Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1975 - Volume 87 - Numéro 2 - Pages 793-855Paul Veyne, ~~Y a-t-il eu un impérialisme romain?~~, pp. 793-855. Polybe a interprété l'impérialisme romain dans un sens thucydidéen, comme un désir d'hégémonie; par ailleurs, Polybe vivait dans un monde hellénistique où la pluralité d'Etats semblables était pleinement admise par chaque Etat, comme dans l'Europe classique. Or ni ceci, ni cela ne s'applique à Rome, qui ne cherche pas l'hégémonie ni des extensions territoriales pour elles-mêmes, mais recherche une liberté d'action unilatérale; qui, seule de son espèce au monde (alors que les Etats gréco-macédoniens vivaient entre eux comme entre des semblables, fragments d'une unité ethnique ou culturelle), n'a jamais admis la pluralité des Etats et cherche à se procurer une sécurité définitive en restant seule au monde (au lieu de partager au jour le jour, en équilibre avec des semblables, une commune insécurité). La pluralité n'étant pas admise, l'idéal pour Rome est d'occuper à elle seule le monde entier, ou plutôt l'œcumène entière, afin de supprimer définitivement le problème de la politique étrangère: telle est sa forme archaïque d'impérialisme, ou plutôt d'isolationisme. Analyse de la Première guerre punique et de la Seconde guerre macédonique. 63 pages Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.