Un thème de la «propagande» augustéenne : l image populaire d Agrippa - article ; n°2 ; vol.92, pg 947-955
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1980 - Volume 92 - Numéro 2 - Pages 947-955
Jean-Michel Roddaz, ~~Un thème de la «propagande» augustéenne: l'image populaire d'Agrippa~~, p. 947-956. La figure d'Agrippa présente, de la naissance jusqu'à la mort et même au-delà, une cohérence qui trouve son reflet dans l'imagerie populaire; l'origine obscure du personnage et surtout son action politique ont permis de promouvoir dans l'idéologie du Principat augustéen, à travers les sources littéraires et l'iconographie, l'image d'un homme proche des aspirations du peuple et de le présenter comme la caution populaire du nouveau régime. Le témoignage de Dion Cassius qui, par ailleurs, marque l'aboutissement dans la confection d'une représentation idéalisée du personnage, en fournit la meilleure illustration.
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 13
Langue Français

Extrait

Jean-Michel Roddaz
Un thème de la «propagande» augustéenne : l'image populaire
d'Agrippa
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 92, N°2. 1980. pp. 947-955.
Résumé
Jean-Michel Roddaz, Un thème de la «propagande» augustéenne: l'image populaire d'Agrippa, p. 947-956.
La figure d'Agrippa présente, de la naissance jusqu'à la mort et même au-delà, une cohérence qui trouve son reflet dans
l'imagerie populaire; l'origine obscure du personnage et surtout son action politique ont permis de promouvoir dans l'idéologie du
Principat augustéen, à travers les sources littéraires et l'iconographie, l'image d'un homme proche des aspirations du peuple et
de le présenter comme la caution populaire du nouveau régime. Le témoignage de Dion Cassius qui, par ailleurs, marque
l'aboutissement dans la confection d'une représentation idéalisée du personnage, en fournit la meilleure illustration.
Citer ce document / Cite this document :
Roddaz Jean-Michel. Un thème de la «propagande» augustéenne : l'image populaire d'Agrippa. In: Mélanges de l'Ecole
française de Rome. Antiquité T. 92, N°2. 1980. pp. 947-955.
doi : 10.3406/mefr.1980.1261
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1980_num_92_2_1261JEAN-MICHEL RODDAZ
UN THÈME DE LA «PROPAGANDE»* AUGUSTÉENNE
L'IMAGE POPULAIRE D'AGRIPPA
Marcus Agrippa occupe dans l'historiographie antique une place particul
ière, tout d'abord, parce qu'étant donné son rôle pendant les événements de
la fin de la République et du début du Principat, on pourrait s'attendre à
trouver des mentions plus fréquentes de son activité, mais aussi parce que les
écrivains anciens nous ont transmis de lui une image profondément marquée
par la « propagande ». Du stéréotype que presque trois siècles de littérature -
d'Agrippa lui-même à Dion Cassius - ont contribué à façonner, un aspect
mérite tout particulièrement d'être mis en évidence, car il illustre parfait
ement la manière dont la « propagande » impériale a pu utiliser, au bénéfice du
Régime, l'action du second personnage du Principat augustéen : il s'agit de
l'image populaire d'Agrippa.
L'Histoire Romaine de Dion Cassius et les chapitres concernant la période
augustéenne présentent sans conteste le témoignage le plus complet sur cette
question; ils marquent surtout un aboutissement dans la transmission de la
tradition officielle et en constituent certainement le meilleur reflet1.
Les sources littéraires ne sont cependant pas les seules à transmettre une
image d'Agrippa et sur bien des points le concernant, un lien particulier peut
être établi entre le témoignage des Historiens anciens et nos autres sources
d'information. Un décalage, cependant, inévitablement surgit, dans la mesure
où l'on est, d'un côté, confronté à des documents épigraphiques, numismati-
ques ou iconographiques, contemporains du personnage et de l'autre, à des
textes littéraires qui, dans le cas de Dion Cassius notamment, analysent
l'événement avec un recul de près de trois siècles. Aussi ne peut-on pas
* L'auteur est conscient des problèmes que peut soulever la notion de propagande,
étant donné qu'il s'agit d'un terme moderne qui n'a pas de correspondant précis dans la
terminologie ancienne, mais considère qu'aucun autre mot ne peut mieux traduire le
concept qu'il a tenté d'envisager ici.
1 J.-M. Roddaz, M. Agrippa dans l'historiographie antique, article à paraître dans
Mélanges L. Voucher, Paris, 1980.
MEFRA - 92 - 1980 - 2, p. 947-956. 948 JEAN-MICHEL RODDAZ
toujours mettre sur le même plan, l'image d'Agrippa que l'historien/du siècle
des Sévères a présentée et celle qu'Auguste et son Régime ont voulu offrir au
peuple, cette image qui est précisément perçue à travers les témoignages
épigraphiques, numismatiques et iconographiques. Nous nous contenterons,
dans cette brève étude, d'aborder le premier aspect de la question, laissant le
soin à A. Fraschetti d'examiner, dans l'article suivant, les données relevant
d'un autre type de sources.
Dion Cassius revient à plusieurs reprises sur le caractère évergétique de
l'œuvre accomplie à Rome par Agrippa, et concernant l'aménagement en eau
et l'urbanisme de la capitale.
L'œuvre édilitaire qui culmine avec la fameuse magistrature de 33 av. J.-C,
consiste surtout dans l'approvisionement en eau de la Ville dont Auguste
lui-même a, par la suite, tiré gloire, dans la restauration des édifices publics ou
l'organisation des Jeux2. Il ne fait aucun doute que cette initiative d'Agrippa
s'inscrit dans un contexte de propagande visant à gagner la plèbe romaine à la
cause d'Octavien, à la veille du conflit avec Marc Antoine3. Il est, par contre,
intéressant de noter comment Auguste a récupéré l'œuvre d'Agrippa à son
profit, mais aussi comment il l'a utilisée pour accentuer le caractère populaire
de son Régime. Le fait que la fameuse réplique de l'Empereur, au peuple venu
lui réclamer du vin, mentionnée par Suétone
«satis provisum a genere suo Agrippa perductis pluribus aquis, ne homines
sitirent»
« (en disant que) son gendre Agrippa, en construisant plusieurs aqueducs avait
suffisamment pourvu à ce que personne n'eût soif»4,
se retrouve chez Dion Cassius :
«και ούτω γε εκείνος έπ' αύτω εχοαρεν, ώστε σπάνεώς ποτέ οίνου γενομένης, και
των άνθρώπωυ δεινά δι,αβοώντων ίκανώτατα εφη τον Άγρίππαν προνενοηκέναι
ώστε μη δίψη ποτέ αυτούς άπολέσθαι»
2 Dion Cassius, XLIX, 43, 2-5. Sur l'édilité d'Agrippa, cf. M. Reinhold, Ma rcus
Agrippa, New York, 1933 (= Reinhold), p. 48 sq.; Ζ. Yavetz, Plebs and Princeps, Oxford,
1969 (= Yavetz), p. 89-90. Le texte de Dion Cassius est celui de l'édition U. P. Boisse-
vain2, Berlin, 1955.
3 Voir notamment sur ce point, P. Charlesworth, Some fragments of the propaganda
of Mark Antony dans CQ, 27, 1933, p. 172-177; K. Scott, Octavian's and
Antony's de sua ebrietate, dans CPh, 24, 1929, p. 133-137; du même, The political propagan
da of 44-30 B.C., dans MAAR, XL 1933; J. J. Robert, Augustan Propaganda, Diss. Universi
ty of Californy, 1976.
4 Aug., XLII, 1. L'IMAGE POPULAIRE D'AGRIPPA 949
«Auguste en conçut tant de joie que, dans une disette de vin, alors que le
peuple criant des paroles menaçantes, se plaignait, il répondit qu'Agrippa
avait largement pourvu à ce que personne ne mourût de soif»5,
montre que nous sommes là en présence d'un thème de «propagande»
tendant à mettre en exergue l'action du gendre du Prince en faveur du peuple
et à conforter son image auprès de celui-ci. A partir de 27 av. J.-C, jusqu'à son
premier départ pour l'Orient, en 23 av. J.-C.6, ailleurs que sur un champ de
bataille, Agrippa s'efforce, avec le Prince, de transformer l'aspect de la Ville, et
l'œuvre accomplie se révèle admirable7. Dion Cassius a bien montré comment
ce soldat de génie a su se transformer en urbaniste de talent et, par des idées
avancées au plan des rapports entre gouvernants et gouvernés, s'est révélé
capable d'orienter son action toute entière vers le bien être du peuple. Les
initiatives d'Agrippa dans le domaine de l'urbanisme de Rome, occupent les
premières années du Principat, pendant lesquelles il s'emploie à embellir la
capitale, se consacrant surtout au Champ de Mars, dont l'historien nous dit
qu'il était son domaine réservé8 - το πεδίον το Αγρίππει,ον.
Mais pour Dion Cassius, l'objectif essentiel d'Agrippa réside dans le souci
de répondre aux aspirations de la masse et il met constamment en relation
l'activité d'Agrippa et son souci de satisfaire la plèbe romaine, sur laquelle le
Régime doit pouvoir s'appuyer9. Ainsi, après avoir rappelé la dédicace des
Saepta et évoqué la modestie d'Agrippa10, Dion Cassius insiste sur le fait qu'il
usait de toutes les distinctions qu'il recevait d'Auguste pour l'avantage de
l'Empereur mais aussi du peuple - και ες το φ δημοσιω συμφέρον - et l'on
5 LIV, 11, 7. Il est probable que Dion Cassius s'inspire ici de Suétone.
6 Reinhold, p. 73 sq.
7 F.-W. Shipley, Agrippas building activitie

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