Une discussion théorique au temps de Mersenne ; le problème de Poysson (1635-1636). - article ; n°1 ; vol.2, pg 80-89
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Une discussion théorique au temps de Mersenne ; le problème de Poysson (1635-1636). - article ; n°1 ; vol.2, pg 80-89

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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1948 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 80-89
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1948
Nombre de lectures 32
Langue Français

Extrait

Bernard Rochot
Une discussion théorique au temps de Mersenne ; le problème
de Poysson (1635-1636).
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1948, Tome 2 n°1. pp. 80-89.
Citer ce document / Cite this document :
Rochot Bernard. Une discussion théorique au temps de Mersenne ; le problème de Poysson (1635-1636). In: Revue d'histoire
des sciences et de leurs applications. 1948, Tome 2 n°1. pp. 80-89.
doi : 10.3406/rhs.1948.2731
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1948_num_2_1_2731Une discussion théorique au temps de Mersenne
Le problème de Poysson
(1635-1636)
Mersenne rendit à la science deux sortes de services. D'abord il fit
un grand nombre d'expériences, inventées par lui ou empruntées à
d'autres, comme Torricelli. Et d'autre part il a provoqué par ses livres,
ses conversations et ses lettres, toutes sortes de discussions théoriques,
dans lesquelles lui-même prenait parti, publiant ses propres idées et celíes
d'autrui avec une indiscrétion que l'on aurait tort de trouver maladroite,
de même que ses expériences n'étaient pas si naïves qu'elles semblent.
L'une de ces discussions est restée connue sous le nom de problème
de Poisson. (Cf. Lasswitz, Gesch. der Atomistik, II, 129.) Les documents
qui restent, dont beaucoup étaient inédits, vont être réunis aux tomes IV
(année 1635) et V (1636), de la Correspondance de Mersenne, avec les
savants éclaircissements que M. de Waard ne manquera pas d'y joindre.
Nous nous servirons des plus connus — ceux qui figurent dans la Corre
spondance de Gassendi, Op., t. VI — , en les complétant de quelques emprunts
à la documentation de M. de Waard, pour jeter lueurs sur le
rôle de Mersenne dans de telles rencontres, et aussi sur la pensée scien
tifique durant ces années où Descartes prépare les ouvrages qui paraî
tront en 1637.
Mersenne laisse le mérite d'avoir formulé le problème à Jean-Bapt
iste Poysson (ou Poisson), sr de la Besnerie, que ses correspondants
n'hésitent pas à qualifier de Vir praeclarus (p. ex. Gassendi, t. VI, p. 80 b,
et al.), au risque de le donner à confondre avec un plus grand que lui. Mais
il n'est plus guère connu. Né à Angers, fils d'un conseiller au siège prési-
dial, avocat lui-même, il était bel esprit et faisait des vers, mais avait
aussi du goût pour les sciences (1). Pourtant l'astronome Boulliau lui
conteste cette paternité et la reporte à Mersenne (Cf. le document n° 506
(inédit) du t. V de la Correspondance de Mersenne, d'après le Ms. f.
fr. 13.037, fol. 23, r° — 27, v° de la B. N.). Or la plus ancienne mention du
(1) Cf. sur lui le Dictionnaire historique du Maine-et-Loire, par Cel. Port (3 vol., 1874)
qui renvoie à divers autres docunïents. Son père et lui-môme figurent dans la liste des
amis de Mersenne donnée par Hilarion de Costes. UNE DISCUSSION THÉORIQUE AU TEMPS DE MERSENNE 81
problème figure dans la réponse de Campanella à Poisson, du 7 juillet 1635,
<tvec le même énoncé qu'on retrouve ailleurs ; mais cette réponse nous
■est connue par une copie de la main de Mersenne (document n° 455,
ibid.) et nous savons que cette copie a été faite environ trois mois plus
tard (Document n° 486, reproduit infra). C'est donc sans passer par
l'intermédiaire de Mersenne que Poisson a fait connaître sa formule à
Campanella, pour lequel il a d'ailleurs une admiration qui semble venir
■de loin (à Gass. Op., 6, 431 b), sans doute d'avant la récente arrivée de
-celui-ci à Paris. Mais certes Boulliau dit vrai quand il apprend à Peiresc,
le 15 novembre 1635, que Mersenne « lui avait autrefois proposé quelque
•chose de semblable », et d'ailleurs la question été discutée au « bureau
<l'adresses » de Renaudot dès le 13 novembre 1634 (note de M. de Waard).
Seulement il a pu trouver la formule de Poisson particulièrement brève
et frappante, l'adopter et lui donner une diffusion nouvelle sans prétendre
■à un autre rôle que celui de concurrent — modestie assez rare. Mais voici la
lettre dans laquelle il annonce l'affaire comme nouvelle, sans en prendre
l'initiative : on la trouve dans les Correspondants de Peiresc, fasc. 19, p.
p. Tamizey de h., p. 149 : 2 octobre 1635 ; nous extrayons ce qui nous inté
resse d'après de Waard, n° 486 : La présente... vous fera savoir deux choses
jorl notables : lune... ; Vautre pour M. Gassend, lequel est prié par M. Poisson
d'Angers, homme fort envielx (?), de lui soudre la question qui suit, sur
laquelle il me mande que Campanella et plusieurs autres ont donné de belles
■solutions en 2 ou 3 feuilles de papier, dont il me promet copie, lorsque je lui
aurai impétré les pensées de M. de Gassend sur ce sujet, auquel je vous
prie faire mes très humbles recommandations. Voicy la question, dont il
dit que le proposant a la vraue définition sans aucuns ambages ni sans
équivoques. Elle est imprimée dans un billet : QUAESTIO SINGULARIS :
UTRUM SIT ALIQUA DEMONSTRATIO PERFECTE LOGICA, PERFECTE МАТЦЕ-
MATÍCA, PERFECTE SENSIRILIS, QUA PROBETUR DARI MAGNITUDINEM LATI-
TUDINIS NON EXPERTEM, QUAE ALIQUANDO ET ALICUBI SIT IN PUNICTO
VERE MATHEMATICO, ET CUJUS PUNCTI NULLAE SINT PARTES, ET TAMEN IN
EODEM IPSA HABEAT PARTES EXTRA PARTES (1).
Mersenne n'a pas encore connaissance de la solution de Campanella ;
il en cite une au contraire le 12, et ce doit être précisément celle de
(1) « Question remarquable : Y a-ťil une démonstration parfaite à la fois au point de vue
■logique, mathématique, et à celui de la connaissance sensible, qui prouve l'existence d'une
grandeur extensive telle qu'en un temps et ел un lieu donnés elle se situe en un point vérit
ablement point dont les parties soient (de grandeur) nulle, bien que cette
grandeur elle-même ait en ce point des extérieures les unes aux autres. » Nous modif
ions la traduction donnée a la p. 72 de nos Travaux de Gassendi sur VAlomisme, en par
ticulier le titre, bien que, sur le billet, il puisse désigner une question unique par rapport
à plusieurs considérations données ensuite, et qui nous font défaut. Nous savons seul
ement par les allusions de Gassendi qu'il était question du Chiasme du Timée et de l'Eu
charistie. Il n'y avait pas de lettre distincte pour Gassendi.
T. II. — 1948 6 REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES 82
Campanella, car Peiresc lui répondra, le 22 octobre seulement (il est en-
procès avec un de ses neveux et son temps est rare) :
« J'ay receu vos deux despesche du 7 el du 12 de ce moys... et la question
d'Angers accompagnée de responces du P. Campanella,. que j'envoyrai à
M. Gassend, suyvant vostre ordre, el puis vous renvoyrai le tout... » (Document
n° 490 — Ms 1874, Carpentras. Inédit.)
Mersenne a donc reçu le texte (n° 455) de Campanella après le 2 octobre
et s'est empressé de l'envoyer (le 7) en ajoutant (le 12, n° 487, de Waard) r
« J'attends la response de M. Gassend pour l'envoyer à Angers avec la
question et (la) solution que je vous ay envoyée pour la montrer à d'autres,
afin de respondre à une question dont le proposant me fait plus espérer de
lumière pour les sciences que tout ce que nous avons sceu jusques à présent^
comme vous voyez par son imprimé. »
Si l'on admet qu'il a dû s'adresser de même à bien d'autres et diffuser
son « imprimé » chez ses correspondants (on ne le trouve pas chez Descartes) „
on voit quel zèle il apporte à ses fonctions, et quelle abnégation aussi.
Peiresc, qui a joué un rôle analogue, mais pour cette fois est en retard,,
envoya le 25 octobre à Gassendi « lout plain de lettres d'amys » en s'excusant
d'être retardé par « les morsures des serpents domestiques » qu'il a « pris la
peine de nourrir » {Lettres de Peiresc, t. IV, p. 556-557). Gassendi répondra
dès le 25 novembre par une longue lettre latine à Mersenne, transmise
par Peiresc le 4, sans avoir le temps de « lire une page de ceste belle lettre »
et sans l'imprimé que Gassendi a oublié d'y joindre (Carp. 1874, fol. 678
— de Waard, n° 498). Mersenne lui enverra le 22 novembre une copie de
cette lettre qu'il n'a pu lire, et la transmettra le 24 à Angers, non sans
avoir fait une réponse à Gassendi dès le 17 novembre (de Waard : n° 510).
Nouvelle lettre de à Mersenne le 13 décembre (de Waard :
n° 523) éclair

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