Akpadjaka
186 pages
Français
186 pages
Français

Description

Ce livre participe au débat sur la lutte anticoloniale des marginaux, à travers le cas d'Akpadjaka, vu comme un bandit de grand chemin par les uns, mais perçu à l'époque par les autres, une frange des populations du Togo méridional, comme un redresseur de torts, qui n'hésitait pas à détrousser les nantis pour soulager la misère des pauvres.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2014
Nombre de lectures 18
EAN13 9782336364193
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AKPADJAKA : Un mouvement anticolonial au Togo français
Essoham ASSIMA-KPATCHA AKPADJAKA : Un mouvement anticolonial au Togo français
© L'HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-02340-3 EAN : 9782343023403
Avant-propos
Le présent ouvrage traite d’un personnage historique appelé Akpadjaka. Pourtant, notre œuvre n’est pas une biographie classique. Elle n’aborde pas, non plus, le refus de l’ordre colonial qui en est la trame dans la perspective essentiellement politique comme il est d’usage (cf. Assima-Kpatcha et Tsigbe 2013). Nous avons opté pour une histoire métissée qui tire son substratum de toutes les réalités du Sud-Togo, la scène des évènements dont il est question dans le présent document. Nous l’avons enracinée dans le vécu social pour sortir des sentiers battus. Ainsi, à travers une thématique connotant fortement le singulier, nous avons élargi le champ d’intérêt de la recherche, ce qui ne manque pas de susciter bien de questions : Est-il judicieux de faire une histoire globalisante avec un tel sujet ? N’est-il pas mieux de se focaliser sur le personnage principal ? Pourquoi tant de digressions dans le récit ? Ce questionnement nous paraît légitime et mérite des explications. Mais de telles interrogations méconnaissent la mutation subie par la biographie qui tend à être aujourd’hui de l’histoire de vie. C’est un fait que l’évolution des sciences historiques a pendant longtemps fait de l’individu un objet permanent de curiosité et d’intérêt. Il en a été ainsi dans l’antiquité où toute la production historiographique s’est appuyée sur la narration de la vie des grands hommes. Pareillement, le Moyen-âge a été le temps de l’hagiographie, c’est-à-dire de la relation à visée moralisante, identitaire,… de vie exemplaire de souverains
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ou de saints. Ce genre est devenu un art didactique au service de la politique sous la période moderne qui s’est d’ailleurs caractérisée par l’écriture des biographies monarchiques dans lesquelles le culte des grands hommes était omniprésent (Cadiou &al.2005 : 256-268). La période contemporaine a vu cette forme d’histoire être contestée au début du 20e siècle, avant d’être actuellement remise au goût du jour. Mais, les biographies contemporaines diffèrent des anciennes. Elles fondent la recherche sur le sujet« globalisant »et sont rédigées dans une perspective qui permet de faire l’histoire d’un temps et d’un pays à partir de la singularité d’un évènement ou d’une personnalité. Bref, elles« vise[nt]faire du à personnage de la biographie un sujet globalisant autour duquel s’organise tout le champ de la recherche »(Cadiou &al.2005 : 272). Il n’y point d’illusion à se faire sur l’apparence de la thématique ici traitée. La présence du politique et du singulier dans la trame des faits que ce livre relate, n’en fait pas un condensé d’évènements relatifs à un individu qui se serait rendu célèbre par ses coups d’éclat et ses attaques contre les agents de la colonisation et contre l’administration coloniale elle-même. Ce livre n’est donc pas une biographie classique. Il est plutôt un ouvrage d’histoire de vie, d’histoire sociale et économique (dans la perspective définie par Charles etal. 1993 & Paquot (éd.) 1990), qui se propose, à travers le cas d’Akpadjaka, de retracer toute l’évolution, non seulement politique et économique, mais surtout sociale du Togo méridional dans l’entre-deux-guerres. Ce passé a été reconstitué à travers les thématiques classiques de l’histoire sociale, à savoir le religieux, l’économique, le travail et les travailleurs, la mutation sociale, le vécu,…
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L’objectif poursuivi est de montrer la façon dont les conditions politiques, économiques et sociales ont secrété un mouvement antifrançais qui s’inscrit dans la logique du refus de la colonisation au Togo. Cette préoccupation explique la présentation de l’ouvrage. D’abord, nous avons fait le choix de donner la parole aux acteurs. Cela justifie l’existence de très nombreuses citations qui rendent le texte plus vivant. Ensuite, il est apparu opportun de présenter le contexte politique, économique et social, de s’interroger sur la nature du phénomène Akpadjaka et d’analyser son déroulement, en montrant les conditions qui en ont sous-tendu les différentes péripéties. Enfin, la conclusion a visé à démontrer que ce mouvement s’insérait dans la série des révoltes exprimant le refus de la présence française au Togo dans l’entre-deux-guerres.
Introduction générale
Le 15 septembre 1930, succombait un certain Akpadjaka à Ouèdèmé, abattu par les balles assassines des forces de police. L’administration coloniale s’est réjouie d’en avoir fini avec celui qu’elle considérait comme un véritable bandit de grand chemin. Mais les hommes qui marquent l’histoire rechignent à disparaître de la mémoire des peuples. Ils ressurgissent du passé lorsque l’historien s’intéresse à eux et interroge les sources. Akpadjaka est de cette trempe. Malgré les menaces et tous les périls, il a osé braver les autorités coloniales devenant ainsi une entrave à l’enracinement de la colonisation française et à laen valeur « mise », c’est-à-dire l’exploitation des colonies dans l’entre-deux-guerres théorisée par Albert Sarraut (1921). En effet, à partir des années 1920, la portion du Togo allemand occupée par la France (depuis 1914) commençait à être soumise véritablement à la colonisation française. Dans ce contexte, il se reconstituait, dans la partie méridionale de ce territoire, une bourgeoisie rendue autrefois exsangue par les mesures discriminatoires de l’époque allemande. Celle-ci, (surtout à Anécho, en pays guin-mina) en pleine phase de reconstitution et d’accumulation du capital, avait quasiment les mêmes intérêts que l’administration (Goeh-Akué 2000). La mutation qui a résulté de cette collusion a eu tendance à exacerber l’individualisme. Or, dans les sociétés guin-mina et éwé, à l’image de la légendaire solidarité africaine observée partout ailleurs à la même
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