Ainsi, on voudrait nous faire croire que le cannibalisme, ma foi, c’est très vilain. Mais, pour lutter contre la faim dans le monde, n’est-ce pas une solution simple, écologique et à la portée de toutes les bourses ? Il ne s’agit pas, on l’a bien compris, de tuer quiconque mais juste d’être patient et d’attendre que tout un chacun meure de sa belle mort, le plus tard possible. C’est d’ailleurs ce que l’on devrait faire aussi avec nos frères les animaux : attendre qu’ils meurent de leur belle mort pour les manger et les laisser vivre une belle vie, belle vie que tous les êtres vivants méritent, sauf les cons, les imbéciles, les nazillons et les esclavagistes, ceux qui veulent à tout prix vous dicter, de quoi je me mêle, votre vie sexuelle ou votre tenue vestimentaire. Gageons que si nous mangions nos morts, en plus de l’hommage et du respect que nous leur montrerions ainsi, tout comme à l’excellence de la cuisine française, et bien, ma foi, mon foie, nous ferions un grand pas contre la faim dans le monde ! Ma devise, « aimez-vous les uns, les autres, mangez-vous les uns, les autres » . Je veux bien être le premier, le plus tard possible. Quel honneur et quelle fierté pour moi que de sauver les enfants du Tiers Monde, les chômeurs et les malheureux de nos villes, de nos banlieues et de nos campagnes. Gageons que force grincheux criailleront, je commence à en avoir largement l’habitude, mais préfère-t-on que les femmes et les enfants meurent pendant que les riches et les nantis ferment leur porte et leur cœur, si tant est qu’ils en aient un ? Le fou n’est pas toujours qui l’on croit : chez les cannibales, le fou est celui qui ne l’est pas. A celles et ceux qui ont la chance de pouvoir manger, je dis, évidemment, « bon appétit ». « Homme libre, toujours, tu chériras la mer ». « tout homme porte en lui l’humaine condition tout entière ».