Un préambule théorique à une Académie des Arts. Académie royale des Sciences (1693-1696). Présentation et textes. - article ; n°3 ; vol.23, pg 229-250
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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1970 - Volume 23 - Numéro 3 - Pages 229-250
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

MME CLAIRE SALOMON
BAYET
Un préambule théorique à une Académie des Arts. Académie
royale des Sciences (1693-1696). Présentation et textes.
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1970, Tome 23 n°3. pp. 229-250.
Citer ce document / Cite this document :
SALOMON BAYET CLAIRE. Un préambule théorique à une Académie des Arts. Académie royale des Sciences (1693-1696).
Présentation et textes. In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1970, Tome 23 n°3. pp. 229-250.
doi : 10.3406/rhs.1970.3142
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1970_num_23_3_3142Un préambule théorique
à une Académie des Arts
Académie royale des Sciences, 1693-1696
PRÉSENTATION ET TEXTES
I. — Technique, langage et institution
Pour la plupart inédits, les quelques textes que nous présentons
ici datent de 1693 à 1696, et s'insèrent dans la longue histoire
des rapports de la science et de la technique, de leur valorisation
ou de leur subordination successives, tenant à la nature de l'une
et de l'autre autant qu'aux formes des sociétés au sein desquelles
elles se définissent. L'espace institutionnel de l'Académie royale
des Sciences peut être pris pour le champ clos où se reflètent
les novations et les survivances, les oppositions théoriques et
pratiques d'une époque, en même temps que pour le lieu d'évidence
de problématiques plus constantes.
Géométrie, médecine, technique : la science du milieu du xvne,
certaine d'elle-même, pensait ouvrir à la juridiction géométrique
les domaines de la science du vivant et de la science des machines ;
espoir cartésien, constamment rappelé par les historiens, qui,
chez Descartes lui-même, passe par la déception, puis par la
désignation d'un territoire propre à la science médicale (1). C'est
sous l'invocation de la philosophie expérimentale que les académies
se créent, mais la part des « géomètres » dans leur fondation et
dans leur fonctionnement est essentielle. La « science » mathé
matique est adulte alors que la « technique » expérimentale est
parfois de l'ordre de l'utile, toujours du curieux, quasi jamais
(1) A. Baillet, La vie de Monsieur Descartes, 1961, pp. 433-434, cité par A. Koyré
in Histoire de la pensée scientifique, Paris, 1961, p. 281, et par J. Guillerme et
J. Sebestik, Les commencements de la technologie, Thaïes, Paris, 1968, p. 14 et n. 1 ;
R. Descartes, Méditation VI, et Martial Gueroult, Descartes selon Vordre des raisons,
t. II : L'âme et le corps, en particulier chap. 19, 20 et 21. 230 revue d'histoire des sciences
du démonstratif (1). L'impression qui se dégage vite de la lecture
des Procès-verbaux des séances de l'Académie royale des Sciences
est que toute matière est comme soumise à un double examen,
celui des « physiciens » (classe hétérogène de chimistes, botanistes,
anatomistes, médecins, apothicaires) et celui des « géomètres »
(classe ayant comme facteur d'homogénéité un langage mathé
matique commun), si bien que lorsque moins de dix ans après
la création de l'Académie, Colbert lui enjoint d'établir la « des
cription des Arts », injonction répondant à un propos évidemment
économique, la réponse que l'Académie propose de faire est double :
la première, théorique et exposant les principes dont l'élaboration
est confiée à Blondel, Huygens, Mariotte, Picard, la seconde
exposant tout ce qui regarde la pratique et l'application de la
théorie aux machines dont Buot est chargé d'établir le catalogue (2).
Ce qui est utile, les Arts, les machines, les techniques, est proposé,
d'une part à une élaboration formelle de type mathématique
dont la langue est fixée, d'autre part à un mode d'approche encore
indéterminé, et qui est le fait de physiciens comme de géomètres.
Le traité des machines se ramène en fait à un traité de méca
nique (3) ; la machine se définit par le mouvement et le problème
de l'énergie n'est pas abordé (4). C'est le géomètre La Hire qui
(1) Louvois charge M. de La Chapelle, le 30 janvier 1686, de rappeler ces dis
tinctions à la Compagnie, « en excusant ces ordres »:...« j'appelle recherche curieuse
ce qui n'est qu'une pure curiosité, un jeu, pour ainsi dire un amusement des chimistes.
Cette compagnie est trop illustre et a des applications trop sérieuses pour ne s'attacher
ici qu'à une simple curiosité. J'entends une recherche utile ce qui peut avoir rapport
au service du Roi et de l'Etat... », Procès-verbaux, XI, f° 157.
(2) Jacques Buot, académicien-géomètre en 1666. Ingénieur géographe du roi,
professeur de mathématiques des Pages de la Grande Ecurie.
(3) Ibid. : « La mécanique est une science qui traite des corps en tant qu'ils ont
la faculté de se mouvoir eux-mêmes ou de mouvoir d'autres corps. »
(4) L'année même de la réforme de l'Académie, néanmoins, un long rapport de
Guillaume Amontons qui vient d'entrer dans la Compagnie traite « du moyen de
substituer commodément l'action du feu à la force des hommes et des chevaux pour
mouvoir les machines » (Registre des procès-verbaux, t. XVIII bis, 3 juin 1699-
décembre 1699; f° 374 à f° 388, Histoire de l'A.R.Sc, année 1699, p. 112-126).
Amontons (1663-1705) décrit le moyen de se servir commodément du feu pour mouvoir
les machines, calcule les frottements, mais surtout poursuit des expériences pour
mettre en évidence deux sortes d'avantage à l'utilisation de ce procédé : un avantage
économique qui ressort des prix de revient comparés de l'entretien des hommes,
des chevaux et des machines ; un avantage technique qui consiste à pouvoir « avoir
toujours une puissance égale et sans interruption, si on veut ; ce qui ne peut être le
cas en se servant des moulins à vent, ou à eau, les uns étant souvent arrêtés faute
de vent, et les autres par les glaces et les débordements d'eau », enfin à pouvoir « n'être
point sujet aux lieux parce qu'on trouve presque partout des matières combustibles » SALOMON. PRÉAMBULE A UNE ACADÉMIE DES ARTS 231 CL.
l'écrira en 1695. En ce qui concerne la pratique, trois dates nous
permettent d'esquisser une évolution dans la manière dont se
peut concevoir un discours sur les machines, de type scienti
fique (1), non nécessairement en son entier mathématique : Buot,
en 1675, le conçoit comme un catalogue ; de 1693 à 1695, Filleau
des Billettes réfléchit sur les conditions de possibilité d'un tel
discours, dont nous verrons qu'il le veut à la fois logique et classi-
ficatoire ; en 1699, la réforme de l'Académie en même temps que
l'entrée de Filleau des Billettes dans la Compagnie au titre de
mécanicien marque l'avortement de la tentative. L'article XXXI
du règlement du 26 janvier 1699, s'il fait entrer Yexamen des
machines statutairement dans le programme académique, le conçoit
comme l'embryon d'un conservatoire — ce qu'il devait effect
ivement devenir — , et non comme le germe d'une exploration
raisonnée (2) ; établir des Billettes académicien-mécanicien parmi
les géomètres, c'est en fait subordonner une « Académie des Arts »
qui aurait pu exister à l'Académie royale des Sciences, méconnaître
l'originalité et l'indépendance de la première en alourdissant le
travail de la seconde. Lorsque, dans YIndex des académiciens,
publié de nos jours, par l'Académie des Sciences (3), le nom do
(P.-V., XVIII bis, f° 386). Substitution d'une force de travail à une autre, non mise
au point d'une machine produisant une énergie dont les points d'application peuvent
varier : la marmite de Papin est de 1690, son mémoire sur Une nouvelle manière pour
lever Veau par la force du feu, de 1707. C'est, nous semble-t-il, le premier aspect du
problème auquel l'Académie porte intérêt : deux mois après l'exposé d'Amontons,
La Hire, à l'assemblée publique du 14 novembre 1699, fait « l'examen de la force de
l'homme pour mouvoir des fardeaux tant en levant qu'en portant et en tirant, laquelle
est con

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