Un peintre soviétique : Vladimir Sterligov, 1904-1973 - article ; n°2 ; vol.21, pg 195-200
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1980 - Volume 21 - Numéro 2 - Pages 195-200
Evgenij Kovtun, A Soviet painter: Vladimir Sterligov.
Vladimir Sterligov, a Russian painter deceased in 1973, whose followers continue, up to our times, to draw their inspiration from what is called in Leningrad the school of Sterligov (under the direction of the painter's widow, Tatiana Glebova) had created in Russia, in the sixties, a new aesthetic tendency at the intersection of the Suprematism of Malevich and the organic pictural culture of Matiushin. For Sterligov, the structure and the construction of plastic space are based on the shape of a bowl (and the cupola derived therefrom). The aesthetics of the curb, of the bowl and the cupola is perceived in the spiritual and moral life of the world as a new and imperative necessity. Sterligov dreamt of the contemporary religious art of painting. He was not attracted by the face but by the vision of the world such as displayed by ancient Russian painting. He was opposed to the arbitrary in the individualistic creation and believed in the logic of the unescapable and absolute development of the plastic shape transmitted through the artist.
Evgenij Kovtun, Un peintre soviétique : Vladimir Sterligov.
Vladimir Sterligov, peintre russe mort en 1973, dont les disciples continuent encore aujourd'hui à s'inspirer dans ce que l'on appelle à Leningrad l' « École de Sterligov » (sous l'égide de la femme du peintre, Tat'jana Glebova), a créé une nouvelle tendance esthétique dans les années 60 en Russie, tendance au confluent du suprématisme de Malevič et de la culture picturale « organique » de Matjušin. Pour Sterligov, la structure et la construction de l'espace plastique ont comme base la forme de la coupe (et de son dérivé — la coupole). Cette esthétique de la courbe, de la coupe et de la coupole est saisie dans la vie spirituelle et morale du monde en tant que nécessité nouvelle et impérieuse. Sterligov rêvait d'une peinture religieuse contemporaine. Ce n'est pas le visage qui le séduisait, mais la face du monde, dans le sens où ce phénomène a été dévoilé dans la peinture russe ancienne. Il s'opposait à l'arbitraire de la création individualiste et croyait à la logique du développement inéluctable et absolu de la forme plastique qui « passe » à travers l'artiste.
6 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Evgenij Kovtun
Sylviane Siger
Un peintre soviétique : Vladimir Sterligov, 1904-1973
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 21 N°2. Avril-Juin 1980. pp. 195-200.
Citer ce document / Cite this document :
Kovtun Evgenij, Siger Sylviane. Un peintre soviétique : Vladimir Sterligov, 1904-1973. In: Cahiers du monde russe et soviétique.
Vol. 21 N°2. Avril-Juin 1980. pp. 195-200.
doi : 10.3406/cmr.1980.1385
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1980_num_21_2_1385Abstract
Evgenij Kovtun, A Soviet painter: Vladimir Sterligov.
Vladimir Sterligov, a Russian painter deceased in 1973, whose followers continue, up to our times, to
draw their inspiration from what is called in Leningrad "the school of Sterligov"" (under the direction of
the painter's widow, Tatiana Glebova) had created in Russia, in the sixties, a new aesthetic tendency at
the intersection of the Suprematism of Malevich and the "organic" pictural culture of Matiushin. For
Sterligov, the structure and the construction of plastic space are based on the shape of a bowl (and the
cupola derived therefrom). The aesthetics of the curb, of the bowl and the cupola is perceived in the
spiritual and moral life of the world as a new and imperative necessity. Sterligov dreamt of the
contemporary religious art of painting. He was not attracted by the face but by the vision of the world
such as displayed by ancient Russian painting. He was opposed to the arbitrary in the individualistic
creation and believed in the logic of the unescapable and absolute development of the plastic shape
transmitted through the artist.
Résumé
Evgenij Kovtun, Un peintre soviétique : Vladimir Sterligov.
Vladimir Sterligov, peintre russe mort en 1973, dont les disciples continuent encore aujourd'hui à
s'inspirer dans ce que l'on appelle à Leningrad l' « École de Sterligov » (sous l'égide de la femme du
peintre, Tat'jana Glebova), a créé une nouvelle tendance esthétique dans les années 60 en Russie,
tendance au confluent du suprématisme de Malevič et de la culture picturale « organique » de Matjušin.
Pour Sterligov, la structure et la construction de l'espace plastique ont comme base la forme de la
coupe (et de son dérivé — la coupole). Cette esthétique de la courbe, de la coupe et de la coupole est
saisie dans la vie spirituelle et morale du monde en tant que nécessité nouvelle et impérieuse. Sterligov
rêvait d'une peinture religieuse contemporaine. Ce n'est pas le visage qui le séduisait, mais la face du
monde, dans le sens où ce phénomène a été dévoilé dans la peinture russe ancienne. Il s'opposait à
l'arbitraire de la création individualiste et croyait à la logique du développement inéluctable et absolu de
la forme plastique qui « passe » à travers l'artiste.KOVTUN EVGENIJ
UN PEINTRE SOVIÉTIQUE :
VLADIMIR STERLIGOV 1904-1973
Vladimir Vasil'evic Sterligov peut être compté au nombre des artistes
de la Russie contemporaine qui ont su développer et poursuivre les idées
de l'avant-garde russe des années 20. Sterligov a créé une nouvelle ten
dance fondamentale dans la plastique des formes et la conception de
l'espace artistique et a réuni dans l'unité d'un nouvel organisme artistique
ce que l'on aurait pu croire impossible à réunir : la non-figuration de
Maie vie et Г « organique » naturelle de Matjušin1. De la même façon, au
début du siècle, Larionov avait synthétisé dans le rayonnisme la
constructivité rigoureuse, inspirée du cubisme, et la vibration pictu
rale de l'impressionnisme.
La voie conduisant au système pictural et plastique de Sterligov a une
origine lointaine. Déjà, au début des années 10, les artistes les plus sen
sibles de l'avant-garde russe ont saisi, à l'époque de la procession victo
rieuse du cubisme, le caractère exhaustif de sa conception plastique et
spatiale, l'insuffisance et la rudesse (la géométrisation) des procédés où
s'explique l'action réciproque du monde spirituel de l'homme et du monde
universel. Commença alors le mouvement, imperceptible dès ses premiers
pas, qui partait du cubisme pour aller au delà du cubisme. Rejetant son
hybridité par rapport au monde des objets2, Maie vie partit dans le monde
sans objets du suprématisme, vers la supergéométrisation métaphysique.
Mais d'autres tendances ont également fait leur apparition. En 1912,
P. N. Filonov3 soumet à la critique, dans un article inédit, Picasso et le
cubofuturisme, notant qu'ils sont arrivés « dans une impasse à cause de
leurs propres bases mécaniques et géométriques »4. Filonov oppose à la
« mécanique » Г « organique » qui a trouvé son expression dans son « art
analytique », presque inconnu en Occident. C'est alors que commence dans
l'œuvre de E. G. Guro5 et de M. V. Matjušin l'original « retour à la nature »,
qui n'a rien de commun avec le naturalisme. On peut caractériser ces
nouvelles tendances de diverses façons, mais elles ont un sens commun : le
rapprochement nouveau de la nature, le refus de la « mécanique » en
faveur de Г « organique », le mouvement de la droite vers la courbe, vers
une nouvelle conception de l'espace et de la géométrie, non euclidienne,
sphérique, curviligne. Ces recherches atteignirent un maximum d'intens
ité à l'Institut d'État de la Culture artistique de Leningrad (Ginhuk, 1923-
1926) dont K. Male vie était le directeur et où V. E. Tatlin travaillait, où
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXI (2), avril-juin ig8o, pp. IÇ5-200.
5 I96 EVGENIJ KOVTUN
P. N. Filonov élaborait les principes de l'art analytique, où M. V. Ma-
tj tišin conduisait les recherches dans le département de la culture orga
nique, tandis que P. A. Mansurov comme précurseur de la bionique, étu
diait la provenance et la dépendance des constructions et des formes de
l'art à l'égard des structures naturelles.
C'est ici, à l'Institut de la Culture artistique, que commence la bio
graphie créatrice de Sterligov. Il travaillait comme assistant sous la
direction de Malevič dans le sillage du cubisme et du suprématisme. Ster
ligov acquit dans cet Institut, au contact de Malevič et d'autres maîtres
éminents des années 20, une haute culture dans le domaine de la forme
plastique, il se trouva confronté aux problèmes artistiques importants qui
s'élaboraient dans le nouvel art russe et européen, ce qui lui permit plus
tard de dire son mot dans le développement des idées plastiques. Les
premières œuvres de Sterligov, à l'exception d'une planche suprématiste,
disparurent lors du blocus de Leningrad, car une bombe tomba sur la
maison où elles se trouvaient.
En i960, un brusque changement survint comme une révélation dans
l'œuvre de Sterligov. Il perçut l'espace de façon nouvelle, puis, peu à peu,
il prit également conscience de ses nouvelles propriétés. Le résultat en fut
la naissance d'une conception artistique originale qu'il est difficile d'expri
mer en quelques mots. Cette conception de Sterligov, nouvelle dans la
plastique des formes et la compréhension de l'espace, est liée par une
continuité génétique avec le cubisme et le suprématisme.
Deux possibilités de constituer des formes étaient celées dans le
cubisme : la droite et la courbe, dans une corrélation de structure déter
minée. Malevič développa le stade des droites, linéaire, du cubisme (la
droite, le carré, le cube). L'angle droit devint la base de la nouvelle esthé
tique qui avait englobé tous les domaines de l'art, l'architecture, la poly-
graphie, le design. Telle était la nécessité du temps. La ligne droite supré
matiste était devenue un nouvel « élément additionnel »6 de l'art, le pro
cédé le plus « économe » de la constitution des formes.
Sterligov mit en lumière une autre possibilité du cubisme — le stade
circulaire, sphérique, qui s'y dissimule. Deux sphères, réunies par une
tangente, contiennent en elles une ligne courbe en forme de s, qui est
devenue dans le système de Sterligov un nouvel élément additionnel qui
détermine la constitution des formes. La courbe, comme la coupe et la
coupole qui en émanent, amena l'artiste à une nouvelle conception de
l'espace plastique, de sa structure et de sa « construction ». Notant sa
« marche » au de

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