Capitales Européennes de la culture : un rêve de Melina
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Description

Que sont vraiment les Capitales européennes de la Culture ? Quid de leur but, origine, financement, sélection, évaluation... ? Voici des réponses, familiarisant le lecteur avec une action encore méconnue. Basé sur une conférence de l’auteur en 2016 au Collège Belgique, et ensuite, sur ses entretiens avec Jack Lang, ministre français de la Culture à l’aube du processus, le livre valorise le rôle initial de la regrettée Melina Mercouri, titulaire de la même fonction en Grèce. L’amitié entre ces personnalités exceptionnelles, peu représentatives du monde politique, relève du mythe fondateur. Leur enthousiasme aura sensibilisé un large public à l’articulation entre activité artistique et construction européenne, comme rapprochement des peuples.


La technique narrative est singulière : un récit à la première personne, celle-ci n’étant autre que Jack Lang — qui a marqué son accord : qu’il en soit ici remercié ! Cela donne un fondu enchaîné des modes scientifique et littéraire, une histoire romantique autant que des informations rigoureuses sur l’épopée laborieuse des Capitales et un hommage mérité à un duo hautement original et créatif.



Titulaire de plusieurs diplômes dont un doctorat en philosophie, Renaud Denuit a été journaliste à la RTBF puis administrateur à la Commission européenne. Auteur d’une quinzaine de livres relevant de divers genres littéraires, il enseigne à l’Université Saint-Louis.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 8
EAN13 9782803106318
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CAP ITALES EUROP ÉENNES DE LA CULTURE : UN RÊVE DE ME LINA
RENAUDDENUIT
Capitales européennes de la culture : un rêve de Melina
P M D RÉFACE DE ICHEL UMOULIN
Académie royale de Belgique rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique ISBN : 978-2-8031-0631-8 © 2017, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant Volume 106
Diffusion Académie royale de Belgique www.academie-editions.be
Crédits Conception et réalisation : Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Couverture : © Alamy, MELINA MERCOURI TOPKAPI (1964)
Publié en collaboration avec/avec le soutien de
Elle n’a qu’à lever les yeux et l’Acropole est là. Cvlette À Jack Lang, en cordial hommage à son action politique et avec mes remerciements pour sa précieuse collaboration.
Préface
Comme l’écrit Henri Pirenne, la naissance des villes au Moyen Âge « marque le début d’une ère 1 nouvelle dans l’histoire interne de l’Europe ». Le développement urbain dans lequel Max Weber voit un facteur déterminant de la naissance du capitalisme moderne et de l’État moderne allant de 2e pair avec l’esprit de rationalisation , connaît, depuis le XIX siècle, une croissance exponentielle. En 1800, pas une seule ville d’Europe ne dépasse le million d’habitants. Un siècle plus tard, elles sont onze. Ces villes bientôt tentaculaires, rejointes par beaucoup d’autres, forment désormais des régions métropolitaines au sein desquelles « les limites des villes se 3 diluent de plus en plus dans les espaces périurbains ». Les conséquences de ce phénomène sont multiples. Elles sont certes de nature technique (transports, urbanisme, équipements collectifs, etc.) mais elles sont aussi, et sans doute surtout, de nature sociale, économique et culturelle. Un cocktail qui a donné lieu et donne lieu à l’élaboration de « politiques de la Ville » qui impliquent à leur tour, à travers la mise en œuvre d’une myriade de paramètres, la mobilisation de considérables moyens financiers ainsi que celle des acteurs que sont ou que devraient être les citoyens, agents de la sociabilité citadine. Au plan européen, les ministres responsables des affaires culturelles des pays membres de la Communauté européenne se décident, certes timidement, à enfoncer, en 1984-1985, un coin dans le bloc granitique que constitue la politique culturelle, pour ne rien dire de celle de l’éducation, de chaque État membre, en encourageant la mise sur pied d’une manifestation annuelle intitulée « Ville européenne de la Culture » qui devrait être « l’expression d’une culture qui, du point de vue de sa formation historique et de son développement contemporain, est caractérisée par le fait 4 qu’elle possède à la fois des éléments communs et une richesse née de la diversité ». Depuis 1985, tandis que la culture est introduite progressivement dans les traités européens tant dans les principes de l’action communautaire que dans ses pratiques, 56 villes ont bénéficié de l’appellation de « Ville » puis, depuis 1999, de « Capitale européenne de la Culture ». Dans le même temps, des objectifs plus ambitieux que ceux des origines ont été affirmés : renforcement de la cohésion sociale, accès des jeunes à la culture, contribution au développement de l’activité économique, notamment de l’emploi et du tourisme, gestion durable du patrimoine culturel en conciliant les aspirations des visiteurs et celles des populations locales, instauration de liens 5 entre le patrimoine architectural et de nouvelles stratégies de développement urbain, etc. 6 Renaud Denuit qui a déjà traité le sujet en technicien y revient cette fois d’une manière inattendue. Soucieux à la fois de narrer les origines et l’histoire de l’initiative, et de rendre hommage à ses concepteurs, il nous offre un récit prenant la forme d’une longue lettre de Jack Lang, ministre français de la Culture de 1981 à 1986 et de 1988 à 1993, à l’actrice Melina Mercouri, ministre grecque de la Culture de 1981 à 1989 et de 1993 jusqu’à sa mort en mars 1994. Car c’est bien cette dernière, avec l’amicale complicité du premier, qui est à l’origine de ce qui fut un saut dans l’inconnu. Après avoir décrit les premières réalisations communes, d’Athènes (1985) à Anvers (1993), Jack Lang qui ne craint pas d’écrire que « me sentant dépositaire du rêve de Melina, j’avais à veiller à son suivi », narre la suite des évènements non sans s’interroger sur l’utilité d’écrire à une morte. Or, contre toute attente, celle-ci répond pour dresser le bilan mitigé de ce qui a été accompli. Voici donc MM. Denuit et Lang pris à leur propre jeu. Sans doute avaient-ils perdu de vue que Melina Mercouri avait interprété, en 1970, le rôle de Mina Owczyńska dansLa promesse de l’aubeJules Dassin, inspiré par le roman de autobiographique éponyme de Romain Gary qui raconte ceci. De retour à Nice à la fin de la Seconde Guerre mondiale pendant laquelle il a reçu près de 250 lettres de sa mère Mina, Gary découvre que celle-ci, morte depuis trois ans, avait chargé une amie de les lui transmettre comme si elle avait encore été de ce monde… Comme quoi la réalité peut parfois rejoindre la fiction. Michel Dumoulin
Membre de l’Académie 1Pirenne H.,Les villes du Moyen Âge, Bruxelles, Lamertin, 1927, p. 186 et 203. 2Weber M.,La ville, Paris, Aubier, 1982, p. 155. 3Forces, crises et repositionnements des grandes villes dans l’Europe contemporaine », in « Vandermotten Ch.,e.a.(dir.),Villes d’Europe. Cartographie comparative,Bulletin du Crédit e communal, 53 année, nº 207-208, 1999, p. 9. 4« Résolution des ministres responsables des affaires culturelles, réunis au sein du Conseil, du 13 juin 1985 relative à l’organisation annuelle de la ‘Ville européenne de la Culture’ », in Journal officiel des Communautés européennes, nº C 153, 22 juin 1985, p. 2. 5« Décision 1419/1999/CE du Parlement européen et du Conseil du 25 mai 1999 instituant une action communautaire en faveur de la manifestation ‘Capitale européenne de la Culture’ pour les années 2005 à 2019. Annexe II : Critères de programmation et d’évaluation des er candidatures », inJournal officiel des Communautés européennes, nº L 166, 1 juillet 1999, p. 5. 6Denuit R.,Politique culturelle européenne, Bruxelles, Bruylant, 2016, p. 257-274.
A ant le vol
Ce sont les idées qui mènent le monde. E. Renan
L’hiver semblait prendre de l’avance. Il pleuvait sur Athènes. Le soir tombait. Nous nous étions retrouvés dans un petit restaurant du centre-ville, au décor tout de bleu, jusqu’aux bougies, et ta blondeur y étincelait. Évidemment, tous les aubergistes connaissaient Melina Mercouri. L’immense majorité d’entre eux l’adoraient, peu la laissaient tranquille lorsqu’elle venait s’attabler. En ce lieu choisi, une conversation de fond était possible. C’était le 27 novembre 1983. Nous étions tous deux ministres de la Culture depuis au moins deux ans, et nous épanouissions dans une telle fonction. J’avais apprécié ton jeu dans le filmJamais ledimanche, produit par ton mari Jules Dassin. Mais la première fois que je t’avais vue en vrai, j’étais en vacances en Grèce, peu après la chute du régime des colonels. Je devais avoir 35 ans, j’étais professeur de droit à l’université de Nancy et déjà passionné de théâtre — d’où ma présence, en spectateur, à Épidaure. Ta seule apparition avait électrisé la foule. Alors que tout le monde se précipitait pour te saluer, te toucher, t’embrasser, je n’avais même pas osé t’approcher. Tu me faisais penser à une lionne éclatante de beauté, de gentillesse, de convictions. Je me souviens de ce que tu as écrit dans ton autobiographie : « On disait de moi que j’étais grecque de profession, et cela ne me choquait pas. » Par la suite, grâce à la grande famille de la gauche européenne, nous fîmes connaissance. Rentrée en Grèce après la chute de la dictature, en 1974, tu te présentas quatre ans plus tard, aux élections législatives. J’effectuai le déplacement pour faire campagne à tes côtés ; c’était peu conforme aux usages, mais j’avais eu le feu vert de François Mitterrand : tu devins députée du mouvement socialiste panhellénique, pour le Pirée. En 1978, j’étais conseiller culturel de Mitterrand, alors premier secrétaire du PS français. Nous préparions les premières élections européennes au suffrage universel, et tu acceptas avec enthousiasme de participer à diverses manifestations que j’organisais, dans le cadre du Printemps des socialistes européens. Ta prestation à Lille, en septembre, fit sensation. En mai 1979, le rassemblement de masse au Trocadéro fut un triomphe. Les premières élections du Parlement européen au suffrage universel furent marquées de ce lien puissant entre le déploiement culturel et l’élan politique. Sans difficulté, nous apprîmes à nous apprivoiser. Tu te sentais bien en France, qui avait été ta terre d’accueil lorsque tu avais fui la dictature en 1967. Donc, en ce soir de novembre 1983, nous étions deux grands amis face à face, heureux de nous revoir, mais tenus par le travail : le lendemain, les ministres des dix pays de la Communauté européenne en charge de la culture se réunissaient, à ton invitation. Pour la première fois, la Grèce assumait, durant un semestre touchant alors à sa fin, la présidence des réunions du Conseil. Ironie du calendrier européen, la France exercerait cette présidence pour les six mois suivants. Je voulais, de toutes mes forces, t’aider à réussir la conduite de cette réunion, en engrangeant des progrès pour le domaine culturel. Et lorsque tu me passerais le flambeau, il me faudrait faire mûrir les fruits d’Athènes. Plus que jamais, nous étions complémentaires. Le contexte politique de l’époque n’était pas porteur : la plupart des gouvernements étaient extrêmement réticents à voir la Communauté se mêler de culture. Beaucoup n’avaient même pas de ministres pleinement chargés de cette — pourtant superbe — compétence ; de ce point de vue, nous étions un peu seuls. Autant dire : des originaux. L’entrée de la République hellénique dans le club, en 1981, avait pourtant fait bouger les lignes. Les Grecs ont la culture dans le sang, il leur est difficilement imaginable que par elle, une puissance publique ne puisse être concernée. Victorieux aux élections d’octobre, le PASOK t’avait attribué le magique portefeuille dans le gouvernement Papandreou. Quelques mois plus tôt, la gauche était également arrivée au pouvoir en France. Mitterrand, à peine élu, m’avait confié la culture, avec un budget doublé ; de surcroît, son idéal européen était profond. Cette conjonction
historique, nous avions le devoir de l’exploiter fructueusement. Tout en partageant les saveurs du repas, nous examinions le projet d’ordre du jour. L’effet du retsina ? Toujours est-il que les braves fonctionnaires avaient préparé un agenda nous paraissant un peu fade et que nos imaginations se lâchèrent. Dans une excitation de pionniers, nous...
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