Un crime
158 pages
Français

Un crime

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Description

Dans la région de Grenoble, par une sinistre nuit d'hiver, Céleste, la gouvernante, attend le nouveau curé de Mégère. Celui-ci arrive enfin au presbytère. Il prétend avoir entendu des coups de feu du côté du château. Phémie, la sonneuse, ameute le village. Une battue commence. On découvre dans le parc le cadavre d'un inconnu. La châtelaine, Mme Beauchamp, a elle aussi été assassinée. Aussitôt l'instruction débute, diligentée par le juge Frescheville... Extrait : Elle n'osait plus fermer la fenêtre, et pourtant le sourd roulement du vent au fond de la vallée grandissant de minute en minute comme chaque soir, ne s'apaiserait qu'avec les premiers brouillards de l'aube. Mais elle redoutait plus que la nuit l'odeur fade de cette maison solitaire pleine des souvenirs d'un mort. Un long moment, ses deux mains restèrent crispées sur le montant de la fenêtre

Informations

Publié par
Nombre de lectures 27
EAN13 9782824712604
Licence : Libre de droits
Langue Français

Extrait

GEORGES BERNANOS
U N CRIME
BI BEBO O KGEORGES BERNANOS
U N CRIME
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1260-4
BI BEBO OK
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Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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compris à Bib eb o ok.Pr emièr e p artie
1CHAP I T RE I
— i va là ? C’ est toi, P hémie ?
Mais il était p eu pr obable que la sonneuse vînt si tard au pr esb ytèr e .
Sous la fenêtr e , le r eg ard anxieux de la vieille b onne ne p ouvait guèr e
v oir plus loin que le pr emier tour nant de l’allé e ; le p etit jardin se p erdait
au-delà , dans les ténèbr es.
— C’ est-i v ous, P hémie ! r eprit-elle sans conviction, d’une v oix
maintenant tout à fait tr emblante .
Elle n’ osait plus fer mer la fenêtr e , et p ourtant le sourd r oulement du
v ent au fond de la vallé e grandissant de minute en minute comme chaque
soir , ne s’ap aiserait qu’av e c les pr emier s br ouillards de l’aub e . Mais elle
r e doutait plus que la nuit l’ o deur fade de cee maison solitair e pleine
des souv enir s d’un mort. Un long moment, ses deux mains r estèr ent
crisp é es sur le montant de la fenêtr e ; elle dut fair e effort p our les desser r er .
Comme ses doigts s’aardaient encor e sur l’ esp agnolee , elle p oussa un
cri de ter r eur .
2Un crime Chapitr e I
— Dieu ! que v ous m’av ez fait crainte . Par où que v ous êtes monté e ,
sans plus de br uit qu’une b elee , mams’ elle P hémie ?
La fille rép ondit en riant :
— Ben, p ar le lav oir , donc. Drôle de g ardienne que v ous faites, sans
r epr o che , mademoiselle Céleste ! On entr e ici comme dans le moulin du
pèr e Anselme , p ar ole d’honneur .
Sans aendr e la rép onse , elle prit une tasse sur l’étagèr e et se mit
tranquillement en demeur e de la r emplir de g eniè v r e .
— V ous allez tout de même p as me b oir e ma g oue ?
— On v oit bien que v ous r estez là au chaud, mademoiselle Céleste . Le
v ent vient de tour ner du côté des T r ois-Évê ques. Il m’a autant dir e cinglé
les os. Y a p as de fichu qui tienne là contr e !
Elle s’ essuya les lè v r es à son tablier , cracha p oliment dans les cendr es,
et r eprit d’un ton où la vieille femme méfiante cr ut sentir un lég er malaise ,
dont elle ne s’ e xpliqua p as d’ab ord la cause :
— V audrait mieux v ous coucher , mademoiselle Céleste , v otr e curé est
depuis longtemps sous ses draps, v ous p ouv ez me cr oir e . Pensez ! La moto
du messag er vient d’ar riv er chez Merle . Paraît que la br ume descendait
der rièr e lui pr esque aussi vite . . . Il ne p assera plus une v oitur e d’ici demain
p ar les cols.
— Sav oir , ma p etite . Un jeune curé , sa pr emièr e p ar oisse , v o y ez-v ous,
y a p as plus simple , plus naïf. A v e c ça, ces g ens de Gr enoble , ils ne
connaissent rien à nos montagnes. Écoutez. . .
Le ciel v enait de vibr er d’un seul coup , pr esque sans br uit, du moins
p er ceptible à l’ or eille , et p ourtant la ter r e p ar ut en frémir jusque dans ses
pr ofondeur s, comme du baant d’une énor me clo che de br onze .
— Le v ent vient de tour ner encor e un p eu plus au nord, ma fine . Le
v oilà qui p asse entr e les Aiguilles Noir es. Nous aur ons du fr oid.
Elle r emplit sa tasse , la cho qua contr e celle de P hémie et, de sa v oix
toujour s un p eu sifflante , elle r eprit entr e ses dents noir es :
— Ça ne présag e rien de b on.
— Tiens, mademoiselle Céleste , v oilà que v ous fumez la pip e à
ct’heur e ?
— T ouchez p as ! dit la vieille .
3Un crime Chapitr e I
Ses deux mains maigr es et br unies, couleur de chanv r e , aussi agiles
que des mains de sing e , v olèr ent à trav er s la table , et elle rappr o cha d’ elle
l’assiee à fleur s, la tint si ser ré e contr e sa p oitrine que les plis de son
caraco la r e couv rir ent pr esque tout entièr e .
— ’ est-ce qui v ous pr end ? C’ est-i donc sacré , une pip e ?
— C’était la sienne , dit la ser vante . Il l’a p osé e là , telle quelle , deux
heur es avant de finir , juste . V ous allez me cr oir e folle , mams’ elle P hémie ,
mais j’ai p as osé la toucher depuis. T enez : elle est encor e toute b our ré e .
D es fois, aujourd’hui, en cirant les meubles, je me r etour nais, je cr o yais
v oir le plat vide , av e c une de ses gr osses mains dessus, qu’avaient
tellement enflé dans les der nier s jour s. . . Oh ! j’ai p as p eur des morts, non.
Mais notr e ancien curé , v o y ez-v ous, ça ne doit p as êtr e un mort comme
les autr es.
Elle r ep oussa l’assiee au milieu de la table , av e c pré caution, r e vint
s’asse oir sur sa chaise , dans l’ ombr e .
— En v oilà deux, tout de même , deux curés que je v ois mourir ici.
— Baste , le jeune aura bientôt fait de guérir v os humeur s noir es. . .
Est-il v raiment si jeune que ça, mams’ elle Céleste ?
— Oui. . . enfin, du moins je le supp ose . D ans les vingt-cinq ou tr ente ,
p eut-êtr e ? Les g ens prétendent qu’il vient d’ailleur s, très loin, d’un autr e
dio cèse , comme ils disent. Mais p our en sav oir plus, b er nique ! A ucun de
ces messieur s du canton ne le connaît. A v e c eux, ma fine , ça va êtr e dur !
— Vingt-cinq ou tr ente , p ensez ! A -t-il seulement l’idé e d’une espè ce
de p ar oisse p erdue comme v oilà celle-ci à dix lieues de la ville et des
r outes ? Parlez-moi des r outes ! On p our rait y cr e v er sans confession, cinq
mois sur douze . Rapp elez-v ous la mort du fils Dup onchel, et l’auto des
Parisiens qu’a cap oté l’anné e der nièr e . . . Br r . . . Je le plains, moi, ce p auv r e
g ar çon.
— Ce g ar çon, gr ogna la vieille en haussant les ép aules. V o y ez comme
elle a dit ça, l’ effr onté e !
— Ben oui, quoi, un g ar çon ! Et si fiér ot qu’il soit, mademoiselle
Céleste , sûr et certain qu’il n’ en mènera p as lar g e demain, quand il r endra
visite à M. le mair e . Pensez qu’ils ont aendu sur la place deux heur es
durant, et p ar une bise !. . . Et quand la p atache est ar rivé e , p as plus de
curé que sur ma main, c’ est p as cr o yable .
4Un crime Chapitr e I
— Possible qu’il aura été r etenu à Gr enoble . Son bag ag e est déjà là
depuis mar

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