Vers une monnaie commune en Europe ? - article ; n°1 ; vol.26, pg 95-126
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Description

Revue de l'OFCE - Année 1989 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 95-126
European monetary union has again been the subject of debate in recent months. The supporters are mainly French, the reasons being that France wishes, on the one hand, to assert its will to manage a strong national currency and, on the other hand, to limit the monetary leadership of West Germany. The latter would be in favour of monetary unification only if monetary policy would meet the standard of the German one. Three kinds of processes can be distinguished. First, those favouring the development of a European parallel currency competing with national currencies. Second, those opting for the progressive shift of monetary powers from national monetary authorities to an autonomous European institution. The third is completion of the union without any transitory stage. Whichever process is considered, the gains — such as easier capital flows within the Community and a decrease in French interest rates — cannot be assessed without taking into account the potential dangers — monetary authorities that would pursue a price stability objective rather than economic growth — as well as the uncertainties due to the fact that monetary union, depending on its institutional characteristics, could mean that budgetary policies would be more autonomous or, conversely, would be more constrained by a monetary discipline.
L'union monétaire européenne est de nouveau à l'ordre du jour. Soutenue par la France, soucieuse à la fois d'affirmer l'irréversibilité de son choix d'une politique de franc fort et de limiter l'actuelle domination monétaire de la RFA, l'unification n'est concevable du point de vue allemand que sous des conditions garantissant le maintien d'une politique monétaire autonome et rigoureuse. Trois catégories de voies sont envisageables. Celles qui privilégient le développement d'une monnaie parallèle, n'apparaissent guère susceptibles d'aboutir à une disparition totale des monnaies circulant effectivement. Celles, que nous regroupons sous le terme « méthode douce », qui consistent à transférer progressivement les pouvoirs monétaires des banques centrales nationales à un institut fédéral autonome, supposent une phase transitoire difficile, où la France perdrait de son autonomie monétaire sans bénéficier de meilleures facilités de financement. Enfin la « méthode brutale », difficilement réalisable pour des motifs politiques, propose que l'union soit réalisée sans aucune phase transitoire. Quel que soit le processus considéré, les avantages — meilleure circulation des fonds en Europe, baisse des taux d'intérêt en France — doivent être pesés face aux dangers — création d'un pouvoir monétaire autonome plus sensible à la stabilité des prix qu'à la croissance, risque de pertes durables de compétitivité — et aux incertitudes car selon sa configuration institutionnelle, le système permettra une plus grande autonomie des poltiques budgétaires ou au contraire les enfermera dans un carcan monétaire.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Catherine Mathieu
Henri Sterdyniak
Vers une monnaie commune en Europe ?
In: Revue de l'OFCE. N°26, 1989. pp. 95-126.
Citer ce document / Cite this document :
Mathieu Catherine, Sterdyniak Henri. Vers une monnaie commune en Europe ?. In: Revue de l'OFCE. N°26, 1989. pp. 95-126.
doi : 10.3406/ofce.1989.1164
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1989_num_26_1_1164Abstract
European monetary union has again been the subject of debate in recent months. The supporters are
mainly French, the reasons being that France wishes, on the one hand, to assert its will to manage a
strong national currency and, on the other hand, to limit the monetary leadership of West Germany. The
latter would be in favour of monetary unification only if monetary policy would meet the standard of the
German one.
Three kinds of processes can be distinguished. First, those favouring the development of a European
parallel currency competing with national currencies. Second, those opting for the progressive shift of
monetary powers from national monetary authorities to an autonomous European institution. The third is
completion of the union without any transitory stage.
Whichever process is considered, the gains — such as easier capital flows within the Community and a
decrease in French interest rates — cannot be assessed without taking into account the potential
dangers — monetary authorities that would pursue a price stability objective rather than economic
growth — as well as the uncertainties due to the fact that monetary union, depending on its institutional
characteristics, could mean that budgetary policies would be more autonomous or, conversely, would
be more constrained by a monetary discipline.
Résumé
L'union monétaire européenne est de nouveau à l'ordre du jour. Soutenue par la France, soucieuse à la
fois d'affirmer l'irréversibilité de son choix d'une politique de franc fort et de limiter l'actuelle domination
monétaire de la RFA, l'unification n'est concevable du point de vue allemand que sous des conditions
garantissant le maintien d'une politique monétaire autonome et rigoureuse.
Trois catégories de voies sont envisageables. Celles qui privilégient le développement d'une monnaie
parallèle, n'apparaissent guère susceptibles d'aboutir à une disparition totale des monnaies circulant
effectivement. Celles, que nous regroupons sous le terme « méthode douce », qui consistent à
transférer progressivement les pouvoirs monétaires des banques centrales nationales à un institut
fédéral autonome, supposent une phase transitoire difficile, où la France perdrait de son autonomie
monétaire sans bénéficier de meilleures facilités de financement. Enfin la « méthode brutale »,
difficilement réalisable pour des motifs politiques, propose que l'union soit réalisée sans aucune phase
transitoire.
Quel que soit le processus considéré, les avantages — meilleure circulation des fonds en Europe,
baisse des taux d'intérêt en France — doivent être pesés face aux dangers — création d'un pouvoir
monétaire autonome plus sensible à la stabilité des prix qu'à la croissance, risque de pertes durables de
compétitivité — et aux incertitudes car selon sa configuration institutionnelle, le système permettra une
plus grande autonomie des poltiques budgétaires ou au contraire les enfermera dans un carcan
monétaire.Vers une monnaie commune en
Europe ?
Département Catherine d'économétrie Mathieu et de Henri l'OFCE Sterdyniak
L'union monétaire européenne est de nouveau à l'ordre du
jour. Soutenue par la France, soucieuse à la fois d'affirmer
l'irréversibilité de son choix d'une politique de franc fort et de
limiter l'actuelle domination monétaire de la RFA, l'unification
n'est concevable du point de vue allemand que sous des condit
ions garantissant le maintien d'une politique monétaire auto
nome et rigoureuse.
Trois catégories de voies sont envisageables. Celles qui privi
légient le développement d'une monnaie parallèle, n'apparaissent
guère susceptibles d'aboutir à une disparition totale des monn
aies circulant effectivement. Celles, que nous regroupons sous
le terme « méthode douce », qui consistent à transférer progres
sivement les pouvoirs monétaires des banques centrales natio
nales à un institut fédéral autonome, supposent une phase trans
itoire difficile, où la France perdrait de son autonomie monétaire
sans bénéficier de meilleures facilités de financement. Enfin la
« méthode brutale », difficilement réalisable pour des motifs poli
tiques, propose que l'union soit réalisée sans aucune phase
transitoire.
Quel que soit le processus considéré, les avantages — meil
leure circulation des fonds en Europe, baisse des taux d'intérêt
en France — doivent être pesés face aux dangers — création
d'un pouvoir monétaire autonome plus sensible à la stabilité des
prix qu'à la croissance, risque de pertes durables de compétitiv
ité — eř aux incertitudes car selon sa configuration institution
nelle, le système permettra une plus grande autonomie des
poltiques budgétaires ou au contraire les enfermera dans un
carcan monétaire.
En France, comme en Europe, de nombreux hommes politiques,
chefs d'entreprise, banquiers ou économistes souhaitent que dans un
délai rapide de nouveaux progrès soient faits dans le domaine de
l'unification monétaire européenne. Cette opinion est renforcée par
l'expérience des fluctuations excessives du dollar, qui a révélé les
facteurs d'instabilité que comporte un système de changes flexibles où
chaque pays poursuit une politique monétaire autonome, et par les
leçons du Système monétaire européen, qui a montré à la fois la
Observations et diagnostics économiques n° 26 /janvier 1989 95 Catherine Mathieu, Henri Sterdyniak
possibilité d'avoir des changes plus stables en Europe et les défauts
d'un accord limité à la stabilisation des changes.
La construction de l'Europe monétaire est revenue périodiquement à
l'ordre du jour depuis vingt ans, d'abord à la fin des années soixante,
avec le rapport Werner, puis au milieu des années soixante-dix, à la
suite des perturbations monétaires internationales, de nouveau à la fin
des années soixante-dix, lors de la mise en place du SME, et enfin au
début de l'année présente. A chaque fois, jusqu'à présent, les réalisa
tions sont apparues décevantes comparées aux objectifs initiaux.
Outre qu'il met en jeu de façon irréversible le partage du pouvoir
monétaire entre autorités nationales et internationales, le sujet est ardu.
Les différents projets des experts, souvent contradictoires, restent
vagues sur des points cruciaux. Pour certains la monnaie européenne
est une occasion d'importer en France la gestion rigoureuse de l'All
emagne. Pour d'autres il s'agit, au contraire, de permettre à la France de
faire financer sans larmes par les Allemands le déficit extérieur que
provoquerait une politique plus expansionniste. Les hommes politiques
ont donc du mal à gérer un dossier qu'ils ne maîtrisent pas totalement.
Sur un sujet aussi technique il est difficile qu'un débat public s'instaure,
ce d'autant plus qu'il s'agit de la valeur des monnaies et qu'à partir du
moment où on discute publiquement de la valeur d'une monnaie les
spéculateurs ont tendance à la fuir ou à se précipiter sur elle. Il y a
donc un risque important que des décisions irréversibles soient prises
sous la pression de la technostructure de Bruxelles, sans que l'ensemb
le des implications ait été assez bien vu et pris en compte.
Nous nous proposons ici, après avoir présenté les positions fran
çaises et allemandes, d'examiner les deux approches possibles : celle
qui passe par la création, puis l'extension d'une monnaie parallèle et
celle qui met en avant la création d'une banque centrale européenne.
Nous pourrons ensuite poser la question : quelles seraient les consé
quences de l'union monétaire, en particulier pour la France ?
Des positions convergentes ?
Une proposition française,
La question de la construction monétaire européenne a été relancée
en janvier 1988 à l'initiative de la France, qui a adressé à ce sujet un
mémorandum aux instances de la CEE. En même temps Edouard Balla

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