Un exportateur dynamique mais vulnérable : les machines Bull (1948-1964) - article ; n°4 ; vol.14, pg 643-665
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Un exportateur dynamique mais vulnérable : les machines Bull (1948-1964) - article ; n°4 ; vol.14, pg 643-665

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Histoire, économie et société - Année 1995 - Volume 14 - Numéro 4 - Pages 643-665
Résumé Au cours des années cinquante, les revenus de l'exportation atteignent la moitié du chiffre d'affaires de la compagnie Bull. Cette performance, rare dans l'industrie française de l'époque, s'explique par divers facteurs : les origines de Bull, sa culture d'entreprise sont multinationales ; en mécanographie et en informatique, les parts de marché sont très stables et il est donc vital d'en conquérir aussitôt que possible ; l'État favorise l'activité exportatrice de la compagnie ; disposant de ses propres brevets, Bull ne subit pas une dépendance technique qui limiterait son expansion ; de plus — c'est notre hypothèse — , les machines étant généralement louées plutôt que vendues, le constructeur subit des contraintes financières spécifiques, qui l'incitent à créer des filiales étrangères. A partir de 1948, Bull développe énergiquement son réseau commercial international. En 1964, celui-ci emploie 4 000 personnes et couvre quarante-deux pays, du Japon à l'Amérique. Les principales filiales sont en Allemagne et en Italie. Bull s'attaque aussi aux marchés anglo-américains, mais ne s'établit que tard dans ces pays où ses principaux concurrents sont chez eux. Les accords liant Bull à British Tabulating Machines et à Remington-Rand de 1950 à 1959 donnent à la firme française une certaine marge de manœuvre, mais l'incitent, nous semble-t-il, à trop investir dans le matériel électromécanique classique : une division internationale du travail se dessine, enfermant Bull dans la dépendance technologique. Prise de court par l'offensive des petits ordinateurs de gestion, ne parvenant plus à financer la mise en location de ses machines, Bull subit une grave crise et tombe sous le contrôle de General Electric en 1964.
Abstract During the 1950s, exports generated up to half of Bull's turnover — an exceptional performance for a French company at the time. This success had several causes: Bull's origins and corporate culture were multinational; in the data-processing industry, market shares are very stable over the time, thus it is vital to conquer these as soon as possible; the French government helped Bull to expand internationally, through regulations and loans; as Bull had command of its own patents, its expansion was not limited by license agreements; moreover, particular to Bull's case, their machines were generally leased, not sold, and this imposed financial constraints on a manufacturer, who thus needed to create foreign subsidiaries. From 1948 on, Bull actively developed its international commercial network. In 1964, its sales force abroad employed a staff of 4 000 people and covered 42 countries, from Japan to America. The main subsidiaries were in Germany and Italy. Bull also attacked the British and US markets, but did not initially establish subsidiaries in these countries, where its main competitors were on home ground. Agreements linked Bull to British Tabulating Machines and to Remington-Rand from 1950 to 1959; they gave the French company a greater freedom of action, but enticed it to invest unwisely into conventional punch card equipment manufacturing. In 1960, Bull was set back by the offensive of small business computers, and could no longer afford the costly leasing operations of its machines. After a serious crisis, Bull was taken over by General Electric in 1964.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre-E. Mounier-Kuhn
Un exportateur dynamique mais vulnérable : les machines Bull
(1948-1964)
In: Histoire, économie et société. 1995, 14e année, n°4. pp. 643-665.
Citer ce document / Cite this document :
Mounier-Kuhn Pierre-E. Un exportateur dynamique mais vulnérable : les machines Bull (1948-1964). In: Histoire, économie et
société. 1995, 14e année, n°4. pp. 643-665.
doi : 10.3406/hes.1995.1795
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1995_num_14_4_1795Résumé
Résumé Au cours des années cinquante, les revenus de l'exportation atteignent la moitié du chiffre
d'affaires de la compagnie Bull. Cette performance, rare dans l'industrie française de l'époque,
s'explique par divers facteurs : les origines de Bull, sa "culture d'entreprise" sont multinationales ; en
mécanographie et en informatique, les parts de marché sont très stables et il est donc vital d'en
conquérir aussitôt que possible ; l'État favorise l'activité exportatrice de la compagnie ; disposant de ses
propres brevets, Bull ne subit pas une dépendance technique qui limiterait son expansion ; de plus —
c'est notre hypothèse — , les machines étant généralement louées plutôt que vendues, le constructeur
subit des contraintes financières spécifiques, qui l'incitent à créer des filiales étrangères. A partir de
1948, Bull développe énergiquement son réseau commercial international. En 1964, celui-ci emploie 4
000 personnes et couvre quarante-deux pays, du Japon à l'Amérique. Les principales filiales sont en
Allemagne et en Italie. Bull s'attaque aussi aux marchés anglo-américains, mais ne s'établit que tard
dans ces pays où ses principaux concurrents sont chez eux. Les accords liant Bull à British Tabulating
Machines et à Remington-Rand de 1950 à 1959 donnent à la firme française une certaine marge de
manœuvre, mais l'incitent, nous semble-t-il, à trop investir dans le matériel électromécanique
"classique" : une division internationale du travail se dessine, enfermant Bull dans la dépendance
technologique. Prise de court par l'offensive des petits ordinateurs de gestion, ne parvenant plus à
financer la mise en location de ses machines, Bull subit une grave crise et tombe sous le contrôle de
General Electric en 1964.
Abstract During the 1950s, exports generated up to half of Bull's turnover — an exceptional
performance for a French company at the time. This success had several causes: Bull's origins and
corporate culture were multinational; in the data-processing industry, market shares are very stable over
the time, thus it is vital to conquer these as soon as possible; the French government helped Bull to
expand internationally, through regulations and loans; as Bull had command of its own patents, its
expansion was not limited by license agreements; moreover, particular to Bull's case, their machines
were generally leased, not sold, and this imposed financial constraints on a manufacturer, who thus
needed to create foreign subsidiaries. From 1948 on, Bull actively developed its international
commercial network. In 1964, its sales force abroad employed a staff of 4 000 people and covered 42
countries, from Japan to America. The main subsidiaries were in Germany and Italy. Bull also attacked
the British and US markets, but did not initially establish subsidiaries in these countries, where its main
competitors were on home ground. Agreements linked Bull to British Tabulating Machines and to
Remington-Rand from 1950 to 1959; they gave the French company a greater freedom of action, but
enticed it to invest unwisely into conventional punch card equipment manufacturing. In 1960, Bull was
set back by the offensive of small business computers, and could no longer afford the costly leasing
operations of its machines. After a serious crisis, Bull was taken over by General Electric in 1964.EXPORTATEUR DYNAMIQUE MAIS VULNÉRABLE : UN
LA COMPAGNIE DES MACHINES BULL (1948-1964)
par Pierre-E. Mounier-Kuhn
Résumé
Au cours des années cinquante, les revenus de l'exportation atteignent la moitié du chiffre d'affaires de
la compagnie Bull. Cette performance, rare dans l'industrie française de l'époque, s'explique par divers
facteurs : les origines de Bull, sa "culture d'entreprise" sont multinationales ; en mécanographie et en infor
matique, les parts de marché sont très stables et il est donc vital d'en conquérir aussitôt que possible ;
l'Etat favorise l'activité exportatrice de la compagnie ; disposant de ses propres brevets, Bull ne subit pas
une dépendance technique qui limiterait son expansion ; de plus — c'est notre hypothèse — , les machines
étant généralement louées plutôt que vendues, le constructeur subit des contraintes financières spécifiques,
qui l'incitent à créer des filiales étrangères.
A partir de 1948, Bull développe énergiquement son réseau commercial international. En 1964, celui-ci
emploie 4 000 personnes et couvre quarante-deux pays, du Japon à l'Amérique. Les principales filiales sont
en Allemagne et en Italie. Bull s'attaque aussi aux marchés anglo-américains, mais ne s'établit que tard
dans ces pays où ses principaux concurrents sont chez eux. Les accords liant Bull à British Tabulating
Machines et à Remington-Rand de 1950 à 1959 donnent à la firme française une certaine marge de
manœuvre, mais l'incitent, nous semble-t-il, à trop investir dans le matériel électromécanique "classique" :
une division internationale du travail se dessine, enfermant Bull dans la dépendance technologique. Prise de
court par l'offensive des petits ordinateurs de gestion, ne parvenant plus à financer la mise en location de
ses machines, Bull subit une grave crise et tombe sous le contrôle de General Electric en 1964.
Abstract
During the 1950s, exports generated up to half of Bull's turnover — an exceptional performance for a
French company at the time. This success had several causes: Bull's origins and corporate culture were
multinational; in the data-processing industry, market shares are very stable over the time, thus it is vital
to conquer these as soon as possible; the French government helped Bull to expand internationally,
through regulations and loans; as Bull had command of its own patents, its expansion was not limited by
license agreements; moreover, particular to Bull's case, their machines were generally leased, not sold,
and this imposed financial constraints on a manufacturer, who thus needed to create foreign subsidiaries.
From 1948 on, Bull actively developed its international commercial network. In 1964, its sales force
abroad employed a staff of 4 000 people and covered 42 countries, from Japan to America. The main sub
sidiaries were in Germany and Italy. Bull also attacked the British and US markets, but did not initially
establish subsidiaries in these countries, where its main competitors were on home ground. Agreements li
nked Bull to British Tabulating Machines and to Remington-Rand from 1950 to 1959; they gave the French
company a greater freedom of action, but enticed it to invest unwisely into conventional punch card equip
ment manufacturing. In 1960, Bull was set back by the offensive of small business computers, and could no
longer afford the costly leasing operations of its machines. After a serious crisis, Bull was taken over by
General Electric in 1964.
La Compagnie des Machines Bull s'est constituée à Paris au début des années trente
pour exploiter les brevets de machines à cartes perforées pris dix ans auparavant par un
ingénieur norvégien, Fredrik Rosing Bull1. Elle est dirigée et possédée par un groupe
1 Mounier-Kuhn, P.-E. "Bull - A Worldwide Company Born in Europe" Annals of the History of Computing vol.
11/4, 1989 et "Bull : 70 ans de traitement de l'information" Actes du 2e Colloque sur l'Histoire de l'Informatique en 644 Histoire Économie et Société
d'industriels, notamment par Georges Vieillard, qui en sera le directeur général jusqu'en
1962, et par des membres de la famille Calliès, alliée aux Michelin et propriétaire des
papeteries d'Aussedat fournissant les cartes nécessaires aux "machines comptables et à sta
tistiques" produites par Bull. A partir d'un atelier de cinquante personnes en 1931, la com
pagnie a conquis, face aux multinationales bien établies comme I.B.M. ou
Remington-Rand-Powers, une part respectable du marché français. Marché modeste, au
demeurant, car la mécanographie à cartes perforées était réservée, en raison de son prix, à
de grandes entreprises et aux administrations publiques. 1948 est une année-charnière dans
l'histoire de

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