Trois inscriptions de Thabraca (Tabarka, Tunisie) - article ; n°1 ; vol.11, pg 81-91
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1891 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 81-91
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1891
Nombre de lectures 33
Langue Français

Extrait

Jules Toutain
Trois inscriptions de Thabraca (Tabarka, Tunisie)
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 11, 1891. pp. 81-91.
Citer ce document / Cite this document :
Toutain Jules. Trois inscriptions de Thabraca (Tabarka, Tunisie). In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 11, 1891. pp. 81-91.
doi : 10.3406/mefr.1891.6678
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1891_num_11_1_6678INSCRIPTIONS DE THABRACA TROIS
(Tabarka, Tunisie).
Des trois inscriptions que nous publions ici, et que nous nous
proposons d'étudier, deux sont entièrement inédites : nous les avons
relevées et copiées au mois d'avril 1890, pendant notre campagne
de fouilles à Tabarka. L'autre, qui mentionne un vicarius dis-
pensatoris arcae, a été déjà publiée par M. le capitaine Rebora,
dans le Bulletin des Antiquités Africaines (arm. 1884, n° 386) ;
mais le texte qu'il en a donné est tout à fait défectueux. Nous
avons pu revoir l'original lui-même, et le lire presque entièrement.
I.
PI/VT · VARICCALAE · AVG
VS-ADVENTVS-SACERDOS-TEM
SOLO SVIS SVMPTIB-FECIT ET DEDIC·
Cette inscription est gravée sur un bloc de grès noir, qui a été
trouvé assez profondément enterré dans une des ruines si nomb
reuses de Tabarka. La lecture du fragment qui subsiste ne pré
sente aucune difficulté; la partie du texte qui a disparu se restitue
aisément :
Deo\ Flutioni) Variccalae Augiiisto) ? . . .]us Adventus sacer-
dos tem[plum a] solo suis sumptib(us) fecit et dedic{avit).
Un personnage, dont le gentilice nous échappe, et qui ne
nous est connu que par son surnom à'Adventus, élève à ses frais
MÉLANGES d'aRCH. ET d'hIST. XIe ANN. 6 TROIS INSCRIPTIONS DE THABRACA 82
et dédie un temple en l'honneur de la divinité dont il est le
prêtre. L'inscription en elle-même n'a rien de nouveau ni de
particulier; mais elle contient le mot Variccala, jusqu'à présent
inconnu.
Variccalae est au datif, en apposition avec Plutoni ; c'est une
épithète destinée à caractériser plus spécialement la divinité. Le
nom de cette divinité, au nominatif, est Pluto Variccala.
Variccala n'est pas un mot latin; c'est un terme emprunté
à une autre langue et latinisé. Or, en Afrique, c'est principa
lement l'idiome néo-punique qui a enrichi l'onomastique latine ;
par exemple, les mots terminés en hol sont d'origine phénicienne.
Parmi les noms ainsi empruntés, il en est un qui doit attirer
notre attention par sa ressemblance avec notre Variccala : c'est
JBaric, qui se présente dans les textes épigraphiques sous plu-
rieurs formes :
Simple: Baric, C. I. L. VIII, 4980 et 10525.
Diminutifs : Baricio, C. I. L. VIII, passim (v. Index des Co
gnomina) ; Com. des trav. hist, et
scient.; Bull, archéol., 1889, n° 2. —
Les stèles de Thignica, 9.
„ Bariciolus, Com. des trav. hist, et scient. ; Bull,
chéol., ibid., 36.
Composés: Baricbal, C. I. L. VIII, 4990 et 5311.
Barigbal, C. I. L. VIII, 4729, 9085, 9086b!s.
Cette dernière forme s'est corrompue ; deux textes récem
ment découverts donnent , l'un le génitif Baribgelis, l'autre le
nominatif Barigal (Eph. Epigr. V, nos 602 et 790).
Il nous paraît certain que la première partie da mot Varic
cala n'est autre que ce terme Baric. La transformation du Β
en V est un phénomène des plus fréquents ; l'Afrique nous INSCRIPTIONS DK TIIABRACA 83 TEOIS
fournit l'exemple de Vaga (aujourd'hui lìéja), nom latin tiré de
la racine sémitique JBag. =^ yx.
Ce n'est pas seulement sur des textes latins que le mot Baric
a été trouvé. Plusieurs dédicaces puniques à Baal-Hammon et à
Tanit contiennent ce mot sous la forme verbale Barca zuMÜTO
(Corpus Inscriptionum Semiticarum, tome I, nos 182, 192, 195,
197, 238, etc. — Com. des trav. hist, et scient.; Bull, archèol.,
1889, p. 99, art. de M. Phil. Berger). Une inscription de Malte
{Corpus Inscriptionum Semiticaruin, tome I, n°s 122 et 122 bis),
en donnant la forme OD'O, prouve que la finale ^ est une dési
nence, et que la racine dégagée de tout élément accessoire est 2 ι J.
zzz Baric. Cette racine exprime l'idée de bénédiction. Dans les
dédicaces, où elle apparaît si fréquemment, le dédicant appelle sur
lui la bénédiction de la divinité (1). Comme nom de personne,
Baric doit signifier bèni.
Faut-il rapprocher notre Variccala de la forme Barigal
signalée plus haut? Il est très probable que cette forme est
une corruption de la forme Barigbal, devenue d'abord par la
transposition de deux lettres Baribgal. Au contraire Variccala
paraît être un composé régulièrement formé; le redoublement
du c en est un indice. Il est peu vraisemblable d'autre part que
le second c représente le Β initial du mot Bal.
Nous préférons chercher ailleurs l'origine de la terminaison
cala. D'après (lesenius, Scrip tur ae Unguaeque Phoeniciae Monum
enta, p. '349, Index, la racine phénicienne Gal = "Ό expri
merait l'idée de source. Baric-gal, transformé en Variccala, s
ignifierait alors Source de bénédiction, c'est-à-dire Source de pros
périté, de richesses. Quelle que soit d'ailleurs la signification vé
ritable de la désinence cala, il nous semble incontestable que la
(1) Cette racine est souvent répétée dans une série encore inédite
d'inscriptions néo-puniques trouvées à Maktar en. 1889 par M. Bordier,
et transportées au musée Alaoui, à Tunis. 84 TROIS INSCRIPTIONS DE THABRACA
première partie du mot latin provient du néo-punique 13 arie, dont
le sens est certain.
Pluto Variccala ne serait donc pas autre chose que Plitto
Frugifer (C. I. L. VILI, 840: Plutoni Aug{usto) Frugifero Deo,
de Tliuburbo JSIajus). Cette conception de Pluton comme dieu
fécondant n'est pas propre à l'Afrique romaine; on la trouve
déjà en Grèce à Eleusis, et peut-être en Etrurie (1). Mais l'épi-
graphie latine ne fournit qu'un nombre très restreint de dédi
caces à Pluton, et presque toutes proviennent des provinces
d'Afrique (2). Pluton y est souvent associé à Cérès: G. I. L.
VIII, 8442 : Plutoni et Cereri; Id, ibid, 9021 : Plutoni et Cyriae
Cereri; Id, ibid, 9020: Plutoni, Cyriae et Cereri mairi. Cf. Bull
etin de V Académie d'Hippone, Comptes lìendus des Séances, 1888,
p. XLIV: Caereres et Plutoni Aug.
Cette réunion du mot grec Pluto et de l'épithète phénicienne
Variccala n'est pas le fait du hasard. En Grèce, Pluton n'était
le dieu fécondant la terre que dans le mythe de Cérès et de Pro
serpine. En toute autre circonstance, il était le Dieu redou
table et invisible, Hadès. Les historiens des religions de l'anti
quité, qui ont recherché l'origine de la légende de Cérès, Pro
serpine et Pluton, ont remarqué que la Crète y avait joué un
rôle capital. Mais, sans aucun doute, le culte vient de plus loin,
d'Orient ou tout au moins de Phrygie. Ce ne sont pas les Ro
mains qui l'ont introduit en Afrique ; il y est venu avec les
Phéniciens, apporté par eux. L'inscription que nous venons d'é-
(1) Decharme, Mythologie des Grecs, p. 385. — Sur un vase de Vulci,
publié dans les Annali delVInstituto di corrispondenza archeologica, 1853,
et dans les Monumenti dell' Instituto (V, tav. 49), Pluton est représenté
tenant une corne d'abondance. Voir aussi Monumenti dell'Instituto (1,
tav 4).
(2) C. L L. II, 5796; VIII, 840, 2120, 4680, 4683, 4687, 9609, 8442,
9021; X, 3815; XII, 1833; XIV, 2027. — Eph. eplgr. t. V, 255, 289, 319,
320, 495; VII, 127. INSCRIPTIONS DE THABKACA 85 TROIS
tudier nous paraît fournir sur ce point un renseignement très-
important. Il faut la rapprocher d'un autre document, découvert
à Rusicade (Philippeville), et publié au tome VIII du Corpus
n° 7950: Sanato Attidi sacrum. C'est une dédicace au dieu Attis,
dont le culte, associé à celui de Cybèle, est d'origine phrygienne (1).
Tabarka a donc été une cité phénicienne avant d'être un opp
idum romain. Polybe la cite dans le douzième livre de ses Histoi
res (2). D'après Gesenius (Ouv. cité, pp. 417 et 427), le mot
Thabraca serait composé de deux termes phéniciens, dont l'un est
Baric ~ ^"\ "Ü , que nous avons retrouvé dans l'épithète Varicc

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