Vulgarisation scientifique : formulation, reformulation, traduction - article ; n°1 ; vol.64, pg 109-125
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Description

Langue française - Année 1984 - Volume 64 - Numéro 1 - Pages 109-125
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Anne-Marie Loffler-Laurian
Vulgarisation scientifique : formulation, reformulation, traduction
In: Langue française. N°64, 1984. pp. 109-125.
Citer ce document / Cite this document :
Loffler-Laurian Anne-Marie. Vulgarisation scientifique : formulation, reformulation, traduction. In: Langue française. N°64, 1984.
pp. 109-125.
doi : 10.3406/lfr.1984.5208
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1984_num_64_1_5208Anne-Marie Loffler-Laurian
CNRS, Paris
CELDA, XIII
VULGARISATION SCIENTIFIQUE :
FORMULATION, REFORMULATION, TRADUCTION
l'essentiel on forme sont les révélé des se -(...)La consacre a vapeurs mêmes Mais constitués dû leurs de étendre lumière, la si, les atomes la transformations et justement matière. physique. substances gaz tous le ce sens impalpables, et ces n'est molécules, Et ! du Autrefois, corps. Pour c'est solides, pas mot mutuelles à le de (...) pour 1 lorsque de physicien étude celles la le la englober matière! mot même et de l'investigation qu'on « montré ces matière c'est matière les diverses peut de fluides, que » la désignait toucher. première, c'étaient matière, formes physique y compris Mais pour bien une que que a
— (...) Si tout ça est aussi élémentaire et peu mystérieux, pourquoi
diable utilisez-vous des mots aussi trompeurs? Ce ne sont quand
même pas les journalistes qui ont inventé le terme ď « antimat
ière », mais bien les physiciens! Comment vous indigner, après,
qu'il soit aussi mal compris? (...) Vous prenez de bons vieux mots,
familiers à la bouche et à l'oreille, leur faites subir on ne sait
quelles horribles manipulations conceptuelles et quand, les repé
rant dans votre discours, nous croyons reconnaître de vieux amis,
vous vous gaussez de nous ! Mais ayez au moins l'honnêteté de nous
laisser la langue quotidienne, et inventez vos propres mots! S'ils
nous plaisent et nous les comprenons, nous les utiliserons bien.
(...)
« Antimatière J.-M. Levy-Lebi.ono, à réflexion L'esprit », pp. 144-145. de sel,
Introduction
La démarche de nomination a probablement été Tune des premières
démarches scientifiques de l'esprit humain. Nommer les objets, c'est les
classer. Les classer selon des traits distinctifs en groupes ou ensembles
organisés, cela signifie structurer ces objets, et par voie de conséquence
structurer le monde auquel ils appartiennent et qui entoure l'individu.
Toute tentative, réussie ou échouée, de classification et de hiérarchisation
est une étape dans la démarche scientifique. L'autre étape essentielle est
constituée par le processus de définition. C'est lui qui permet le consensus
et la diffusion des objets ou notions dénommés.
109 Au commencement, le chercheur scientifique n'a pas dit : « que cela
soit », mais il a dit : « ceci est ». Il a décrit l'existence d'un objet (cf. valeur
de être : exister). Il en a décrit également certaines caractéristiques, et
il s'est attaché à étudier les fonctions des objets.
Objet matériel, objet intellectuel, les modalités d'approche sont sem
blables. Aujourd'hui la science produit des instruments de plus en plus
sophistiqués, de plus en plus précis vers l'infiniment petit comme vers
l'infiniment grand. On peut faire de la macrosémantique ou de la macro
analyse des discours en s'aidant d'un télescope. On peut également faire
de la microstructure orthographique, componentielle, en s'aidant du
microscope à balayage électronique ou d'un programme d'indexation
automatique.
Décrire des phénomènes linguistiques en monolinguisme, c'est un
peu comme observer le ciel à travers un prisme à résultante monochrom
atique. Cela fournit des informations, et permet certaines applications.
Mais il nous semble qu'on pourrait augmenter l'eflFcacité des analyses
en filtrant non plus en monolinguisme mais en plurilinguisme, à savoir
en utilisant une méthode contrastive dans laquelle deux langues inter
viennent. Le même type d'analyse pourrait être utilisé en contrastant
deux niveaux de langue.
Nous présentons ici quelques traits caractéristiques des discours de
vulgarisation scientifique français analysés par le filtre de la traduction.
Les exemples sont tirés de l'article « The Causes of Color » de Kurt Nassau,
paru dans Scientific American en octobre 1980 (pp. 124-154) et en tr
aduction française dans Pour la Science en décembre 1980 (pp. 66-81). La
version publiée est une traduction humaine, conventionnelle; nous nous
référons aussi à la automatique de ces deux textes effectuée à
titre expérimental sur SYSTRAN, à Luxembourg en 1982 *.
La reformulation comme phénomène conceptuel
et linguistique
Si l'on admet que l'objet de la science est la description aussi juste
que possible du monde environnant l'homme, et de l'homme lui-même,
alors on conçoit une science descriptive et explicative, qui, par le tr
uchement du langage et du graphisme va transformer, « reformuler », les
objets matériels en objets langagiers ou picturaux.
Mais on peut fort bien estimer que le monde environnant ne prend
sa forme connue de nous que par le biais du langage qui nous sert à le
décrire. Notre « formulation » — mise en formules, qu'elles soient lan
gagières, chimiques ou autrement symboliques — octroie sa « vérité » au
fait, à l'objet. Un objet ne pourrait être scientifique s'il n'y avait des
chercheurs, des ingénieurs, des techniciens, pour le transformer en objet
scientifique.
1. Qu'il nous soit permis de remercier ici les responsables pour le développement et les applications
de la traduction automatique de la Commission des Communautés Européennes qui nous ont permis
cette expérience.
110 En se plaçant dans un cadre plus large que le cadre strict de la
langue — auquel nous reviendrons par la suite — il est possible de penser
que toute science est un phénomène du type « traduction ». En effet il
s'agit de traduire d'un langage dans un autre.
La reformulation est un processus permanent du cerveau humain.
L'homme n'apprend, ne s'exprime, et n'agit que sur la base de quantités
innombrables de reformulations successives. Celles-ci lui permettent des
approximations successives qui lui permettront à leur tour d'approcher
une certaine vérité. C'est une certaine image de « vérité » que donne la
science ou le langage scientifique.
L'enfant qui apprend à parler reformule — en imitant aussi mal que
bien — ce que ses parents ou ses éducateurs lui disent. C'est ainsi qu'il
fonde une vision systématique du monde, un embryon de vision scien
tifique. La langue qu'il est en train d'apprendre lui permet de structurer
les objets qui l'entourent. Un même mot va désigner plusieurs choses ou
plusieurs états de la matière, dans une langue (ex. « neige » /v/ { n, n,
n... } en esquimau), et il en faudra plusieurs pour conceptualiser et
désigner ce qui ailleurs ne porte qu'un nom (ex. { crabe, homard, cre
vette... } /v/1 n en hongrois). C'est lié à la civilisation. C'est aussi lié à
la structure que l'on a mentalement incorporée pour décrire les objets
du monde matériel. Il y a eu reformulation d'un monde matériel en un
monde langagier.
De même, le chercheur scientifique, avant d'acquérir sa propre vision
des objets qui l'entourent, a appris à reconnaître celle des autres, à
manipuler celle de ses maîtres. Il a « fait ses classes » dans la pensée de
ses prédécesseurs. Même si l'histoire des sciences n'est plus (ou pas encore)
enseignée, même si elle est considérée comme une discipline historique
ou philosophique plutôt qu'une discipline scientifique, les sciences, leur
enseignement, les méthodes utilisées, sont assises sur les siècles passés.
L'héritage est présent, qu'on le veuille ou non. Chacun des maîtres a été
lui-même formé par un plus ancien, la chaîne est continue. En sciences
comme ailleurs, le génie s'appuie sur les génies du passé. L'innovateur
s'appuie sur les innovations, et les méthodologies d'innovation, du passé,
que ce soit par imitation ou par réaction.
La science, alors même qu'elle semble créer son propre langage, est
toujours définissable par rapport à une antério

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