachaient
d'ailleurs pas que « le but de l'établissement a été de payer un prix
au-dessous de celui des manufactures (privées), afin de ne pas priver
les manufactures de leurs ouvrières » (3). Les f ileuses étaient payées
à la tâche, suivant la quantité et la qualité du fil qu'elles avaient filé.
Pour des journées de dix à douze heures de travail, la majorité des
ouvrières gagnaient ainsi de dix à seize sols par jour en 1793 et en l'an
II, ce qui représente entre le tiers et la moitié du salaire féminin
moyen à la même époque — lui-même équivalent en général à la
moitié des salaires masculins les plus bas — . A cette somme d'argent
s'ajoutaient des distributions de pain : six livres de pain par semaine
jusqu'en 1791, quantité réduite à cette date à quatre livres par
semaine). De plus, les petites filles des ouvrières étaient souvent
employées comme apprenties (quatre sols par jours).
Les ouvrières étaient surtout d'anciennes f ileuses, des ouvrières
de secteurs en crise — tout particulièrement la gaze — , ou des
(3) A.N., F15 3575-3576, « Rapport sur la filature des Jacobins fait dans les
assemblées des sociétés populaires de l'Ami du Peuple et de Chalier les 16 et 21 floréal
an II ». On peut indiquer à titre de comparaison que le 10 messidor an III, les
administrateurs décidèrent d'augmenter les cardeuses et de les payer dorénavant deux
livres cinq sols pour le cardage de chaque livre de coton, « payé trois livres et trois sols dans les manufactures particulières » (A.N., F15 3575). TRAVAIL ET POLITIQUE A PARIS PENDANT LA RÉVOLUTION 37
femmes qui ne trouvaient pas de travail dans leur profession —
ajoutons que les époux des femmes mariées étaient compagnons
artisans, gagne-deniers, ou eux-mêmes chômeurs — . Pour être
admise, la postulante devait présenter un certificat d'indigence. La
priorité était accordée aux femmes qui résidaient depuis longtemps
à Paris, aux femmes âgées ou infirmes, ou au contraire à celles qui
étaient chargées de nombreux enfants en bas âge, puis à partir de
1792 aux parentes de soldats.
Dès 1790, les directeurs s'inquiétaient de ces grands
rassemblements de femmes car, écrivaient-ils, « il y en a dans les
femmes surtout qui sont terribles, et vous savez (...) que l'on a
plusieurs exemples de révoltes excitées par des femmes » (4).
Effectivement, de 1790 à 1792 on relève dans les deux filatures
plusieurs mouvements, ou plusieurs pétitions réclamant des
augmentations de salaire.
Mais c'est surtout pendant l'hiver et le printemps de l'an II que
ces agitations prirent une ampleur particulière, notamment de
pluviôse à floréal dans la filature des Jacobins. Il apparaît déjà que
la fermentation politique qui régnait à Paris — le 12 pluviôse les
Cordeliers déclarent qu'il y a oppression et voilent la Déclaration des
Droits-de-FHomme — , semble avoir touché, au moins indirecte
ment, les ouvrières. L'impression de soulèvement général de la
filature doit, pour être comprise, être replacée dans l'horizon du
politique et de l'économique (crise de subsistances de ventôse an II).
Tout avait débuté vers la mi-frimaire, lorsque la femme Janisson
et quelques-unes de ses camarades de l'atelier de chanvre des
Jacobins décidèrent de rédiger une pétition pour se plaindre de la
diminution qui leur avait été faite en 1791 de deux livres de pain par
semaine. La dénonciation et l'arrestation à la même époque de leur
chef d'atelier comme « très aristocratique » fortifièrent les ouvri&#

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