[TRIBUNE] Faut-il vraiment aider les pays pauvres ?
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28-11-2014 Faut-il vraiment aider les pays pauvres ? Pour une ADP au service de nos intérêts et de nos valeurs. Tribune publiée sur le FigaroVox.fr le 28 novembre 2014 par le groupe Economie et Finances Publiques de la Boite à idées Comme chaque année lors du débat budgétaire, le Gouvernement vient de présenter sa trajectoire d’Aide Publique au Développement (APD) et, comme chaque année, celle-ci ne fera que des mécontents. Les ONG, qui s’offusquent que la France ne soit pas au rendez-vous de ses engagements internationaux. Les parlementaires, qui regrettent que certaines priorités soient trop peu dotées. Les Français, qui, de loin, jugent cette politique certes louable mais certainement trop généreuse en période de crise. Unanimes, ces critiques sont-elles pour autant imméritées ? Pas totalement. Car l’APD souffre d’un biais consubstantiel : une approche purement quantitative des enjeux, à travers notamment le fameux engagement de consacrer 0,7 % de la richesse nationale des pays développés à cet effort. De là découlent la plupart des travers de cette politique. D’abord, la logique de maximisation sous contrainte budgétaire.

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Publié le 01 décembre 2014
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Langue Français

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28-11-2014


Faut-il vraiment aider les pays pauvres ?
Pour une ADP au service de nos intérêts et
de nos valeurs.


Tribune publiée sur le FigaroVox.fr le 28 novembre 2014 par le groupe Economie et Finances Publiques
de la Boite à idées

Comme chaque année lors du débat budgétaire, le Gouvernement vient de
présenter sa trajectoire d’Aide Publique au Développement (APD) et, comme
chaque année, celle-ci ne fera que des mécontents. Les ONG, qui s’offusquent que
la France ne soit pas au rendez-vous de ses engagements internationaux. Les
parlementaires, qui regrettent que certaines priorités soient trop peu dotées. Les
Français, qui, de loin, jugent cette politique certes louable mais certainement trop
généreuse en période de crise.

Unanimes, ces critiques sont-elles pour autant imméritées ? Pas totalement. Car
l’APD souffre d’un biais consubstantiel : une approche purement quantitative des
enjeux, à travers notamment le fameux engagement de consacrer 0,7 % de la
richesse nationale des pays développés à cet effort.

De là découlent la plupart des travers de cette politique. D’abord, la logique de
maximisation sous contrainte budgétaire. Puisque notre pays court depuis plus de
quarante ans derrière un objectif jamais atteint, tout est fait pour embellir la
situation : les critères d’APD sont revus à l’OCDE afin de faire la part belle à des
dépenses existantes ; les prêts peu concessionnels de l’AFD (aux conditions de
marché), c’est-à-dire ceux qui offrent le meilleur rapport entre l’euro investi et le
volume d’APD créé, sont généralisés, en oubliant qu’ils ne s’adressent qu’à ceux
qui peuvent rembourser (exit donc les pays très pauvres et les secteurs non
rentables comme l’éducation) ; enfin, à défaut de crédits budgétaires, le
Gouvernement compense par des taxes affectées (billets d’avion, transactions
financières) qui, sous le vocable positif des « financements innovants », ne sont
que le point de fuite de la contrainte budgétaire.

Ensuite, l’omniprésence du fait du Prince. Comment concevoir en effet que la
France s’entête depuis douze ans à allouer 10% de ses (maigres) crédits
budgétaires à sa seule contribution au Fonds mondial SIDA, soit près de 50% de
plus que la contribution allemande ? Comment, si ce n’est en comprenant que
l’APD est un domaine où l’annonce présidentielle tient trop souvent lieu de vision à
long terme.

Enfin, le saupoudrage permanent. Dès lors que l’on ne renonce à rien et que tout
est prioritaire, l’APD se comprend comme l’art de répartir équitablement la
pénurie. Les subventions aux projets en sont aujourd’hui le meilleur exemple :
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le montant moyen des projets baisse et avec lui la capacité de la France à faire la
différence sur le terrain.

Partant de ce constat, l’APD française doit-elle être condamnée ? Nous ne le
pensons pas. Il en va du rôle de la France sur la scène internationale. De sa
èmecapacité à relever les défis globaux du 21 siècle. Du lien si particulier que notre
histoire a créé avec tant de pays en développement.

Cette APD choisie, plus que subie, doit toutefois se départir de sa chape
quantitative : arrêtons le déni de réalité et comprenons que nous n’atteindrons
pas, ni à court ni à moyen terme, l’objectif de 0,7 % ! Cela équivaudrait en effet à 6
milliards d’euros en plus par an, soit près de 80% des économies de l’Etat en 2015 !

Acceptons ensuite que nous ne pouvons être partout utiles et que nous devons
nous concentrer sur les actions où notre savoir-faire est reconnu. Si la santé est
réellement notre priorité, alors investissons massivement dans ce secteur et ne
laissons pas les anglo-saxons, comme c’est malheureusement le cas en ce moment
avec la crise d’Ebola, s’afficher en fer de lance de la solidarité internationale.

Repensons le rôle de l’Etat à l’heure où les flux financiers privés dépassent très
largement les capacités publiques. L’Etat n’est pas qu’un guichet ; c’est aussi un
acteur international qui doit lutter contre la corruption dans les pays bénéficiaires,
améliorer et stabiliser le cadre réglementaire de ces Etats ou encore réduire les
coûts de transactions.

Enfin, cessons de ne voir dans l’APD qu’une forme contemporaine du « fardeau de
l’Homme blanc ». Avec ses 5 % de croissance par an, l’Afrique peut et doit être un
relais de croissance pour nos entreprises. A l’heure où certains se bercent de mots,
leur diplomatie économique en bandoulière, utilisons réellement l’APD comme
pont d’envol des entreprises françaises.

En un mot, apprenons à faire de cette politique ce qu’elle aurait toujours dû être :
un instrument efficace au profit de la promotion de nos intérêts et de nos valeurs.



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