Un calendrier enluminé de 1154 : le Guta-Sintram de Strasbourg et sa place dans l histoire du médicament - article ; n°179 ; vol.51, pg 181-193
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Un calendrier enluminé de 1154 : le Guta-Sintram de Strasbourg et sa place dans l'histoire du médicament - article ; n°179 ; vol.51, pg 181-193

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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1963 - Volume 51 - Numéro 179 - Pages 181-193
Parmi les sources manuscrites pour l'histoire de la pharmacie antérieures au XIIIe siècle, le Codex Guta-Sintram de Marbach-Schwarzenthann en Haute Alsace, daté de 1154, mérite d'être pris en considération.
Sur huit feuillets d'un calendarium sont consignés de la main de Guta, moniale de Schwarzenthann, illustrés par les miniatures de Sintram, chanoine régulier de Marbach, les préceptes d'hygiène du mois lesquels, à côté d'indications concernant la diététique et la pratique de la saignée, témoignent de l'usage de vingt drogues d'origine végétale, d'une drogue d'origine animale, de huit compositions pharmaceutiques et de trois préparations diététiques ou alimentaires. Malgré le caractère assez général de ces énumerations, il n'en reste pas moins que ces renseignements paraissent fort intéressants, dans la mesure où ils permettent de compléter nos connaissances sur le mode de vie, les usages, la balnéation, la diététique, les soins aux malades et les moyens thérapeutiques dans une communauté monastique du XIIIe siècle-, suivant la règle de saint Augustin, et dont l'importance, prouvée par les filiations et les Consuetudines Marbacenses, est essentielle pour les pays hauts rhénans.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 216
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Bachoffner
Un calendrier enluminé de 1154 : le Guta-Sintram de Strasbourg
et sa place dans l'histoire du médicament
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 51e année, N. 179, 1963. pp. 181-193.
Résumé
Parmi les sources manuscrites pour l'histoire de la pharmacie antérieures au XIIIe siècle, le Codex Guta-Sintram de Marbach-
Schwarzenthann en Haute Alsace, daté de 1154, mérite d'être pris en considération.
Sur huit feuillets d'un calendarium sont consignés de la main de Guta, moniale de Schwarzenthann, illustrés par les miniatures
de Sintram, chanoine régulier de Marbach, les préceptes d'hygiène du mois lesquels, à côté d'indications concernant la
diététique et la pratique de la saignée, témoignent de l'usage de vingt drogues d'origine végétale, d'une drogue d'origine animale,
de huit compositions pharmaceutiques et de trois préparations diététiques ou alimentaires. Malgré le caractère assez général de
ces énumerations, il n'en reste pas moins que ces renseignements paraissent fort intéressants, dans la mesure où ils permettent
de compléter nos connaissances sur le mode de vie, les usages, la balnéation, la diététique, les soins aux malades et les
moyens thérapeutiques dans une communauté monastique du XIIIe siècle-, suivant la règle de saint Augustin, et dont
l'importance, prouvée par les filiations et les Consuetudines Marbacenses, est essentielle pour les pays hauts rhénans.
Citer ce document / Cite this document :
Bachoffner Pierre. Un calendrier enluminé de 1154 : le Guta-Sintram de Strasbourg et sa place dans l'histoire du médicament.
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 51e année, N. 179, 1963. pp. 181-193.
doi : 10.3406/pharm.1963.8222
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1963_num_51_179_8222\ t\ S
REVUE D'HISTOIRE
DE LA PHARMACIE
Décembre 1963
Un calendrier enluminé de 1154
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et sa place dans l'histoire du médicament
nombreuses. pharmacie,, Les sources antérieures manuscrites au xnr3 médiévales siècle, sont pour relativement l'histoire de peu la
D'après Raïssa Gorlin<1>, parmi les documents pharmaceuti
ques d'avant le xe siècle, on peut citer le plan de Gozbert pour
l'abbaye de Saint-Gall, la poésie latine de Sedulius Scottus et
les vers de Wahlafrid Strabo.
Le plan carolingien de Saint-Gall provoque, encore de nos
jours, la grande curiosité des visiteurs de la célèbre bibliothèque.
Quant au de cultura hortorum de Wahlafrid Strabo, abbé de la
Reichenau (env. 809-849), poème dédié à Grimald, son maître
spirituel, qui fut abbé de Wissembourg en Basse Alsace, il nous
est surtout connu grâce à une édition de 1509 de l'humaniste
Joachim von Watt, dit Vadianus <2>.
Rudolf Schmitz a conseillé, pour pallier à cette pénurie, l'étude
systématique de la littérature miraculeuse médiévale, jusqu'ici
apparemment peu fouillée <3>. Il est certain que les « livres de
miracles », et plus généralement tout ce qui nous est parvenu et
qui concerne l'histoire des pèlerinages, des saints guérisseurs, du
thermalisme médiéval, etc., est susceptible de fournir un grand
nombre de renseignements concernant la thérapeutique et l'his
toire des drogues (ainsi par exemple, la mention éventuelle de
remèdes employés avec plus ou moins de succès) .s 182 t REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE - . ¦
On conçoit, dans ces conditions, l'importance qu'il convient
d'attacher à tous les travaux ayant pour objet la recherche de
nouveaux documents pouvant servir à l'étude de cette période. «
Une nomenclature de médicaments attribuée au x* siècle a été
f° publiée et commentée par M. Ch. Cailhol. Elle figure sur le feuillet
135, primitivement inemployé, du manuscrit A 205 (296) de
la Bibliothèque municipale de Rouen. Elle comporte une qua
rantaine de drogues et est intitulée : « Nomina de Picmentis » <34).
Récemment, M. le docteur Lutz, conservateur du musée d'his
toire de la pharmacie de Bâle, a attiré l'attention sur le manuscrit
D/III/14 de la bibliothèque universitaire de Bâle, daté du xrr»
siècle, issu probablement du scriptorium de l'abbaye bénédictine
d'Engelberg (Suisse), dans lequel il a heureusement pu recon
naître le « Grand Antidotaire salernitain », l'archétype des nom
breux antidotaires Nicolas »f beaucoup plus récents <4>. Les man
uscrits utilisés par le docteur Dorveaux, par exemple, ne datent
en effet que des xiv* et xv* siècles <5>.
Apportant une contribution plus modeste, certes, mais non
sans intérêt, le « Codex Guta-Sintram », daté de 1154 dans le
texte, conservé à la bibliothèque du Grand Séminaire de Stras
bourg, formule, dans son calendarium (f ° 7 v° à f ° 76 v°) , pour
huit mois de l'année (le reste ayant été soustrait à une époque
indéterminée) , des préceptes d'hygiène comportant, outre les indi
cations concernant l'opportunité ou la non opportunité de la
saignée, des conseils de diététique, et surtout, ce qui nous retient
spécialement, mentionne des remèdes, drogues d'origine végétale
et animale, et certaines compositions pharmaceutiques. .
Le Codex Guta-Sintram de Marbach-Schwarzenthann est ainsi
désigné, parce que, écrit par Guta, une moniale du couvent de
Schwarzenthann, il a été enluminé par Sintram, chanoine régul
ier de Marbach, qu'il ne faut pas confondre avec un autre Sin
tram, scribe de Saint-Gall de la fin du rxe siècle, auteur de
YEvangelium longum aux plaques d'ivoire sculptées par Tuetilo.
On peut supposer que Sintram était prieur ou chapelain de
Schwarzenthann <6), quand, en 1154, cette uvre fut réalisée ou
terminée. Les deux monastères, aujourd'hui détruits, étaient situés
en Haute Alsace, près d'Eguisheim et de Soulzmatt.
Marbach et sa filiale constituent un témoignage alsacien pour
l'important mouvement de réforme, parti d'Italie et de France,
au milieu du xie siècle, accompagné de puissants élans spirituels
vers la vie apostolique, et qui tendait à imposer aux clercs la
règle de saint Augustin. C'est le monastère de Saint-Ruf en Avi
gnon, fondé en 1039, qui est principalement à l'origine de la GUTA-SINTRAM DE STRASROURG i 183 LB
fondation de Marbach en 1089. Marbach lui-même devint peu à
peu le centre d'une congrégation puissante qui essaima en grande
partie en Allemagne méridionale.
Longtemps considéré comme perdu <7>, ce codex, d'après le
chanoine Walter, qui en publia les miniatures <8), est certain
ement le joyau le plus précieux du Haut Moyen Age en Alsace,
après la disparition de l'Horttw deliciarum lors du bombardement
de Strasbourg en 1870, auquel d'ailleurs il est antérieur. Ainsi
qu'il est dit plus haut, il se trouve aujourd'hui à la bibliothèque
du Grand Séminaire de Strasbourg <9>.
L'écriture est la même que celle de VHortus et des manuscrits
de la même époque, conservés dans les bibliothèques de Sélestat
et Colmar, c'est-à-dire, une minuscule Caroline, annonçant déjà la
minuscule gothique <10>. Qjuant à l'art du miniaturiste Sintram, il
peut être considéré, d'après Krauss <lfJ, comme l'expression d'une
tendance nouvelle, au milieu du xjj? siècle, née sous l'influence
des Hohenstaufen, favorisée par le brassage des classes sociales
dû au phénomène des Croisades, et à l'échange d'influences entre
le sud et le nord de l'Europe. A l'art sévère et figé, esclave des
formes traditionnelles, s'éloignant de plus en plus de la vérité
naturelle, conforme à l'idéal ascétique détourné de la vie, succède
un renouveau vivifiant, la compréhension des formes se déve
loppe, un souffle frais de naturel semble se dégager de cette
peinture qu'il faudrait aussi songer à situer dans son milieu
rhénan, plutôt porté vers une certaine joie de vivre.
Cette manière se retrouve dans les huit miniatures présentant
les textes que nous nous proposons d'étudier.
Un personnage central tient un phylactère sur lequel sont
inscrits les pr

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